ADN #354 : Rémi Parson

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’il vient de dévoiler son nouvel album, pour un empire, Rémi Parson s’est prêté pour nous au jeu de l’interview ADN.

New Order – All the way

Mon morceau fétiche de mon groupe ultra-fétiche. Une chanson que j’ai découverte dès sa sortie, alors que je n’étais pourtant pas très vieux. J’avais chouré la cassette de l’album Technique à mon frère, de douze ans mon aîné, et ç’a été la bande-son de mes petites aventures pendant des mois.

Autant dire un miracle auditif parmi les tubes radio pas toujours folichons de la fin des années 80. Et ce qui est pas commun, c’est que j’ai grandi avec ce titre. De l’émotion pure et immédiate de cette ligne de synthé et de cette basse jouissive, à la compréhension tardive, après des années laborieuses d’anglais LV1, de ce qui reste pour moi parmi les paroles les plus justes et réconfortantes jamais écrites.

Si je devais choisir une seule chanson – ce qui serait assez vache – je pense qu’elle serait en lice. 

https://www.youtube.com/watch?v=2YveC8laqCs

Another Sunny Day – You Should All Be Murdered

Je colle moi-même l’étiquette, mais à quoi bon le nier ? Je suis un indécrottable indie popeux. The Go Betweens, The Bats, The Field Mice, cent autres encore, j’aurais voulu citer tous les îlots qui forment cet immense archipel de mélodie, de sincérité, de DIY, dont je me sentirai toujours proche.

Avant de partir à Londres, où je rêvais de me frotter à cette scène minuscule, mais super passionnée/ante, j’avais même eu l’idée saugrenue de faire mon mémoire de fin d’études sur Sarah Records, sur lequel ce tube a vu le jour. Sans faire le mécanicien, il comporte beaucoup d’ingrédients clés pour moi : la boîte à rythme, of course, les guitares reverb-érées et les distorsions acides, les claviers string…

Mogwai – Helicon 1

C’est la musique de la fin de mon adolescence. Ce qu’on a appelé, pour faire (trop) simple, le post-rock. J’oublie souvent de citer Mogwai dans mes influences alors que c’est sans doute un des groupes qui m’a le plus marqué et inspiré pendant des années. Pas seulement l’approche bruitiste, mais aussi la répétition, la tension latente. Pour quelqu’un d’aussi bavard, c’est paradoxal, mais la musique instrumentale a été une vraie école de l’ornement, des silences, de la structure. Et je crois qu’il en reste des nombreuses traces dans mon univers ; dans ces longues intros et codas notamment.

Central Unit – Saturday nite

Aw, 5 morceaux, c’est peu. Mais si je dois choisir, l’Italo, c’est un gros bout de mon cœur. Dans les thèmes, les sons et vraiment la démarche : expérimenter, avec les moyens du bord, au service de la pop song bien efficace, émotionnelle. Il y a 100 000 chansons que je pourrais distinguer ici, du plus guilty pleasure façon bal des pompiers au plus dark et barré.

Et pas seulement en Italie, mais partout en Europe et au-delà. Je ne me lasse pas d’explorer tout ça des heures durant, sautant de vidéo en vidéo sur YouTube. Aujourd’hui, je sélectionne celle-ci que j’adore et qui conjugue casio qui tapote, motif bien entêtant et chorus à gogo. Et puis, c’est vendredi soir au moment où j’écris ceci et je pense à demain, soir de fête.

The Sunny Street – Esteban

Je fais de la musique depuis très très longtemps et il me paraît impossible de ne pas parler de mes projets passés et de leur place dans mon ADN. J’opte pour The Sunny Street que l’on avait créé avec Delphine l’été de notre départ en Angleterre, en 2006. Nous avons sorti deux albums, une poignée de singles et pas mal voyagé avec nos potes Ian et Christos.

Ce morceau aurait dû figurer sur notre troisième album, finalement abandonné. On pense parfois à reprendre du service, à ce que l’on aurait pu faire de mieux, avec cette impression, fausse, de ne pas s’être bougé assez, ou pas comme il faut. C’est le côté doux-amer du truc.

Et c’est ce qui m’a fait multiplier les projets au fil des années. En me disant que, cette fois, chaque aspect allait être maîtrisé. Mais c’est une matière vivante, faillible, changeante, qui ne s’appréhende qu’avec du recul, comme une vue d’ensemble. C’est en tout cas un projet fondamental sur mon chemin et qui a nourri beaucoup de ce que je fais aujourd’hui.

Découvrir Pour Un Empire de Rémi Parson :

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