Les clips de la semaine #182

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Tout de suite, voici la 182ème sélection des clips de la semaine.

Ligne Rouge – Yeast

Yeast, tout premier titre et tout premier clip pour sonner l’arrivée de ces cool kids sur la scène française. Ligne Rouge, trio parisien composé d’Aurélien (chant guitare), Maywenn (batterie) et Noé (lead guitare) nous plonge dans un univers emo punk, teinté de joyeuse mélancolie.  Joyeuse mélancolie que nous retrouvons dans ce clip monté par Martin Sek (plus connu pour ces talents vocaux dans MSS FRNCE) où l’on suit Nicolas filmé par sa tante.

VHS, années 80-90 et nostalgie des vacances transparaissent dans ce clip qui colle si bien à Yeast. On l’écoute en boucle, il reste en tête comme une envie de commencer et faire perdurer l’été.

On a qu’une hâte, la sortie d’un EP pour savoir ce que ce tout jeune groupe nous prépare. 

Abel Chéret – Queue de paon (reprise Jacques Higelin)

Après quelques dates parsemées ici et là en première partie de Dominique A ou encore de Bertrand Belin, le singulier Abel Chéret l’a longuement interprétée sur les plateaux, il la pose enfin en version studio : Queue de paon du regretté Jacques Higelin. Plaisir sucré savoureux pour celui qui aime jouer avec la lubricité dans ses chansons.

Dans un clip en noir et blanc épuré tourné au format portrait, le chanteur est mis en scène sur fond blanc qui s’accessoirise à mesure que la chanson avance et reconstruisant progressivement un univers fantaisiste : boa, paillettes scintillantes, vision en kaléidoscope… Toute la sensualité du poète retransposé finement, subtilement, le tout en douceur c’est du Abel Chéret comme on l’aime !

Declan McKenna – Sympathy

Après quasiment deux ans de silence, Declan McKenna revient avec un nouveau titre, Sympathy. Premier morceau de son prochain album à être dévoilé, l’artiste nous offre trois minutes de légèreté et de soleil.

Dans son clip, plage de sable blanc et ciel bleu sont le cadre de diverses activités, allant du cerf-volant à la chasse aux métaux. Le britannique, seul humain au milieu de cette étendue, rayonne et partage avec efficacité sa bonne humeur. Les plaisirs simples semblent les meilleurs.

Ces notes réjouissantes nous donnent l’eau à la bouche. Vivement la suite !

NZCA LINES – Push Reset

Trois ans après Pure Luxury, NZCA Lines effectuait son retour cette semaine avec un nouveau morceau, Push Reset.

Sur une production plus dance que ce qu’on lui avait connu, le musicien londonien parler de la fin de l’amour, de ses interrogations sur une relation qui se termine, cherchant à savoir si l’amour à réellement une date d’expiration où si les choses pourraient changer si l’on poussait le bouton redémarrage en ayant conscience des erreurs du passé.

Un texte profondément sincère sur une production dansante pour un résultat doux-amer qui risque de nous suivre une bonne partie de l’été.

Pour l’accompagner, Michael Lovett se place lui même dans une boucle temporelle, répétant les mêmes actes quotidiens redondants, avant que la cassure ne se fasse et que la nécessité d’une fuite ne devienne, si ce n’est vitale, au moins nécessaire.

Un nouveau titre qui nous fait bien plaisir et qui annonce peut-être l’arrivée d’un nouvel album. On guettera ça de notre côté avec une grande attention.

Walter Astral – Mirage

Après avoir traité des éléments, les druides de Walter Astral les évaporent complètement afin de convoquer à eux ce qui apparait ensuite : le Mirage.

Une chose est sûre, la musique du duo n’en est pas un et convoque à elle tout ce qu’on aime : une écriture imagée et intelligente, une production solide et cette si belle manière de mélanger les genres pour nous amener vers la transcendance.

Les changements intérieurs se bousculent ici, convoquant à eux l’iconique banjo, des nappes de violons et des éléments électroniques imparables qui nous entrainent ailleurs et nous poussent forcément à danser.

Comme on n’est jamais mieux servi que par soi même, le duo s’illustre aussi à la réalisation de son propre clip, nous entrainant dans un univers dessiné , coloré et naïf. On suit donc les Walter dans leur propre mirage, un trip absolument fou et communicatif où les choses ne sont jamais ce qu’elles semblent être.

Parfait et dansant, Walter Astral a une nouvelle fois tout bon.

Theodora – Besoin D’aide

Depuis la sortie de son titre Le paradis se trouve dans le 93 et le petit succès que ce dernier lui a apporté, les choses se sont enchaînées assez vite pour Theodora. Elle a pu s’essayer plusieurs fois à la scène et s’est lancée dans une suite de format court à l’univers affirmé : Lili Aux Paradis Artificiels. Le second tome paru il y a peu, elle en délivre le clip de Besoin D’aide confirmant en image l’univers fantastique qui accompagne sa musique. 

Pour se faire, elle a pu compter sur Edith pour métaphoriser à la caméra le récit de ce single. Sous un ocre ténébreux plaçant l’atmosphère étouffante de ce début de clip, la jeune artiste s’époumone, car, elle le sait, la musique c’est dur et le chemin est encore long. Alors pour s’en rapprocher un peu plus vite, elle court, tellement vite que seule sa projection est visible sur les murs qu’elle dépasse. Si le propos est aussi noir que la texture visuelle du clip, la production frénétique aux accents dance de Jeez Suave viennent apporter la touche de lumière nécessaire pour ne pas sombrer.

The Blaze – Madly

Avec The Blaze ont sait toujours que le visuel sera soigné. L’un est issu de la photographie, l’autre du cinéma ce qui expliquerait leur goût des belles images. 

A la période où l’été et par conséquent, les grands festivals commencent, ils avaient envie de célébrer ce sentiment qu’est cette réunion des masses pour fêter une seule chose.: la Musique. Alors ils l’ont fait à travers le visuel accompagnant leur titre Madly et à travers ce jeune adolescent déclamant une poésie sur un été qui l’a marqué. Progressivement, le morceau va se jouer, accompagnant la déclamation du garçon. L’image va quitter cette froide salle de classe pour montrer une foule vivant la musique et le zoom de mettre en avant ce même jeune homme au sein de cette masse, se libérant au fil de la production.

Si les couleurs sombres du clip ne rendent pas hommage à l’été, elles appuient cependant un fait : celui qui affirme que la fête, c’est partout et tout le temps et avec elle vient son lot d’expériences de vie.

 okis – Roi des banaveurs

Décidément, la collaboration entre okis et le producteur Mani Deïz fonctionne à merveille. Après Textile, c’est une autre partie de son quotidien lyonnais que le rappeur nous conte dans Roi des banaveurs. Une nouvelle pièce de son récit qu’il met une nouvelle fois en image pour lui donner plus de corps. Pour ce faire, il a confié la réalisation à Boris Mouraret

Depuis les hauteurs de sa ville, stylo en main prêt à faire rouler sa bille sur le papier de son carnet, okis affine ses rimes, composantes non négligeables de son rap. Ce dernier, imbibé de l’essence la plus pure de la mouvance hip-hop, lui rend quelque peu hommage par ses images de graffeurs, cet esprit de groupe ou encore son ancrage populaire. Tout cela compilé dans une ballade à travers divers quartiers de Lyon. 

Okis à cette faculté à se raconter tout en racontant ce qui l’entoure et ce, avec un sens de la formule plus qu’appréciable. 

Dragan x Filo x Protoz – Mentalité

Quand on parle du milieu artistique, trop souvent les regards se tournent directement vers les capitales. Conséquences logiques d’une centralisation qui facilite les échanges mais qui se fait aux dépens de ceux qui n’y résident pas ce qui creuse toujours un peu plus le fossé entre artistes installés et ceux bataillant pour se démarquer loin des majors et autres structures basées dans ces grandes villes. 

Cependant, par-ci par-là, d’irréductibles artistes se battent avec leurs armes pour faire exister leurs arts. Du côté de Namur, au Sud de Bruxelles, une bande de rappeurs met tout en œuvre pour exister. Parmi eux, DraganFilo et Protoz viennent de sortir le clip de Mentalité réalisé par Lichar et Shinobi.nb. Un morceau issu de la compilation O’street mise à l’initiative du magasin du même nom et qui regroupe la plupart des rappeurs de la ville. 

C’est depuis ce dernier que les trois rappeurs opèrent avec un rap maîtrisé et une bonne dose d’attitudes. L’alchimie et la fougue habitent ce morceau qui résonne aussi par son actualité : « Mentalité ça n’existe pas un bon flic« .

Kid Francescoli – Run Run (feat. Julietta)

Peut-être le savez-vous déjà mais c’est l’été et qui dit été, dit playlistes enivrantes pleines de soleil. Que vous partez bientôt ou pas, il vous faudra absolument le titre Run, Run de Kid Francescoli.

Après 1986 et You Are Everywhere, ce troisième titre signe le retour d’un nouvel album, ce qui est toujours une excellente nouvelle, qui se nommera Sunset Blue et qui sortira le 22 septembre prochain.

On connaît bien l’artiste avec ses signatures musicales bien identifiables, méditerranéennes planantes et qui refile un smile comme jamais. Run, Run ne déroge pas à la règle. Nous retrouvons donc avec toujours autant d’enthousiasme cette recette légère électro aux inspirations multiples avec des textes formules magiques, ici chantées à deux voix avec Julietta.

Ce titre pourrait bien être mon morceau de l’été 2023, tant la douceur qui s’en dégage est une invitation à s’y baigner.

Lombre – Dors petit, dors

Dors petit, dors, à la fois injonction à l’insouciance et ode à l’amour intergénérationnel, est avant tout une chanson pop ultra enjaillante.

Tranchant avec l’urgence du discours et sur fond de beat dansant à souhait, Lombre fait écho à Patty Smith, qui écrivait dans Dévotion, « Les jeunes gens, quand ils dorment, ont l’air beaux. Les vieux ont l’air mort ». L’enfance comme terreau premier et préservé, porté aux nues ; à l’image signée Argo Film, on se replonge dans ces années routinières – heure du coucher, va dans ta chambre, on éteint. Mais sitôt doublée d’une dimension onirique, à mesure que la chanson prend corps.

Lit en bord de mer, au sommet d’une montagne, on se souvient des vacances et des possibles rêvés, envol contrarié souvent par nos adultes destinées – mais toujours au fond du cœur.

Blick Bassy – Bengue

Dans la foulée de la sortie de son nouvel album MádibáBlick Bassy nous présente le clip de la plage d’ouverture de l’opus : Bengue. Une mise à l’image somptueuse pour un morceau qui fait monter les larmes dès son refrain.

Le chanteur originaire du Cameroun démontre à nouveau sa science de la mélodie avec une ligne infiniment simple et un arrangement dénué de fioritures mais tellement efficace. Pas de doute là-dessus, le titre est déjà un classique.

Côté images, on suit un personnage visiblement assoiffé et épuisé, qui évolue dans un ancien bâtiment industriel et qui y danse, au gré de son recouvrement progressif par une matière noire et visqueuse qui semble provenir d’elle-même.

Peut-être une illustration que lorsque l’on est poussé.e.s à bout, le pire de nous-même peut prendre le dessus et nous animer jusqu’à ce que le répit arrive enfin… D’ailleurs on vous invite à visionner ce clip magnifique pour vous faire votre propre interprétation du message du chanteur. Nous on est conquis !