Cela fait plus de vingt ans qu’Avenged Sevenfold est un pan actif du monde de Metal et de ses différents dérivés. En cette fin de printemps, les californiens sont de retour avec leur huitième album studio, Life Is But a Dream…
Ce nouveau disque confirme un virage artistique déjà entamé avec leur précédent album, The Stage. Une révolution ayant mâturé pendant quatre ans, temps de production de Life Is But a Dream… Grandement inspiré par le roman L’Étranger d’Albert Camus, le groupe se montre plus sombre et beaucoup plus direct direct et tranchant dans ses thématiques.
À travers son chant, Matt Shadows énonce des idées ornées d’un sarcasme noir et d’une ironie latente. L’influence de l’auteur algérien se fait notamment ressentir lorsqu’il s’agit d’évoquer les questions de la mort. Life Is But a Dream… explore une crise existentielle, questionnant le sens au sens propre, la question d’objectif et la valeur de l’existence humaine. Avenged Sevenfold véhicule ici un message d’un grand fatalisme, presque défaitiste par moment.
Ce ton acerbe et froid donne lieu à des moments de critique pure. L’illustration étant le second morceau du disque, Mattel. La figure du plastique comme tableau de la superficialité prends forme avec la référence à la célèbre marque de jouets. On retient également un certain nombre de références bibliques. L’exemple étant l’enchaînement des morceaux G, (O)rdinary et (D)eath, formant alors le mot GOD.
Musicalement, ce huitième album est un véritable grand huit. On oscille entre énormément de sonorités et d’univers différents. Malgré des tentatives notables, la première moitié reste la plus accessible et facile à digérer. Hormis quelques tentatives, particulièrement sur les arrangements et les effets, cette partie reste plus ou moins droite et compréhensible. Cette dernière reste dans la continuité de ce que The Stage avait déjà esquissé, tout en y parsemant du chant hurlé et des tentatives en termes de son.
Easier marque le point de bascule de l’album. C’est là que l’expérimentation pure et dure prend forme. La première chose marquante est l’omniprésence du vocoder, une première dans une telle dimension pour le groupe. Ces cinq derniers morceaux sont plus courts, mais plus dense et surtout bien plus complexes et subtiles dans leur approche.
De fait, on notera également les plans rappelant directement Dream Theater dans G ou encore les passages Funk de ce dernier et de (O)rdinary. Même les soli se voient impactés avec le plan très Hendrixien du solo de Synyster Gates sur Easier. De plus, on remarque la présence de Taura Stinson et Brianna Mazzola sur G. Apportant de la diversité et de la richesse dans le spectre vocal du projet.
Ces deux moitiés sont magnifiées par la production de Joe Baresi qui a notamment accentué le travail sur les arrangements comme au sein de Mattel, Nobody ou Beautiful Morning. Cette influence se fait par exemple ressentir avec la transition entre (O)rdinary et (D)eath ne formant qu’un seul et même morceau.
On note aussi le son de batterie de Brooks Wackerman rappelant par moments celui de Christoph Schneider de Rammstein. La californien démontre toute sa technique et sa versatilité durant tout le disque. Sachant à la fois être un batteur d’une grande subtilité mais aussi se mettre en retrait et servir le propos.
Avenged Sevenfold n’est plus seulement un groupe majeur. C’est désormais une tête d’affiche qui ose tenter, expérimenter et dicter son ton et son son. Life Is But a Dream… est une prise de risque réussie œuvrant dans une continuité déconcertante mais pas moins envoutante. Entre le mélange de genres abrupte et les thématiques directes et frontales, le quintet dépasse toutes les attentes et s’ouvre à une nouvelle galaxie.