Quand on aime, on ne compte pas. Si on avait déjà vu The Murder Capital en début d’année au Trabendo (notre meilleur concert de 2023, vous vous souvenez ?) et qu’on se doutait un peu que le set serait similaire, il était pourtant impossible de ne pas craquer. Si le concert semble un cran en dessous, cette excursion à la Cigale reste toutefois réussie.
Première partie : Soak
Soirée full irlandaise à l’horizon, c’est à Soak d’ouvrir le bal. Jeune artiste, uniquement muni.e de sa guitare et de sa douce voix, on n’ose imaginer le stress ressenti devant toustes ces gens au sein d’une Cigale qui se remplit délicatement. Si les hommes derrière nous ont tendance à parler à voix haute comme s’ils étaient dans leur salon (après une remise à niveau, ils sont partis, zoup), le set est néanmoins émouvant et gracieux. Et si on devine l’impatience des uns et des autres, certaines personnes semblent bien être venues exprès pour Soak. Une jeune femme au premier rang murmure chaque parole. C’est un instant doux et bienveillant avec l’artiste qui nous dévoile son dernier album, If I never know you like this again.
The Murder Capital
En guise d’introduction retentit Bonnie And Clyde, entonné par Brigitte Bardot et Serge Gainsbourg. On se dit qu’ils auraient peut-être pu choisir un autre morceau pour nous souhaiter la bienvenue. Il s’écoule, dans son intégralité tandis que depuis notre perchoir on aperçoit en coulisses le groupe en train de sautiller.
Les voilà, enfin, avec The Stars Will Leave Their Stage extrait du dernier album, Gigi’s Recovery. Le show peut commencer ! James Mc Govern, toujours très charismatique, dans l’opulence et la démesure. Ils enchainent avec A Thousand Lives et Return My Head. Tout de suite l’explosion, et « return my head » repris en chœur par un public déjà survolté. Alors, « Paris, ça dit quoi ? « James nous interpelle, et cette petite phrase sera ainsi le letmotiv de la soirée. Après qu’on soit accueilli.e.s avec un joyeux « Bienvenue en Irlande ! », The Murder Capital poursuit avec le nouveau et sublime single, Heart In The Hole. Inutile de préciser qu’on attend la suite avec impatience… La foule s’amasse et se déploie.
Le groupe poursuit avec l’introspectif The Lie Becomes The Self suivi par Crying qui rend la fosse totalement hors de contrôle. Parfait, car les musiciens font un détour vers leur premier album avec l’emblématique et fédérateur More Is Less. S’il faisait déjà très chaud dans la salle, on retire ainsi nos dernières couches de vêtements. On se plonge alors dans le pogo géant et on hurle avec James « More, More, More ». Les slams font leur apparition, nous poussant à nous demander quand le frontman fera lui aussi son premier.
Puis survient mon titre préféré, For Everything, dont je me rappelle la fureur en concert au Trabendo. Si ce soir-là, l’ambiance est bien électrique, l’engagement du groupe n’est pas aussi tenace. En effet, le morceau est joué à toute vitesse. Mais, il me reste ces riffs de guitares violents, et cette voix, qui égrène les mots magiques : « It’s not for everything at all, not for everyone, it’s not for everything at all ». Carnage dans mon cœur.
En préambule du prochain morceau, James se remémore leur première fois à Paris, cette ville qu’ils aiment tant. C’était à la Boule Noire. Que de chemin parcouru depuis. Comme au Trabendo, On Twisted Ground retentit alors. Et si je ne peux m’empêcher de penser que les larmes à la fin, le câlin au bassiste Gabriel Paschal Blake et le souffle rauque, tout ça, semblent un peu relever d’une mise en scène savamment orchestrée, il en demeure une force et une sensibilité indéniables. Et à chaque fois, je me dis la même chose : quel culot de faire bouger comme jamais le public pour ensuite le laisser suspendu à ses lèvres. Magique.
On se rapproche alors doucement de la fin avec Gigi’s Recovery puis Green & Blue. James, d’un air mutin, nous affirme que jusqu’à la fin du concert on ne va faire que sauter. Et c’est vrai ! Avec son tambourin, il marque le rythme sous les applaudissements du public. Suit Ethel, que le public connait sur le bout des doigts. Avec Feeling Fades, les slams s’enchaînent, sous le regard bienveillant du frontman qui les aide à chaque fois à prendre leur envol. Son « come here, come clother » retentit, invitant le public à se rapprocher encore plus (est-ce possible ?). La raison ? Evidemment, son saut dans le grand bain sous les « la, la, la-la » tonitruant de la salle. Finalement, le set se conclut, sans rappel, sur Don’t Cling To Life. James se laisse alors tomber dans la fosse, prenant son ultime shot de câlins.
On retiendra de cette soirée la douceur de Soak, le public survolté et l’énergie du groupe. James, ne cessera pendant tout le concert de serrer des mains, de s’approcher toujours plus près de la fosse, jusqu’à s’y baigner, amoureusement. The Murder Capital aime définitivement la scène (IDLES aussi apparemment, le frontman validant le tee-shirt d’un homme dans la foule). Et si le concert reste moins prégnant que celui en début d’année, on ne peut pour autant rien leur reprocher.
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