Les clips de la semaine #223 – Partie 1

Cette semaine, Adrianne Lenker enfile son plus beau chapeau de cowboy pour nous présenter un nouveau clip tiré de son dernier et très bel album Bright Future. Avec Evol, l’autrice-compositrice-interprète américaine navigue habilement à travers le double-sens des mots dans des paysages à couper le souffle où il est difficile de se rappeler si le soleil se lève ou se couche. Entre moments de solitude errante et instants de camaraderie, ce joli clip contemplatif signé Erin Birgy (Mega Bog) nous emmène sur le long chemin vers autrui et les merveilles qui en suivent. 

Avec la projection qu’elle a pu recevoir après sa reprise de Bande Organisée dans le télécrochet The Voice, la chanteuse Vernis Rouge a dû essuyer quelques critiques. On la considère comme nonchalante et amère, ce à quoi elle répond en musique. Réalisé dans la foulée, le morceau Amère répond à ses détracteurs avec audace et sans tabou. Une caractéristique qu’on lui connaissait bien avant son passage à The Voice. Ce morceau très pop et entraînant s’accompagne d’un clip réalisé par Thomas Desenne. Le réalisateur choisit comme lieu principal une galerie d’art pendant un vernissage, jugé comme le lieu propice aux critiques, au paraître et aux langues de bois. 

Nouveau morceau pour le quatuor Parisien Later. Baby, Come Over Tonight est une sublime balade amoureuse de fin de journée en bord de mer (on n’invente rien, c’est le clip qui raconte ça), qui sent bon l’été et les couchers de soleil tout au bout de la journée. On détecte néanmoins un peu de contradiction en observant les membres du groupe un peu confus quant à savoir quoi faire. Le contraste entre l’atmosphère décontractée et laid-back du morceau et leurs tenues complètement inadaptées à la page s’ajoute aux plans où on les voit plantés debout avec de l’eau jusqu’aux genoux ou presque. L’atmosphère sensuelle du morceau combinées à cette confusion nous rappelle les rapprochements maladroits d’une première relation, potentiellement amourette de vacances, lorsque les gestes se cherchent et que les certitudes n’existent pas. Un bon petit rappel et un groove nonchalant qu’on adore se passer en boucle.

Une semaine avant un été qui se laisse attendre, Juniore publie un titre qui nous plonge au cœur d’une douce et bienfaisante torpeur. Avec son nouveau single, Méditerranée, nous parcourons les pages des albums photos de nos vacances pétris de clichés devenus légèrement surexposés et un peu passés. Un flow musical que l’on pourrait qualifier de surf rock à l’horizontale qui prend le temps de prendre le temps. « La chaleur accablante, seins nus sur le rivage », Clément Soulmagnon a capturé ces moments indolents en animant des illustrations peintes à l’aquarelle. Une transparence de pigment qui apporte à la narration la profondeur d’une poésie réjouissante. Celle où, portés par la brise rafraîchissante, les corps prennent leurs envols.  

Après Le Silence – trépidant – publié en avril dernier, Méditerranée est le deuxième extrait – plus détendu – de l’album Trois, Deux, Un à paraître à la rentrée. Juniore avec ses sonorités sixties nous bercera tout au long d’un été indien musical qui les mèneront sur les routes pour une tournée en Angleterre et en France, avec pour les Parisiens d’un jour ou de toujours, une Gaité Lyrique le 8 octobre 2024.    

Si Jacques Brel avait fait le même constat il y a quelques années, Abel Chéret déclare la mort de l’amour une deuxième fois. Alors que vient de sortir son nouvel EP Antiportraits, Abel Chéret nous livre un deuxième clip pour son nouveau titre L’amour est mort encore. La pop d’Abel Chéret est parsemée de légèreté. Après avoir exploité le levier de la sensualité, le jeune chanteur évoque les revers.

Dans un clip réalisé par Diane Moyssan, le chanteur est noyé dans la foule, simple figurant quasiment absent de la vie courante. Un nouvel échec amoureux le convainc d’un état déprimant dans lequel il finit presque par se complaire. Et chemin faisant, il reprend des forces pour s’ouvrir à nouveau. Si les précédents morceaux du chanteur s’inscrivait dans un certain exotisme dans ses sonorités, L’amour est mort encore est plus électronique et offre un vent de fraîcheur.

Denzel Curry est de retour, et ça promet !

Deux années après Melt My Eyez See Your Future, le rappeur floridien revient enfin avec le single HOT ONE. Première pierre de la promotion du prochain album du MC : KING OF THE MISCHIEVOUS SOUTH VOL.II. Le morceau semble annoncer une sorte de retour aux sources à un son plus direct et frontal. Le titre enregistre les collaborations des rappeurs TiaCorine et FERG qui, tous deux, apportent une réelle plus-value.

Le clip lui est quelque peu quelconque, dans la veine de ce qui se fait aujourd’hui dans le monde du rap. On note cependant un style visuel très affirmé avec une colorimétrie foncée qui tire vers le bleu donnant une teinte qui se prête très bien au cadre nocturne et à la nature de l’atmosphère de HOT ONE. En somme, de quoi faire la hype en attendant la sortie du prochain projet de l’originaire de Carol City qui est prévu pour la mi-juillet.

Avec Combien, Vonfelt s’échappe quelque peu de l’atmosphère mystérieuse aux reflets Gainsbouriens qui émanait des morceaux de son premier EP éponyme. Le rythme, qui dirige toujours ses compositions, se teinte ici d’intonations groovy en s’appuyant sur une basse euphonique. Combien est une chanson sur l’attente qui incite plus à l’optimisme qu’au vague à l’âme. Un optimisme, contagieux, qui prend ici les atours d’une danse aussi voluptueuse qu’innocente, pour le désir et la candeur. Cette danse est celle aussi de Pauline Colemard dont la chorégraphie fluide joue avec la grâce que lui apportent les rondeurs de sa maternité à venir. 

Combien est une petite bulle de plaisir dans un monde qui peut paraître à bien des égards préoccupant. Raison de plus de la laisser éclater et de s’en délecter !