La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 168ème sélection des clips de la semaine.
Silly Boy Blue – Not A Friend
Cette semaine, Silly Boy Blue coche une nouvelle case sur la liste de ses nombreuses qualités en passant à la réalisation de son nouveau clip.
Accompagnée de Jean-Maxence Chagnon, elle met en scène la vidéo de son nouveau titre Not A Friend. Loin des grandes chorégraphies de sa précédente vidéo, l’artiste revient à une forme de simplicité avec un plan fixe, qui annonce pourtant mouvement et changement.
Car ici, on voit Ana se débarrasser des oripeaux de la veuve éternel, un petit sourire au coin des lèvres. Une mise à nue, un nettoyage aussi premier degré que métaphorique qui colle parfaitement à l’ambition et aux émotions de ce morceau.
Portée par une basse entêtante, Silly Boy Blue met les choses au point avec Not A Friend. Une lettre ouverte à une relation foireuse dans laquelle on parle d’amitié alors que les choses sont beaucoup plus ambiguës, où la ligne entre l’amour et l’amitié a bien été franchie mais que la personne en face de soi, toxique à souhait, préfère jouer avec les sentiments de l’autre.
Loin d’un rôle victimaire, c’est bien une Silly Boy Blue guerrière que l’on retrouve, dans la production ou dans le ton, avec ce morceau toujours superbement écrit et qui lui permet de faire évoluer les lignes d’une manière assez formidable.
Eternal Lover est attendu pour le 12 mai et, de notre côté, on a carrément hâte.
CLAUDE — AIDE-MOI UN PEU
Claude et le travestissement : acte 3 ! Après le Kebab et le costume de Superman, le voici désormais en homme d’église pour le clip de Aide-moi un peu.
Une prêche électronique, une histoire de vie sur des boucles synthétiques et un refrain qui s’envole sur des notes presques religieuses. Le morceau, issu du premier EP de Claude, explore l’amour, la mort et la dépendance affective d’un être qui à force de trop aimé, repousse l’autre.
Sous l’objectif de Lucas Bâcle & Yoann Hebert, Claude devient donc cet éclasiastique face à la tentation, un être qui succombe au péché tout en essayant de le combattre. Les images et les métaphores se multiplient pour un rendu sublime et hyper cinématographique.
Une nouvelle preuve que le petit génie de microqlima sait nous marquer , autant au fer rouge qu’à la cire de la bougie. La nuit tombe et le feu brûle, laissons le se répandre.
LAAKE – ELECTRICITY
On commençait à se languir, mais presque 3 ans jour pour jour après la sortie de O, le bouillonnant LAAKE est de retour cette semaine avec un titre qui nous frappe comme la foudre, ELECTRICITY.
Il faut dire que le musicien a désormais l’allure qu’on lui prête : celle d’un messie musical, un libérateur à la musique épique et contagieuse qui nous entraine dans des contrés trop peu explorées dans la musique moderne française. Toujours accompagné de son piano, LAAKE nous offre un morceau bouillonnant, rempli de cuivres, de percussions fracassantes et d’incursion électronique du plus bel effet. De sa voix fantomatique, il nous guide dans cet univers foisonnant, ambitieux et unique.
D’ambition, le clip de Ludovic Verwaerde, produit par SOMAA, n’en manque pas non plus. Il faut dire que la musique de Raphaël Beau se prête parfaitement à des ambiances dystopiques et étranges.
On assite donc ici au réveil d’un personnage nommé VOLTA, piégé dans ce qui semble être un hôpital expérimental. On le suit dans sa fuite et sa prise de conscience, le tout entrecoupés de chorégraphies et d’élément annonciateur du futur, comme les lumières qui clignotent, semblant ouvrir la porte aux pouvoirs du héros (et ramenant aussi aux thématiques du morceau).
Un clip en forme de court-métrage qui ouvre clairement la porte à une suite qu’on attend désormais de pied ferme.
TH da Freak – Young Bro
Stupeur (et tremblements) : en ce samedi matin SIZ a annoncé vouloir prendre du recul avec son frère Thoineau et son groupe TH Da Freak.
Rassurez vous, il s’agissait d’un simple poisson d’avril et d’une manière maligne d’annoncer la réédition physique de Indie Rock, l’album éphémère de TH da Freak paru l’an passé.
Pour accompagner la blague, et l’annonce, le groupe a dévoilé un clip pour le morceau Young Bro. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on pourrait presque comprendre le besoin de SIZ tant son frère semble avoir un certains soucis avec l’éloignement et le besoin d’indépendance.
Car si le morceau semble être une ritournelle énergique et sentimentale qui veut prouver l’amour d’un grand frère pour son petit frérot, la vidéo semble présenter Thoineau en espèce de psychopathe obsessionnel bien décidé à vivre avec son frère pour toujours.
Le tout est aussi flippant qu’hilarant et nous permet d’attendre avant le 16 juin, date de sortie du vinyle chez Flippin’ Freaks, Les Disques Du Paradis et Howlin’ Banana Records.
Indal – I’m Going Home
Après 10 ans sous le nom de Lloyd, le trio formé de Alexis et Loris Perez et de Antoine Ladoué revient sous le nom Indal. C’est avec ce titre I’m Going Home et son clip, tout aussi magnifique, qu’ils signent ainsi leur entrée dans une nouvelle ère. Le ton est donné, c’est une promesse d’un retour aux sources, de faire table rase du passé et d’un recentrer sur l’adn du groupe. Nous pouvons dire avec certitude, qu’à la découverte de ce titre, nous sommes tout ouïe, Indal réussit d’or et déjà à capter toute notre attention.
Dans un fabuleux décor de western, un collage de silhouettes Magrittiennes nous embarque dans son univers psychédélique. C’est de toute beauté. Ce mélange de genre intriguant se répercute dans le son. Le piano et les chœurs s’associent à une base blues rock orchestral, le tout porté par un chant puissant autant dans la voix que dans les paroles. Bref c’est superbe et on a hâte de retrouver l’album qui sortira le 14 avril prochain et qui s’appellera Set The Night on Fire.
SYDS – COUSU MAIN
Depuis la Bretagne, Rennes regorge d’un vivier de talents à ne pas négliger. Parmi eux, SYDS officie avec un style qui s’affine aussi bien sur le plan musical que visuel. Bien entouré par la team Jeunes Légendes, ils ont pris le temps ensemble de baliser la direction artistique de son dernier projet : Morsures.
Évidemment pour donner l’eau à la bouche, il fallait un apéritif de qualité. Pour se faire, le clip de COUSU-MAIN est sorti. A la réalisation : deux membres du crew en la personne de KRUSH et LUXE.
Dans une ambiance sombre de rigueur, le rappeur laisse parler son incisivité depuis une cave avant que la lumière ne vienne l’éblouir. Voir la lumière au bout du tunnel ou le rêve d’une future vie sous les projecteurs, les interprétations sont multiples mais donnent le ton du futur de ce jeune artiste.
björk – fossora
Björk et son dernier album fossora continuent leur route. Le morceau éponyme de ce dernier s’est vu gratifié d’un clip. L’artiste islandaise nous offre ici la prolongation visuelle d’un univers fantasmagorique lui étant très propre. Toujours partisante de parti pris radicaux et sans concessions, la chanteuse démontre une nouvelle fois tout son caractère et son authenticité.
La vidéo met en avant l’important frottement entrepris au sein du titre entre la musique et instruments traditionnels et des sonorités électroniques bien plus brutes et directes. On y voit toute la spontanéité et l’inventivité de la musicienne qui a adopté ici une approche esthétique aux antipodes des normes. Un style simple, original mais finalement usuel pour les amoureux du projet Björk.
Avec la continuité de ce nouvel album, l’islandaise perpétue une méthode et un style qui a fait ses preuves et qui colle à la peau depuis des années à son auteur. Cette dernière défend d’ailleurs actuellement ses dernières parutions sur scène à travers le monde, à l’occasion de son actuelle tournée.
arøne – bord de la mer
Après une réédition et quelques clips, il est venu le temps pour arøne de tourner la page de conséquences, son tout premier projet. Pour se faire, elle gratifie son public du clip de bord de la mer réalisé par Théo CL. Un clip fort de sens puisqu’il vient cristalliser le changement de vie qu’est en train de connaître la jeune artiste. Ayant vécu en Bretagne durant sa jeunesse, elle reste attachée à ses plages et sa mer. Ce n’est donc pas pour rien que le visuel se tient sur ses terres natales. Elle y pose carrément sa chambre d’ado, appuyant encore un peu plus le lien fort qui la relie à cette région.
C’est depuis cette dernière qu’elle vient exposer ce qui a pu se passer dans sa vie ces dernières années. Faites de changements depuis qu’elle s’est lancée dans une vie d’artiste, elle y exprime ici tous les paradoxes de ce choix de vie. En ressort un morceau sincère qui est appuyé par le grain de voix singulier et addictif de la chanteuse.
Prendre du recul sur le chemin parcouru pour anticiper le futur, une belle manière de cloturer ce chapitre de sa vie pour se lancer dans la suite.
Tyler, The Creator – SORRY NOT SORRY
Lorsqu’un artiste tel que Tyler, The Creator garde de côté des retombées de studio, on sait qu’un potentiel lingot d’or attend nos oreilles. Une théorie confirmée par CALL ME IF YOU GET LOST: The Real Estate, version deluxe du dernier album du rappeur. Cette dernière comprend huit pistes additionnelles dont celle qui nous intéresse tout particulièrement, SORRY NOT SORRY.
La piste prend un ton introspectif et adresse des excuses plates et sincères à certains de ses proches, évoquant notamment des morceaux de vie difficiles. Ces mêmes paroles étant par moments pleines d’ironies. Mais l’idée qui a surtout énormément fait parler réside dans la représentation visuelle. À travers sa réalisation, Tyler Okonma met en image tous les différents personnages ayant marqué la carrière du rappeur.
Affichés comme l’attraction d’un zoo, les personnages sont tous disposés derrière une vitre. C’est un personnage en particulier qui finit par assaillir les autres, terminant la vidéo par acculer Sir Tyler Baudelaire de coups. Tout laisse à croire que Tyler, The Creator pourrait se manifester de nouveau plus rapidement que nous puissions l’espérer avec un tout nouvel univers. Mais en attendant, prudence est mère de sureté…
Houdi – Monaco
Des ascensions fulgurantes, on en a connu mais celle d’Houdi force le respect. Si on en sait peu sur la personne se cachant derrière cette cagoule et ces lunettes de ski, sa musique (et ses tweets) parle pour lui. Un rap incisif mariant aussi bien le kickage que la mélodie et ce avec maîtrise. C’est dans ce second registre que Monaco vient étoffer son dernier projet, La Folie des Grandeurs. Un morceau aux accents mélancoliques teintés d’une touche d’espoir qui s’est vu être mis en image par la caméra de @smithwessprod et @julescouetmeur.
Perché depuis le toit d’un bâtiment côtoyant les nuages, le rappeur a le visage vers le bas, se voyant rapper dans ce même bâtiment. Une manière de montrer l’attachement à ce qui l’a constitué et à ceux qui l’ont accompagné et ce même depuis les plus beaux hôtels de Monaco.
Catalysant ses doutes et ses espoirs dans le même morceau, Houdi touche la corde de la sensibilité avec une sincérité bluffante.
Gwizdek – Uzes
Clémence : Presqu’un an après la sortie de 4CDM, Gwizdek nous donnent cette semaine des nouvelles et un peu de soleil avec Uzès, un nouveau single annonciateur d’un EP à venir très prochainement. À travers de superbes et furtifs morceaux d’été capturés lors d’une session d’enregistrement au cœur de la ville portant le même nom, les grenoblois nous content des précieux moments de vie en huis-clos dans un journal de bord animé par Alexandre Albisser. Avec la sérénité et la lenteur des beaux jours, Uzès nous invite ici à lâcher prise et à chérir les amitiés qui nous portent, celles qui sont scellées par la pudeur des secrets. Cette jolie entrée en matière nous laisse de quoi patienter pour la suite et nous pousse surtout à garder l’oeil ouvert sur ce que le groupe nous prépare.
Jonathan : Le groupe Gwizdek nous raconte en image 6 jours d’enregistrement de leur 2nd EP, dans une maison à Uzès durant l’été 2022. Le clip est conçu comme un carnet de notes et d’images, des moments volés que le groupe nous dévoile pour nous faire ressentir avec eux le soleil d’été, l’amitié et le lâcher prise. De ces moments il nous en reste que la nostalgie, amplifiée par la voix chaude et grave du chanteur. Plus que quelques mois à attendre avant l’été prochain, mais sûrement plus que quelques semaines à attendre avant le prochain EP du groupe !
Agar Agar – It’s Over
Comme une conclusion de leur dernier album Player Non Player, Agar Agar nous interroge sur l’étendue de la réalité dans le clip de It’s Over. Co-créateurs d’un jeu vidéo qui accompagnera la sortie de leur album, le groupe questionne ici les réalités que nous construisons à travers ces mondes virtuels : “There is a significant chance that we shall one day become posthumans who run ancestor simulations”.
La question se pose peut-être déjà : évoluons-nous dans un monde IVL ou IRL ? Le groupe invite à repérer les glitchs autour de nous : un oiseau qui fait du surplace, des mouvements saccadés, une illusion d’optique… Toutes ces anormalités du quotidien comme failles technologiques d’un monde en construction.
Le groupe retrouvera la scène de l’Olympia le 11 Octobre prochain, et ça c’est bien réel !
Georgia – It’s Euphoric
Après son génial Seeking Thrills, sorti en 2020, qu’on avait adoré (et dont on vous avait parlé), Georgia vient d’annoncer la sortie de son successeur : Euphoric. Avec cette annonce la musicienne londonienne sort It’s Euphoric, un morceau énergique et envoûtant composé à quatre mains avec Rostam (Haim, Clairo…) avec qui elle a co-produit l’album. Le refrain est catchy et ensorceleur : “It’s euphoric / When you’re standing next to me” et dépeint parfaitement ces moments d’euphorie qu’on ressent aux côtés de certaines personnes.
La vidéo, réalisée par FA&FON, met en scène une course sportive par des ‘athlètes’ vêtus de fringues ultra lookés et ultra colorés, qui ‘donnent tout’ sur la piste.
Avec cet album Georgia parle de sorte d’abandon « de mes problèmes, de mon passé, de mes défauts et au processus de guérison » et à l’écoute de ce morceau sensible et accrocheur on a hâte d’en découvrir davantage !
Et il faudra patienter un peu car l’opus sortira le 28 juillet sur Domino.
Pour les londonien.ne.s ou juste de passage, Georgia jouera le 20 avril à Omeara.
TEKE::TEKE – Gotoku Lemon
Si votre monde manque de fantaisie, nous vous invitons grandement à partir à l’écoute et à la découverte de TEKE::TEKE.
Après nous avoir emmené dans la révolte des déchets, le groupe canadao-japonais est de retour cette semaine avec une nouvelle fable intitulée Gotoku Lemon, soit « Illumination par le citron » en français.
Une nouvelle histoire dans laquelle TEKE::TEKE s’interroge, via l’idée du conte et de l’histoire, sur le rapport aux croyances et au spirituel, à travers l’histoire de citrons magiques qui guérissent tout.
Musicalement, c’est à nouveau un foisonnement musical qui nous attend. Enjouée, vivifiante et rythmée, la nouvelle pièce de TEKE::TEKE est à elle seule un remède à la morosité ambiante.
Pour l’accompagner, le groupe réalise une nouvelle foisu n clip délirant et DIY, fait de montages, de dessins et d’expérimentations toutes plus folles les unes que les autres.
Du tout bon en attendant l’arrivée de Hagata le 9 juin prochain.
Lombre – Mon Étoile
Le premier album de Lombre arrive dans les bacs le 12 mai prochain !
Comme un avant-goût d’Ailleurs, on découvre cette semaine le clip de Mon Étoile, qui figurera sur l’album.
La recette phare de ses titres, Lombre la connaît bien : de la poésie, un savant mélange de rap et de pop et, bien sûr, des thématiques fortes de sens, comme l’espoir, la beauté, et les rêves.
Sous la forme d’un dialogue, le rappeur nous parle ici de son étoile, si belle et rassurante mais aussi lointaine et presque inatteignable.
Une course au bonheur qui ne fatigue pas Lombre, prêt à surmonter tous les obstacles pour réaliser ses rêves, même les plus fous.
Dans le clip, cette poursuite du bonheur se retrouve sous forme de métaphore, lorsque l’homme à la peau dorée embarque Lombre lui-même à bord d’une voiture jaune, roulant sans s’arrêter vers l’horizon qui se dessine après la nuit.
REYN – En l’Air
On termine cette première partie en douceur et on retrouve avec un grand plaisir REYN.
Artiste discret et reconnu, le musicien prend petit à petit la lumière et nous entraine dans un monde instrumental, remplit de tendresse et de mélancolie. Sa musique réchauffe nos coeurs et nous permet de nous fondre dans nos souvenirs, comme une bande originale pour nos moments passés.
C’est une nouvelle fois le cas avec En l’Air, 3 min 13 au cours desquelles le temps s’arrête. Un moment suspendu qui nous offre calme et sérénité, ce dont nous avons tous bien besoin en ce moment.
Pour accompagner le tout REYN réalise lui même une vidéo dans laquelle il nous donne à voir des paysages magnifiques qui ne font que renforcer la puissance émotionnelle des notes de piano.
Un nouveau jalon en attendant l’arrivée d’un album, prévu dans les prochains mois.