Charlotte fever: “on profite de cette période pour travailler notre live”

Si vous avez envie de vous changer les idées, la musique de Charlotte Fever est idéale pour laisser votre esprit s’évader. Rien ne semble arrêter la véhémence de ce duo de choc, annonçant d’ores et déjà un second EP prévu pour début 2021.
A cette occasion, nous sommes partis à la rencontre des membres du groupe; Cassandra et Alex, juste après l’annulation officielle du MaMA festival. Et pour prolonger le plaisir, on vous propose aussi de découvrir en exclusivité leur nouvelle live session pour leur titre Kunigonde.

Crédit photo : Kevin Blain

La Face B : Charlotte Fever s’est formé à la fin de l’été 2017. Qu’est-ce qui vous a amené à faire de la musique ensemble à ce moment-là, et pourquoi sous ce nom?

Alex : On a commencé à faire de la musique ensemble à la fin d’un autre projet de rock psychédélique. Quand le projet s’est arrêté, avec Cassandra, on a décidé de monter ce duo et faire de la musique plus spontanée, légère, sympathique et joviale.

Cassandra : Une amie, qui s’appelle Charlotte, a soutenu notre projet à fond dès le début. Elle était là pour les premières notes écrites. Le jour où on a commencé à faire de la musique à deux, elle était malade donc on a appelé notre premier morceau Charlotte Fever. Puis, on s’est dit que c’était un bon nom de groupe aussi.

Alex : Et c’est un peu notre muse aujourd’hui, Charlotte.

LFB : Les voyages, la sexualité et les tropiques sont des thèmes récurrents dans vos musiques. On les retrouve beaucoup dans vos clips. Par exemple, vous avez tourné le clip Gang Naturiste nus sur la plage avec des copains. Comment s’est passé la réalisation du clip ?

Cassandra : A travers ce clip, on a voulu reformuler l’humour décalé de Gang Naturiste. Avec le réalisateur, on a essayé d’imaginer un clip qui soit drôle tout en ayant une certaine esthétique cinématographique avec des codes couleurs pop rétro. Donc on s’est mis sur une plage en Normandie avec des potes. On ne voulait pas faire appel à des figurants qui seraient dans la norme de la beauté, on tenait à représenter des gens normaux.

Alex : Pendant le tournage du clip, il y avait une super ambiance. On s’était bien organisés, on avait trouvé une super villa qui s’appelle La Villa Louis. C’est un lieu magnifique en Normandie, qui donne directement sur la plage. On a tous dormis-là bas, ça a généré plein d’ondes positives et on était super contents.

LFB : On retrouve la nudité dans votre clip voyeur, sous forme de dessins cette fois, représentant des corps féminins. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce titre? Qu’est-ce que cela raconte ?

Alex : On a des visions différentes avec Cassandra mais, selon moi, c’est une déesse hyper dangereuse qui vit dans cette jungle. Quelqu’un la regarde en pensant être caché. Il ne se rend pas compte qu’il vient de signer son arrêt de mort car cette déesse sait très bien qu’il est en train de la regarder. Le voyeur est extrêmement en danger. Ensuite, chacun l’interprète comme il veut, mais, pour moi, le voyeur se fait manger par la déesse à la fin. Le clip est très immersif parce qu’on est à la place du voyeur dans le clip.

Cassandra : Ce qui ressort pour moi à travers ce clip c’est l’image de la femme, qu’on a tendance à voir comme étant belle et fragile habituellement. En voyant cette femme seule dans la jungle près d’un ruisseau, on a l’impression qu’elle est en proie au danger. On s’imagine des choses malsaines alors qu’au final on se rend compte que ce n’est pas du tout le cas ; cette femme n’a peur de rien, et va même prendre sa revanche à la fin. On parle souvent de femmes dans nos chansons et elles sont toutes très fortes. C’est ce qu’on a envie de voir à travers les femmes et leurs corps.

LFB : Je parlais aussi de voyage et de tropiques dans vos thèmes récurrents. Vous êtes un groupe assez ouvert sur l’international. Vous avez fait des concerts notamment au Portugal, en Corée du Sud, et une tournée en Amérique Centrale l’année dernière. Est-ce qu’il y a d’autres pays où vous aimeriez jouer ?

Alex : Au Japon ! Ce serait vraiment un rêve qui se réaliserait.

Cassandra : On aimerait aller partout ! On a découvert la culture asiatique en partant en Corée du Sud. On a beaucoup apprécié, c’est vraiment quelque chose à expérimenter parce que c’est différent et c’est chouette. En allant en Amérique Centrale on a fait des concerts avec un public différent, notamment dans des écoles donc ça nous intéressait aussi. En fait on se rend compte que le monde entier nous intéresse !

LFB : Vous partagez beaucoup ces moments avec votre public. Par exemple, vous avez fait un carnet de voyage publié sur La Vague Parallèle après la Corée du Sud et, plus récemment, une mini-série sur les coulisses de votre tournée en Amérique Centrale. Est-ce que vous avez un moment fort à nous partager sur ces tournées?

Alex: Quand on chantait dans les écoles en Honduras ! Les élèves connaissaient les paroles de nos chansons, ils avaient fait des panneaux avec des cœurs… Je ne pleure pas beaucoup mais là j’avoue que j’avais les larmes aux yeux, j’ai rarement été autant touché. C’est la plus belle expérience que l’on a partagé tous les deux, on en reparle souvent. Y en a plein d’autres, évidemment.

LFB : Vous chantez essentiellement en français mais il paraît que vous avez pourtant commencé le projet Charlotte Fever en chantant en Anglais…

Cassandra : Exactement, en fait on a l’habitude d’écouter des musiques américaines, anglaises et on se laisse vite aller dans ce sens là. Mais après avoir fait quelques chansons en anglais, on s’est dit que finalement ça n’avait aucun sens car on adore la langue française, on est super fiers de parler français, et on écoute aussi des artistes en français. Donc on a commencé à chanter en français.

Alex : Et on laisse l’anglais à ceux qui savent le faire. Y en a beaucoup !

LFB : Le fait d’avoir autant bougé, ça vous a donné envie de chanter dans une autre langue ?

Cassandra : Chanter entièrement non, mais ça nous a donné envie d’incorporer des artistes étrangers dans nos musiques. On voulait faire des featurings avec des artistes coréens par exemple, mais c’est encore en stand-by parce qu’il y a eu le corona.
Ca peut être chouette de mêler le français avec une autre langue mais c’est mieux de le faire avec un artiste natif de cette langue plutôt que d’essayer de la chanter nous-même.

Alex : L’italien aussi ça nous brancherait bien.

Cassandra : Alex aime beaucoup l’Italie ! Moi je ne connais pas encore bien.

LFB : Vous avez sorti un premier EP en 2018 et un deux titres « canicule ». Cette année, vous avez sortis une reprise de la Carioca et annoncé un second EP. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce second EP ? Comment s’est passé l’enregistrement de celui-ci ?

Alex : L’enregistrement s’est passé comme le premier dans notre chambre/studio. On se voit là-bas tous les jours avec Cassie. Ça commence toujours par un paysage sonore qui donne envie après on rajoute des mélodies, ensuite on discute et on déconne et là il y a un thème qui émerge. Enfin on commence à écrire des paroles. Toutes les idées arrivent de manière spontanée dans une ambiance cool et agréable !

Cassandra : Souvent, on a certains aspects de notre univers qui ressortent davantage selon notre état d’esprit du mois, ou de l’année. Les sonorités de notre prochain EP sont beaucoup inspirées des années 80, c’est légèrement moins tropical, mais on retrouve toujours les thématiques de la sensualité, des femmes, et de l’érotisme (comme son nom l’indique Erotico). Cet EP sortira début 2021 et le single La fille du ciel, dont on est super fier, sort vendredi prochain.

Alex : Ce qui est trop cool avec cet EP, c’est qu’on a collaboré avec d’autres artistes. On a collaboré avec une écrivain (Lucie Brémeault) pour illustrer chacun des morceaux avec une nouvelle érotique et on commence à collaborer avec des illustrateurs pour mettre en image nos chansons.

LFB : A part la sortie de cet EP, est-ce que vous avez d’autres projets en tête? D’autres collab’ par exemple ?

Alex : On aimerait bien collaborer avec un rappeur, on a quelques morceaux qui se mélangent bien au rap. Le rap français a pris un chemin qui nous plaît et nous inspire de plus en plus. On n’est pas des rappeurs avec un flow de malade donc c’est bien de collaborer avec des gens qui savent vraiment le faire, et depuis plus longtemps que nous. Y a cette idée là qui nous trotte dans la tête et des clips qui vont sortir.
Et puis sinon, en ce qui concerne la scène, c’est un peu en stand by…

Cassandra : …ce n’est pas tant en stand by que ça pour nous car on profite de cette période sans concerts pour travailler notre live. On va faire une résidence de quelques jours à la Seine Musicale où on sera entourés de professionnels afin de peaufiner notre live et être vraiment prêts pour l’année prochaine.


LFB : Je ne vous ai encore jamais vu en live personnellement mais votre musique est plutôt dansante donc je serai curieuse de voir ce que ça donne. Est-ce que vous prévoyez des chorégraphies ou une scéno particulière ?

Cassandra : On fait quelques chorégraphies pendant nos lives. On aimerait aussi recréer un univers, avec éventuellement un décor. On est en train d’y réfléchir. Pendant la résidence, on sera entouré d’un directeur artistique, d’une coach scénique et d’un chorégraphe. Et on a rencontré une ingé son qui serait prête à nous suivre pendant les concerts ! On va tenter l’expérience avec elle pendant ces quelques jours.

LFB : On sait tous que la période est assez compliquée pour se produire en concert. J’ai vu sur votre compte Instagram que vous parvenez quand même à faire un peu de live, comme à Bande de créateurs (le 11 octobre).

Cassandra : C’était atypique pour nous car ce n’est pas une salle de concert mais c’était trop cool, on a beaucoup aimé. Les gens ont vraiment envie de voir des lives en ce moment donc on a eu des supers retours et des remerciements qui nous ont fait très plaisir.

LFB : Vous étiez censé jouer au MaMa également vendredi 16 octobre mais l’annulation du MaMa a été rendue officielle la semaine dernière. Globalement, comment vous sentez-vous par rapport à la situation actuelle?

Cassandra : On ne se laisse pas trop abattre, on se dit que ce sera pour l’année prochaine et qu’il y aura certainement plus de public que cette édition qui était censée être réservée uniquement aux professionnels. On est un peu tristes, certes, mais on l’est surtout pour l’événement en lui-même parce que ce n’est pas forcément évident d’annuler un festival de cet ampleur. Au final, tout le milieu artistique se serre les coudes en ce moment car on sait que c’est aussi difficile pour les artistes, que pour les techniciens ou les organisateurs de festivals. En fait c’est la merde partout donc, à part de soutenir l’événement et se dire que ça va être pour l’année prochaine, on ne peut rien faire d’autre. On est compatissants !

Découvrir la nouvelle live session de Kunigonde en exclusivité :

Lorsqu’on annonce l’arrivée d’un nouvel EP appelé Erotico, on peut dire qu’on annonce la couleur. La sensualité et la sexualité seront donc de mise pour les prochains titres de Charlotte Fever et Kunigonde le confirme, quelques semaines après la découverte du très bon La Fille du Ciel.

Ici l’ambiance est lourde et moite, tendue et épique, comme un soir d’été trop chaud ou le désir se fait presque palpable. Impossible de résister alors on se laisse tenter et on cède à l’appel de Kunigonde. Des voix suaves se répondent et dialogues, une guitare puissante nous entraine et le beat du morceau se met au diapason avec ceux de nos cœurs. Avec ce titre, Charlotte Fever nous transporte immédiatement au soleil pour un voyage sensoriel et sensuel qui nous fait fondre.

Membre à part entière de l’équie Charlotte Fever, Kevin Blain passe une nouvelle fois derrière la caméra pour cette nouvelle session live. Dans le cadre idyllique de la Suite Mercedes de l’Hôtel Monte Cristo, il nous offre une capsule hors du temps, filmant nos deux héros à la nonchalance bienvenue qui prennent une distance feinte avec le morceau qu’ils interprètent.
Vous avez un peu chaud ? C’est tout a fait normal, Charlotte Fever ramène la canicule en plein hiver et ça nous fait beaucoup de bien.