Si 2021 aura été une année presque aussi étrange que la précédente, elle aura vu malgré tout le retour à une certaine normalité. Surtout, elle aura été une année musicale très riche et foisonnante. La rédaction de La Face B a donc sélectionné ses albums favoris de l’année. Aujourd’hui, on vous parle des albums de Miranda Lambert, Jon Randall, Jack Ingram , Viagra Boys,et Wolf Alice (choisi par deux de nos rédacteurs).
Wolf Alice – Blue Weekend (Eva)
J’ai choisi de ne pas vous parler de mon album favori de cette année 2021 qu’est True Love de Hovvdy. En effet, j’en ai fait l’apologie il y a quelques mois dans un long article et je ne vois pas l’intérêt de me répéter (à part d’aller streamer en masse). J’ai pris la décision de parler de mon deuxième album favori, Blue Weekend du groupe anglais Wolf Alice.
C’est après une pause de quatre ans que le quatuor est revenu cette année en beauté, avec une esthétique glamour rock et une sortie de ce concept millimétrée. Chaque chanson a son propre visuel, sa propre particularité tout en rentrant dans l’histoire globale du LP sombre et mélancolique. La voix d’Ellie Rowsell nous emporte dans un monde parallèle, angélique comme sur les morceaux aériens Lipstick on the Glass ou The Last Man on Earth.
Sans pour autant laisser de côté leur identité garage rock sur des morceaux comme Smile ou Play The Greatest hits, Wolf Alice nous a offert un album réfléchi, posé et imagé. Je vous recommande vivement d’écouter l’album tout en visionnant chacun des clips qui a été réalisé pour accompagner chaque morceau. Avec une production beaucoup plus propre que les précédents albums, Blue weekend se range parmi les meilleurs du groupe. Un ensemble de 11 titres qui ont su apaiser les tourments d’une période beaucoup trop agitée.
Viagra Boys – Welfare Jazz
Si il y a bien un style musical qui fut représenté avec brio cet année, ce fut bien le post punk. Majoritairement représenté par nos anciens partenaires les anglais, il y a pourtant un groupe suédois qui tire avec violence la couverture sur lui. Viagra Boys avait explosé avec Street Worms, on les admire pour leur talent grâce à Welfare Jazz. La rédemption fut le thème central de beaucoup de groupes de punk cette année, coincés entre quatre murs et privés de leur shot de concerts. Mais bien avant Shame ou Idles, c’est Viagra Boys qui s’empara de traiter le sujet de la descente aux enfers.
Avec une impertinence et une auto dérision qui manquera peut être à certains groupes. Tout d’abord une idée qui changera tout, intégrer un saxophone aux compositions. Le gouvernement suédois avait fait son choix lors du confinement, donner des aides bien généreuses aux musiciens, mais seulement ceux qui jouent du jazz. Qu’à cela tienne, Sébastien Murphy posera donc dorénavant son timbre grave et saccadé sur des morceaux aux airs de jams sessions. Les titres plus différents les uns que les autres s’enchainent, tous les registres sont explorés avec un brio qu’on ne leur connaissait pas encore. Du Ain’t Nice impertinent, au puissant synth pop de Creatures, jusqu’au blues rock d’Into the Sun, ils s’ouvrent les horizons sans jamais se renier. Tout est engagé, puissant, sarcastique, violent.
Un désespoir illustré à merveille par ce saxophone qui s’époumone jusqu’à l’agonie. Magnifique surprise aussi de retrouver Amy Taylor pour la ballade qui fleure bon le sud des Etats Unis To The Country. Une reprise brillante, qui donne une tournure dramatique à ce qui était une déclaration d’amour tendre. Sans jamais jouer les artistes torturés, les Viagra Boys décident de se saisir de l’absurdité de cette époque. Dans une période aussi dramatique, leur impertinence nous fait autant envoyer les points dans le mur que danser ou pleurer. Un album cathartique, maitrisé à la perfection, sans temps morts, qui renouvelle le genre et sublime un groupe.
Miranda Lambert, Jon Randall, Jack Ingram – The Marfa Tapes (Lena)
C’est seulement en contemplant l’infini ciel étoilé dans la nuit noire du désert qui entoure Marfa que l’on se rend compte du pouvoir magnétique de cette petite bourgade perdue de l’Ouest du Texas. On comprend alors mieux pourquoi Jon Randall, Miranda Lambert et Jack Ingram, trois artistes accomplis de la scène musicale country texane, choisirent à plusieurs reprises cet endroit pour se réunir et composer ensemble de nombreuses chansons empreintes de l’aura de ce lieu unique.
Les quinze morceaux qui composent The Marfa Tapes, sorti en mai dernier, sont le fruit de ce travail collaboratif. Enregistré en plein air avec leurs guitares comme seuls instruments, les trois musiciens célèbrent avec cet album la joie simple d’écrire et de jouer des chansons ensemble. “Toute l’idée de l’album était d’essayer de montrer et faire écouter aux gens le moment de la création”, résume Randall.
L’aventure des Marfa Tapes est accompagnée d’un film, capturant l’intimité du processus créatif et la beauté nue du désert Texan.
Wolf Alice – Blue Weekend (Anthony)
Les Londoniens n’ont pas révolutionné leur son, ils l’ont sublimé. Très attendu sur la scène indé rock britannique, Wolf Alice n’a pas failli à ses intentions en délivrant un troisième album Blue Weekend où chaque titre apporte son propre ascenseur émotionnel. La chanteuse et leader Ellie Rowsell exprimer enfin pleinement son talent en s’émancipant comme autrice-compositrice sur cet opus.
Derrière chaque piste, il se cache en réalité une introspection marquante de Ellie sur ses relations et ses sentiments, cependant, ses paroles sont empreintes d’élégance et de maturité. Le mélodique pop Delicious Things est l’un des plus beaux tracks écrits par le groupe jusqu’à présent avec des accords simples et grandiloquents. The Last Man on Earth suit la même trace en nous important crescendo sur une virée purement cinématographique et narcissique. A contrario, la piste suivante No Hard Feelings se présente comme une ballade mélancolique poignante sur la perte des sentiments.
La bande a su aussi garder sa flamme vive malgré des introspections planantes. Les deux titres agressifs sortent du lot et reflètent une certaine nostalgie des premières énergies en live. D’abord avec Smile qui pointe du doigt les rumeurs et les préjugés des gens et ensuite Play the Greatest Hits qui permet d’oublier pendant deux minutes tout le chagrin évoqué auparavant.
En somme, Blue Weekend est une expérience nocturne et réflexive qui parvient à captiver toutes nos émotions. C’est donc un album à réécouter paisiblement pour replonger confortablement dans notre propre bulle.