2023 – Les coups de cœur de La Face B – Acte III

2023 aura été riche d’albums forts et ce, dans tous les genres possibles et imaginables. La rédaction de La Face B a donc aiguisé ses plus belles plumes pour vous offrir ses albums coups de cœur du cru 2023. Troisième Acte tout de suite.

The Psychotic Monks – Pink Colour Surgery (Thomas)

Rarement un album m’aura autant pris aux tripes. Déjà je considérais The Psychotic Monks comme mon groupe préféré. La manière dont les membres réinventent jusqu’à la nature même d’un groupe de musique, détruisent sa structure héritée, sa « hiérarchie » dépassée, la place qu’on se doit d’avoir en tant qu’acteurice de la scène culturelle et l’usage qui peut être fait d’une portée étendue face à une audience qui l’est elle aussi. Ça fait un bien fou de voir des engagements sincères et réellement défendus, venus de personnes qui nous inspirent vraiment et de fait parviennent à nous inspirer encore plus. Un contrat social trop rarement signé, et The Pyschotic Monks viennent ébranler tout cela et poussent la scène culturelle et surtout musicale à sortir de sa torpeur sécurisante. Pour tout cela déjà, merci.

Pink Colour Surgery est, à sa manière, le disque qui me parle le plus. De la première à la dernière seconde, le disque m’emporte entièrement. Tout s’enchaîne avec une fluidité et une cohérence incroyable, on y trouve une telle profondeur, une telle puissance… Je ne pense pas pouvoir trouver d’adjectifs qui puissent prétendre décrire ce que je ressens face à ces titres. Décors est tout ce que j’ai toujours voulu écouter, Crash et Post -Post sont ma cure de dopamine. Les textes sont d’une beauté sans nom, se lisent comme un long poème sinueux, et leur portée contient une force que je ne saurais expliquer non plus.

J’aimerais pouvoir en dire plus, tenter d’analyser comme j’ai l’habitude de le faire ici. Mais là, je n’y arrive pas, je ne parviens pas à exprimer ce que je peux ressentir lorsque j’écoute ce disque. Il n’y a rien à redire pour ma part, et rien ne sert de s’étaler en superlatifs, il faut se laisser porter. C’est comme ça, parfois on se sent vibrer en harmonie complète avec des ondes, c’est le cas ici, et aucun mot ne pourra décrire cela.

Sur scène comme dans mon casque, The Psychotic Monks fait partie de ce que j’aime le plus. Transcendé, transporté, blessé, pansé, soigné. Je veux simplement dire bravo au groupe, en constante mutation dans une société en pleine mutation, et qui parvient à créer une musique avant tout pour soi, tout en laissant qui veut entrer entrer et vibrer. Mais surtout, merci pour tout, sincèrement.

Hamza – Sincèrement (Pierre)

En 2015, les sceptiques s’en donnent à cœur joie pour démonter la proposition du jeune belge. Confiant en sa recette, il la peaufine, la travaille et explore les styles qui l’anime pour grandir.

Petit à petit, son talent devient indéniable et il fait mouche au cœur du rap francophone. Mais c’est pas suffisant, derrière ces mélodies inspirées, il s’y cache une ambition bien plus grande, celle de monter aux échelons les plus hauts. Et, on peut dire, que, huit ans plus tard, Hamza n’a plus rien à prouver.

Sincèrement, en plus d’avoir atteint des chiffres retentissants, à l’heure où ces derniers semblent dicter la qualité d’un peu, ce projet arrive à cristalliser le rap francophone de 2023. Derrière son côté sectaire, le bruxellois sait rassembler avec la musique. De ses inspirations r’n’b à ses fulgurances trap en passant par la house d‘I Love U, il prouve que les blockbusters peuvent encore être inspirés et qu’il fait définitivement partie des plus grands de cette époque de rap. 

Au vu de ses collaborations internationales (CKay ou encore l’américain Offset) et de son dernier single, Drifté, il n’y a pas de doutes que le jeune prince devenu roi est en route pour conquérir de nouvelles terres, wait and see

Kelela – Raven (Léo)

Raven de Kelela a émergé comme une révélation musicale en 2023. Plongeant dans des sonorités électro et RnB, l’album offre une expérience sonore d’une profondeur vraiment intense et imposante. Les harmonies envoutantes et sombres créent une immersion totale, nous capturant dans un voyage émotionnel unique durant cette année. Chaque note semble être soigneusement tissée pour créer un tissu émotionnel complexe et captivant.

Ce quatrième opus de Kelela m’a marqué particulièrement. Découvrir son travail avec ce disque a été une expérience unique, chaque piste étant méticuleusement conçue pour provoquer des émotions intenses. L’album transcende les frontières du genre, offrant une fusion magistrale de sons électroniques et de mélodies RnB. Il a non seulement marqué cette année musicale, mais a également provoqué une émotion profonde et durable pour chaque personne ayant eu la curiosité de vouloir accéder à un véritable instant de musicalité unique.

La richesse des compositions et la manière dont Kelela a su capturer des émotions complexes dans chaque morceau témoignent de son grand talent en tant qu’artiste. Raven est une invitation à explorer des paysages sonores émotionnels qui résonneront bien au-delà de cette année. Chaque écoute révèle de nouveaux détails, offrant une expérience musicale qui continue de surprendre et de fasciner.

Sleep Token – Take Me Back To Eden (Corentin)

Sleep Token aura été sans conteste la consécration de l’année 2023. Adulée par certains, copieusement détestée par d’autres, la troupe masquée britannique n’a laissé personne indifférent et a régné sans partage sur la scène rock, avec pour conclure l’année un concert à la Wembley Arena de Londres devant 12 500 personnes.

Cette ascension éclair est ô combien méritée et elle doit beaucoup à la qualité de Take Me Back To Eden, son troisième album sorti en mai. La recette est simple : une pop moderne et léchée, un chanteur anonyme dont la voix évoque les mastodontes mainstream comme Bastille ou Imagine Dragons, le tout mélangé à des passages métal bien énervés où les guitares empruntent à Meshuggah et à la scène djent. Au-delà des succès des singles The Summoning ou Granite, l’album regorge de pépites qu’elles soient très douces (Aqua Regia) ou énervées (Vore). Mention spéciale pour Ascensionism, roller coaster de 7 minutes dont on a toujours du mal à se remettre.

Pendant des années, on a décrété que la scène rock était en panne de gros noms et de renouvellement tout en haut des affiches des festivals. Sleep Token (comme ses camarades Spiritbox et Bad Omens d’ailleurs) nous prouve qu’on peut trouver sa voie, faire quelque chose d’original et rencontrer le succès.