L’amour, genèse de tous les maux et de tous les mots, habite la pop solaire de REB, dont le 1er EP sorti le 10 février, nous connecte à ses textes, débordants de sentiments purs et sincères, rythmés par des rimes enthousiastes, et à sa musique, grisante comme un bol d’air frais.
L’homme
« Toi aussi tu fais peur aux hommes. » REB rentre dans le vif du sujet : la complexité de relations hommes-femmes. Elle le dit avec un timbre de voix assuré, direct, franc. Sans filtre. L’instru suit cette ligne droite, directe et franche et ce ton abrupte. Aller droit au but, à l’essentiel – pourquoi s’en détourner ? – tant que l’idée y est, que le « tu » alias « nous », alias son interlocuteur imaginaire, entend son message, entend son soutien, alors tout va bien. Parce qu’on est tous incompris, parce que nos comportements sont souvent mal interprétés, parce qu’on n’y peut rien et que l’impuissance est universelle. REB dit son passé de garçon manqué, sa virilité plus virile que celles de certains hommes, celle qui effraie et cause leur incompréhension, leur folie et chacun y voit le reflet de ses propres difficultés, l’ajuste à son propre vécu et c’est une libération, une bouffée d’air pour tous.
Saint-Pancras
D’une déclaration d’amour, cette chanson en a la couleur et les reliefs. Une âme errant seule à la gare de Londres laisse de côté les raisons de son absence, efface le moment présent, aimantée au seul objet de ses pensées, à son seul moteur, racine de ses palpitations et de ses tourments. Chacun sait ô combien l’accoutumance brouille les consciences. L’attirance prend toute la place, inonde l’espace. « J’étais venu signer un deal d’une très grosse importance mais t’es la seule chose à laquelle je pense. » : REB sait le dire. Mieux que nous.
Ici et Maintenant
L’an dernier on vous dévoilait son clip en exclusivité à La Face B. Ici et maintenant, la chanson trouve sa place dans cet EP et suit le fil de l’histoire racontée par REB, celle d’un amour secret, timide, révélé dans cette chanson. « J’ai osé, enfin, j’ai osé te dire / Ce qu’il y avait derrière mon sourire. » Elle le sait, parmi toutes les épreuves existentielles, celle des aveux amoureux demeure probablement l’une des plus délicates. On n’en dort plus. On se reproche d’avoir commis le pire. On se morfond dans l’attente d’une réponse. On se torture, on croit mourir. On n’a plus rien à perdre. Et parfois on y gagne. « Et ta réponse m’a fait sourire. » On en sourit.
Drôle de Peine de Coeur
REB se surprend à aimer et à souffrir de l’indicible. Elle ne comprend d’où vient cette souffrance irrationnelle comparable à une violente déchirure sentimentale, à un amour invisible, non réciproque. Cela vaut autant pour une célébrité que l’on adule dans sa chambre d’adolescent.e sans que cela ne s’ébruite jamais, que pour un coeur non réceptif à nos palpitations. Autant en rire, autant écrire dessus, se dit REB, dont l’ironie côtoie malgré tout une certaine amertume liée à cette peine, bien réelle.
Dans la chaleur de l’été
Cette chanson n’est pas digne d’une fin heureuse, de celle d’une comédie américaine où tout est bien qui finit bien. Elle aurait pu. La réalité est bien plus coriace. Après la pluie, le beau temps. Après les doutes, la lumière. Cela ne fonctionne pas ici. Les doutes subsistent, ô combien renforcés par la douceur des beaux jours, les sorties en extérieures propices aux rencontres et à la chaleur humaine. « Et je cherche ta silhouette que j’ai tant espéré / Je ne peux m’empêcher d’imaginer. » REB nous laisse sur ces points de suspension et on attend, on espère autant qu’elle, une suite heureuse. Le prochain album nous le dira.