Retrouvons le feu sacré, Bibi Club est de retour

L’automne débarque, le moment est donc idéal pour se retrouver autour du feu avec Bibi Club. Le groupe montréalais est de retour avec un nouveau morceau, Le Feu, qui a amené une percée de lumière dans le ciel gris. Décryptage intime ci dessous.

Lorsque j’écris un article, il est souvent plus simple d’utiliser le « on ». Car même si je partage une opinion souvent très personnelle, la règle veut que l’on garde une certaine distance, un certain recul, une certaine idée de ce que l’on voudrait comme « professionnel et sérieux ». Et puis parfois, il est nécessaire et évident de mettre ces règles à la poubelle.

C’est le cas ici avec le retour de Bibi Club. Je ne pouvais pas partager ma joie de retrouver Adèle et Nicolas avec distance. Dès les premières annonces du dit retour, mon cœur s’est embrasé plus que de raison, le retour d’un certain feu sacré, une joie pure et une attente qui n’avait rien à voir avec la position de « journaliste » mais avec celle simple et intime de l’auditeur amoureux de la musique d’un groupe.

Il faut dire que depuis la fin d’année 2022, et même auparavant lorsque je les avais découvert en live, Bibi Club m’accompagne. Je pourrais parler de rencontre fortuite, d’un heureux hasard qui m’a mis sur la route de le soleil et la mer, mais ma facilité à tomber dans l’emphase dirait sans doute qu’il y a quelque chose du destin.

Cet album m’est tombé dessus quand j’en avais besoin. Besoin de douceur, besoin de poésie, besoin de ce je ne sais quoi qui fait du bien et qui permet au cerveau de rester sur les rails, de ne pas dévisser complètement. Depuis plus d’un an, cet album et ces morceaux, notamment La Nuit, Le Matin et Bellini, m’accompagne autant dans des tempêtes personnelles que dans des moments d’accalmie. Me laissant voir en cet album une sorte de Totem vers lequel je me reporte régulièrement.

Alors un retour si rapide pouvait être légèrement inquiétant. Peur que tout ne se gâche, que mon esprit mouvant ne rejette la nouveauté, lui qui a tendance à tout gâcher. Et pourtant, dès la première écoute de Le Feu, et la bonne dizaine qui a suivi quasi-immédiatement, rien de tout ça. Au contraire, c’est la sensation d’une histoire qui continue pour le meilleur qui m’a entouré, me faisant même tout oublier autour de moi, notamment le fait que je devais sortir de chez moi pour aller bosser.

Crédit photo Dominic Berthiaume & Delphine Snyers

Elle est là toute la grâce de ce nouveau morceau d’Adèle et Nico, celle de nous faire échapper au monde, de briser l’espace temps pour nous faire entrer dans un autre lieu, celui qui appartient à Bibi Club.

Le Feu marque malgré tout une certaine évolution dans le son de Bibi Club. La poésie d’Adèle est pourtant toujours bien présente, nous entrainant dans des boucles de mots qui brouillent nos esprits et nous amènent au fur et à mesure dans des images qui jaillissent spontanément. Le traitement des voix lui aussi n’a pas changé, cette manière de les multiplier, d’en faire une sorte de montagne qu’on s’amuse à gravir au fur et à mesure du morceau tout autant que l’esthétique DIY qui rend le morceau à la fois immédiatement identifiable tout autant qu’il est unique.

La grande échappée, le grand machin brûlant qui nourrit Le Feu, c’est l’énergie. Cette énergie surprenante qui m’avait fait encore plus aimer le groupe en live que sur album, cet échange presque sauvage qui perçait par moment sur scène, est désormais condensée sur un morceau.

On se sent ainsi emporter, guidée par ses flammes qui vacillent mais ne s’éteignent jamais vraiment, un feu sans fin qui s’allume pour ne plus jamais s’éteindre.

La vidéo réalisée par Léa Taillefer amène Le Feu ailleurs, d’un souvenir vers un autre. Ainsi le morceau parle d’amitié, de joie, de partage, des moments qui apaisent et qui se diffusent des uns vers les autres. Prenant la sève et les cendres du feu, Léa Taillefer les transfère dans ses propres souvenirs, des moments filmés en Super 8 lors d’un voyage. Les sensations et les émotions de la vidéo et de la musique se répercutent comme des aimants qui s’attirent pour se retrouver fatalement collés l’un à l’autre. Une science de l’images et de la musique qui s’assemblent pour le plus grand bonheur de ceux qui les écoutent et les regardent.

Ce nouveau morceau annonce un nouvel album prévu pour 2024. Si Bibi Club étant sans doute mon groupe favori de l’année, il semblerait que le titre leur reviennent aussi l’an prochain. Et comme un feu qui revit doucement dans mon cœur, j’ai méchamment hâte.

Retrouvez notre entretien avec Bibi Club par ici