Chez la Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux. Aujourd’hui, dans notre nouvel épisode de format court, on entre dans les univers de Salome, Gutti et Smahlo.
Salome – All Time High
Pour estimer la qualité d’un EP, un des facteurs légitimes à prendre en compte pourrait être sa replay-value, comprenez l’envie de le relancer une fois fini. Aussi efficace qu’addictif, All Time High de salome s’inscrit dans cette lignée. Long de 4 titres, il est assez difficile de sortir de cette boucle dans laquelle accents électroniques et voix cristalline s’entrechoquent. Sur des productions épurées, elle invite son auditorat dans une ballade onirique qui puise les racines de son récit dans sa propre réalité, à l’image de What’s Home, morceau traduisant ses envies de trouver un écosystème qui lui convient. Légitime, quand on sait que la jeune artiste a, il y a quelques années, quitté Bordeaux pour Bruxelles. C’est d’ailleurs dans la capitale belge qu’elle a rencontré dviance, avec qui elle travaille maintenant. Sur ce morceau, un autre élément récurrent du projet se fait également sentir : le côté chorale qu’elle vient insuffler à sa musique, lui proférant presque une aura divine se couplant à merveille aux productions froides.
Sans jamais trop en dire sur sa personne, gardant une certaine discrétion, elle arrive à expulser ses traumas avec une énergie qui pourrait faire penser à certaines ambiances rock. Témoignant avant tout d’une certaine envie de liberté, salome s’affranchit de ce qui peut lui faire baisser la tête pour la lever vers un ciel plus clair et radieux et avec elle, emmène ses auditeurs. Sans jamais lisser sa musique, elle arrive à lui donner un caractère presque crade, qui vient contrebalancer sa voix de cristal et apporte une bonne dose de charisme au projet.
Dopé aux influences drum’n’bass et 2step, il y a peu de répit durant ces dix bonnes minutes : rentrant directement dans le vif du sujet avec les basses saturées de Point Blank, elle le clôture avec A-Life, qui sonnerait presque comme une hymne à la liberté et pourrait être symboliquement vu comme le renouveau cherché au travers de ce projet. Une spéculation parmi d’autres, car comme vous avez peut-être pu le comprendre, ce projet se prête à la libre interprétation de chacun.
Gutti – New State 2
New State était le premier EP du Bruxellois Gutti. Composé de 5 morceaux, on pouvait découvrir l’univers percutant du jeune rappeur, avec des titres bangers comme Very Bad Trip ou encore Diego Armando (en feat avec Gotti Maras).
Presque un an après, le rappeur nous invite dans un second voyage avec New state 2. À bord, un EP de 7 titres aux sonorités diverses et variées, qui continue de construire l’identité musicale de l’Anderlechtois.
Gutti garde tout de même les bases de son univers, en abordant de nombreuses personnalités presque opposées. Il va tout d’abord faire référence à Didier Drogba et à sa facilité dans le titre du même nom, plutôt énervé. Il va ensuite aborder le catcheur Ric Flair, dont Gutti loue la richesse et la puissance à l’intérieur et hors des rings avec un refrain qui reste en tête. Le Bruxellois fera même danser avec le morceau Waka Waka, référence flagrante à la chanteuse colombienne Shakira. On pourrait penser que ces diverses personnalités sont les différents visages de l’identité musicale du rappeur. Des inspirations qui collent parfaitement au style de Gutti.
On peut dire que le rappeur s’est bien entouré pour ce deuxième projet. Il a invité deux gros noms de la scène hip hop belge, réalisant ainsi le passage entre deux générations. Il a d’abord collaboré avec le jeune Frénétik pour M3, un titre avec une instru ultra efficace, où la patte de l’invité colle parfaitement à l’univers de Gutti. Réalisant un projet à fond Bruxellois, il collabore alors avec Roméo Elvis sur WOWOWO, pour un morceau beaucoup plus planant.
Le bruxellois propose un deuxième projet encore plus diversifié que son précédent. On peut y ressentir une certaine envie de s’affirmer. Après un premier EP plus que réussi, Gutti voulait prouver qu’il ne s’agissait pas de la chance, mais de talent. Avec New State 2, il montre parfaitement qu’il fait partie des artistes à prendre au sérieux, et qu’il se place dans cette nouvelle génération du rap belge ultra prometteuse.
Smahlo – Horizon
Après s’être illustré dans les Red Bull Elektropedia Awards 2020, et après avoir sorti plusieurs singles percutants, Smahlo sort son tout premier projet, Horizon. Une entrée en matière réussie pour le jeune Bruxellois, qui parvient à nous faire découvrir toutes les facettes de ses nombreuses inspirations musicales.
Une des plus grosses surprises que nous a réservées le rappeur réside dans sa voix. Possédant des bases de gospel, il exploite à merveille cette corde et parvient à surprendre dès la première écoute. À l’image des titres Trahison et Scénario, sa voix nous accompagne dans des notes plutôt hautes, mais surtout très apaisantes. Mais attention, le rappeur est également à l’aise dans un rap plus lourd. Et il le montre parfaitement avec Temps de pluie, où il remplace sa voix angélique par des sonorités beaucoup plus énervées.
Attaché à sa ville de Bruxelles, Smahlo s’est entouré d’artistes provenant de la capitale belge. Il a donc invité le roi de la drill belge, Gotti Maras pour Trahison, et le caméléon de la musique, Geeeko, sur Money Bag. Un projet 100% noir-jaune-rouge, qui démontre une jeunesse belge regorgeant de talent et de potentiel.
Des invités logiques, des sonorités percutantes et variées, une voix tout terrain et un jeune artiste bourré de talent, voilà une recette pour réussir un tout premier projet. Horizon présente parfaitement l’univers coloré de Smahlo, et met déjà la barre très haute pour, on espère très vite, un futur premier album.
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