L’injustice est parfois vaine de sens. Les inconnus Bee Bee Sea sont un groupe absolument génial, et nous le prouve en seulement deux nouvelles chansons.
Ce papier n’a qu’un seul but, réparer une injustice. De cette caisse de résonance qu’offre notre média, j’aimerais, à ma petite échelle, l’utiliser pour crier un bon coup. Mais pourquoi ? pourquoi Bee Bee Sea n’explose pas tout sur son passage, ne remplit pas des Maros, des Trabendos, ne créé pas un petit événement à chacune de ses sorties ? Vraiment pourquoi ? C’est à n’y rien comprendre.
Bee Bee Sea, c’est trois gars du nord de l’Italie qui grandissent dans l’ennui, la dèche et ce sentiment de surplace que charrie le passage à l’âge adulte dans une ville moyenne. Voilà donc les racines du groupe, ce mal-être qu’on a toutes et tous connu. Mais eux, ils ont décidé de former un groupe, histoire de se sentir vivant.
Pour l’instant rien de transcendant, on en connait des dizaines de groupes comme eux, qui ont voulu tromper l’ennui, avec plus ou moins de succès. Et là, le succès n’est pas au rendez-vous. Pourtant, ce qu’ils font touche, et touche profondément.
Bee Bee Sea sont de ces groupes de garage rock, ultra simples, avec cette insolente facilité pour trouver des lignes, en l’occurrence chez eux de chant et de guitare, qui restent, mais restent dans la tête. Dans cette veine, on retrouve toujours cette mélancolie latente, qui s’infiltre partout, d’hymnes en riffs, de riffs en hymnes. En plus de ces lignes entêtantes, on retire à l’écoute de leur trois albums une dose d’énergie énorme. Que c’est fun, c’est du pur fun, et drôle, qu’ils sont drôles. Encore une fois, rien de transcendant, les trois gars ne révolutionnent rien, mais en tout cas ils le font de la meilleure des manières. Pensez en France à Johnny Mafia ou CATHEDRALE, aux Etats-Unis Bass Drum of Death (autant choisir les cadors), en Angleterre à.. à peu près tout ce qui existe, non ?
Après un EP, comprenant notamment une reprise de Dutronc, Bee Bee Sea sort son premier album, éponyme, en 2015. Très garage (la bien nommée The Garage One, Y Stripe), avec de longues parties instrumentales (Stoned By Your Love, Monday Morning, Just Myself, la meilleure de l’album largement), puis du chant et du chant (Mary, Monday Morning). Le second effort, Sonic Boomerang en 2017, du groupe suivra la même veine, mais en mieux, comme si cela était possible. La marche est déjà haute, mais gravie avec une facilité déconcertante. On pourrait vous conseiller telle ou telle chanson, mais vraiment à quoi bon, quand tout est excellent ?
Et là, Day Ripper. Octobre 2020, année de notre bien aimé Covid, début du 2e confinement. Il nous fallait un phare dans l’hiver qui se profilait sous pandémie, et bien chose fût faite. Un troisième album, une troisième claque, une troisième raison d’aimer Bee Bee Sea. On sent déjà avec cet opus que le groupe prend de la confiance, évolue, tente un peu de nouvelles choses. En ressort un album un poil différent des deux autres, toujours aussi fun et prenant, toujours aussi drôle et mélancolique. Encore une fois, rien à conseiller, hormis le fait d’écouter, encore et encore (Guacamole quand même, quelle chanson)
Bee Bee Sea sort deux nouvelles chansons, qui, dans l’univers du groupe, se ressentent comme une petite révolution. Une face A et une Face B (hihi) d’une nouvelle sonorité, d’une nouvelle identité. Le travail des guitares, des voix, du mix, est totalement différent, en ressort un nouvel univers dont on ne recherche qu’une nouvelle dose. Time and Time regroupe tout ce que fait de mieux Bee Bee Sea, du son, de l’énergie, et la fameuse ligne de chant qui bouscule notre fort intérieur. Et vient Memories of Another Life, purement bouleversante. Une chanson hors du commun du groupe, calme, posée, et chargée d’une mélancolie qui frise l’overdose. c’est là qu’on se rend compte que les gars ont passé un cap.
En deux chansons, Bee Bee Sea annonce entamer une recherche de nouveaux horizons. Un album est en préparation pour l’année prochaine, mais l’attente paraît bien trop longue. D’ici, on espère que ce papier résoudra une injustice. A défaut de changer le monde, détruire le capitalisme, le racisme et le patriarcat, on espère que l’un ou l’une d’entre vous donnera sa chance à un groupe résolument génial.