Si 2021 aura été une année presque aussi étrange que la précédente, elle aura vu malgré tout le retour à une certaine normalité. Surtout, elle aura été une année musicale très riche et foisonnante. La rédaction de La Face B a donc sélectionné ses albums favoris de l’année. Aujourd’hui, on vous parle des albums de Tim Dup, Møme & Ricky Ducati, Travis et Durand Jones & The Indications.
Tim Dup – La Course Folle (Charles)
Au grand dam de mon paternel, j’étais un peu passer à côté du premier album de Tim Dup en 2018. Un petit rendez vous manqué qui aura été bien rattrapé à l’orée de 2020 avec l’exceptionnel Qu’en restera t-il ?. Un album hivernal, un peu sombre et sans doute incompris qui m’aura pas mal accompagné dans les méandres étranges et solitaires d’une année qui l’était tout autant. Cet album m’avait permis à l’époque de réparer certaines fêlures au mastic sonore d’un garçon qui si il chantait une vision assez sombre de la vie n’hésitait jamais à le faire avec un certain sens de l’épique et de l’emphase.
Il faut croire que Tim Dup est un garçon qui colle sa musique aux saisons et aux humeurs. Très justement sortie aux bordures de l’été, sa course folle a le goût de l’ivresse douce, des voyages entre amis, du soleil qui se couche tard et des sourires sur les visages.
Un océan de douceur dans lequel je me suis plongé avec bonheur, en recherche permanente de ce bonheur simple dont il nous parle et qu’il nous transmet avec simplicité et tendresse. Comme il le dit lui même, l’univers est une aventure. Je l’ai donc suivi avec bonheur dans ces péripéties chaleureuse et vibrante, une échappée que j’aurais aimé ne jamais voir finir.
Le vent dans la chemise, Tim Dup a planté des fleurs dans un terreau sonore fertile, bien aidé ici et là par des camarades de jeux bienveillants, notamment Thomas Enhco, Sâane ou son camarade Hugo Pillard qui comme toujours accolera des images drôles et sublimes à des morceaux.
J’ai donc suivi Tim et son piano comme une ombre discrète, étourdi et charmé par ses morceaux légers et profonds, notamment À ciel ouvert, la légèreté, Dolce Ricordo ou d’alcool et de paysages, morceau merveilleux qui nous rappelle que le temps passe et bouleverse souvent tout mais qu’au final, on est tous sauvé par l’amour.
Un petit moment de folie douce, de rêve éveillé, Tim Dup m’a offert un bouquet de fleur un peu magique, réconfortant et qui m’a mis du baume au cœur. Je ne peux que vous conseiller de le découvrir à votre tour.
Møme & Ricky Ducati – Flashback FM (Matthieu)
Si je ne devais retenir qu’un seul album pour 2021, cela serait Flashback FM, issu de la collaboration entre Møme et Ricky Ducati. Teasé en 2020 avec la sortie de quelques titres, la sortie début février de ce recueil de 15 titres ne m’a pas déçu. Loin de là. Il m’a d’ailleurs accompagné pendant toute mon année.
Loin de son registre habituel, Møme a su se renouveler pour nous livrer de belles productions aux sonorités rétro, qui nous font penser aux diverses choses qui ont pu se faire durant les trois dernières décennies du siècle dernier. Le travail du français est sublimé sur la quasi intégralité des morceaux par la voix de Ricky Ducati, qui semble être la seule à pouvoir y être posée.
Si de véritables pépites figurent sur cet album (on peut notamment citer I Know et Passenger Seat), celui-ci a également été pensé de façon plus globale avec plusieurs interludes qui, de façon cohérente, nous garde dans cette ambiance rétro futuriste. Vivement la sortie de la version deluxe que Møme nous avait annoncé lors de notre interview !
Travis – The Invisible Band 20th anniversary (Sarah)
2001, Virgin Megastore de Toulouse. La collégienne que je suis découvre avec extase Travis, le plus écossais des groupes de brit-pop qui sort cette année-là son troisième album, The invisible band. Leur ode à chanter le moment présent passe alors en boucle sur Le Mouv’ (qui n’a pas encore opéré son rebranding rap / pop urbaine), et sur MTV et MCM. Quel rapport avec 2021 me direz-vous ? La réédition Deluxe, le 3 décembre dernier, de cet album madeleine de Proust à l’occasion de ses vingt ans.
La fraîcheur de ses arrangements ravira les fans de la première heure comme ceux qui prendront le (Last) train en marche.L’opus de quasiment deux heures est augmenté de nombreux titres inédits, live, de reprises (Here comes the sun), ou issus d’albums antérieurs (Driftwood). On y découvre notamment avec émotion la démo de Sing, initialement intitulée Swing, celle de Dear Diary, et on apprécie le son délicieusement 70’s du banjo sur Flowers by the windows, immortalisé lors d’une session live sur la BBC.
De passage au Trianon en 2022, Travis nous propose un retour dans le temps salutaire et une belle façon de clôturer une année riche en nouveautés… pour se replonger, le temps de quelques titres, dans ses premières amours musicales.
Durand Jones & The Indications – Private Space (Lena)
Private Space est le troisième album du quintette Durand Jones & the Indications, formé il y a une décennie par les américains Durand Jones (chant), Aaron Frazer (batterie, chant) et Blake Rhein (guitare et synthé), tous trois alors étudiants à l’école de musique de l’Université de l’Indiana. Ecrits durant les périodes de confinement, les dix morceaux de l’album se veulent un remède en périodes d’isolement et de deuil, se faisant l’écho d’une résilience collective et évoquant des sentiments de communauté, d’amour et d’amitié.
La première chanson de l’album, Love Will Work It Out, incarne parfaitement cette ambition, exprimant un message d’espoir à l’aune d’une année 2020 particulièrement tourmentée aux Etats-Unis. Au son des voix complémentaires des exceptionnels Durand Jones et Aaron Frazer, le groupe réussit à marier un son rétro intemporel avec une attitude résolument moderne, dans un ensemble funk-soul élégant et groovy à souhait.
Si cet album vous a plu, ne manquez pas le premier album solo d’Aaron Frazer:Introducing…, sorti il y a tout juste un an.