La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Tout de suite, voici la deuxième partie de la 180ème sélection des clips de la semaine.
BLEU REINE – Sighișoara
Sighișoara est un lieu en Transylvanie, un lieu comme une porte du destin où BLEU REINE s’est retrouvée dans un moment où elle en avait le plus besoin, sans même forcément le savoir.
C’est ce qu’elle raconte dans ce nouveau titre aux ambiances lourdes dans lequel l’histoire de Léa se mélange à un poème roumain récité par Leon Lotoțchi. Avec ce morceau presque aride, où la guitare et la batterie se taillent la part du lion dans un combat sans vainqueur, on suit la voix de BLEU REINE comme un guide dans les méandres de sa pensée. Une exploration dans le sang et les larmes vers la lumière et la guérison.
Pour l’accompagner, BLEU REINE mêle des vidéos d’archive de ses voyages et des moments capturés à Paris. Le rendu donne la sensation, comme pour le titre, de plonger dans l’intime de l’artiste, comme si nous devenions une sorte de fantôme l’accompagnant dans son voyage vers l’inconnu.
Johnny Jane – A l’américaine
Une voiture, un couple et des coups de feu… Dès les premières images du très cinématographique clip de Clovis Porcher l’ambiance d’une vie cramée par les deux bouts prend place pour ne plus nous lacher.
Il faut dire qu’A l’américaine de Johnny Jane parle de ces histoires d’amour plus grandes que l’existence, celle qui brillent autant dans le réel que dans le fantasme. Une grande échappée pop qu’il nous raconte avec son habituel chant détaché, comme si il voyait que le futur allait droit dans le mur mais qu’il voulait profiter avant tout du chemin.
Accompagné de Philou, de retour dans le rôle de la petite amie, ils se la jouent Bonnie & Clyde dans une ride amoureuse vers la mort, un chemin tout tracé fait de violence, de romance et de petits bonheurs qui s’évaporent avec le temps.
Une nouvelle fois Johnny Jane en impose et pose une nouvelle pierre de qualité à un édifice qui nous impressionne de plus en plus.
Un garçon qu’on adore qu’on retrouvera en décembre à La Cigale et la semaine prochaine au Fnac Live.
Stéphane Milochevitch – Comme un Aigle
Thousand n’est plus, gloire à Stéphane Milochevitch !
Un nouveau nom mais une plume (d’aigle) toujours aussi puissante. On le reconnait dès les premiers mots, dès les premières images littéraires, dès que la voix se dévoile, ce garçon qu’on considère comme l’un des plus grands parolier de notre époque nous frappe à nouveau en plein cœur.
Une écriture de l’intime assez dingue, une manière de donner une force et une âme à chaque mot, même le plus cru, Stéphane Milochevitch fascine toujours autant et associe sa prose à une exploration musicale nouvelle, plus enlevée, plus pop, plus lumineuse par certains aspects.
Une renaissance entre l’eau et le désert qui se vit aussi à travers le clip de Adrien Selbert. Superbe dans sa colorimétrie et dans sa manière de filmer les corps, la vidéo qui accompagne Comme un Aigle joue avec les images comme Stéphane avec les mots : remplie de sous entendus, d’allusion et de métaphore, elle est une extension idéale à ce retour pop brillant et chaleureux.
Une première pièce qui annonce La Bonne Aventure, un nouvel album prévu pour octobre.
Elephanz x Clou – Mexico
Le groupe indé Elephanz s’accompagne de la chanteuse Clou pour nous emmener à Mexico.Le voyage vers le Mexique se crée aux travers de souvenirs amoureux, qu’il faudrait conquérir à la manière des conquistadors et d’Hernan Cortès séduisant La Malinche.
Car pour ce qui est de la musique, on se retrouve plutôt emporté vers des rivages electro et rock psychédélique. Clou apporte du répondant aux descriptions métaphoriques chantées par Jonathan Verleysen.
Le voyage n’est pas que territorial, il est aussi onirique. Prince Baraki qui réalise le clip, nous transporte dans l’ivresse d’une soirée. Le cadre rappelle celui des caméscopes comme si le réalisateur cherche à capturer des souvenirs d’un temps continue, qui pourrait aussi bien être notre présent que celui des années 1970 à en voir le décor.
Janie – Amoureuse
En ce mois de juin, Janie, résolument, revient à ses anciennes amours, le karaoké, ayant marqué son entrée dans la musique. En outre, pour son bon plaisir, elle débutait la chanson en 2019, à travers des reprises sur son compte Instagram (qui se poursuivirent durant le confinement 2020.)
Rattrapée par la nostalgie – pas pour déplaire à ses fans – elle sort donc un album intitulé « Karaoké vie », compilation de reprises de tubes populaires des oldies, années qui lui sont chères.
À commencer par Les sunlights des tropiques quatre semaines plus tôt, elle propose une véritable mise en scène, entre clip et émission old school : Varietoch’, où la chanteuse se produit sur la scène d’un plateau de télévision. Amoureuse, charmante réinterprétation de la célèbre chanson de Véronique Sanson, n’est autre que la suite de Varietoch’. Janie apparait en costume patte d’ef rayé, cigarette à la main.
Elle joue le jeu d’une interview complète, qui relate son parcours et son histoire d’amour avec le karaoké : « c’est un cadeau que j’ai voulu faire à mon public. » Puis face à un décor comme on n’en voit plus, elle fait le show et encore une fois, sa prestation s’avère convaincante.
Alex Van Pelt – COMPLICATED
Qui a dit que les relations amoureuses étaient simples ? Le chanteur de pop électronique français Alex Van Pelt en a fait son terreau de création, un sujet de prédilection à la fois simple et universel.
Néanmoins, la vie n’est pas rose, enfin pas tout le temps. Probant de réalisme et de douceur, on embarque sur la route avec lui à travers les images du clip Complicated, son dernier single en date. Dans une course au rythme entraînant, la cadence dans l’enchainement des images ne faiblit pas.
C’est l’été, teintes de couleurs saturées, flash des lumières dans la nuit. On a été séduit par l’esthétisme fort du clip, le jeu des images distendues, des superpositions, celles découvertes depuis l’habitacle de la voiture, la ville qui se déforme au gré de nos songes. Les émotions sont multiples, si la mélancolie nous traverse, elle est rattrapée par l’envie de danser, de rester en mouvement.
M. Ward – too young to die (feat. First Aid Kit)
De quoi contrer la banalité et rêver davantage, le compositeur et multi-instrumentiste américain Matthew Stephen Ward alias M. Ward a cette semaine sorti un extraordinaire dernier album intitulé supernatural thing, rien que ça. Parfois accompagné du groupe First Aid Kit, les voix des deux soeurs suédoises se mêlent harmonieusement à celle de M. Ward sur deux pistes de l’album : too young to die et engine 5. On est plongé dans la fiction, l’intrigue du clip de too young to die dès les premières secondes.
Une scène à la fois douce et absurde, qui pourrait avoir eu lieu dans les années 90. Depuis le bureau de l’agent de sécurité, on voit peu à peu les trois musiciens apparaître, se partageant 3 coins de l’écran de surveillance. Voilà une astuce maligne pour proposer une composition originale. Participant à l’ordinaire magie de la scène, les images en noir et blanc grésillent; des extraits d’archives et des paysages en mouvement surviennent parfois sur une des caméras.
L’unique public de ce concert intimiste n’est autre que cet agent de sécurité, une parenthèse surprenante au cœur d’une nuit calme. Comme hypnotisée, elle ne décroche pas les yeux de son écran, et nous non plus.
SIZ – What does moon think ?
SIZ est une des composantes principales de la scène bordelaise. A l’initiative du Sylvain Palis, petit frère de TH Da Freak (pour autant jamais très loin du projet), le groupe propose un son très grunge, avec une dose de reverb assez gigantesque. En sort parfois un univers qui glisse subrepticement vers de la noise pop.
Un premier album produit par Arthur de JC Satan, une signature chez Howlin Banana et, sans grande surprise, chez Flippin Freaks, on a ici un projet qui rayonne fort sur la scène hexagonale. C’est donc une évidence que le groupe rempile pour une deuxième sortie, Blind, prévue a la fin de l’été
En attendant, le premier single, What Does Moon Think ?, a été dévoilé. Le côté pop des guitares hurlantes, une voix aérienne, quelque chose de très intense se dégage de ce premier morceaux. On n’est pas la même émotion dans le clip, qui dévoile plus l’histoire d’un mec et … de sa poule.
En tout cas, cet avant goût donne à réfléchir, et l’envie de plonger dans ce second opus.
Dye Crap – Good Days Again
Une sortie d’un des groupes les plus cool de France n’est jamais anodine. Dye Crap, le quatuor normand qui redonne ses lettres de noblesse au rock slaker, au trasher, dans la droite lignée de Dune Rats par exemple, sort un second album en fin d’année. Et quel bonheur d’en découvrir le premier morceau.
Dye Crap c’est le genre de groupe qui n’a pas le temps de se prendre la tête et préfère rentrer dans le lard sans attendre. Avec leur premier opus, on se retrouvait tout de suite à l’époque du notre bon vieux MTV et toutes ses absurdités auditives et visuelles. Une vraie culture avec laquelle les membres de Dye Crap ont gandi.
Force est de constater qu’ils n’ont pas en tête de renier leurs origines. Good Days Again, premier single du futur album donc, est dans la droite veine de leur univers. Un excellent amas de guitares et basse qui fusent, de lignes entêtantes, et de refrains mécaniques. Bref, toujours un plaisir d’écouter Dye Crap.
En plus de faire de la bonne musique, le groupe sait aussi manier le rire intelligemment. Le clip de ce single fait partie de la cohorte de vidéos a fort potentiel humouristique.
Et, un peu comme tout ce que fait Dye Crap, derrière une apparente simplicité dans leur compositions qui se révèlent toujours plus complexes qu’elles n’y paraissent, leurs clips suivent le même pas. Pour autant d’un humour stupide, un vrai travail est fait sur l’esthétique, et il est à souligner. Avec leur second album, pour sûr que nous auront droit à de Good Days Again.
Clavicule – I Will Let you Know
Franchement, Clavicule a sorti quelque chose de très intéressant ce mois de mars dernier. Un deuxième album de garage punk, mais pas seulement. Clavicule c’est un peu plus recherché que du garage punk, on a quelques sonorités psychés, quelques sonorités shoegaze, quelques passe d’armes inattendues et parfois étonnantes. Full Of Joy, leur second effort, montre une plongée plus profonde dans leur univers, avec des influences diverses et variées. On reconnaît Idles, les Oh Sees parfois, Meatbodies ou les grandes heures de FIDLAR. Bref, pas que du punk, finalement.
Le quatuor rennais est donc quelque chose d’intéressant.
Une manière supplémentaire d’ouvrir leur univers était d’ouvrir leurs portes. Ce qui est le cas avec le clip de I Will Let you Know, qui montre des images du groupe en sessions enregistrement de cet album, ou en tournée (les yeux les plus aiguisés reconnaîtront leurs salles favorites sans soucis).
Dans ces images se dégage un sérieux qui transpire la démarche du groupe de progresser constamment. Un bel hommage a un album qui n’a pas rien a envier au reste du monde.
Louve – Je Mens
Louve revient avec Je mens, en un clip enflammé livrant un propos syncopé. Sur un rythme de cumbia langoureux, un déchaînement bat son plein. Celui de corps en proie au désir de séduire, à s’y perdre, personnages de Radiguet des temps moderne. Celui de spectateurs en transe, désireux d’absorber de ce qui se joue sur la scène dont ils se sentent proches, si proches – à en oublier l’écart, entre l’artiste et le fan.
Sur le dancefloor les frontières se brouillent, c’est Pigalle aux heures noires. On notera un David Prat flamboyant en camarade de jeu distant et amusé, et les paroles un brin mélancolique, clin d’oeil à Bashung. Du contraste entre la légèreté et la folie – ce que c’est que d’aimer, quête d’authenticité dans un monde entre paillettes et boules à facettes. Vénéneux.
Freekind. – Found Love
Dans les méandres de la vie, où la pression et le stress semblent être notre seul compagnon, Found Love émerge telle une brise fraîche. Bien plus qu’un simple cri du cœur, ce titre mêlant Soul et Rap est un message puissant d’amour et de guérison. Profonds et introspectifs, le duo partage son combat contre la dépression, provenant d’une famille dépendante aux antidépresseurs. Mais à travers leur quête personnelle, les musiciennes découvrent l’amour de soi, une révélation libératrice qui les propulse vers de nouveaux horizons.
Évoquant le besoin de se libérer des poids du passé et de s’élever au-delà des doutes et des questionnements, elles encouragent chaque personne à puiser dans sa propre force intérieure, à embraser le feu qui brûle en soi. Elles rappellent qu’il est impossible de vivre sa vie en se préoccupant constamment des autres et de la douleur potentielle qu’ils ou elles pourraient ressentir. Au lieu de cela, elles nous incitent à embrasser chaque instant précieux sur cette Terre et à cesser de nous chercher des excuses.
Freekind. puise sa recherche dans le processus de guérison et de croissance personnelle, abordant ainsi leur détermination à aimer et à chérir leur être intérieur, à réparer les cicatrices du passé avec une dose généreuse d’amour. Le chemin sera long et difficile, mais chaque pas vers le pardon et l’acceptation de l’enfant en soi est un pas vers une vie authentique et épanouissante.
Le groupe offre un appel à la transformation personnelle, une invitation à embrasser notre propre grâce et à pardonner les erreurs passées. Même dans les moments les plus sombres, il y a toujours de l’espoir et de l’amour à découvrir en nous-mêmes.
Little Simz – Gorilla
S’il y a bien une artiste qui agite les foules et déchaîne les passions dans le Rap anglais, c’est Little Simz. Celle qui, il y a quelques mois a sorti son troisième album, NO THANK YOU, vient de rendre public le clip du titre Gorilla. La londonienne collabore ici avec le réalisateur Dave Meyers ayant déjà signé des travaux pour Harry Styles, Travis Scott ou encore Ariana Grande.
Musicalement, on retrouve Simz posant sur une production qu’elle survole, tout en flegme et en assurance. Son ton nonchalant et son accent londonien apportent une énergie décontractée et forte devenue une signature de l’anglaise.
Le clip et la réalisation de Dave Meyers subliment avec beaucoup de brio les bars effrénés de Little Simz portés par la composition et les arrangements d’Inflo. On retrouve notamment une certaine influence du travail de Kendrick Lamar qui transpire par moments. La vidéo donne lieu à des idées et des mises en image dantesques qui servent parfaitement le propos mis en avant par Gorilla.
Plus le temps avance, et plus la pépite de Londres éclos et prend racine dans une imagerie et un style qui ne pourrait pas mieux lui sied. Si Simz continue ainsi, elle finira sur le toit du monde.
louie – cool
La force du plat pays aura toujours été sa force de caractère lorsqu’il s’agit d’être décomplexé et de s’assumer à 100%. Un théorème qui semble à nouveau se confirmer sur le clip de cool du jeune bruxellois louie. Réalisé par @sasha_ferri, ce visuel capte toute l’essence du rappeur en s’inscrivant dans la lignée de son premier et dernier clip en date, solo.
Si l’esthétique semble déjà bien affirmée en si peu de temps, il en est de même pour la musique. cool est extrait du deuxième format court sorti par l’artiste et intitulé encore moi, vol.2. Une suite qui fait à la fois office de carte de visite et de terrain d’expérimentation.
Sur cool, c’est le juste milieu entre les incertitudes et l’égo-trip qui prend forme avec décontraction guidé par un flow et une attitude nonchalante.
Et si louie, était déjà le rappeur le plus cool de la capitale belge ?
Yussef Dayes & Tom Misch – Rust
Dans le microcosme du jazz londonien, peu de crossovers sont aussi auréolés de succès et attendu que les travaux de Yussef Dayes et Tom Misch. Les deux musiciens ont sorti récemment le morceau Rust, issu des sessions studio de What Kinda Music. Le titre fait partie de l’album Black Classical Music prévu pour le 9 septembre prochain.
Le duo propose une musique toujours produite soigneusement et pleine de richesse et de spontanéité. Une boucle, douce, envoûtante et entraînante. L’alchimie se fait ressentir sans paraître forcée et offre une véritable symbiose artistique entre deux musiciens qui se connaissent par cœur.
Le clip, réalisé par Jack Brown, emmène nos deux protagonistes dans différents décors qui tendent entre le bucolique et l’imaginaire. Le but étant de décrire les inspirations et ce qu’un tel aspire à faire imaginer. Les traits sont épais, les teintes très colorées et vives et tout nous amène vers un univers très chaud et animé.
Nicki Minaj & Ice Spice – Barbie World (with Aqua)
Déjà un des objets pop les plus intriguant et excitant de cette année, le film Barbie signé Greta Gerwig (Lady Bird, Les Filles du Docteur March,…) jouit, en plus d’un casting 5 étoiles, d’une bande son aux noms tout aussi attrayants. Parmi eux, une nouvelle collaboration entre Nicki Minaj et la nouvelle coqueluche du rap mondiale, Ice Spice (après, Princess Diana, ndlr). Le tout sur une production samplant le tubesque Barbie Girl d’Aqua pour lui donner une seconde vie influencé par les rythmiques irrégulières et sombres de la drill.
Alors si sur le papier, tout peut paraître kitsch, le dosage malicieux de chacun de ses éléments en fait un sacré morceau et donne lieu à un clip réalisé par Hannah Lux Davis aux couleurs acidulées faisant tout droit référence à la poupée blonde. Sous léger fond de sororité (« All of the Barbies is pretty // All of the Barbies is bad) et d’égo-trip cinglant (I’m washin’ these bitches, I’m rubbin’ the stain out // Like I’m ready to bend, all these fake Barbies just wanna pretend), les deux artistes se fondent dans le décor pour s’en réapproprier les codes avec ironie et faire ce qu’elles font le mieux : rapper.