7 février 2023 : tandis que Paris vit sa troisième journée de manifestation contre la réforme des retraites, j’ai rendez-vous à la salle de musiques actuelles FGO-Barbara, pour rencontrer Quentin Sauvé. Il tourne ce jour-là une session live pour l’émission Basique diffusée sur France 4. C’est à la sortie de scène que je le retrouve, un brin fatigué mais surtout excité. Le temps presse, alors, c’est dans son camion, autour de ce quartier qui ne dort jamais, que nous échangeons sur son dernier album, Enjoy The View. Un tête-à-tête intimidant mais tellement exaltant, où l’artiste confie ses doutes, ses peurs et nous transmet finalement l’essence même de la création : la passion.
La Face B : Bonjour Quentin, tout d’abord, comment vas-tu ?
Quentin Sauvé : Ça va, je suis trop content de ce qui se passe. Entre la session que je faisais aujourd’hui pour Basique et la semaine de concerts avec Brutus, je me rends progressivement compte que mon album prend vie et qu’il va enfin exister.
LFB : Ton second album, Enjoy The View sortira le 31 mars prochain et je dois dire que je l’ai écouté en boucle. Merci de mettre autant de toi dans ta musique. Tu t’es lancé en solo en 2019 avec Whatever It Takes. Comment est venu cette idée de faire juste guitare/voix ?
Quentin Sauvé : Ça m’est venu plus tôt avec mon premier projet solo qui s’appelait Throw Me Off The Bridge. J’avais démarré avec ma guitare folk et c’était des morceaux très roots. J’dirais un mélange de Mumford & Sons, City and Colour mais avec des influences super dark de post-hardcore. C’était limite glauque et badant. J’ai fait un premier album acoustique puis un second, arrangé avec mon frère. J’ai demandé à des musiciens de venir pour la release. On a fait une version full band et c’était trop cool. Si cool qu’on est resté ensemble et qu’on a sorti deux EP.
Mais tout le monde avait différents projets à côté. Il y a eu des départs, il fallait tout revoir à chaque fois donc c’était beaucoup de travail. Alors, on a décidé d’arrêter mais on avait des dates de calé, donc je les ai faites tout seul. Je jouais quelques nouveaux morceaux qui sont sortis sous le nom Quentin Sauvé et certains de Throw Me Off The Bridge.
Lorsque j’ai enregistré Whatever It Takes je n’avais pas pensé à changer de nom. C’est venu entre l’enregistrement et le mix. L’album était fait et je me suis dis que j’étais tout seul mais qu’il y avait tous ces effets, ces loops, donc que ce n’était pas exactement pareil.
Puis, émotionnellement, ça commençait à être trop dur. On avait fait plein de tremplin avec Throw Me Off The Bridge mais on ne gagnait jamais, on finissait toujours deuxième. Il y avait bien quelques tournées DIY mais à perte pour les copains. Elles l’étaient aussi pour moi, mais c’était mon projet donc c’était ok. Donc c’était hyper cool mais si je continuais, il fallait que j’ai la sensation d’un renouveau. Donc j’ai changé de nom.
Mais à la base, l’envie de faire vraiment ce style-là c’était un peu par défaut de ne pas tourner avec mon groupe As We Draw, que j’avais avec mon frère et un pote et qui s’est créé un peu avant que Birds in Row existe. On avançait en parallèle et on était assez proches musicalement sauf que les gars de Birds in Row pouvaient tourner à fond. Et moi ce n’était pas le cas, parce que mon frère avait son studio et le bassiste était clerc de notaire.
Donc j’ai composé, en ne sachant pas si j’en ferais un projet. Je commençais à écouter des trucs plus folks, venant d’artistes qui font à la base des choses vénères mais qui se tournent finalement vers des carrières solo. J’avais aussi un background de guitare acoustique parce que j’ai pris des cours de jazz manouche quand j’avais 15 ans. Ajoute à ça le fait que j’en avais marre de crier, que j’avais ce challenge de me dire « j’aimerai réussir à chanter vraiment, des notes quoi » (rires). Tout était lié. Et après, c’était vraiment comme dans Forrest Gump : « maintenant que je suis arrivé là, pourquoi je n »irais pas plus loin ? ».
J’ai enregistré, puis c’était cool donc je l’ai sorti, puis j’ai fait des concerts et ainsi de suite.
Quentin Sauvé en concert à La Maroquinerie le 31 janvier 2023. Crédits photos : Titouan Massé
LFB : Tu es actuellement en support de Brutus sur de nombreuses dates, la plupart sold out. Comment s’est faite la rencontre ? Est-ce que ce n’est pas flippant d’arriver seul sur scène ?
Quentin Sauvé : C’était le gros stress de ouf. Je les ai contactés sur Instagram en octobre/novembre et j’ai envoyé ça comme une bouteille à la mer, même si j’avais déjà joué avec eux au Ferrailleur (Nantes) en 2019. Et le bassiste m’a contacté début janvier, donc c’était last minute, avec un peu d’organisation à gérer mais j’étais directement dedans. C’est une super opportunité.
A la Maroquinerie (Paris) j’ai halluciné car tout le monde était déjà installé quand je suis arrivé sur scène. Mais j’ai plus de détachement avec les dates où je suis loin, comme l’Allemagne ou Amsterdam. Et à l’Ancienne Belgique (Bruxelles), ça m’a refait comme à Paris. C’était sold out et la salle a une capacité de 2500 places. Il n’y avait pas ce monde-là à 19h mais je pense vraiment qu’à la fin de mon set il y avait le double de la Maroquinerie. En plus, ce ne sont que 30 minutes, donc si tu rates un morceau, tu rates vraiment 1/6 du set. (rires)
LFB : On est loin du projet de punk-hardcore de Birds in Row… Comment arrives-tu à concilier les deux ? Avec ces groupes, tu cumules un nombre de dates impressionnantes. Justement, un de tes titres, Tunnel en parle. Dans le dossier de presse, tu dis : « qu’il n’y avait pas forcément qu’un seul moyen d’être heureux. Des fois on croit dur comme fer en quelque chose, en son rêve». C’est quoi ton rêve ?
Quentin Sauvé : Mon rêve, c’est ce qui concerne mon projet. A la base, Birds in Row m’ont proposé de venir pour remplacer le bassiste. Et même si maintenant je compose vraiment dedans, il y a un truc qui fait que (pause) je ne mets pas autant de moi comme tu disais, dedans. Là où Bart, peut-être, en tant que chanteur va pouvoir le faire. Et ça me frustre, alors que ce qu’on vit avec le groupe, j’ai vraiment de la chance de l’expérimenter.
Ça m’a rendu un peu schizophrène et ça a vachement changé mon référentiel du succès. Plus Birds in Row faisait des trucs cools, plus je voyais qu’avec mon projet, j’étais à 10 000 lieux de pouvoir arriver à la cheville de leur level. Si on se plaignait du label ou de dates, je me disais que moi, si je n’avais rien que ça, je serais trop content. Ça crée une espèce de vision biaisée et je continue à le dealer, et je vais chez le psy pour ça.
LFB : Tu essaies de lâcher prise ?
Quentin Sauvé : Bah ouais. Mais c’est compliqué. Pour pouvoir faire les 4 dates avec Brutus la semaine dernière, on a dû en annuler une avec Birds in Row. C’est galère. Ce qui est vraiment dommage c’est qu’en 2019 je m’étais tapé le tunnel de concerts parce que les deux albums étaient sortis proches. Cette fois-ci, je ne voulais pas réitérer ça mais le covid est passé par là et c’est finalement le cas. Les deux disques sortent à 6 mois d’écart et clairement je ne vais pas beaucoup me reposer cette année (rires). Mais comme je disais, j’ai de la chance et il m’arrive plein de belles choses.
LFB : Sur Enjoy the view, tu dévoiles ta vie, tes sentiments, des relations passées. C’est quoi finalement l’histoire de cet album ?
Quentin Sauvé : Enjoy The View, globalement, ça parle vraiment de nostalgie. J’ai écrit toutes les idées de base en tournée. Donc il y a ce côté contemplatif, regarder le paysage défiler mais aussi observer à l’intérieur de soi-même et contempler tout ce qu’on a fait dans sa vie.
C’est un peu la crise de la trentaine du genre « ah ouais, on y est, et en plus j’ai déjà des cheveux gris ». Certains morceaux sont un peu plus précis, comme Horizon qui raconte comment j’ai vécu le covid. Ou See You Soon qui est sur ma grand-mère. Mais Reflections, Random Streets, Enjoy The View c’est vraiment lié à la vie de tournée et les réflexions que je peux avoir à ce moment-là. Tunnel c’est sur une rencontre et un morceau d’amour mais le tunnel, ça parle de concerts donc de tournée aussi. Donc globalement l’album parle de la dep’ et de la tournée (rires).
LFB : Tu parles de nostalgie. Cet album a été enregistré sur bandes au Studio Black Box pour justement rappeler, je crois, le côté mélancolique de chaque morceau.
Quentin Sauvé : Je n’ai pas forcément pensé à ça et finalement, c’est drôle parce que toutes les étapes se sont faites au fur et à mesure. Il y a une photo qui a été prise à l’argentique pendant la session studio, sans pour autant se dire qu’on essayait de faire la pochette. Et au final ça l’est, et c’est en analogique. C’est pareil pour le clip, qui a été réalisé par mon pote Sofian. Tout s’est retrouvé cohérent sans forcément que ce soit planifié. Ensuite, j’avais aussi envie de le faire sur bandes pour le côté geek du son. Et c’est plus tard que j’ai trouvé du sens avec des textes comme Nostalgia.
LFB : Comment est-ce que tu gères le fait de te dévoiler autant ?
Quentin Sauvé : Je sais pas vraiment si je le gère (rire), je le fais et puis c’est tout, parce que c’est un peu l’essence du projet. C’est là dedans que je peux être vulnérable, du moins que je me l’autorise à l’être autant. Alors c’est à double-tranchant c’est sûr mais tant pis !
LFB : Et est-ce que tu te sens mieux quand c’est écrit et quand tu le joues sur scène ? Est-ce que n’est pas un peu une thérapie ?
Quentin Sauvé : C’est une thérapie en deux temps. Il y a vraiment un côté soupape au moment où les textes sortent, car ils viennent d’un moment où je suis en bade. Et après, il y a le moment où je les joue, où c’est digéré et où je les transforme en positif.
LFB : Une fois de plus, tu t’es entouré de ton frère pour le mixage de l’album, qui a été fait dans son studio Apiary à Laval. Est-que c’était une évidence ?
Quentin Sauvé : Oui. Mais pour le coup j’ai été le faire chier en lui proposant qu’on le fasse ailleurs. Dans la maison de vacances, par exemple. Mais c’était galère pour lui. Finalement, on est passé de l’idée de faire un truc plus cheap à un studio plus cher, sur bandes et ailleurs (ndlr: studio Black Box avec Etienne Clauzel). Travailler avec Amaury c’est toujours intéressant parce que j’ai une entière confiance en lui et je sais qu’il va avoir un jugement dur, mais juste. C’est rare que je joue un morceau devant du public s’il n’a pas été validé par mon frère avant. Et ça conserve notre lien, parce qu’on a plus de groupes alors qu’on a toujours fait de la musique ensemble.
LFB : D’ailleurs… On m’a dit qu’à 12 ans vous faisiez déjà des reprises de Silverchair sans chant. Comment vous est venu cette passion musicale ?
Quentin Sauvé : On a commencé à 8 et 9 ans et notre premier groupe c’était du rock instrumental. Il y avait Amaury, le premier batteur de Birds in Row, Timy, et moi. Ça a été direct : on était mordus dès le premier concert. Et après c’était fini, c’était la drogue quoi. On était en mode : « il va falloir faire ça toute notre vie ». Ça nous a liés à fond : on avait les mêmes potes, on faisait les tournées ensemble. Puis, nos vies ont changé de modèle et d’organisation : Amaury en allant plus vers le studio, et moi vers le live. Ce qui fait que le lien musical que j’ai maintenant avec lui, c’est quand j’enregistre, que ce soit avec Birds in Row ou mon projet. Je suis ravi de garder ça.
LFB : Est-ce que vous venez d’une famille de musiciens ?
Quentin Sauvé : Pas du tout. Mais ma mère fait de la peinture et de la sculpture et clairement elle adore la musique. Elle nous a bercé de Neil Young et Ten Years After. Des trucs intenses qui ne sont pas loin finalement de ce qu’on fait actuellement.
LFB : Ce qui me fascine, c’est ta posture, le fait que tu sois très humble et honnête. Tu as une belle carrière à ton actif et pourtant lorsque tu montes sur scène, tu es simplement « toi », presque gêné. Tu sembles joyeux alors que tu fais une musique plutôt dark.
Quentin Sauvé : C’est marrant, je ne le calcule pas mais tout le monde me fait remarquer qu’entre les morceaux, je fais le guignol. Mais déjà petit, ma mère trouvait que j’étais un clown triste. J’étais le gars qui fait marrer mais en même temps qui a des petits soucis de tristesse.
Ça me plait, parce que je pense qu’il y a certaines personnes qui vont vraiment rentrer dans ce côté dark et d’autres pas. Par contre, le fait que ce soit très sincère et justement pas pris au sérieux entre les morceaux, ça peut aussi aider les gens à rentrer dedans.
LFB : Tu t’es accompagné pour les chœurs de Paul Dechaume. C’est vraiment un petit milieu car il joue dans Simone d’Opale avec Tom Baudouin (qui joue lui-même dans Fragments et aussi Soja Triani avec ton frère).
Quentin Sauvé : Et Tom était aussi dans Throw Me Off The Bridge. Je l’ai rencontré lui et Joris (maintenant dans Birds in Row) quand je cherchais des musiciens pour la release de Throw Me Off The Bridge. Amaury avait déjà enregistré Fragments et Corbeau, le groupe de Joris. Il m’a dirigé vers eux. Et ça s’est fait comme ça. Il y a vraiment le microcosme de Laval.
Paul, je l’ai rencontré via Tom et Joris. C’est un gros chaud de l’harmonie, il est tellement doué. Je lui ai donné mes influences par morceau, les préprods avec ma voix et il m’a fait des propositions de backing, où des fois il y a 5 voix en harmonie sur un truc. Et après, j’ai tout rechanté.
LFB : Quelles influences lui as-tu donné ?
Quentin Sauvé : Ça allait de Louis Jucker et Elliot Smith avec la voix doublée pour Reflections à Ben Howard en montée pour Enjoy The View, en passant par As We Draw avec Random Streets. Les influences sont diverses. Pour See You Soon, c’est Low avec le côté sidechain et le kick qui absorbe toute la guitare, comme un truc électro. Le pattern de guitare sur Horizon est très influencé par Adrianne Lenker alors qu’avec le modulaire et la ligne de voix ça n’y ressemble pas.
LFB : Je voulais d’ailleurs que tu me parles de Random Streets qui me rend folle… Placer ce morceau en dernier était selon moi un excellent choix parce qu’il explose de tous les côtés. Je suis fascinée.
Quentin Sauvé : En fait, ce morceau est très précis. A un moment, j’avais la sensation de vouloir être chez moi quand j’étais en tournée et de vouloir être en tournée quand j’étais chez moi. En 2019, quand je rentrais, c’était souvent pour 4 jours puis je repartais pour 3 semaines et re 4 jours et 1 mois etc.
J’étais « homesick » et quand je retournais chez moi, j’avais grave envie de voir mes potes. Alors, je demandais qui était disponible et j’étais hyper sollicitant, sauf que leur vie à eux-elles n’a pas changé. Ce n’est pas parce que moi je suis là 5 jours qu’ils-elles vont être dispo 5 jours.
Donc il y a ça, mais aussi le fait que tu ne peux jamais vraiment raconter une tournée. On va te poser des questions du type : « ah c’est comment cette ville-là ? » et en fait toi, tu n’auras rien vu, à part les toilettes de la station service. C’est vraiment ce dilemme, cette barrière entre les deux vies que tu mènes, quand au final tu es en tournée tout le temps. Puis, la fin du morceau devient dep’ parce qu’il fait ressortir le fait que je commence vraiment à mal le vivre et que je me demande si je ne vais pas arrêter avec « but what if I don’t ever come back ? ». J’ai écris ça dans un moment où j’étais un peu en bade. (rires)
LFB : Et tu as bien fait d’être en bade et de l’écrire.
Quentin Sauvé : C’est la préférée aussi du label Deathwish qui devait sortir l’album à la base. Et c’est aussi une de mes favorites. J’ai trop hâte de la jouer. Au final l’album sort chez Hummus Records (Suisse) et Luik Music (Belgique), avec l’aide de Bright Colors (structure de Birds In Row). Et c’est très bien comme ça ! Ce contre-temps m’aura coûté un an, mais je suis ravi de faire ça « en famille » avec des personnes motivées, et qui aiment et respectent ce que je fais.
LFB : Est-ce que tu as prévu de la clipper ?
Quentin Sauvé : J’aimerais bien. J’avais une idée bien précise avec une caméra centrale et des décors différents tout autour. Peut-être un jour !
En parallèle, je travaille actuellement en résidence sur une création lumière, avec de la vidéo et tous les dessins visibles sur l’album. Pour l’instant, je ne le fais qu’à la salle 6PAR4 à Laval, car il faut pouvoir payer la personne qui fait la lumière. Mais j’espère, à la sortie de l’album, faire des dates avec cette création. Ce sera projeté en vidéo sur un tulle noir derrière moi, comme s’il n’y avait pas d’écran et que les dessins vivaient dans l’air. On essaie de recréer en lumière ce que la vidéo fait.
LFB : Tu as sorti un mini-documentaire en 4 actes, « REC/STOP », qui décrit la session d’enregistrement Enjoy The View. Plus qu’un projet musical, ça ressemble à un projet de vie.
Quentin Sauvé : Oui, d’où le fait que ce soit mon rêve. Même si je suis intermittent (je suis technicien lumière), même si j’ai des cachets avec Birds in Row, finalement, tout le temps que je passe, toutes mes thunes et tout mon cœur, je le mets dans ce projet-là. Et ce, depuis Throw Me Off The Bridge, donc depuis 13 ans. Alors aujourd’hui, avoir ces opportunités comme Brutus ou la session Basique, et avoir l’impression que le projet existe, c’est génial. Ça fait partie de ce que je rêve de faire.
LFB : L’album porte le nom de la chanson Enjoy The View. Comme une manière de dire finalement qu’il y a une issue ? Je trouve que c’est un album très lumineux. En tout cas, il m’a beaucoup aidé.
Quentin Sauvé : Trop bien. C’est un beau compliment. J’pense qu’il est plus lumineux ouais. De la même manière que j’essaie de transformer des expériences négatives en positif en faisant les compos, je souhaitais que le nom de l’album soit positif. J’avais fait un truc très monochrome sur le premier avec juste un brin de lumière, et là j’avais envie qu’il y ait de la couleur (pause). Mais c’est de la couleur passée. C’est ça qui est intéressant.
LFB : C’est toujours très nuancé en effet. Avec un grand soin apporté aux textes. Depuis quand écris-tu ?
Quentin Sauvé : Des textes, depuis 2009, avec Throw Me Off The Bridge.
LFB : Et toujours en anglais ?
Quentin Sauvé : Ouais parce que tout ce qui m’influençait venait de l’anglais. Puis quand tu commences à chanter en chant clair, le fait que ce soit en anglais, c’est un peu un camouflage.
LFB : Tu me fais penser à Nous Étions Une Armée, que j’ai revu hier en concert. Et je me dis que si tu chantais en français, ça y ressemblerait peut-être.
Quentin Sauvé : Ouais j’ai trouvé ça super. Et en effet, le français leur va trop bien.
Mais par exemple, ce soir pour la session Basique, je devais faire une reprise. Et j’étais trop dégouté parce que je voulais faire Casino de Disiz, mais ils ne l’ont pas validé, sans doute parce que ce n’était pas assez « patrimoine ». En plus, j’avais trouvé un picking qui marchait trop, où ça faisait vraiment dep’ à la gratte, et je voulais faire des samples.
LFB : Quels sont tes projets à venir ? Tu as une tournée qui continue jusqu’en avril.. Tu m’as parlé de la résidence lumière.
Quentin Sauvé : C’est ça. Là, le tour support c’est de la promo, parce que c’est à perte financièrement. Mais c’est trop la bonne opportunité et le bon timing. J’ai hâte que l’album soit sorti. Il y a la relase party le 7 avril avec toute la créa lumière. Moi, mon but c’est de faire ça. Vraiment jouer les compos, avec la créa, et faire ça du mieux possible et jouer le plus possible.
LFB : Pour conclure, est-ce qu’il y a une œuvre qui te bouleverse ou te fascine ?
Quentin Sauvé : Ah, c’est chaud (rires). Il y a un film que je remate tout le temps c’est Arrête-moi si tu peux de Steven Spielberg. Il y a un truc très nostalgique dedans que je kiffe trop. J’adore la relation entre les deux acteurs, Leonardo DiCaprio et Tom Hanks, l’un est le plus grand faussaire des années 1960 et l’autre, l’agent du FBI chargé de son extradition.
Je pense aussi à 715 – CR∑∑KS, un morceau de Bon Iver. Il me fait péter un câble parce qu’il y a juste sa voix avec du vocoder et ça me fait des frissons, comme une apogée de morceaux de Cult Of Luna. Et en live aussi, ce truc-là est complètement fou.
Crédits photos : Titouan Massé
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