La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Tout de suite, voici la 184ème sélection des clips de la semaine.
PAERISH – Still There
Amoureux des 90’s, votre dose de nostalgie musicale vous est offerte cette semaine par PÆRISH. Le combo français est de retour cette semaine avec Still There, extrait d’un nouvel album prévu pour la mi-août.
Et on y retrouve tout ce qu’on aime dans une forme de rock indé malheureusement trop mal-aimée en France (vu le succès du groupe, on peut clairement dire que nul n’est prophète en son pays) : grosses guitares, paroles directes et humaines et envolées lyriques le tout porté par une sorte de colère adolescente qui ne semble jamais faiblir.
C’est référencé mais jamais pompeux et sonne à nos oreilles comme un petit classique instantané qui nous donne clairement envie de découvrir You’re In Both Dreams (and You’re Scared).
Martin Dupraz poursuit l’expérience et nous entraine dans une vidéo en caméra DV. Au programme : une fête, du rock et des potes avec un voyage un peu hors du temps où tout se mélange. On en ressort un peu troublé mais clairement heureux de découvrir que ce genre de projets existe toujours en France.
La suite, et vite !
LOL TOLHURST & BUDGIE & JACKNIFE LEE – Los Angeles (feat. James Murphy)
Amis des percussions, célébrons cette semaine l’arrivée du projet Lol Tolhurst & Budgie & Jacknife Lee !
Les batteurs légendaires de The Cure et Siouxsie and the Banshees s’associent au producteur de U2 et R.E.M pour créer un projet collaboratif et annoncent l’arrivée d’un premier album prévu pour novembre.
Et c’est avec Los Angeles, qui donnera aussi son titre à l’album, qu’il débarquent dans nos oreilles et nous livre un morceau rythmiquement parfait, intense et dansant qui nous entraine de manière sonique dans la folie de cette ville des États-Unis qui peut nous nourrir autant que nous dévorer. Et pour les accompagner, ils entrainent avec eux le New-Yorkais James Murphy qui vient poser sa voix unique et son sens de l’écriture sur une folie sonore qui n’est pas sans rappeler son propre groupe.
John Liwag nous entraine dans une sorte de cauchemar en noir et blanc à la rencontre d’une jeunesse américaine désabusée et proche du cliché, comme des vampires qui hantent encore et toujours les villes et les fantasmes qu’on se fait de Los Angeles, le tout entre-coupé des images de nos héros en action (qui rappelons-le, sont … anglais )
Travis Scott – GOD’S COUNTRY
Nous voilà entrés dans une nouvelle ère. UTOPIA est enfin là et à cette occasion, le rappeur de Houston a rendu public le clip de l’un des morceaux de ce nouvel album, God’s Country.
Sur une production cynique et oppressante, le MC met en avant les conditions de vie de la jeunesse afro-américaine dans ce qu’il appelle le « Pays de Dieu », à savoir les États-Unis. Preuve en est de ce focus sur la jeunesse, Travis Scott ne met en scène dans la vidéo que des enfants et de jeunes adultes, à part au début, où l’on peut l’apercevoir. Tous les visages des adultes et personnes non-concernées par le message du titre sont floutés.
Le chant enfantin, presque devenu un cliché dans le cinéma d’horreur, apporte une atmosphère stridente collant naturellement au ton et message du morceau. Pour atteindre UTOPIA, il faut forcément explorer les plans les plus dystopiques de notre société.
Rendez-vous à la rentrée pour le focus complet sur l’utopie de Travis Scott…
Babysolo33 – Radio $ummer Hits
Juste avant de rentrer dans le mois d’août, Babysolo33 livre par surprise SA playlist d’été sous la forme de Radio $ummer Hits : une compilation de 5 titres et une interlude qui englobe assez bien la large palette de la jeune artiste tout en les ancrant dans le soleil ambiant. Une surprise qui s’accompagne d’un double-clip reprenant les titres PrincesseGLr et Lilo & Stitch. Toujours maîtresse de son image, elle co-réalise le premier visuel accompagné par Margot.
Toutes deux digèrent leurs influences teen movie hollywoodiens en y reprenant les codes pour mieux les contourner et les ancrer dans une nouvelle réalité. Cette dernière, voit Babysolo33 certes comme le personnage principal de son propre récit mais avec l’audace en plus de ne pas tomber dans l’idéalisation de soi. C’est donc entre ses défaites et ses victoires qu’elle fait preuve d’un égo-trip décalé mais très immersif.
Après s’être rêvée en princesse bling-bling longeant la plage sous les regards des garçons, elle décide de s’éloigner un peu de ce monde oppressant pour se réfugier dans un jeu sous forme de jeu virtuel. Ce qui lui permet une grande liberté d’action, allant du drive-by avec un fusil d’assaut rose pour tuer un homme jusqu’au baiser avec ce même homme. Une preuve du paradoxe de notre époque, qui est incarnée à merveille par la jeune chanteuse qui manie à merveille les références avec lesquelles elle a grandi, n’hésitant pas à souffler la poussière pour leur donner une seconde vie.
Unschooling – Ribbon Road
On peut le dire Unschooling n’y va pas par quatre chemin, à première vue on dirait plutôt par douze. A minima anticonformiste, au maximum expérimental, Unschooling porte bien son nom. Avec le titre Ribbon Road, nous découvrons un peu plus ce joyeux bordel instinctif où les instruments comme les guitares sont distordu, la construction musicale est à l’image de ce journal rattaché au scotch, le tout dans une ambiance rythmique nerveuse et aux accents inquiétants.
Pourtant par miracle le tout forme une entité homogène, presque logique à sa manière et où rien n’est laissé de côté. Chaque facettes qui composent Unschooling reflètent une trajectoire unique et converge dans le prisme précis d’une spontanéité collective. Post punk abrasif, Noise, chacun s’en fera sa définition. En tout cas le groupe mené par Vincent ne compte pas s’arrêter là. En attendant, je vous recommande chaudement leur précédent Ep Random Acts of Total Control.
EMPRS – Bogota
Nouveau single pour EMPRS ! Et cette fois les gars nous embarque en Afrique du Sud.
Le réalisateur et musicien Lucas Posson nous explique qu’il y a 7 ans, à l’occasion d’un tournage de publicité à Cape Town, il a « rencontré un groupe de gens extraordinaires du nom de ‘DUB CITY’ : un crew passionné de Golf GTI qui œuvre pour des actions caritatives. Il venait de faire une grande traversée du désert en convoi de Golf GTI pour distribuer des fournitures scolaires et des vêtements aux familles défavorisées. Ce qui devait être un documentaire qui n’a jamais pu être achevé vient aujourd’hui habiller une des plus jolies chansons de l’album. »
Dans les vingt premières secondes, on pourrait croire qu’un gang de bad boys se rassemble, l’arme dans le pantalon laissant douter. Et la chanson avance, les sourires se dessinent sur les visages de familles, les enfants jouent ici et là. Puis en fin de journée, c’est la nuit tombe en douceur, l’orage qui éclate et sur la route on s’apporte de l’aide, toujours avec le sourire.
Bogota c’est encore une autre route que Margaret, c’est plus folk dans la mélodie, c’est mélancolique mais tout aussi savoureux. Celui qu’on appelle Flo the Kid parvient à toujours créer la surprise avec ce timbre de voix qui lui permet tout sans jamais dérailler.
EMPRS a encore réussi à brouiller les pistes sur sa classification et nous, on se complait dans cette confusion des genres !
SAODAJ – Le Marin
Saodaj’ reprend en créole réunionnais dans sa sémantique le concept de saudade que l’on a découvert et appris à aimer grâce aux chansons de Cesária Évora. Ces sentiments faits de mélancolie et de rêves s’expriment complètement dans le premier titre extrait de leur dernier album – Laz – que le groupe a mis en image dans un court métrage – réalisé par Gwenael Bertaut – aussi touchant que saisissant. Le Marin, est l’hommage de la chanteuse Marie Lanfroy à son père, à sa façon d’avoir vécu sa vie pleinement. Avec l’entièreté que procurent les excès aussi bien dans la liberté qu’ils procurent que dans la servilité qu’ils enferment.
Les percussions rythment les battements de nos cœurs lorsque le violoncelle nous fait onduler comme le ferait la houle. La voix de Marie Lanfroy se module et se distend pour nous faire saisir que passion et liberté riment avec solitude, souvent avec déraison et fatalité. Et qu’ainsi, dans le fracas de nos vagues à l’âme, l’on peut sombrer en pensant renaître. « Parfois j’aimerais tout quitter – Rembobiner le fil fragile – Qui ferait de moi un homme nouveau »
KLEM H – LIBERTY
Passée par le révélateur de la scène nantaise multiple et effervescente, Klem H – forte d’un deuxième EP paru en mai dernier – se conjugue aujourd’hui en solo. Un besoin de liberté, de s’assumer elle-même, que l’on ressent dans le titre – Liberty – qui a donné le nom à son mini album et qu’elle vient de mettre en image. Deux graphistes Marthe Aubineau et Marine Brosseau ont accompagné, tout en poésie, les notes de piano qui structurent le morceau et la voix de Klem H qui tout en aspérité donne un relief palpable aux aspirations qu’elle exprime.
« Liberty, it’s not what you think – Liberty, it’s not just a word », les touches du piano se métamorphosent en marches d’un escalier menant vers un univers onirique où les éléments et les sensations se confondent. Liberty. Les notes de couleurs complémentaires se juxtaposent et se mélangent tout en douceur sur la palette qui nourrit nos imaginaires. Klem H n’a pas fini d’explorer les siens, un premier album est prévu pour la fin de l’année.
Devendra Banhart – Sirens
Si une vague d’émotions est arrivée jusqu’à nous cette semaine, alors Devendra Banhart y est peut être pour quelque chose. 2 ans après son album Refuge, il dévoile deux nouveaux singles : Twin et Sirens.
Le clip de Sirens met en lumière une émotion à l’état brut, un appel envoyé dans une mer de songes, une attente presque insupportable et incompréhensible. La scène se dessine dans un décor aux contrastes forts, un drapé bleu sur fond orange. La recette fonctionne, et esthétiquement on est déjà captivés. Puis la mer s’agite et les larmes montent. On assiste à une scène de massage, au cœur de laquelle Devendra Banhart se met en scène. Hypnotisés par la lenteur de leurs mouvements, et celle des vagues, un dialogue se crée. La mer s’oublie parfois pour laisser place à des visages en pleurs, sur un fil, fragiles et vulnérables.
On retrouve dans cette proposition la douceur et les instants suspendus que Devendra Banhart a l’habitude de nous partager avec sa musique. La manière dont il parvient à transmettre des émotions. Alors après ces deux titres, pourrions-nous nous attendre à l’annonce d’un nouvel album ?
Allah-Las – Right On Time
Right On Time, le groupe de rock américain Allah-Las nous entraîne dans sa danse ! Aurions-nous pourtant quelques années de retard ? Le lecteur cassette annonce la couleur.
On découvre les protagonistes du groupe dans un style old school. Ponctués par du groove, des couleurs désaturées et le ton sépia d’une vielle caméra, les jeux de lumière et de cadrage sont multiples et malins. Entre le tambourin et les guitares électriques au premier plan, on parvient tout de même à lire Who cares? sur le cadran d’une horloge (qui n’affiche que 4 chiffres). Exact. En toile de fond, le temps importe peu. Ils s’amusent, et on a presque envie de les rejoindre.
C’est un bonheur de retrouver ce groupe, qui ne nous avait pas donné de nouvelles depuis quelques années, avec ce titre aux saveurs de l’été !
The Kills – New York x LA Hex
VV and Hotel are back! Lors de la réédition de leur deuxième album l’année dernière, sans nouveau morceau depuis cinq ans, nous avions préféré croire très fort que cela ne présageait pas la fin d’un des duos les plus reconnaissables de l’indie rock. Il semblerait que nos vœux aient été entendus : The Kills reprend la route avec deux morceaux inédits, New York et LA Hex. Comme toujours avec Alison Mosshart et Jamie Hince, tout fonctionne en double : gardant ce qui fait l’essence de leur son, les morceaux se font face avec une distance d’écriture bien vue. Blues en souterrain, agressif et sombre sur la côte Est. Gospel en lévitation, tout en extase caniculaire sur la côte Ouest. Deux faces d’une même pièce, à la fois antagonistes et réciproques.
C’est percutant, musclé, élégant. C’est également, pour qui connaît la mythologie The Kills sur le bout des doigts, tout sauf surprenant. Des vidéos à la musique, tout l’univers de VV et Hotel est là, en substance, distillé jusqu’au gimmick : passion pour les voitures vintages (Doing It To Death), combats sportifs et sanglants (Last Day of Magic), riffs blues rock crades-classes, paroles d’amour-haine, minimalisme chic. Au risque de troubler encore un peu plus la ligne qui sépare le clin d’œil appuyé du manque d’inspiration. Peut-être faut-il se résoudre à ce que les groupes préférés de l’adolescence se figent et se complaisent dans l’évidence. En fans fidèles, on est ravi.e.s. En fans exigeant.e.s prêt.e.s à se faire bousculer, on attendra d’en entendre plus.
Mitski – Bug Like an Angel
Les délicates arabesques d’une guitare sèche, portée par la voix angélique de Mitski, se tisse un chant empreint de spleen et de douleur. Bug Like an Angel, cette ballade intime, dévoile les tourments d’une âme en quête de sens, happée par l’addiction et les promesses brisées.
Telle une goutte de rosée prisonnière d’un verre, l’insecte symbolise l’insidieuse dépendance à l’alcool, une étreinte délicate qui s’accroche inlassablement. Au fil des années, la musicienne déploie un statut d’éternel buveur, s’égarant parfois dans les méandres troubles d’une consommation sans fin. La boisson, parfois, devient un refuge éphémère, une famille étrange qui berce et blesse tout à la fois.
Pourtant, la mélodie demeure douce, portée par un léger gospel, offrant une dimension quasi-sacrée à cette confession poignante. Mitski, telle une prêtresse, révèle les peines enfouies, les vœux brisés, les promesses évanouies dans l’éclat des nuits alcoolisées. L’ombre du regret s’étend comme une robe de deuil sur cette valse des âmes égarées, cherchant vainement à échapper au poids de leurs erreurs. Les paroles, telles des prières laissées en suspens, résonnent avec une résonance religieuse. La colère du diable, un rappel de la dualité humaine face à la tentation, face à la lutte intérieure entre le bien et le mal. Dans un ultime soupir, l’auteur se penche, cherchant un apaisement qui semble toujours fuir.
Ce titre devient ainsi un écho de nos propres démons, de nos fragilités, de nos quêtes d’absolu. Mitski, par sa plume ensorcelante, nous convie à une introspection troublante, rappelant que la douce mélodie peut parfois se teinter d’amertume, mais qu’elle demeure, en fin de compte, une confession sincère de l’âme humaine. Une invitation à briser les chaînes de l’addiction et à retrouver la lumière d’un nouveau jour.
Marta Del Grandi – Snapdragon
Sous ses airs de ritournelle légère, Snapdragon, le deuxième single du prochain album de Marta Del Grandi est un morceau aux multiples couches d’instrumentation et de voix, qui culmine avec le saxophone déchaîné de Benjamin Hermans. Un morceau entêtant et hypnotique aux paroles enjouées : “Can you reveal what you saw/ what your mind has seen/ what you thought you saw perhaps /Tell me me snapdragon will you be my alibi /will you have my back?”. La musicienne italienne écrit avoir “joué avec l’idée que les murs pouvaient [l’]’aider à garder un secret dont ils étaient les témoins (…) ».
Le clip qui accompagne le morceau, conçu par Samuele Gottardello, joue avec les couleurs vives en une animation glitch mouvantes et acidulées qu’on a du mal à quitter des yeux.
Après le magnifique Until We Fossilize (2021), la musicienne italienne s’apprête à sortir Selva, le 20 octobre sur Fire Record. On a hâte de le découvrir !
The Sirens Of Titan – Leave A Light On
En ces temps de Barbenheimer, on peut dire que le vidéoclip du deuxième extrait de l’album à venir de The Sirens of Titan, Age of Treason, est esthétiquement plus Oppenheimer. John-Paul Pryor, le chanteur et auteur du groupe, a ainsi mis en image son dernier morceau dans un joli noir et blanc très cinématographique, où l’on observe une femme se perdre dans les tréfonds de ses pensées. Un clin d’oeil à Persona de Bergman? Très certainement!
La chanson quant à elle est à la croisée du blues, de l’indie pop et du psyché… et c’est plutôt intéressant.