Les clips de la semaine #186 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici notre 186ème sélection.

It It AnitaPsychorigid 

It It Anita est de retour avec un nouveau single,  Psychorigid, second extrait de leur prochain album. 

Intitulé Mouche, du nom du choupinou golden retriever posté sur la pochette, il sortira le 13 octobre chez Vicious Circle. 

Si le trio belge nous avait déjà convaincu avec le premier titre Don’t Bend (chroniqué ici) il place la barre encore plus haut avec ce nouveau clip. 

Réalisé par Guillaume Van Ngoc, on y découvre le visage en gros plan de Bryan Hayart, batteur, en pleine session maquillage. Des mains d’hommes se saisissent de mascara, d’eye-liner pour le grimer. Mais c’est It It Anita alors évidemment, ça part en vrille. Psychorigid surprend. Un titre incisif, un brin contestataire, où fusion et rock se rencontrent, où tout va très vite. Un titre qu’on a déjà hâte d’entendre en live. Et ça tombe bien parce qu’ils seront en tournée à partir de mi-octobre. A ne pas rater ! 

15 15 – Perfect Heaven 

Si vous ne les connaissez pas encore, on vous les présente. 15 15 est un collectif parisiano-tahitien qui a commencé à se faire connaître en 2023 avec un premier titre KODEK. Des insaisissables qui caractérisent eux-même leur musique de la manière suivante : “Si l’on tentait de l’imager, leur son ressemblerait à une virée en DeLorean, rythmée aux sons hypermodernes de l’Ori-Deck et en route vers le club de Moombahton le plus proche.” Autant vous dire qu’écouter 15 15 relève carrément du voyage dans le temps ! 

Entre le passé et le futur, il y a le présent. Et c’est cette semaine que le collectif a dévoilé son nouveau titre Perfect Heaven, sur toutes les plateformes. On parle déjà de nouvelle ère musicale pour 15 15 qui prépare un premier EP pour le 3 novembre 2023. 

La nouveauté avec Perfect Heaven, c’est que les paroles sont uniquement chantées en anglais cette fois. L’EP se présente comme une faille spatio-temporelle à faire découvrir au public, à travers la thématique de la vie et de la mort dans ses différents aspects : mort physique, spirituelle, mort symbolique… C’est aussi le thème qui est abordé dans Perfect Heaven, qui s’accompagne d’ailleurs d’un clip hautement artistique, que le collectif explique de la façon suivante : “La mort est représenté par un essaim de mouches ; celui qui survole et atterrit sur les corps en décomposition tissant la robe funéraire. Il est le premier observateur et le dernier compagnon du passage vers la mort.” 

Une thématique difficile à aborder en musique, c’est pourtant le pari que 15 15 est en train de relever, de quoi ouvrir nos regards sur la vie et sur la mort, dans une dimension plus artistique. 

Metric – Who Would You Be For Me

Formé en 1998, Metric est un groupe de rock canadien qui n’a jamais cessé de se renouveler à travers les décennies. Leur dernier album, Formentera, a été dévoilé en juillet 2022 et donne naissance à un Formentera II, prévu pour octobre 2023.

Pour annoncer ce nouvel album, le groupe a dévoilé plusieurs titres comme Just The One en juillet dernier, et Who Would You Be For Me cette semaine. 

Ce nouveau titre s’inscrit dans une esthétique bien précise. Une ballade new-yorkaise remontant aux années 2000, une façon idéale de fêter les 20 ans du premier album du groupe. Who Would You Be For Me est un morceau alt-pop accrocheur, sur fond de guitares acoustiques et entrainantes. La chanteuse du groupe, Emily Haines, explique le contexte du titre : “Toute l’action se déroule à Tompkins Square Park, dans une rame de métro et au café de St. Marks Place où je travaillais comme serveuse à nos débuts. Les comportements et schémas automatiques sont souvent assez faciles à repérer chez les autres, mais peuvent être une énigme à repérer chez vous-même. Dans la vie et en amour, toute l’accent dans votre esprit peut être par défaut ce que quelqu’un d’autre veut jusqu’à ce que vous veniez à l’esprit de considérer votre propre désir. Je pourrais être la fille qu’il te faut, mais qui serais-tu pour moi ? [ndrl : Who Would You Be For Me ?]”

VARSOVIE – Pochodeň číslo jedna

Sortie imminente de l’album Pression à froid, le duo au nom de la capitale polonaise balance un nouveau single au titre tchèque « Pochodeň číslo jedna » (Torche numéro 1), le reste de la chanson reste en français. Quand il ne fait pas dans le littéraire, le groupe va chercher son influence du côté de la grande Histoire. Avec Pochodeň číslo jedna, il rend hommage à Jan Palach, le jeune étudiant en philosophie de 20 ans, qui, pour se lever contre la répression soviétique s’immola par le feu sur la place Vencesclas à Prague. A l’heure du conflit russo-ukrainien, la référence fait froid dans le dos…

Le clip en noir et blanc s’ouvre sur la photo de Palach flottant dans une espèce de flaque sur le bitume. Une silhouette masculine encapuchonnée marche d’un pas ferme dans des décors aussi bien urbains que sylvestres. Une marche hypnotique, vent debout contre l’adversité, la lutte est universelle et ne se cantonne pas à un seul endroit. Les mots d’Arnault Destal parlent essentiellement de l’action de Palach mais résonnent encore très fort avec l’actualité politique orientale.

Une fois de plus avec Varsovie c’est un morceau bien aiguisé. La basse dans Pochodeň číslo jedna n’est pas sans rappeler certains groupes orientaux tels que Brandenburg. Quant à la voix de Cathérina, on pense parfois à Bertrand Cantat, c’est pas toujours chanté et le côté parlé renforce la clarté du texte très puissant chez Varsovie. Les phrases s’enchaînent sans nécessairement avoir de sens entre elles mais à mesure que la chanson avance, c’est une histoire qui s’articule qui, plus particulièrement ici, s’inscrit dans l’Histoire.

Hania Rani ft. Duncan BellamyDon’t Break My Heart 

La célèbre pianiste polonaise Hania Rani s’associe à Duncan Bellamy de Portico Quartet dans son dernier single Don’t Break My Heart. Qu’est-ce qu’on aime cette nouvelle facette de l’univers d’Hania Rani ! Chanté d’une voix sublime, envoûtante, le morceau mélange les styles du classique et à l’electronica (coucou James Blake). Portée par le rythme hypnotique du batteur de Portico Quartet, le clip montre Hania Rani piégée dans des tunnels de pensées obscures et sans fin. La voici prise dans une quête à contre-temps pour retrouver, faisant marche arrière pour quitter les démons qui l’attirent.

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Kalash Criminel – Zénith

« Après l’Olympia c’est le Zénith« 

Le titre du nouveau Kalash Criminel est assez explicite : le rappeur de Sevran est de retour et annonce une date au Zénith le 04 mai 2024 ainsi qu’une tournée française. Le clip de Zénith retrace sa tournée des festivals et une partie de sa carrière marquée par des collaborations de renom : Freeze CorleoneDamsoNekfeu et Kaaris… On vous laisse découvrir le clip car les images de ses concerts parlent d’elles-mêmes ! 

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Joanna – WHERE’S THE LIGHT?

Deux ans après un premier album prometteur, Joanna a fait son retour début septembre avec un nouveau morceau intitulé WHERE’S THE LIGHT ?. Premier extrait éponyme de son prochain album qui sortira le 24 novembre, on l’y retrouve pour la première fois à la production et à la composition, mais également à la DA du clip qui accompagne le titre, réalisé par Loïc Foulon. Une présence à tous les niveaux qui lui permet de donner à sa musique au caractère déjà unique un aspect plus introspectif, le tout sur des sonorités bien plus expérimentales. 

Déjà assez révolutionnaire dès ses débuts dans une industrie musicale française standardisée au possible, cette nouvelle direction ou plutôt dimension artistique confirme la volonté de Joanna de s’en détacher complètement et d’imposer son propre univers. Poétique, envoûtant, mystique, nombreux sont les adjectifs mélioratifs pour qualifier ce nouvel arc, ou cette nouvelle ère comme l’artiste l’évoque elle-même sur les réseaux sociaux. Une énergie retranscrite avec brio dans son nouveau visuel, dans lequel on peut l’apercevoir se métamorphoser petit à petit en être divin prenant une forme d’arbre, au sein d’un décor surnaturel qui semble tout droit sorti d’un des rêves de l’artiste.

Une mise en bouche qui nous laisse impatients de découvrir ce que Joanna nous réserve au sein de son deuxième album, que l’on découvrira le 24 novembre.

Sufjan Stevens – Will Anybody Ever Love Me?

Grande bouffée d’air frais au cœur de la scène musicale, l’auteur et compositeur américain Sufjan Stevens a récemment sorti deux nouveaux singles : So You Are Tired et Will Anybody Ever Love Me?. Plutôt qu’un sentiment d’attente et de désespoir, on pourrait y lire une forme d’espoir, un rêve, entre les lignes de ces titres quelques peu larmoyants.

Le clip de Will Anybody Ever Love Me?, à l’esthétique riche et intriguant, en est un; un rêve fou, véritable kaléidoscope coloré et lumineux. Une interrogation s’esquisse au milieu des champs, d’une nature à la fois solitaire et paisible. Puis les images se transforment, s’ouvrent sur des paysages de plus en plus abstraits et graphiques. À chaque nouvelle porte franchie, la surprise est d’autant plus grande. Le chœur se joint à la voix du musicien et reprend ses mots. Peu à peu nous sommes comme projetés dans un monde parallèle magique où nous ne serions plus seuls, entourés de nombreux visages, remplaçant les herbes hautes.

Richard Allen – Sundays

Aujourd’hui, c’est dimanche; quoi de plus agréable que de voyager par la musique (et tout simplement ne rien faire) ? Laisser notre imagination, encore stimulée par l’écho de la nuit, errer loin, le long de grands paysages. Richard Allen, musicien au style folk, nous a il y a quelques mois proposé Just Songs, un recueil de morceaux enchanteurs. Il a cette semaine dévoilé le clip de Sundays, un des titres les plus doux de l’album.Un paysage, presque en plan fixe, et une fenêtre. On découvre le musicien dans ce petit espace, au centre de l’image, guitare à la main. Il y a quelque chose d’assez intimiste et simple dans la proposition, dans la manière dont est filmé Richard Allen. On est presque chez lui, accoudé à une table, à l’écouter jouer. La recette fonctionne bien. L’arrière plan, reposant, nous permet de nous projeter dans ses paroles. C’est comme une nouvelle image, un collage, crée par la musique.

Timber Timbre – Sugar Land

En amont de la sortie de son nouvel album Lovage, à paraîre le 6 Octobre prochain, Timber Timbre nous propose un second single après Ask The Community. Sugar Land est nous parle d’addiction en se plaçant dans la peau d’une dent qui elle-même ne parvient pas à arrêter de consommer du sucre. Première concernée et première en mise en danger par cette dépendance, elle est pourtant incapable de décrocher. Les parallèles sont faciles à tirer en direction de nos propres comportements d’auto-destruction, comme un miroir amplifiant. Si le thème est assez sombre, le morceau et sa mise à l’image le sont un peu moins avec des arrangements légers mais ultra efficaces et un dessin cartoonesque. Vivement ce nouvel opus, on vous en reparlera sans doute plus longuement ici !

Jaakko Eino Kalevi & Alma Jodorowsky – Palace In My Head 

Palace In My Head est le nouveau titre electro magnétique du prochain album de Jaako Eino Kalevi intitule Chaos Magic, disponible le 17 novembre. Palace In My Head est donc un duo inédit entre Jaakko Eino Kalevi & l’actrice et chanteuse française Alma Jodorowsky 

Ce duo d’un jour est né par hasard d’une rencontre à Athènes via un ami commun 

Peu de temps après cette rencontre, Palace in my head est composé à quatre mains avec Alma Jodorowsky, de manière “tout à fait spontané et facile” . Palace in my Head est un jeu de question réponse entre deux opposés qui s’attirent : des couplets sombres et dramatiques via les voix en écho et le synthé qui contrastent avec le refrain brillant, léger et exaltant chanté par Alma.  Le clip est réalisé à Athènes (lieu de leur rencontre) par Alma Jodorowsky avec une ancienne caméra Bolex, ce qui donne au clip cette esthétique nostalgique avec une palette pastel et des tons sépia pour raconter l’histoire de fantômes qui se ratent et se croisent à travers les paysages scéniques grecs. 

Bombay Bicycle Club – Turn the World On

Turn the World On est le cinquième titre du sixième  album intitulé My Big Day de Bombay Bicycle Club qui sortira le 20 Octobre. Un album joyeux, produit par leur frontman Jack Steadman au Church Studios qui propose de multiples collaborations très attendues notamment avec Damon AlbarnNilüfer Yanya, ou Holly Humberstone

Turn the World On a été joué pour la première fois live au Festival de Reading and Leeds ou le groupe était le « secret set » de cette édition 2023.

De quoi ça parle? Turn the World on est le titre le plus personnel de l’album car il traite du fait de devenir parent pour la première fois et du sentiment d’espoir et d’optimisme qui accompagne la jeunesse. Cette jeunesse pendant laquelle il y a eu tant de joies et tant de fougue pour réaliser ses rêves. La mélodie commence de manière douce telle une berceuse qui endort et apaise l’enfant. Le son est plus énergique avec des messages optimistes pour la génération future. Le clip est filmé à huis clos. Il est centré sur Jack Steadman qui se déplace à travers le temps et explore sa chambre d’enfant puis d’adolescent et d’adulte qui quitte la maison familiale. Une façon poétique de rassembler le passé et le futur dans le moment présent.

SIZ – Illuminated

A eux seuls, deux frères sont fers de lance d’une des plus grosses scène de France. On parle ici des frère Palis. Le plus vieux des deux n’est autre que Th Da Freak, mais le plus jeune a lui aussi son projet, SIZ. L’univers est d’un profond type de musique à guitares, un brin plus shoegaze, plus grunge, avec parfois des accents de noise pop.

Un premier album, Liquid, est déjà sorti en 2019, produit par Arthur de JC Satan, une signature chez HowlinBanana et, sans grande surprise, chez FlippinFreaks (label familiale). Le second n’est pas trop loin de débouler pour tout casser, on avait déjà eu un avant goût avec un premier single assez fat et hurlant, WhatdoesMoonthink

Le second, Illuminated, vient de nous arriver. Toujours dans cet univers de grosse guitares pleines de reverb, le son est prenant, captivant. Tout comme le clip, où l’on suit notre zombie boy préféré SIZ dans sa plus belle journée à la plage. 

Un clip un peu loufoque, comme le précédent d’ailleurs, mais un single qui donne encore plus envie d’être au 29 septembre, date de sortie de ce nouvel opus, Blind

Gustav – Western 

On a ici le droit à un crossover intéressant. Le duo Gustav propose un son à la limite entre rap actuel et rock old school. Se mêlent donc des beats fournis en synthés vaporeux, sur une rythmique qui rappelle du bon vieux rap avec son travail kick/snare/hi-hat électronique. À cela s’ajoute des riffs de gratte électrique, et une voix travaillée, parfois même remaniée au vocoder. 

Bref, de cet univers hybride se dégage un son qui groove, étonnant il faut le dire, mais loin d’être inefficace. 

Le duo rennais a sorti 3 EP, dont le dernier, Lanuit, a vu le jour en début d’année. 

Nous voilà ici avec le clip de Western, l’une des chansons de cette sortie. On se retrouve avec un côté très loufoque d’un clip qui joue les codes du rap tout en les tournant parfois en dérision. En ressort une identité assez particulière, une atmosphère parfois incomprehensible, même un brin dérangeante

Le clip est très bien réalisé et rajoute encore du mystère à ce single qui n’en manque néanmoins pas. Le groupe est à suivre pour découvrir un peu plus cet univers d’entre deux qui nous paraît fort intéressant.