10 jours au Festival en chanson de Petite-Vallée (partie 1)

Cet été, La Face B a été invitée à passer 10 jours en Gaspésie, au Québec, par le Festival en chanson de Petite-Vallée. On revient de cette 41ème édition avec le cœur rempli, des souvenirs plein la tête et tout un tas de choses à vous raconter : on commence dès aujourd’hui avec la première moitié de notre séjour.

Visuel officiel de la 41ème édition du Festival en chanson de Petite-Vallée

Jeudi 25 juillet 2024 / JOUR 1

Ces 10 jours intenses ont commencé en douceur : il nous fallait un peu de temps pour nous remettre des 10 heures de (très belle) route effectuées la veille pour nous déplacer de Montréal à Petite-Vallée et de la veillée tardive autour d’un feu de grève qui a suivi. Il nous fallait aussi du temps pour réaliser dans quel coin de paradis nous avions atterri : avant les concerts du soir, nous avons donc pu admirer l’immensité du fleuve au pied du festival, profiter de l’air salin et apprécier le charme des toits colorés des maisons environnantes. C’était aussi l’occasion de grandes retrouvailles avant le cœur de l’action : l’équipe du festival, les bénévoles précieux, le public fidèle et grandissant, l’artiste passeure (Marie-Jo Thério) et la promo 2024 des Chansonneur.e.s (on vous en parlera plus en détail dans quelques paragraphes) se sont joyeusement réuni.e.s pour lancer cette 41ème édition en beauté.

Ce lancement ne pouvait évidemment pas se faire sans musique : au programme, une veillée de musique et de danse traditionnelles brillamment orchestrée. La Famille Leblanc, tout droit venue d’Acadie, nous a montré tout son talent et toute sa complicité : iels utilisent ces derniers au service de la mise à l’honneur de pièces musicales qui se transmettent de génération en génération. Après cette prestation chaleureuse et émouvante, Hélène Gaulin a pris le relai niveau chorégraphie. À l’image de la convivialité gaspésienne, tout le monde peu importe son niveau était convié à rejoindre les différents et nombreux groupes qui s’étaient formés sur le plancher du Théâtre de la Vieille Forge.

Vendredi 26 juillet 2024 / JOUR 2

Le festival désormais officiellement lancé, la cadence de nos activités s’accélère. Notre deuxième jour a commencé par un segment incontournable du festival, les concerts Dans l’shed à Léon. Depuis 10 ans, presque tous les jours à 13h, le duo Dans l’shed s’installe dans un hangar à bateau non loin du site principal du festival. Dans ce décor atypique et coloré, ils interprètent des classiques de leur répertoire et invitent surtout d’autres artistes à venir chanter à leurs côtés. Les places disponibles sont limitées et très convoitées, mais une équipe de vidéastes assurent les arrières des retardataires en rendant ces moments privilégiés accessibles sur Internet un peu plus tard. Pour débuter les festivités, des figures emblématiques de Petite-Vallée étaient conviées à partager la scène avec eux. Pour commencer, c’est Alan Côté, directeur du festival mais aussi artiste, qui a rejoint le duo. Ensuite, les Chansonneur.e.s 2024 ont pris le relai : ces 8 artistes ont été sélectionné.e.s il y a plusieurs mois pour se rencontrer et créer ensemble dans plusieurs villes du Québec, avec Petite-Vallée comme étape finale de leur voyage. Dispositif renouvelé à chaque édition et véritable tradition, le public était venu en grand nombre pour les entendre interpréter L’oiseau de paradis en hommage à Marie-Jo Thério, l’artiste passeure célébrée cette année au festival.

Nous avons ensuite filé au Théâtre de la Vieille Forge pour débuter un doux après-midi en compagnie d’Elliot Maginot. Sur un fond de lumières féeriques, sa voix feutrée nous a bercé au fil de l’interprétation des morceaux de son dernier album I Need To Stay Here. On a également apprécié l’entendre reprendre brillamment Allô maman bobo d’Alain Souchon ainsi que La Manic de Georges Dor, un classique québécois qui a été interprété par tout un tas d’artistes (dont Leonard Cohen) au fil des années.

La soirée s’est pour nous terminée du côté du Camp Chanson, une salle plus petite où l’énergie y est souvent explosive. C’était le cas ce soir-là lors du show flamboyant de Bønanza : dans son costume jaune vitaminé et accompagné de son groupe, il nous a transporté sur des envolées psychédéliques aux accents pop et groovy. Sa performance clôtura cette deuxième journée avec une bonne dose de chaleur et de vitalité.

Samedi 27 juillet 2024 / JOUR 3

Notre troisième journée sur place était bien chargée et a commencé de bonne heure : dès 10h, nous nous sommes dirigé.e.s vers le Camp Chanson pour un programme beaucoup plus calme que la soirée de la veille. C’était l’heure du premier traditionnel Déjeuner des Chansonneur.e.s : ce matin-là, Bagaï, FROU, Sandra Contour et Velours Velours nous ont tranquillement réveillé.e.s pendant qu’une équipe de bénévoles s’activait en cuisine. Si leur accompagnement musical des un.e.s et des autres était impeccable, on a été frappé.e.s par leur spontanéité et leur aisance dans cet exercice qui peut s’annoncer périlleux. Toujours bienveillant, le public de Petite-Vallée était conquis par ce moment d’une intimité rare. Après une rapide pause lunch, nous voilà déjà de retour au Shed pour y applaudir le duo ainsi que leurs invité.e.s Roxane Filion et Étienne Coppée.

Le soir venu, un grand moment dans cette édition du festival nous attendait : le spectacle de l’artiste passeure. Marie-Jo Thério, artiste acadienne renommée, fêtait les 24 ans de son album La maline et nous a présenté un show d’une liberté remarquable. Ultra connectée à ses chansons, elle nous a complètement touché.e.s par sa créativité et son imaginaire débordant.

Une fin de soirée électrique nous attendait juste après ça : nous avions rendez-vous avec Galaxie au Camp Chanson pour l’un des shows les plus convoités du festival. Si la vaisselle de la cuisine de la salle est cette fois-ci restée intacte (contrairement à l’un de leurs passages précédent où les vibrations avaient produit un grand fracas), le plancher a quant à lui bien remué : le super-groupe québécois et son rock garage barré nous ont retourné la tête et coupé le souffle.

Dimanche 28 juillet 2024 / JOUR 4

Nouvelle matinée, nouveau Déjeuner des Chansonneur.e.s : c’était au tour d’Émile Bourgault, Feu Toute!, Louve Saint-Jeu et Maud Evelyne de nous sortir du lit. Tout aussi talentueux.ses que leurs ami.e.s de la veille, on a été ému.e.s par leur belle amitié qui transparaissait pendant et entre les morceaux. Nous avons ensuite filé retrouver le duo Dans l’shed qui invitait cette fois-ci Belle Grand Fille et Maïa Barouh.


Maïa Barouh était l’une des artistes françaises programmées et son spectacle était renversant. À la croisée de deux langues et cultures, elle défend une musicalité plurielle où des sonorités électroniques, le rap et la chanson francophone rencontrent des chants ancestraux japonais. Avec ses musiciens et sa flûte traversière qu’elle manie comme personne, elle nous a surpris de la meilleure des manières. Juste avant le début de son concert, on est arrivé.e.s juste à temps pour Dans la boîte, un moment privilégié ayant lieu chaque jour dans lequel Luciole (artiste française également) et Luan Larobina, deux des Chansonneur.e.s 2023, interprètent un morceau qu’elles ont écrit et composé dans la journée à partir d’indications piochées dans une boîte préalablement remplie par des festivalier.e.s.

Si nous avions pu découvrir l’univers de Marie-Jo Thério la veille, il était maintenant l’heure de rendre hommage à sa carrière en première partie de soirée à l’occasion d’un spectacle autour de son œuvre. Plusieurs artistes, programmé.e.s au festival ou non, et personnalités du coin (professeur.e.s, médecins…) se sont relayé.e.s à travers une vingtaine de numéros pour interpréter un bon nombre de ses chansons. La principale intéressée s’est même jointe à certain.e.s d’entre elleux à leur demande pour un fantastique moment de partage. Une fois remis.e.s de nos émotions, nous nous sommes dirigé.e.s vers le dernier concert du jour assuré par le groupe innu Maten. Mettant en lumière leur langue et leur culture, ces excellents musiciens transmettent beaucoup de joie et de fierté tout en évoquant des réalités plus graves concernant les peuples autochtones qui méritent toute notre attention.

Lundi 29 juillet 2024 / JOUR 5

Lundi, nouvelle semaine, nouveaux spectacles! On a adoré assister à celui des Chansonneur.e.s 2024 : on les avait découvert.e.s en plus petits groupes ces derniers jours, et le temps était venu de les applaudir pendant le même show sur la scène du Théâtre de la Vieille Forge. Bagaï, Émile Bourgault, Feu Toute!, FROU, Louve Saint-Jeu, Maud Evelyne, Sandra Contour et Velours Velours finissaient ici non sans émotions leurs Escales en chanson chapeautées par le Festival en chanson de Petite-Vallée. On les avait déjà adoré.e.s humainement lorsqu’iels nous avaient gentiment embarqué.e.s avec elleux en van depuis Montréal, mais la découverte artistique a scellé le tout : la poésie de chacun.e était singulière, leurs propositions sincères et le fait d’assister au dénouement de cette belle aventure était précieux. On a ri, on a même pleuré un peu, mais on a surtout été admiratif.ve.s du chemin parcouru.

Cette belle journée s’est achevée par le concert de Marc Déry. S’en est suivi un jam sur un bateau installé sur la grève au cours duquel le chanteur nous a d’ailleurs rejoint.e.s quelques temps après. Des aurores boréales ont même pointé le bout de leur nez, et on retrouve dans ce moment précis tout l’esprit de Petite-Vallée : un lieu magnifique et accueillant où la musique est reine, où chacun.e est le.a bienvenu.e et où tout le monde se mélange. Artistes et public se retrouvent au même endroit et continuent à nourrir ce lien qui les unit en dehors de la scène. Difficile de faire autrement dans un tel cadre!

On se retrouve le 1er octobre pour la deuxième partie de notre séjour au Festival en chanson de Petite-Vallée.