La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Tout de suite, voici la deuxième partie de la 178ème sélection des clips de la semaine.
8Ruki x Bushi – Lever Tôt
Issu de la même génération et de la même mouvance qui a vu nombre de rappeurs (pour presque autant de propositions) éclore sur Soundcloud, 8Ruki et Bushi ont chacun su exploser progressivement le plafond de verre de la plateforme au nuage pour faire parler d’eux. Maintenant sur les meilleurs rails pour s’installer sur la scène rap francophone, ils ont décidé de combiner leurs deux univers sur Lever Tôt. Après être sorti sur le projet INT8TION de 8Ruki, il bénéficie maintenant d’un clip réalisé par Adzelio, Whoisbulbii et Occulte.
Dans une énergie lancinante, ils combinent leurs différences pour un rendu plein d’alchimies. Le clip met sobrement en lumière une journée qu’ont partagé les deux hommes à la campagne. L’ambiance du clip devient de plus en plus psychédélique au fur et à mesure des secondes, collant à l’atmosphère du morceau.
Wallace Cleaver – dans ma tête
Ça y est, c’est annoncé, le projet de Wallace Cleaver arrive bientôt ! Son ambiance semble d’ailleurs se dessiner à l’écoute des trois singles (déconnecté, est-ce que je l’aime ? et le dernier en date, dans ma tête) paru pour le moment et dévoilant, par leur cover, chacun un bout de la future pochette du projet. En somme, il distille les indices et par conséquent stimule l’attente.
Après avoir exploré Berlin dans le clip de déconnecté, c’est dans une destination bien plus ensoleillée qu’il se trouve pour celui de dans ma tête, toujours réalisé par BORO et C14BONE.
La filiation se marque dans le cadrage, le montage mais aussi la prestance du rappeur. Une simplicité qui laisse de la place à la prose du rappeur, un élément non négligeable de sa musique.
salome – on my shoulderz
Après le très prometteur EP All Time High, salome est de retour avec on my shoulderz, un single qu’elle dévoile pour le lancement de la troisième compilation orchestrée par la structure Promesses. Pour l’occasion, ce dernier s’accompagne même d’un visuel réalisé par l’artiste elle-même et kidromi. Ce dernier prend place à Athènes et à ce côté homemade déjà présent sur les derniers visuels livrés par l’artiste.
La magie réside dans le montage et sa cadence ultra-rapide collant à la production de Dviance et ses envolées électroniques. Celles-ci laissent transparaître une atmosphère libératrice au morceau et ça se ressent dans le visuel. Effectivement, l’artiste y paraît libérée, dansant comme si elle n’allait jamais s’arrêter et jouissant de la vie nocturne comme si elle était éternelle. Ce qui donne le ton de ce qu’aspire à devenir sa musique.
Jul – Entraînement
La ferveur de Marseille est loin d’être une légende et c’est encore plus vrai quand il s’agit de football et du mythique club de l’Olympique de Marseille. Une ambiance que Jul, porte étendard de la Cité Phocéenne connaît à merveille. Au point d’en faire un sulfureux clip pour accompagner son morceau Entrainement.
Réalisé par Léo Mazzoni, on y découvre un Marseille agité, brûlant de par l’engagement sans concession des fans du club sous une fumée de fumigènes. Pendant ce temps, Jul débite sans complexe sur une instrumentale caractéristique de sa réussite. Les rythmiques dansantes se frottent au texte incisif pour rappeler ce qui fait l’essence même du succès de Jul : l’amour de sa ville et son engagement pour celui qui le porte, le peuple. Ce qui se résumera sur la fin du morceau par un : « 64 ans la retraite, il respecte pas l’peuple le gouvernement« .
Vickie Chérie – This life will be the death of me
Pierre
L’ambiance se dégageant d’Oh Honey, le dernier EP de Vickie Chérie laissait présager un terrain fertile pour lier la musique et les visuels dans un univers commun. Ce que l’artiste n’a pas manqué de faire et, la nouvelle réalisation signée Gaadjika le témoigne. Mettant en lumière le progressif This life will be the death of me, elle joue de cette montée qui ne semble jamais finir pour l’ancrer dans une course poursuite où la réalisation flirte avec le cinéma horrifique.
Dans une nuit noir, seulement éclairée par les phares de la voiture la poursuivant une jeune femme court drapée d’une robe blanche. Si sa course semble vaine, elle peut compter sur la production pour l’accompagner, au point de se transcender pour danser au rythme de la lourde basse. Un court mais intense voyage qui prend encore plus de sens accompagné de ce clip.
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Damien
Le titre This life will be the death of me est celui qui a l’honneur d’ouvrir, avec toute sa singularité, le premier EP – Oh Honey – de Vickie Cherie (moitié de feu The Pirouettes) paru en février dernier. Elle disrupte clairement avec les compositions du duo en s’appuyant sur des lignes électroniques plus éthérées. Au point même où le chant peut passer au second plan. D’ailleurs, This life will be the death of me est un morceau purement instrumental, si l’on écarte les samples présents au début et à la fin, issus d’un dialogue improbable du film Un Mariage de Robert Altman – « I’ve never take of a dead person before, Randolph. What am I suppose to do ? ».
Même instrumental, le titre garde une force narrative puissante presque cinématographique qui trouve tout son sens dans la vidéo qui l’illustre. Si musicalement la tension se traduit par une montée en rythme graduelle, on est subjugué par les images savamment orchestrées par Gaadjika. Ambiance angoissante jouant sur nos peurs et nos psychoses. Un jeu de chasse entre proie et prédateur – sous fond de légende de la dame blanche – qui s’exécute de nuit, à la lumière des phares d’une voiture. Brrr, rien que d’y penser, on en frissonne encore.
N’hésitez pas à découvrir le travail de Gaadjika. Sa chaîne YouTube renferme quelques pépites. Quant à Vickie Cherie l’écoute de son premier EP s’impose !
SuperParka – az
Le duo Superparka est de retour avec un nouveau morceau magnifiquement doux, mêlant couplés murmurés et beat futuriste ! Le clip, réalisé par Pablo Padovani, nous plonge dans l’immensité du Sahara.
Guidé par une mystérieuse chèvre, on retrouve Paco et Simon marchant d’un pas déterminé, de dune en dunes, vers une destination inconnue. Sur le chemin, il y a cette rencontre avec une créature surnaturelle qui semble porter un message mystique depuis de nombreuses années : un CD Quatro. Le duo ne nous laisse aucune autre information, mais cette petite mise en abime semble annoncer quelque chose de grand pour la suite !
Celestino – PAR LA FENÊTRE J’REGARDE LA MER
Celestino a dévoilé il y a un mois déjà le 2ème volet de sa série UNTITLED TAPE, une mixtape dont la singularité et la cohérence musicale fairait pâlir certains albums. Celestino choisit la 2step pour parler de la volonté de croire en ses rêves sur le magnifique morceau PAR LA FENÊTRE J’REGARDE LA MER produit par le talentueux producteur Toboë. De la volonté il en faut pour réussir à voir la mer par sa fenêtre quand tout le monde n’y voit que le mur d’en face. Et la volonté paye, Celestino s’apprête à enchainer une date au FGO Barbara avec Keroué et à La Maroquinerie pour ouvrir le concert de Sheldon. Réservez vos 14 et 15 juin, à moins que ce ne soit déjà complet !
Christine x Museau – Under the gun
Arrangements entre rouennais, fruit de la collaboration avec Christine, Under The Gun est un des titres de l’album Royal Câlin que Museau a sorti au printemps dernier sur le label Mouton Noir. Délaissant la Plymouth Fury qui leur est chère, Christine nous emmène, avec Museau, au volant d’une invraisemblable voiture – filant dans la nuit à tombeau ouvert– dans une chasse aux confins de nos imaginaires. Une nuit de pleine lune, où le personnage incarné par Museau se métamorphose en une louve-garolle. « Oh ! I’m gonna fear, I’m gonna fear it tonight » Improbable spin off musical d’un roman qui aurait pu être écrit par Stephen King et porté à l’écran par Carpenter, Under The Gun, s’écoute et se regarde avec une délectation certaine tant les ingrédients présents sont porteurs de réminiscences de peurs primales qui nous sont familières.
Petites capsules fantasmagoriques conçues et réalisées avec talent et maîtrise par Les Maan et Julie Tocqueville (aka l’avatar humain de Museau) pour le plaisir de nos yeux, de nos oreilles et celui de titiller nos peurs.
MUSIQUE CHIENNE – Je sors (Joe Jackson – Steppin’ out cover)
Voyage temporel, destination début des années 80, avec une reprise du titre de Joe Jackson – Stepin’ out Cover – qui nous avait alors envoûté. Sorti en 1982, l’année de l’album Ship arriving too late to save a drowning witch de Frank Zappa, Joe Jackson nous avait concocté un titre à la croisée des multiples courants musicaux qui l’inspiraient alors. Un anticonformisme musical et une liberté de créer en totale adéquation avec les appétences de Musique Chienne.
On ressent dans sa réinterprétation – délicieusement lofi – tout le plaisir et la sensibilité qu’elle a pu mettre à la production de Je Sors, en même temps si éloigné de et si fidèle à l’original. À vrai dire, il existe un côté jubilatoire à écouter ce titre (dont on fredonne la mélodie avec elle) mais aussi (grâce au clip) à parcourir les rues de New York et l’imaginaire que l’on rattache à notre culture américaine fantasmée. Musique Chienne nous plonge– durant les quatre minutes de la chanson – dans une atmosphère créatrice puissante catalysée par les lieux, les personnes et les souvenirs qui l’accompagnent. À écouter sans modération jusqu’à la satiété la plus totale !
Just Kids – California
Après leur single, Hurt, dont on vous parlait dans ces lignes en décembre, Just Kids sort cette semaine California, un titre aérien aux paroles introspectives aussi accrocheuses qu’entêtantes : “Sometimes when I lost my way / I read my horoscope / It tells me things have been a little rough but there’s still some kind of hope”. Les images du clip qui accompagne le morceau, filmées en noir et blanc dans le désert californien, s’enchainent et se superposent et collent parfaitement au ton dramatique et dreamy du morceau. On pense notamment à Phoebe Bridgers, grande influence du groupe basé à Londres. Hâte d’en découvrir plus de ce groupe à suivre !
Chahu – RQN
De sa voix grave et posée, le musicien angevin Chahu nous conte l’histoire d’un amour passé avec son titre RQN (Rien Que Nous). Il est extrait de son troisième EP Finisorti le 14 avril.
Réalisé par son ami Josic Jégu, le clip met en scène une jeune femme et son chien dans un cadre intimiste. Mêlant à la fois de beaux plans fixes tout droit sortis d’un film aux couleurs désaturées et des images au goût d’un vent de liberté, l’intrigue oscille entre une forme de solitude, de mélancolie, et un sentiment joyeux, une douce naïveté.
On assiste à différentes scènes affectueuses et de complicité entre les deux protagonistes. «La fin du film» arrivera plus tard, lors d’une chute aussi triste qu’inattendue.
King Gizzard & The Lizzard Wizzard – Dragon
Ils sont fous ! Rien ne semble arrêter la créativité de la formation australienne. On l’avait déjà ressenti avec leur précédent single Gila Monster. King Gizzard & The Lizzard Wizzard retrouve les veines du power-métal dans son dernier bébé. Le titre puise dans les racines du trash métal des 70s et 80s et affiche son affection pour les groupes tels Motorhead ou encore Anthrax. Il ne s’agit pas du tout d’une pâle copie, la bande arrive à être d’une efficacité farouche sur près de dix minutes. Le lizzard s’est transformé en dragon. L’esthétisme du clip met aussi en valeur aussi les débuts de l’imagerie 3D avec un clin d’œil bien prononcé à Space Invaders. A travers ce titre mystique, le groupe tentera de ranimer la foule lors de ses prochains concerts, notamment à Saint-Malo pour la Route du Rock. En attendant, Dragon est un avant-goût de leur deuxième album métal PetroDragonic Apocalypse ; or, Dawn of Eternal Night : An Annihilation of Planet Earth and the Beginning of Merciless Damnation (nom de l’album à apprendre par cœur) qui sortira le 16 juin prochain.
On parie combien qu’ils seront à l’affiche du prochain Hellfest 2024 ?