En direct de la Normandie, un nouveau groupe sort de terre pour notre plus grand bonheur. Rouperou est une sorte de « super-groupe » composé de musiciens issus de différentes formations et né autour de sessions d’improvisations et de live. Cela se ressent fortement dans ce premier EP aux allures nocturnes mais au groove bien présent. En bonus, vous pourrez découvrir dans cet article la toute première session live de La Face B !
De Rouperroux à Rouperou, il n’y a qu’un pas entre la ville et la musique. Parfois les noms de groupes sont bien mystérieux, ici il sera aussi poétique qu’évident, tirant son nom de la ville de l’Orne où il a été enregistré.
On pourrait voir dans Rouperou une sorte de « super-groupe » puisqu’il se compose au 3/4 de musiciens issus de Samba de La Muerte et de Veik. La vérité, comme dans X-files, est ailleurs : Rouperou c’est avant tout une bande de potes portée par l’envie de faire de la musique ensemble et d’accompagner le 1/4 restant dans sa première expérience de groupe.
Une expérience collective donc, créée au départ à travers des sessions live et des improvisations collectives et qui donnent naissance à cinq titres vibrants et vaporeux.
Et il faut l’avouer, cette manière d’envisager la musique se ressent fortement dans ce Rouperou premier du nom. Tout d’abord parce que la sensation d’unité anime tous les morceaux, comme si chaque instrument, chaque respiration émanaient d’une même force, d’une même âme.
Il y a ce sentiment d’unité qui transpire de tous ces morceaux et qui au final nous offre quelque chose d’étrange et de palpable, comme si l’on explorait ces morceaux comme des pièces qui s’enchainent et qui nous poussent un peu plus loin dans une sorte de psyché déviante et enivrante.
La musique se fait ici vivante, toujours en mouvement, portée par une structure basse-batterie directrice mais toujours portée par un groove nonchalant et communicatif. Autour de cette colonne musico-vertébrale, les mélopées de synthétiseurs s’envolent et la voix si particulière de Louis Geslain nous guide, comme une sorte de crooner chamanique qui nous susurre des incantations en anglais.
Cette perception hypnotique est aussi multipliée par le format des morceaux. À l’exception de La noë, expérimentation presque silencieuse en forme d’interlude, chaque morceau de ce premier effort éponyme dépasse à chaque fois les quatre minutes.
Ainsi, chaque morceau parvient à vivre autant par lui même aussi facilement que dans l’ensemble. de Blue dogs à Mumbaï à Whirling Ashes on est bercée par une sensation à la fois cotonneuse et onirique, qui grandit à l’intérieur même des morceaux pour nous pousser à danser autant qu’à rêver. Mention spéciale à la superbe Smoker Queen qui du haut de ses 6 minutes nous transporte clairement dans un ailleurs aussi étrange que rassurant.
Le fait d’avoir laisser libre court à l’improvisation et à la création par le live permet à la musique de Rouperou de s’autoriser toutes les audaces et à ressortir avec un côté à la fois inventif et spontané.
Né au sein du Collectif Toujours, Rouperou l’EP est donc une premier pierre rafraichissante, intelligente et évidente pour ce groupe qui finira par vous fasciner autant qu’il vous interpellera. Une nouvelle façon de rappeler que la Normandie est un bastion de la musique actuelle en France au final.