Rock en Seine 2023 : un anniversaire qui s’annonce déjà mémorable

Cette année, Rock en Seine fête ses vingt ans avec une programmation des plus qualitatives, bien que l’on pensait celle de l’an passé inégalable. On ne le répétera jamais assez, ce festival c’est le rendez-vous des fidèles afficionados, une belle manière de conclure le break estival et une agréable mise en bouche d’avant rentrée. Et pour célébrer ses deux décennies comme il se doit, Rock en Seine s’est montré généreux avec une sélection d’exception. Une sélection où l’on a méticuleusement pioché quelques-uns de nos immanquables parmi lesquels on y retrouve également quelques adorés de La Face B, et c’est à lire ci-dessous.

Mercredi 23 août

Billie Eilish Grande Scène, 22h – 23h30

Le festival a frappé un grand coup en faisant venir la star mondiale américaine. A seulement 21 ans, elle a déjà réalisé deux albums qui ont rencontré un succès phénoménal car elle a su toucher un large public. De la chamber pop lovely (ft. Khalid) à l’électro-trap-pop bad guy (ft. Justin Bieber), Billie Eilish a su s’entourer avec de grands noms mais également innover dans chaque genre. Ces titres ont des milliards de streams et de vues. C’est indécent. Le spectacle promet d’être dense et long car l’artiste est très généreuse. Elle est également très mobilisée pour le climat, et il ne sera guère étonnant que quelques messages de rappel y soient propagés même si son public a déjà la même sensibilité. Et après avoir vu Barbie, on croise fortement les doigts pour qu’elle touche les notes délicieuses de What Was I Made For ? désormais en live.

Vendredi 25 août

Turnstile Scène Cascade, 16h15 – 16h55

Pas le temps pour la plaisanterie et rendez-vous 16h15 pétantes devant la Scène Cascade pour s’oublier, suer et danser jusqu’à plus pouvoir au rythme des riffs turnstiliens. Et on parle surtout aux plus intrépides d’entre vous, car oui, ça risque de secouer un chouïa plus que la moyenne ici. Ah Turnstile ! Il y a tant de mérites à vanter sur ces garçons venus tout droit de l’état du Maryland, davantage depuis la sortie de Time & Space en 2018 après lequel a suivi l’excellent et unanime GLOW ON dont on a presque rayé le vinyle à force d’écoutes immodérées, woops. Brendan Yates et ses compères avaient marqué les esprits lors de leur dernier passage dans la capitale en février 2022 (Lollapalooza était anecdotique à côté), et tout ce qui manquait à nos vies depuis, c’était de connaître la date de nos retrouvailles, ce qui est chose faite désormais. Quarante minutes top chrono, c’est terriblement court mais relativement assez pour apprécier ce concert à sa juste valeur. Un concert qui restera dans les annales, on vous parie ce que vous voulez.

Flavien Berger Scène Cascade, 19h40 – 20h40

Flavien Berger n’est aujourd’hui plus à présenter tant il a côtoyé nos lignes une multitude de fois. Pendant une heure, l’artiste viendra nous charmer de sa poésie éthérée, nous susurrer à l’oreille les mots jolis et délicats, ceux qu’on se plaît toujours à écouter sans retenue aucune. On se souvient de ses deux Olympia joués à guichets fermés début mai, où rêve et réalité se sont mêlés pour nous emmener dans un ailleurs pas si lointain que ça. Le sourire en est resté béat depuis, et Castelmaure tout autant que Jericho semblent encore retentir en nous. Une bulle suspendue dans le temps présent pour s’en aller visiter ses songes, c’est le voyage que Flavien Berger semble nous promettre ce 25 août. En mars dernier, l’artiste nous confiait d’ailleurs son désir de voir à l’avenir les uns et les autres apprendre à s’aimer. Qu’il soit rassuré, car c’est la promesse qu’on se tient de lui faire d’ici quelques semaines, la promesse d’un amour partagé et bienveillant, toujours.

Samedi 26 août

L’Impératrice Grande Scène, 17h30 – 18h30

Plus d’un an que sa majesté défend ardemment son syndrome du cœur brisé aux quatre coins du globe, allant du Stereolux de Nantes à l’Opera House de Toronto, tout en passant par le Zénith de Paris ou encore le mythique festival Coachella, rien que ça. Les années défilent, les fans se multiplient en nombre, mais la recette semble être toujours aussi efficace qu’il y a dix ans de là. Une recette où le groove imparable semble être l’ingrédient secret, un groove qui le 26 août prochain viendra fouler la Grande Scène pour faire les corps se mouvoir au rythme d’une basse imperfectible et de notes synthétiques délicieuses pour un set d’une heure qu’on ne manquera sous aucun prétexte. Un son funk-disco qu’il nous tarde de retrouver à travers les iconiques Hématome, Voodoo ou le déjà-tube qu’est Heartquake, leur dernier featuring en date. Vite !

Yeah Yeah YeahsScène Cascade, 20h40 – 21h50

Yeah Yeah Yeahs de retour en France après dix ans, pincez nous ! C’est un rêve éveillé que l’on s’apprête à vivre d’ici un peu moins d’un mois, un rêve que l’on attend depuis toujours à vrai dire. Après un silence discographique de près d’une décennie, les new-yorkais ont fait leur retour avec l’excellent Cool It Down l’an dernier, un disque qui valait l’attente malgré le fait que l’on reste encore un peu frustrés de la tracklist beaucoup trop courte à notre goût (c’est long dix années, ok ?). Fort heureusement, on pardonne tout à la fantastique Karen O, et on se laissera volontiers hypnotiser par ce power trio qu’elle tient en compagnie de Brian Chase et Nick Zinner. Des morceaux tubesques à n’en plus finir, allant de Sacrilege, Gold Lion ou encore Fleez, vont faire de cette soirée une fête des plus mémorables et de celles que l’on inscrira au Panthéon de Rock en Seine aux côtés des Last Shadow Puppets, The Cure ou encore Arcade Fire, sans le moindre doute.

The Chemical BrothersGrande Scène, 21h50 – 23h20

Le duo emblématique britannique n’est pas rare en France. Ils ont l’élégance de venir en moyenne tous les ans en France. The Chemical Brothers reste immanquable à voir tant que le groupe est immense et spectaculaire en live. Le parc de Saint-Cloud va se transformer en une gigantesque boîte de nuit extérieure, va réveiller et déranger la famille Le Pen (on l’espère !) et transcendera toute la foule à travers les dizaines de tubes qu’ils savent élaborer à chaque album. C’est intense. Quand le groupe est en salle, il propose une vingtaine de titres. En festival, il en remixe certains pour condenser avec le temps. Bref, il s’adapte et ça va être bouillant et unique. On dansera comme des bruts sur Go, Hey Boy Hey Girl ou encore Galvanize et planera sur Swoon et Setting Sun. En bonus, le show est aussi visuel. Impossible de savoir si les robots géants seront là, mais la présence d’écrans psychédéliques, de clips et de paillettes est d’ores et déjà assurés. Ils amplifient l’esprit de fête et de liberté. The Chemical Brothers sait proposer une orgie auditive et musicale pour ses fans.

Dimanche 27 août

Angel OlsenScène Cascade, 13h50 – 14h40

C’est un sacré défi que l’on nous propose. Terminer anéanti la veille par le duo Chemical Brothers – Charlotte de Witte et reprendre très tôt le lendemain. On regrette l’absence du camping cette année. Angel Olsen est incontournable car elle est LA meilleure chanteuse et songwriter folk-rock de cette dernière décennie. Elle devrait être accompagnée de son claviériste Drew Erickson et son saxophoniste Dan Higgins qui la suive sur sa tournée. Chaque album révèle une sensibilité qui lui est propre. Sa discographie recèle de ballades intemporelles comme Big Time, Spring ou Sisters, teintée de projections cinématographiques telles que Woman ou Chance. Puis il y a le hit rock Shut Up and Kiss Me. On aura peut-être envie de pleurer, de se prendre dans les bras ou de s’embrasser sur les poésies de la voix suave de l’américaine. Rock en Seine propose ici l’un des plus beaux et captivants concerts.

The Murder Capital Scène Cascade, 16h35 – 17h35

A chaque édition, ses irlandais. Bon ok, aucun groupe de l’île d’émeraude viendra voler la place qu’occupe Fontaines D.C. dans nos cœurs, mais reconnaissons qu’il s’y passe de grandes choses là-bas. On se souvient encore du passage de The Murder Capital au Trabendo en février, on était même sorti de la salle en se disant que ce concert était de ceux qui nous saisissent le cœur et que l’on n’oubliera pas de sitôt. Les versions live d’Ethel et A Thousand Lives nous avaient littéralement foutu les poils, et on est d’ores et déjà toutes et tous prêts à réitérer l’expérience au plus vite. Quatre ans plus tard, le groupe sera alors de retour au Domaine de Saint-Cloud, plus en forme que jamais, pour défendre l’une des plus belles réussites de cette année qu’est Gigi’s Recovery.

Amyl & The SniffersGrande Scène, 17h30 – 18h30

Le groupe vient d’Australie donc, déjà, c’est la moindre des choses de venir les voir après un long voyage. Amyl & The Sniffers est surtout la sensation punk du moment qui détonne par leur show court et brutal. Attendez vous à cinquante minutes de pure folie, sans aucune pause, une batterie frénétique et des guitares saturées. Le jeu proposé est survolté et nerveux. Les références aux classiques du rock sont nombreuses. Certains riffs nous rappellent les Rolling Stones ou encore Motorhead. Il faudra prévoir du déodorant et des tee-shirts de rechange car les pogos seront nombreux et physiques. Le quatuor de Melbourne est avant tout un groupe engagé et avec des convictions. « My Body, My Choices » clame Amy Taylor sur Choices. L’artiste fait partie de ces héritières du punk féministe riot grrrl dont la présence scénique ne laissera pas indifférente.

The StrokesGrande Scène, 22h-23h30

Il a fallu un album sorti durant le premier confinement pour se rappeler que le groupe new-yorkais a su garder la hype d’il y a vingt ans. Après un passage délicat au Lollapalooza en 2019 puis frustrant pour une unique date à l’Olympia en 2020, il est impossible de les manquer cet été à Saint-Cloud. Sauf si vous avez quitté Paris : bien fait pour vous ! Voilà trois ans que des dizaines de milliers de fans attendent pour vibrer en chœur sur leur nouvel hymne The Adults Are Talking, trois ans qu’ils ont envie de chialer sur Ode to The Mets, trois ans que tout le monde a envie d’entendre Julian Casablancas annoncer qu’il reste 20 minutes de concert et 4 chansons. Comme souvent, le quintet new-yorkais proposera beaucoup de tubes de ses deux premiers albums. Cependant, il est par moment plus généreux certains soirs et offre une setlist allongée. Avec deux membres français dans la bande, Nick Valensi et Nikolai Fraiture, on peut espérer un petit cadeau de fraternité ?