Les talentueuses Goat Girl ont sorti l’album parfait de ce début d’année. On All Fours est un renouveau totale de leur style sans rien perdre leur univers rêveur. Des titres qui allient à merveille une électro mélancolique, une sensibilité piquée de militantisme, et des mélodies vaporeuses qui invitent à l’évasion. Elles ont crée un monde dont Holy Hole, bassiste, et Lottie Cream, guitariste, nous partage un petit bout.
VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW
LFB: Bonjour Holy et Ellie, je suis vraiment ravie de vous rencontrer! J’ai découvert l’album, félicitations c’est absolument génial. La pochette est assez intrigante, pouvez-vous nous raconter l’histoire derrière elle?
Holy: Il y a eu deux artistes qui ont collaboré ensemble: Tobby et Aiden. Ce sont des amis très proches de nous. Nous aimons vraiment leur travail et leur style, et nous leur faisons entièrement confiance. Alors ils ont choisi des images, des personnages dans les paroles. Ils ont peint la pochette à la main pendant des mois pendant qu’ils écoutaient le disque en boucle. C’est pourquoi il complète vraiment l’album, avec toutes les couleurs et tous les personnages… Je trouve que c’est tellement beau!
LFB: Vous avez une esthétique très particulière entre couleurs pop, ambiance vintage et monde onirique. D’où vient-il et comment l’avez-vous créé?
Holy: Nous avons eu beaucoup de temps pour réfléchir à tout ça car le disque était terminé il y a assez longtemps, fin 2019. Nous avons donc pu créer ce monde, ces couleurs. Nous avons essayé de compléter l’album avec cet univers. Mais encore une fois, nous avons travaillé avec des gens dont nous sommes des amis intimes. Flo White est celle qui a crée le décor pour la séance photo et quelques autres choses autour de notre univers. Travailler avec des personnes que nous respectons, qui sont des amis proches, ça du sens pour nous.
LFB: Cet album aborde de multiples sujets engagés, pourriez-vous s’il vous plaît les développer un peu et pourquoi avez-vous choisi ces sujets en particulier?
Ellie: Nous avons toutes écrit des parties dans cet album, nous avons tous écrit des paroles. C’est plus collaboratif que le premier, dans lequel Lottie a beaucoup écrit. Et c’est plus excitant pour nous. Jouer de la guitare pendant quelques années peut être par moment un peu répétitif. C’est pourquoi les sujets sont plus diversifiés aussi… Il parle de santé mentale, d’anxiété et de dépression, mais aussi d’identités de genre et des différentes expériences de la vie. Cet album est plus une conversation!
Holy: Oui, il y a pas mal de sujets couverts comme Ellie en a parlé. Il y a beaucoup d’obscurité, mais il y a aussi beaucoup de lumière dans la musique. Nous voulons donner une forme d’espoir! On parle de politique, on veut lutter contre l’injustice, pour les sujets plus difficiles la musique permet d’exprimer ça. Nous essayons de voir le bien où il est.
LFB: Vous avez dit que l’album était terminé l’année dernière mais il y a des morceaux sur l’anxiété comme Anxiety Feels et PTS Tea, un sujet qui touche beaucoup de gens en ce moment. Est-ce quelque chose avec lequel vous vivez depuis longtemps ou est-il relatif à notre époque actuelle?
Holy: Certains sujets sont liés à la nature humaine. Tout le monde se sent anxieux. Il y a toujours quelque chose dans le monde qui vous fait ressentir cela. Spécialement maintenant….
LFB: La formation de l’album et la façon dont vous abordez certains sujets pourraient rappeler l’esprit d’un groupe de Riot Grrrl, est-ce quelque chose auquel vous vous identifiez d’une certaine manière?
Ellie: Bien sur, il y a des éléments qui se rapprochent en raison de ce que nous sommes en tant que personnes. Nous recherchons l’égalité pour tous, pas seulement les femmes. Mais aussi les personnes de couleur, les personnes trans, les personnes non binaires. Nous visons à promouvoir des idées qui pourraient interpeller les gens!
LFB: Comment voyez-vous votre place sur la scène post punk anglaise?
Ellie: Nous voulons élargir le nombre de personnes avec lesquelles nous tournons. C’est facile quand il s’agit d’une de nos tournées, car nous pouvons choisir avec qui nous voulons jouer. Pour ce qui est des plus grands spectacles, nous avons joué dans la première partie de The Raconters, ce qui a été une expérience incroyable. Nous avons vraiment adoré ça. Mais pour moi, ce n’est pas le son qui nous correspond le plus. Surtout pour cet album qui est rempli de parties électroniques. Et nous voulons refléter cela avec les gens avec qui nous partons en tournée.
LFB: En fait, le son de cet album est assez différent du précédent, avec en effet des parties électroniques, plus mélodique psychédélique, moins de ballades guitare-voix. Comment expliquez-vous cette évolution? Quelles sont vos inspirations?
Holy: Une grande partie de cela est venu avec le synthé que j’ai apporté avec moi quand je suis arrivée dans le groupe, c’était une sorte de nouveau jouet pour tout le monde! (rires) Nous n’écoutons pas vraiment de rock en fait, nous avons des goûts vraiment différents, uniques et individuels. Nous essayons d’incorporer ces éléments. Du fait de l’expérience live, nous avons une idée plus «dance» de la musique. Nous utilisons le synthé mais aussi une boîte à rythmes, des bits supplémentaires. Cette touche électronique est quelque chose que nous voulions intégrer depuis longtemps mais difficile à exécuter comme nous le voulions, fidèle à notre son.
LFB: Quelle est votre relation avec la scène et comment vivez-vous d’en être éloignée?
Holy: Il y a quelque chose de vraiment spécial dans le fait de jouer avec des gens qui m’ont vraiment manqué pendant le confinement. J’ai vraiment ai du mal parce que c’est quelque chose dont j’ai vraiment besoin pour ma santé mentale, pour libérer mes sentiments. Je peux le faire seule bien sûr, mais ce n’est pas la même chose. Et c’est encore plus fort avec les concerts parce que tu fais de la musique avec les gens que tu aimes, avec toute l’énergie du groupe, du public… ça me manque.
LFB: Nous adorons découvrir de nouveaux groupes, alors avez-vous quelque chose de génial que vous avez découvert ces derniers temps?
Ellie: Ce matin, j’écoutais Dan English, que j’aime beaucoup. Oh, c’est un Américain. (rires) Un auteur-compositeur appelé Ethan Pethlan aussi, et un groupe londonien Haich Ber Na que j’aime beaucoup!
Holy: SAULT, on l’écoute tout le temps !!!
LFB: Que pourrions-nous vous souhaiter pour l’avenir?
Holly: Les musiciens ne reçoivent aucun soutien du gouvernement … Toutes mes salles préférées à Londres sont fermées. Donc tout ce que je souhaite, c’est que nous puissions jouer à nouveau avec toutes les personnes que nous aimons, tous nos amis et que tout le monde soit en sécurité.
LFB: Nous l’espérons tous… Merci beaucoup, j’espère vous voir bientôt à Paris!
ENGLISH VERSION
LFB: Hello Holy and Ellie, it’s really nice to meet you! I discovered the album, congratulations it’s absolutely awesome. The cover is quite intriguing, could you please tell us the story behind it?
Holy: There is two artists which collaborate together called Tobby and Aiden, they are very closed friends of us. So basically, we really love their work and their style, and we trust them very much. So they pick some images, some characters from the lyrics. They painted it by hands during months when they were listening to the records in repeat. This is why it really completes the album, with all the colors and characters… I think it’s so beautiful !
LFB: You have a very particular aesthetic between pop colors, vintage ambiance and dreamily atmosphere. Where it comes from and how did you create it?
Holy: We had a lot of time to think about all of that because the record was finished quite a long time ago, in the end of 2019. So we could create this world, this colors. We tried to complete the album with the universe. But once again we worked with people whom we are closed friends. Flo White is the one which create the set for the photoshoot and few others things around our universe. Working with people that we respect, are close friends, makes sense to us.
LFB: This album approaches multiple engaged subjects, could you please develop them a bit and why you choose this subjects in particular?
Ellie: We all wrote some parts on this album, we all wrote words. It’s more collaborative than the first one, in which one Lottie wrote a lot. And it’s more exciting for us. Just playing guitar during some years could be a little bit repetitive. This is why the topics are more diverse also… It talks about mental health, anxiety and depression, but also gender identity and the different experiences of life. This album is more a conversation.
Holy: Yes there is quite a lot of subject covered as Ellie talked about. There is a lot of darkness, but there is also a lot of light in the music. We want to provide a kind of hope. We talk about politic, we want to fight injustice, for heavy subjects the music allows to express that. We try to see the good where is it.
LFB: You said that the album was finished last year but there is some music about anxiety like Anxiety Feels and PTS Tea, a subject which touch a lot of people right now. Is it something you are dealing with since a long time or relative of our current times?
Holy: There are some subjects that are linked to human nature. Everyone feels anxious. There is always something the world which makes you feel that way. Especially now….
LFB: The formation of the album and the way you approach some subjects could remind a Riot Grrrl band spirit, is it something you feel relative of?
Ellie: There is some element of that because of what we are as people. We are looking for equality for everyone, not just women, but also people of color, trans people, non-binary people. We aim to promote ideas that might challenge people!
LFB: How do you see your place in the English post punk stage?
Ellie: We want to expand the people we tour with. It’s easy when it’s a headline tour, because we can pick whom we want to play with. In terms of bigger shows, we played in the first part of The Raconters, which was an amazing experience. We absolutely loved that. But for me this is not the best fit of sound. Especially for this album which is more full of electronic part. And we want to reflect that with the people we go on tour with.
LFB: In fact, the sound of this album is quite different from the precedent, with more electronic parts, more psychedelic melodic, less guitar voice ballad. How do you explain this evolution? What are your inspirations?
Holy: A lot of this came with the synth I brought with me when I arrived in the band, it was a kind of new toy for everyone! (laugh) We don’t really listen rock music in fact, we have really different tastes, unique and individuals. We try to incorporate these elements. Because of the live experience with have a more « dance » idea of music, we use the synth but also a drum machine, extra bits on top. This electronic parts are something we wanted to integrate a long time ago but hard to execute the way we wanted, faithful to our sound.
LFB: What is your relationship with the stage and how do you live to be far from it?
Holy: There is something really special about writing and playing with people that I really missed when it was the lockdown. I really struggle because it’s something that I really need for my sanity, to release my feelings. I can do it alone of course, but it’s not the same. And this is even stronger with the gigs because you are doing music with the people you love, with all the energy of the band, the audience… I miss that.
LFB: We love to discover new bands, so do you have something great you discovered this past times?
Ellie: This morning I was listening Dan English, that I really like. Oh it’s an american. (laugh) A songwriter called Ethan Pethlan, a london band Haich Ber Na that I really like !
Holy: SAULT, we listen to it all the time !!!
LFB: What could we wish you for the future?
Holly: Musicians are not getting any support of the government… All my favorites venues in London are cancelled. So all I wish is that we can play again with all the people we love, all our friends and everyone safe.
LFB: All of us are hoping this… Thank you so much, hope to see you soon in Paris!