ADN #599 : Cindy Pooch

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Cindy Pooch a dévoilé ce vendredi son EP Issemou chez InfiNé. À cette occasion l’artiste nous raconte les morceaux qui définissent son ADN musical.

Cindy Pooch portrait
© Anne-Laure Etienne

Bjork – The Gate

Cindy Pooch : J’ai découvert la musique de Bjork et Arca assez tard. En grandissant à Yaoundé, personne autour de moi ne l’écoutait. Je me souviens d’avoir découvert adulte et de m’être dit : chanter, c’est ça.

Avec une intention si claire et si pleine qu’elle vous hérisse les poils. Je trouve cette chanson-ci particulièrement intense et profonde. J’ai l’impression qu’elle soigne quelque chose en moi quand je l’écoute.

Ce titre est pour moi une manifestation du pouvoir transformatif de la musique

Sally Nyolo – Tam Tam

C’est une chanteuse camerounaise. Je connais sa voix et cette chanson depuis que je suis petite. C’est le genre de morceau qui nous marque sans qu’on s’en rende explicitement compte. J’ai toujours adoré sa voix, chantonné ce refrain. Mais quand, adulte, je suis retombée dessus, je me suis rendue compte vraiment de sa beauté. La chanson est en langue Eton, un des 200 et quelques dialectes du Cameroun.

Même si ce n’est pas le dialecte de ma famille, ça me ramène à quelques choses de très familier. Dans le paysage musical camerounais, je crois qu’à l’époque ce titre me paraissait, un peu différent de ce que j’entendais, et à la fois très ancré dans le traditionnel.

C’est un morceau qui me paraît avoir une forme de modernité, aux vues du contexte dans lequel je l’écoutais. J’aime beaucoup cet endroit qui fait mentir la croyance qui dirait qu’il faut enterrer la tradition pour pouvoir s’ouvrir à la modernité. Certaines musiques permettent au contraire de relier les deux.

Danyel Waro – Gabriyélé

J’ai découvert le maloya il y a à peu près 8 ans, en intégrant un groupe lyonnais qui s’appelle Ti’kaniki et dont je fais toujours partie. Je trouve la musique traditionnelle de l’île de la Réunion magique, et elle a une place très importante dans ma vie.  C’est un ensemble de voix de percussions qui transporte le corps et l’esprit.

J’ai commencé adolescente le chant polyphonique avec le gospel (américain donc) mais je m’en suis laissé et le maloya depuis quelques années a pris le relai et est devenu le nouveau contexte dans lequel je pouvais pratiquer le chant à plusieurs voix.

Daniel Waro fait partie des figures emblématiques de ce style musical. C’est un artiste très engagé, très sensible, et sa musique lui ressemble. J’aime énormément sa voix. Ce sont des artistes comme lui qui m’ont permis de continuer à nourrir mon goût pour les polyrythmies et les polyphonies.

Tout ça dans un univers culturel très riche et mixte, puisque la Réunion elle-même est le croisement d’énormément de culture. Moi-même étant à la croisée de différentes cultures, je me retrouve dans ces mélanges, cette hybridation.

Koko Taylor – That’s why I’m crying

Quand j’ai vraiment découvert le blues, j’ai été transportée par cette musique, par la puissance des voix, l’intensité. Même quand j’en avais marre de chanter des musiques américaines, parce que ça me paraissait beaucoup trop loin de ce que j’avais à dire, ou parce que je ne trouvais pas de vraie connexion émotionnelle avec l’anglais, le Blues ne m’a jamais laissée.

J’ai l’impression que c’est une musique tellement incarnée et incarnable qu’à chaque fois, d’écouter ses voix et de chanter ses chansons vient me permettre l’expression très forte et très sincère de sentiments assez primaires.

Koko Taylor a une voix qui m’a beaucoup marqué, et que j’ai découverte à travers ce titre. C’est simplement le récit d’un chagrin d’amour, elle chante avec ses tripes. Je crois que l’expression de la douleur à travers la voix est quelque chose qui me touche et qui m’a toujours beaucoup touchée.

Colette Magny – Les Tuileries

J’adore cette chanson qui parle avec simplicité de l’envie de vivre, boire, manger, festoyer. Pour moi c’est un poème, et j’adore la poésie. J’admire Colette Magny pour sa force, sa rébellion sa radicalité, son talent.

Sa voix était à la fois d’une douceur et d’une force incroyable. Les mots comptent, ils sont dits clairement, prononcer distinctement et c’est une façon de chanter, de dire, qui m’inspire beaucoup.

D’ailleurs qu’elle chante en anglais ou en français, importe peu, l’intensité et l’intégrité reste égale. Je trouve cela rare. J’adore ‘Les Tuileries’ parce que ce morceau aborde quelques choses de philosophie d’une manière très simple.

Découvrir Issemou de Cindy Pooch :