Les clips de la semaine #252 – Partie 2

En ce jour de sortie de son premier EP intitulé Graou, la jeune et fougueuse Miki nous offre là une nouvelle ligne à sa vidéographie avec cette fois-ci Cowboy. Et là où elle plantait devant un Buffalo Grill sur un plan fixe digne des meilleures productions DIY ever sur Échec et Mat, elle nous prend ici à contre-pied (de nez !) en nous invitant au voyage via la réalité virtuelle et nous bananer avec son univers imaginaire où se côtoient poneys, zèbres, cochons violets et autres  bizarreries ! Avec toujours cette même idée de bricolage devenue sa marque de fabrique, ça crache des kebabs, ça claque des fesses et Miki l’insouciante termine de nous convaincre de tout son potentiel créatif compulsif avec l’air de ne pas y toucher… “Plus une fille au pair que la fille de mon père. Une cuisse de poulet à la main comme un revolver”, ne la croyez pas si inoffensive que ça car c’est trop tard, elle est désormais suffisamment armée pour vous faire tomber sous son charme ! Et c’est pas fini, on en prend d’ailleurs le pari, Miki va continuer méthodiquement à tout casser sur son passage, n’en déplaise à ses détracteurs, et ainsi donner un sacré coup de vieux à la petite famille de la chanson française parfois bien pantouflarde… L’insolence de la jeunesse qu’on vous dit !

Avant la parution de son premier album (ce sera pour le 25 mars), Thx4Crying nous partage un dernier son. « Je me sens en Crystal libre, mais en Crystal », à l’image de l’Hyper Pop qui irrigue la chanson, Crystal arpente les ambiguïtés et contradictions qui gouvernent nos ressentis, mais qui fondent aussi nos personnalités. Le cristal de verre tire sa beauté de la finesse qui le rend plus fragile. Son éclat intense émane du plomb qui lui est adjoint. De la noirceur des textes naît alors des éclairs ardents qui illuminent nos désirs.

L’alchimie sonore de Crystal, complexe, opère graduellement, faisant passer nos âmes par différents changements d’état, condensation, fusion ou encore sublimation. Elle interroge pour, d’un pas de danse extatique, mieux répondre.

Thx4Crying organisera la release party de son premier album le 9 avril à FGO Barbara. Save the date ! Le printemps commence bien, non ?

Échappée en solitaire de la chanteuse d’Agar Agar dans Clara Kimera, un projet chimère de ses émois et ses aspirations. Sensément surréaliste, aside se nourrit des pensées vagabondes qui submergent Clara Kimera et des angoisses qu’elles induisent. D’insidieux états d’âme jouent sur nos états de conscience. Elles personnifient et donnent vie à aux monstres qui hantent nos existences. « All these creatures kept hiding under the bed ». 

Dans le clip qui illustre le morceau, aussi onirique que lui, Lola Margrain filme Clara Kimera dans un décor se composant et se recomposant à la frontière de la réalité. Tout est présent sans l’être vraiment dans un lieu où abstraction et matérialité se confondent. La caméra continuellement en mouvement nous donne la sensation d’une déréalisation, de se voir vivre sans avoir le sentiment d’être nous-mêmes. Les phrases sonores aux multiples inspirations tissent une toile musicale sur laquelle se fixe la voix de Clara Kimera. Envoûtante, à jamais, elle nous laisse entrevoir un apaisement cathartique, à l’ombre de nos croque-mitaines numériques. « Aside there’s a quiet land I wish I could drink tea with them ».

Aside referme de la plus belle des manières l’EP Dial 8 que la chanteuse a publié en janvier dernier. Clara Kimera était hier au CentQuatre-Paris dans le cadre du Festival des Inrocks avant de rejoindre en mai prochain au festival défricheur de Brighton, The Great Escape. 

 Depuis quelque temps, vous ressentez peut-être le besoin de transmettre un message à une personne de votre entourage : celui d’être plus attentif aux autres. Dans un monde où nos relations semblent de plus en plus marquées par une pensée plus individualiste que jamais, Nobody Cares offre un moyen subtil de faire passer cette réflexion, avec légèreté et une touche de couleur.

Ora The Molecule, fidèle à sa maîtrise d’une fusion acoustique à la fois entraînante et efficace, nous invite, à travers ce nouveau single à repenser notre capacité à voir les autres. Il est facile de vouloir exprimer respect et affection envers celles et ceux qui partagent nos vies, mais cette bienveillance serait encore plus précieuse si elle se manifestait tant qu’ils sont encore près de nous.

Dans son univers unique, l’artiste mêle toujours habilement disco et électro, tout en y insufflant une pointe d’humour parfaitement dosée. Son prochain album, Dance Therapy, sera disponible le 21 mars. En attendant, il est encore temps de prendre conscience de l’importance de ceux qui nous entourent, tout en restant fidèle à l’esprit vibrant et libre qu’Ora The Molecule infuse dans chaque note.

Nouveau single pour l’artiste franco-américaine après Cœur solaire et Mon Amie Prodigieuse.

Naomi Greene franchit un cap dans son rapport à l’intime et au regard du monde. À travers Wounded Hero, elle exprime la fragilité d’une rupture intense, ce moment où l’on vacille avant de retrouver une force nouvelle.

Ce morceau épuré, d’une brièveté saisissante, n’en demeure pas moins puissant. La montée harmonique progressive évoque un corps émergeant de l’eau, chaque note traduisant l’effort nécessaire pour reprendre souffle, au prix d’une déchirure intérieure.

Cette chanson est une traduction de renaissance, une invitation à saisir un nouveau départ malgré la douleur. Peu importe l’image que l’on a de soi, il n’existe pas de fin définitive, seulement des métamorphoses. Naomi Greene l’illustre par un geste fort : en sacrifiant sa chevelure, elle se déleste du poids des souvenirs et des blessures enfouies.

Son acte, capturé dans le clip, prend une dimension presque initiatique. Arborant le logo de Superman, elle semble incarner une héroïne d’un nouveau genre : non pas invulnérable, mais forgée par ses épreuves. Une figure qui puise sa force dans l’acceptation de ses failles et les transforme en moteur d’évolution.

C’est drôle parfois, comment notre subconscient attrape quelques images et les transforment, plus tard, une fois la nuit tombée. La réalité devient mouvante, se dédouble, perd sa peau de serpent et s’en revêt d’une nouvelle. On a découvert cette semaine le clip de La Mer Imaginaire, le dernier single de Lola Sauvageot. Cette artiste française imprègne ses morceaux de sa sensibilité, en nous offrant des métaphores poétiques. Les images qui portent La Mer Imaginaire font, à nos yeux, partie intégrante de son art. 

À l’intérieur, parfois, ça boue, ça brûle même. Les émotions sont des images. Parfois l’eau monte et la mer se déchaîne, avant de revenir au calme quelques heures plus tard. Alors, on pourra s’y baigner sans crainte. Sur un son pop et entêtant, Lola Sauvageot nous présente son paysage intérieur, la réalité du dedans. Sur un texte poétique, les images se superposent et créent quelque chose de très intéressant, et qui nous parle, nous touche. Même si bien sûr on ne comprend pas tout. On saisit les paysages à l’envers, les yeux trop présents, ces bouches qui se multiplient, le ciel et la mer qui se rencontrent. Lola ne quitte pas le tableau et nous guette, presque hypnotisante, avant de retourner sous la couette. Attends ! Merci pour les métaphores, pour offrir une nouvelle couleur à nos songes. On continuera à suivre le travail de cette artiste avec beaucoup de curiosité. 

 Derrière une fenêtre embuée, le regard errant le long de rues désertes, il pleut; pour les moments de joie aussi, de l’amour, danser seul entre les rayons d’un supermarché. Leurs morceaux révèlent la saveur de nos journées et les teintent d’un grain particulier, presque cinématographique. Je cite Kids Return. Pour notre plus grand bonheur, ce groupe de pop rock français composé de Clément Savoye et Adrien Rozé, a sorti un nouveau single intitulé Teenage Dreams. 

Alors de quoi rêvions-nous quelques années plus tôt ? Qu’est ce qui pouvait venir bercer ou, bien au contraire, agiter notre sommeil ? Le clip de Teenage Dreams se dessine en deux parties, accompagnant à merveille le morceau. Pas de temps à perdre, là-bas dans la nuit, le rythme s’accélère. Le loup nous menace. Les deux musiciens vêtus de blanc, ne se laisseront pas faire. Émotions sur le fil, on suit ce duel, cette course poursuite, sans cligner des yeux. On apprécie le contraste que crée la pénombre, et le fait de ne pas trop savoir où l’on se trouve. Une cible et un arc, on plonge dans les méandres de leur cauchemar, à travers leurs regards. Le rythme se tord, s’enrichit d’un chœur. On perçoit l’idée d’une boucle dont on peine à s’échapper, et pourtant … Pourtant le décollage est imminent. 

Le calme reviendra. On assiste à un changement de tableau et d’émotion. Les deux musiciens se réveillent au beau milieu d’un terrain de foot, il fait jour. Le loup existe mais ne leur fait plus peur. La mélodie s’adoucit, jusqu’à accompagner le coucher du soleil. 

Pour nos souvenirs d’adolescence, et l’après, pour ces lignes qui se croisent et ces ponts qui se créent parfois dans la nuit, on ne peut que vous recommander d’aller découvrir les images de Teenage Dreams. Celui-ci annonce également la sortie de leur prochain album, 1997. À écouter dès le 4 avril 2025 ! 

Barbara Lehnhoff aka Camilla Sparksss a délaissé les berceuses de son dernier album Lullabies sorti en 2023 pour revenir aux origines de ce qui l’anime. Ainsi, un nouvel album, ICU RUN, paraîtra prochainement cette année et incarnera le retour aux sons plus expérimentaux et noise qui caractérisent l’artiste suisse-canadienne.

Qu’est-ce qui constitue l’essence de la musique de Camilla Sparksss ? Et bien, déjà, l’esthétique léchée qui émane des sonorités qu’elle façonne telle une orfèvre. On a rarement vu, avec une telle part d’expérimental, un rendu si fluide et subtil tout en intégrant des synthés aussi vifs et acérés, du noise dont la singularité démarque durablement l’artiste et des beats hip-hop qui acidulent le tout !

Camilla Sparksss nous offre donc I Like The Noise, un excellent premier extrait qu’elle a clipé, tiré du court-métrage éponyme associé à l’album à venir.

Dans ces images, on rencontre une marionnette qui incarne les traumatismes de la jeune femme incarnée par l’artiste. C’est un personnage qui l’accompagne toute sa vie, dans ses moindres actions. Une sorte d’ami/faux ami imaginaire qui porte tout un bagage émotionnel.

Le montage intègre une certaine lenteur qui s’accélère en fonction des variations du morceau. La jeune femme s’adresse directement à la caméra lorsqu’elle nous sert les paroles d’I Like The Noise. Camilla prouve et scande ainsi haut et fort son amour pour le bruit.
Et cet amour, on brûle de le retrouver sur ICU RUN. Littéralement.