Animals, le visage brut de Kassa Overall 

OVNI : désigne au sens figuré un personnage, un auteur ou une œuvre inattendue, inclassable. Cette définition correspond parfaitement à une artiste particulier, Kassa Overall. Le batteur sort son troisième album, le premier chez Warp Records, Animals.

Pourquoi qualifier l’œuvre de Kassa Overall d’inclassable ? En opérant un alliage de musiques aussi dissonant que génial, le musicien montre une image atypique. Le premier single de ce nouvel album, Ready to Ball, en est un exemple parfait. Une voix pitchée, des métriques et rythmes envoûtant et une production tirant son aspiration d’une autre planète. Ces idées sont posées par-dessus un piano possédé, une batterie fine et subtile une basse oscillant entre organique et synthétique. C’est une musique qui se trouve à la limite de l’avant-garde. 

Animals, et la carrière du musicien en général, montre un talent certain et peu répandue. Ce dernier officie en tant que batteur, mais rap également ses couplets. Ceci étant fait avec une propreté et un soin admirable. N’empêchant pas par ailleurs d’observer la présence d’invités, en très grand nombre sur ce projet. On retrouve une quinzaine de guests, s’imbriquant tous parfaitement à l’ADN sonore si inusuelle. 

Le compositeur s’entoure bien, très bien même. Lui permettant de faire fleurir avec brio des idées prouvant une grande créativité. On peut prendre comme illustration l’enchainement des morceaux Clock Ticking et Stil Ain’t Find Me. Le premier est certes à la limite de la dissonance, mais conserve cette patte hypnotique. Le deuxième est lui possédé et déchaîné, laissant s’abattre une technique évidente et magistrale. 

Les différents chapitres d’Animals regorgent d’idées toutes aussi originales et intrigantes les unes des autres. Cette imagination est mise à l‘honneur grâce à une production tout bonnement parfaite. L’un sert l’autre, et inversement. Créant alors un tout indissociable terriblement addictif et adroit. Les différentes parties essayent, expérimentent, et réussissent. 

On note aussi une gestion du rythme impeccable, conférant une dynamique oscillant entre lancinant et révolté pendant tout le disque. On peut reprendre l’exemple du morceau Still Ain’t Find Me, et le mettre avec The Lava is Calm. Le contraste d’ambiances opéré offre une vraie ambivalence et permet de créer des moments de grâce sincères. Ce dernier se révèle d’ailleurs comme étant l’un des grands moments du disque avec sa guitare classique et ses arrangements oxymoriques.

À l’image de ce que Kassa Overall propose sur l’entièreté du projet, les influences et sonorités se mélangent, s’entre-lacent. Une autre illustration de ce fait serait la piste So Happy et sa base mélodique et rythmique rappelant la musique latine. En parallèle, on ressent une inspiration des travaux de Kanye West sur Maybe We Can Stay, notamment sur le travail des voix.

Animals marque la démonstration d’un talent et d’une vision hors-normes. Entre des arrangements et une production dantesques, Kassa Overall matérialise une identité forte. Un ADN qu’il perpétue depuis son premier album Go Get Ice Cream and Listen to Jazz. Ce nouvel album est une grande réussite et confirme toute la maestria qu’on sait lui trouver.