2023 aura été riche d’albums forts et ce, dans tous les genres possibles et imaginables. La rédaction de La Face B a donc aiguisé ses plus belles plumes pour vous offrir ses albums coups de cœur du cru 2023. Second Acte sans plus attendre.
Charlotte Fever – Paris Cyclone (Estelle)
L’album coup de cœur de l’année à mes yeux est assurément made in France. On parle ici du duo tout feu tout flamme Charlotte Fever.
On attendait ce nouveau projet avec impatience et, personnellement, après avoir saigné Septembre tout l’été, il me tardait de me délecter de Paris Cyclone. Cet album, c’est une masterclass de 11 titres, pour un total de 35 minutes 26 secondes d’écoute très précisément. Cassandra et Alexandre nous prennent lascivement par la main pour nous emmener au bord de la piscine d’un hôtel californien où l’on se prépare à vivre mille et une aventures au rythme de l’électropop dont elleux seul.e.s ont le secret.
Iconique, fatal, doux et sensuel, Paris Cyclone se sirote, lunettes de soleil sur le nez et nous transporte d’un plongeon dans un univers parallèle où l’on danserait sans jamais s’arrêter.
Dans cet album, quelques titres phares : Septembre (évidemment), que l’on écoute en marchant au lever du soleil sur la plage de Malo-les-Bains, cheveux au vent en rentrant de soirée, sourire aux lèvres et souvenirs plein la tête; In love de moi, ôde à l’amour de soi-même et au kiff auquel on s’adonne dans notre chambre tard le soir; A la piscine, qui nous fait improviser nos meilleures chorés d’aquagym, même en pleine salle de concert (à
expérimenter !); ou encore Miami, le titre fatal par excellence, quand la sensualité rencontre les ténèbres, le duo nous plonge dans le Miami des années 70 sur fond de romantisme tragique, Bonnie & Clyde n’ont qu’à bien se tenir.
Si l’on résume, Charlotte Fever nous a offert cette année un album propice à l’évasion, dont on avait clairement besoin. Comme un roman mis en chanson, Paris Cyclone a régalé nos oreilles en cette fin d’année.
Et si l’on peut se permettre un petit conseil, ce serait de ne pas rater leur concert du 22 février 2024 à La Maroquinerie. Ça promet d’être incroyable ! Rendez-vous en 2024 !
TUERIE – Papillon Monarque (Enzo)
Blue Gospel est sans aucun doute dans mon top 3 de mes albums all time. Il s’agit clairement d’un projet qui n’est pas assez mis en lumière dans le rap français. Je me disais alors que Papillon Monarque allait donner à Tuerie la visibilité qu’il méritait enfin. Et ça n’a pas raté !
Ce qui m’impressionne et m’attire dans le travail de Tuerie, c’est son caractère singulier. Chaque fois qu’il s’engage dans un nouveau projet ou une collaboration, il revient avec une nouvelle dose d’originalité. Par exemple, dans Papillon Monarque, il propose des éléments de funk, revisite le gospel, et explore une facette plus mélodieuse de son univers musical. Le tout est sublimé par des instrus percutantes et extrêmement efficaces. Il demeure, bien sûr, fidèle à ses racines rap avec des kicks énervés dans des morceaux tels que G/Bounce et 27 Cèdres. Cette capacité à constamment innover tout en conservant ses bases solides est ce qui rend son travail aussi captivant et novateur.
Ce qui distingue sa plume, c’est la manière dont il explore des sujets sincères et universels. Tuerie a le don de donner vie à ses expériences, permettant à presque tout le monde de s’identifier à ses mots. Que ce soit en dépeignant les hauts et les bas du succès, en explorant la complexité des relations humaines, ou en exposant la réalité de la solitude, chaque mot de Papillon Monarque est soigneusement choisi pour révéler une vérité partagée. En somme, c’est cette combinaison entre des sujets sincères et une plume puissante qui rend le travail de Tuerie aussi captivant et mémorable.
Je peux également lancer un énorme respect à Foufoune Palace et leur taffe de cette année. La structure était omniprésente, en ne sortant que des contenus de qualité. Ça fait du bien de voir une structure qui n’est pas focus sur le chiffre et la rapidité, mais plutôt sur la qualité. Un travail récompensé par le magazine Mosaïque (qui, eux aussi, mériteraient quelques lignes pour leur année incroyable), réalisant leur tout premier hors série sur le label indépendant. Une consécration, et surtout une mise en lumière pour tout le travail de l’ombre que réalise Foufoune Palace.
MUET – Le pic de tout (Léa)
On l’a longtemps attendu ce premier petit bijou : Le pic de tout et il en valait bien la peine. Le duo montpellierain MUET nous avait fait patienter en nous faisant découvrir des petits bouts par-ci par-là lors de concerts ou avec de petits extraits sur les réseaux qui nous ont permis d’aborder l’album avec beaucoup de sérénité. Et voilà qu’une fois les morceaux posés en studio, on a pu confirmer tous nos a priori de grandeur.
Les tempêtes de mots poétiques de Colin Vincent, les lumineuses mélodies électro-acoustiques savoureuses, la transe aventureuse, tous les ingrédients étaient réunis pour plaire au cœur et à nos oreilles. Un album qui invite à un voyage très aérien, envoûte dès les premières notes.
Une sensibilité exprimée dans les mots, dans les mélodies délicates qui tutoient les univers similaires à ceux d’un Thom Yorke ou d’un Alain Bashung. On se doute déjà que le duo n’a pas fini d’explorer les sonorités alors on va d’ores et déjà sagement attendre le prochain opus !
LAAKE – VOLT (Matthieu)
Sans aucun doute possible, mon album de l’année est VOLT de LAAKE. Conquis par son premier album O il y a trois ans, j’attendais avec impatience la suite et cela ne m’a pas déçu.
Le pianiste a su prolonger son univers musical, alliant musique électronique et instruments organiques, tout en apportant quelques nuances tenant à l’atmosphère, beaucoup plus lumineuse. L’un des atouts majeurs de ce projet réside également dans la mise en scène des productions musicales.
Toujours avec des clips épurés, dont l’artiste participe activement à leur création, cet album est également sublimé sur scène avec une formation de neuf personnes, incluant plusieurs cordes, cuivres et une batterie. Alors que j’assistais pour la première fois à un concert de LAAKE au Trianon le 28 novembre dernier, j’ai été impressionné par la puissance se dégageant de la scène.
Pendant une heure et demie, cette musique grandiose m’a tantôt paralysé, tantôt électrisé. Sur scène, l’explosion mélodique était accompagnée par des jeux de lumière percutants qui nous en ont mis plein la vue. Pour toute ces raisons, découlant du génie et de la nature méticuleuse de LAAKE, son dernier album est le projet que je veux défendre pour 2023.