On s’est posé dans La Clairière de Vanille

Deux ans après Soleil’96, Rachel Leblanc transforme Vanille et revient avec La Clairière. Une promenade en territoire folk, onze morceau à la beauté fulgurante qui nous transporte dans un ailleurs merveilleux et réconfortant.

Vanille pochette
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Certains albums ne nécessite pas de grand chose. En un morceau ils nous transportent, nous emmènent dans un lieu différent, un territoire qui n’appartient à rien d’autre que la musique qui nous est offerte. La Clairière de Vanille, Rachel Leblanc de son nom au civil, porte divinement son nom. Car c’est dans cet endroit isolé et un peu secret, onirique et boisé que la musicienne nous emmène. Une promenade hors du temps d’une trentaine de minute qui nous apporte toute la douceur et la tendresse dont le monde extérieur manque terriblement.

Ce lieu féérique et baroque nous accueille à partir du moment où l’on pose notre casque sur nos oreilles. On peut aussi fermer les yeux et laisser les images intérieures nous guider, ou tout simplement rester là, avec notre cœur qui se calme et s’emballe parfois à mesure que les morceaux s’enchainent.

Hop hop nous dit le premier morceau, pièce instrumentale qui nous permet de nous acclimater à ce lieu fabuleux. Contrairement à l’œuvre de Lewis Carroll, il n’est pas question ici de courir après un lapin blanc toujours en retard, mais bien de laisser le temps s’écouler, de regarder les nuages passer et de ralentir la course pendant un petit moment.

Cette petite injonction d’ouverture est à rattachée à la merveilleuse pochette de La Clairière : il sera question ici d’ambiance proche d’une musique du passée, où les morceaux deviennent des sortes de contes. Des histoires rêvées, des endroits où l’on se perd et où l’on revient au fur et à mesure des écoutes.

La rose et Le Bois montrent ces idées à merveille. Une écriture faussement naïve, très picturale, portée par une voix cajolante et fragile. Les images nous viennent, la guitare nous guide et on plonge définitivement dans cette folk pas si nostalgique. Loin de la tristesse parfois stéréotypée de ce genre musical, Vanille préfère un contrepoint bien plus lumineux et aéré. On se laisse happer par ces arrangements foisonnant, ces chœurs qui pourraient rappeler le chant des sirènes et la vie qui coule, comme un rivière au milieu de La Clairière.

Mon petit chemin se veut plus « énergique » laissant entrer ici des notes de batteries pour un résultat bien plus pop et dansant alors que Anna verse elle clairement du côté de l’onirisme pur, avec une certaine dose de psychédélisme, que l’on retrouvera plus tard dans l’exceptionnelle M’as tu vu passer.

Car oui, la musique de Vanille attire à elle des endroits plus sombres par moments, des petits îlots plus intimes qui nous émeuvent d’autant plus qu’ils permettent à la voix de Vanille de prendre de la force, d’être plus mise en avant comme pour nous rappeler que ces éléments des ténèbres méritaient malgré tout d’être éclairés.

À bientôt est sans doute l’une de nos pièces favorite de l’album. Instinctive, fraiche, elle navigue dans les genres, ralentit et accélère à l’envie pour mieux nous décontenancer et nous surprendre.

Lumière est une transition en douceur à mettre en parallèle avec Hop Hop. Elle nous entraine vers le dernier tiers de l’album, comme si la promenade dans La Clairière commençait à toucher à sa fin.

Ici, il sera question d’un changement de saison, comme si cela impactait aussi la couleur des chansons. L’automne et l’hiver approche, Maison d’automne parle de voyage, mais surtout de rupture amoureuse, de ce moment où il est nécessaire de changer de lieu, des souvenirs lumineux qui s’éteignent et s’affaiblissent.

Par delà les monts poursuit cette aventure, ce besoin de quitter et d’avancer. Des conflits du cœur que Vanille transcrit de manière aussi sincère que poétique, accompagnée ici par des chants d’oiseaux.

Plus qu’une fin d’aventure, Quand la neige tombe est une ouverture vers une nouvelle aventure. Elle est l’instant où l’on laisse La Clairière derrière nous pour retrouver le monde réel. Une sorte de réveil, porté par une basse et des sonorités incroyables qui a un impact certains et qui résonne de manière sublime par rapport au voyage que l’on vient de vivre. Il est temps d’ouvrir à nouveau les yeux, comme si le rêve se terminait.

Avec La Clairière, Rachel Leblanc se réinvente totalement et nous offre une pépite d’une douceur raffinée. Un album instinctif, dont la simplicité de surface ne le rend que plus percutant et beau. Un lieu et une musique qu’on a définitivement du mal à quitter.

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