Proche de Berling Berlin, soirée Sheitan au goût de Coal Noir

Le POP UP DU LABEL organisait le jeudi 19 juillet dernier une soirée 100% rock. Une occasion de s’y rendre, voire même une habitude que la Face B aime prendre pour découvrir des nouvelles pépites. En ce soir-là, trois groupes étaient à l’honneur : Coal Noir, Berling Berlin et Sheitan & The Pussy Magnets. Retour sur cette jeune scène parisienne remplie de fraicheur et de promesse.

Trois concerts, c’est beaucoup de gourmandises. Un de chaque était programmé à une heure d’intervalles : 20h30, 21h30 et 22h30. Bigre, ça ressemble étrangement à l’organisation du Supersonic, sauf qu’ici l’entrée est payante mais peu chère (6€). Bon, on ne va pas se perdre sur les économies de chacunes des salles, le sujet semble obscur. Le bar du Pop-Up du Label garantit la présence du Club Maté et ça, c’est une denrée de qualité pour un début de soirée. On s’arme de notre bouteille pour s’attaquer à la première formation.

Coal Noir déboule pile à l’heure sur scène. La formation se compose de quatre membres : JB à la guitare, Margaux à la basse et quelques fois au chant, Chana à la batterie et Léa au chant et à la guitare. Tiens, quelques têtes nous paraissent familières. Physionomiste ou psycho ? Clairement Pyscho d’après le premier morceau lancé par le quatuor. Les guitares rugissent puis surviennent des notes de basses bondissantes et ténébreuses. La chanteuse prend un timbre de voix sombre et légèrement menaçant. On est rapidement mis dans le bain : Coal Noir est bel et bien un groupe post-punk mais également glam & dark. Leur description n’est pas usurpée. Le second titre Blind Me confirme les intentions entre un refrain lancinant avec un jeu de batterie haletant et des riffs de guitares plus agressifs.

Pourtant, ce sera Mars aux envolées mélodiques et mélancoliques qui captivera l’attention d’un public de plus en plus massé. Pas question ici de se demander si la vie existe sur la planète riche en oxyde de fer ! Non, les thèmes abordés par la formation sont poussés par la psychologie humaine ou encore sur le comportement toxique des hommes.  Léa s’en amuse pour annoncer Who Can Say ? « Ce morceau est destiné à un connard et aux connards ». Ça va castagner ! Et en effet, le refrain est ultra-entêtant et amène la chanteuse à expulser toute sa rage sur la dernière répétition ! Le reste du groupe prend plaisir à être sur scène, sentant les nombreux encouragements du public. Entre jeux de regard, riff à l’aveugle de la bassiste et coup de baguette rageur de la batteuse, on a senti le groupe se transcendait rapidement au fil des minutes.

Après un interlude punk nommé Crash, Coal Noir dévoile Dead Zone pour clôturer son show énergique de trente-cinq minutes. L’occasion pour Léa de délaisser sa guitare et emmener la foule sur les pogos.  La double dose Coal Noir – Maté a revigoré la vitalité de l’organisme et nous voilà bel et bien réveillé, voire trop. On passe à la pinte et on attend patiemment Berling Berlin déjà révélé sur La Face B. La salle de concert passe d’un coup de lumières rougeâtres aux tons bleuâtres. Ils sont bien quatre sur scène, notre vision ne nous trompe pas malgré l’annonce de Mirage pour commencer le concert.

On reste sur une vibe aussi sombre que précédemment mais ici, les guitares s’éclaircissent. Les influences du post-punk revival des années 2000 sont fortes. Immédiatement, la voix du chanteur Juan fait écho à Paul Banks de Interpol mais on pense également à Editors par les impulsions électronique qu’apportent la bande. Berling Berlin enchaîne sur R.O.S.I. qui est une pépite sous-cotée de leur premier album First Emotions of the Century. La tension apportée par la puissance du batteur Hugo et du bassiste-synthé Max est saisissante. Les mélodies épurées sont apportées par les riffs de Quentin qui ajoutent un surplus d’émotions bienvenus.

Berling Berlin présente quelques nouveautés comme Enchainés ou Cigarettes, beaucoup plus tournés vers le post-punk que l’ambiance club. C’est tout de même classe de pouvoir alterner entre sons bruts et dansants. Si le groupe était de désireux de partager ces titres, le public réclama leur tube Hacienda. Quentin lâcha un petit « après », sentant gâché la demi surprise. Juan replace correctement sa ceinture…autour de sa veste et c’est parti pour une fin magique. Les grosses basses de Panic émergent, le club Berling Berlin ouvre ses portes. La tension de ce titre ne décolle jamais mais heureusement, elle est déjà élevée et ne fera qu’augmenter quand les premières notes d’Hacienda retentissent. Les premiers rangs du public se mettent à danser devant les artistes concentrés et obnubilés par leurs tâches. Le drop de fin est efficace et fait bondir tout le monde.

Le groupe nous achève avec Hésitation sans nous laisser de souffle. L’harmonie portée par le synthé de Max est percutante. Elle donne du relief aux asperges de guitares clairs de Quentin et à la voix ténébreuse de Juan. Sacré final ! On les retrouvera au Supersonic le mercredi 6 septembre prochain aux côtes de The Funeral Warehouse et des italiens Talk To Her. Une bienbelle soirée darkos s’annonce pour la rentrée. Nonobstant, ce soir, l’esprit est la diversité des genres du rock. Il est grand temps de voguer aux aspérités british et sixties avec Sheitan and The Pussy Magnets.

On les avait déjà croisés dans la même salle le 22 mars dernier. Les joyeux lurons sont à prendre au sérieux. Ils commencent en douceur par le dernier titre de leur second EP. Visions of Tomorrow est une jolie balade dont on ne fait que trop rarement de nos jours. On sent Rawad et Alec, les deux compositeurs du groupe, très concentrés sur le sujet. Le premier est au chant, ferme les yeux et accentue bien ses dires. Le second mentionné montre tout son savoir-faire sur le riff de guitare si délicieux à la fin de ce premier titre. On sent le goût fort prononcé au style musical de l’emblématique Alex Turner version The Last Shadow Puppets. Sur Testing Your Guts, les coups du batteur Vincent viennent ajouter du sel à ces références. Il manque juste Miles Kanes sur scène pour venir embrasser Rawad.

Sauf que le groupe apporte sa petite touche de fraîcheur grâce à la présence du claviériste Micheal. Les sonorités western à la sauce Tarantino marquent de leur emprunte I’m Not Searching of the Meaning of Life ou encore In the Mood For Nothing jouée sur la fin du concert. A l’image des précédents groupes, après un round d’observation de trois-quatre titres, on sent le groupe plus libéré sur scène. Le chanteur sourit et fixe des yeux certains spectateurs tandis que le bassiste Etienne se lâche en sautillant sur toutes ses notes. Il faudra attendre le neuvième titre pour enfin entendre leur tube Back Into The Trap dont les paroles seront fredonnées par les spectateurs. Les harmonies sont sublimes et nous reviennent irrémédiablement en tête, chapeau !

Le quintet nous a régalé en nous jouant l’ensemble de leurs deux EP en plus de quelques raretés. Quelle fut la bonne surprise de redécouvrir I Don’t Wanna Be Nice qui date de l’avant-covid ! La guitare devient plus rageuse tout comme la voix de Rawad. On frissonne sur son dernier cri qui sonne le glas de la soirée. Quatorze titres, une heure de concerts, beaucoup d’instruments sur une petite superficie, Sheitan and The Pussy Magnets ont mis le cœur à l’ouvrage et leur talent pour obtenir un show entrainant et réussi. Clap de fin à une soirée qui aura ravie tout le monde. L’ambiance était familiale et sympathique. Un jeudi soir à Paris vaut mieux qu’un dimanche familial à la campagne. Les trois formations sont venues avec leur bonne humeur, leur joie d’être sur scène et beaucoup de simplicité. Finalement, ça valait bien plus que 6€.