ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Le groupe Bravery in Battle a sorti le 12 juin un film autour de son nouvel album, The House We Live In. Une œuvre immersive et militante, où post-rock et enjeux environnementaux se conjuguent avec brio. Nous sommes donc partis à la rencontre des musiciens pour qu’ils nous dévoilent les morceaux qui les définissent et les influencent.
Visuel extrait du vidéo-album « The House We Live In »
Weeping Willow – This Will Destroy You
La découverte de la musique de This Will Destroy You a été un choc. Ce fut, comme souvent, par hasard : l’un de leur titre était utilisé sur une bande-annonce de film (ils ont d’ailleurs collaboré à plusieurs BO et fait pas mal de synchros) et on a immédiatement été happés. Du coup, on a cherché partout qui avait fait cette musique ! A l’époque, Bravery in Battle portait encore des influences pop-rock mais on commençait à vraiment évoluer vers un style plus post-rock et instrumental et la musique de TWDY a accéléré le mouvement ! Pour nous, la qualité mélodique, l’émotion harmonique et la puissance sonore des Texans (même s’ils ont depuis déménagé à Los Angeles) sont sans égales. Weeping Willow n’est pas notre morceau préféré mais cette vidéo de live-session est particulièrement belle.
Sæglópur – Sigur Ròs
Comme This Will Destroy You, Sigur Ròs sait marier qualité mélodique, délicatesse sonore, onirisme et puissance sonore brute. Ils ont beaucoup écrit et tout n’est pas réussi mais leur capacité à construire (et réussir!) de vastes crescendos à partir de quelques éléments musicaux est stupéfiante. Leurs meilleurs morceaux sont renversants de beauté et d’intensité. Leurs concerts sont aussi très travaillés visuellement, particulièrement avec l’usage de la vidéo et on aime beaucoup cela.
2 Rights Make 1 Wrong – Mogwai
Mogwai possède plusieurs styles assez différents et les premiers albums sont ceux qui nous ont le plus marqués. On aime bien chez eux la capacité à solliciter la voix au milieu de titres essentiellement instrumentaux. Et surtout à créer des climats ambivalents comme sur ce titre qui diffuse une énergie communicative et joyeuse en même temps qu’une nostalgie impossible à éluder. On dirait presque un titre des 70s avec ses cuivres, épiques et désespérés.
Sisters! Brothers! Small Boats of Fire Are Falling from the Sky! – A Silver Mt Zion
Les Canadiens de ce collectif au nom et à la géométrie variable sont des acteurs majeurs de la scène post-rock nord-américaine et plusieurs de ses musiciens jouent aussi dans Godspeed You ! Black Emperor par exemple. On aime chez eux le côté punk (l’idée que c’est la nécessité de s’exprimer qui fait le musicien et non la technique), lo-fi, bricolé et incroyablement organique de leur musique, mélange de blues, de rock, de folk et de musique traditionnelle. Ce morceau, qui sonne comme une cérémonie funèbre, une sorte de “Requiem pour l’espace Humaine“ pour reprendre le titre d’un livre de Clive Hamilton, est tellement vivant ! Il évoque avec beauté notre besoin de communauté et l’émotion du lien humain. Une musique anti-technique (au sens mumfordien), anti-technologique et anti-système imparable.
Koyaanisqatsi – Philip Glass
Difficile de parler de ce qui a nourri notre travail sur The House We Live In sans évoquer Philip Glass et la musique qu’il a écrite pour le film de Godfrey Reggio, Koyaanisqatsi. Ce film, méditation sans parole sur notre société moderne et industrielle, est une merveille, en grande partie grâce à sa musique de Glass qui articule un panel d’émotions extrêmement riche. L’osmose entre musique et image a inspiré tout notre travail pour The House We Live In – même si le résultat est très différent. En tant qu’objet cinématographique musical non narratif, Koyaanisqatsi reste indépassable.