A ce jour, les membres de BLVL – prononcer Belleville comme le quartier parisien – restent inconnus au bataillon. Ils seraient issus d’une certaine galaxie de la scène française – et plus particulièrement métal voire hardcore parisienne – : Masss Hysteria, Dysfunctional By Choice, Comity, Doyle Airence ou encore Deliverance. Le 27 octobre, le quatuor nous fait découvrir un rock atmosphérique dans un premier album mystérieusement intitulé Martha hébergé par le label P3P6.
S’ils ne nous ont toujours pas révélé leurs identités civiles, les gars qui composent BLVL ont une identité musicale propre, éloignée des formations desquelles ils sont originaires. Après deux EP Turning worlds en 2020 et Empire of nights en 2017, le quatuor masqué déballe un album spatial à 10 titres particulièrement ambitieux : Martha.
Luperci city ouvre l’opus. Il y a quelque chose qui flirte avec le doom mais finalement c’est plus perché que ça et il y a cette boucle qui vous rattrape. C’est ténébreux et la voix plane comme une sorte de lumière tamisée qui veille sur l’auditoire.
The 360 Holes Bird nous emmène sur des terres un peu plus ancrées dans la new wave, où la voix nous rappelle un certain Dave Gahan. Sans transition et efficacement, Lion’s claws fait monter en puissance l’atmosphère générale, emprunte les chemins plus froids de la coldwave et nerveux du post-punk. A night with the devilfish prend une toute autre direction, plus aérienne où les synthés sont plus posés.
Accalmie avec Dogs vs Foxes, étonnante pièce de l’album avec une part belle aux voix vodocodées et une envolée dans un genre presque plus symphonique. Une hybridité qui fait son petit effet.
Black widow’s addictions redirige vers un rock atmosphérique de la même manière que Bat Calls Without Walls qui arrive un peu plus loin dans l’album. Des morceaux qui prennent littéralement leur envol vers des cieux peu fréquentés. On adore l’installation progressive du morceau The Serpentine song qui prend la suite.
Vincent Mercier de Mass Hysteria vient contribuer au morceau Chase the dragon, sorte d’épopée fantastique qui s’étend sur un peu plus de 4 minutes. Martha s’achève sur un morceau fleuve avoisinant les 7 minutes, profond : Sunday Sparrow. Presque cinématographique, le morceau invite à penser des paysages tout droit sortis de jeux vidéo.
Le premier album des BLVL est une traversée mystérieuse dans les genres obscurs qui toutefois s’avoue une dominante atmosphérique. Certains morceaux font penser aux couleurs mélancoliques des suédois Opeth sur leur album Damnation. Quand on n’est pas familier de l’univers, on navigue dans les esthétiques énigmatiques tout en se laissant porter dans ces eaux troubles. Le décor onirique est posé, en s’improvisant synesthètes on se laisse porter par du pourpre et des dorures, il ne nous reste qu’à découvrir scéniquement !