Et si la musique de demain se construisait à la Goutte d’Or ? Depuis 2020, FGO-Barbara organise son festival de musiques actuelles fin novembre, profitant de la trêve sonore entre le Mama Festival au mois d’octobre et les Transmusicales de Rennes en décembre. Le festival Ici Demain présentera durant trois soirées 28 artistes aux univers créatifs larges et variés sélectionnés avec passion par Léo Jouvelet et Pascal Stirn.
Pour autant, Ici Demain, est plus qu’un simple festival. Il s’inscrit dans la démarche d’accompagnement des jeunes projets mis en œuvre par le Pôle Création Artistique de l’établissement culturel tout au long de l’année. Il se pose en complément de dispositif comme Variation(s) (pour les artistes et groupes parisiens), le Prix Cécile Pollet en partenariat avec Les Trois Baudets (jeune création féminine de chansons « à texte ») ou encore Planète Elles (pour que le rap et le beatmaking franciliens puissent se vivre et s’épanouir au féminin). Ici Demain permet d’expérimenter, de se préparer et de se confronter – souvent pour la première fois – à la scène dans un environnement bienveillant et aidant.
Dans les locaux de FGO-Barbara réaménagé pour l’occasion, deux scènes se répondent. La première au rez-de-chaussée – la salle de concert que l’on connaît – et une autre aménagée spécialement pour le festival à l’étage avec toile de fond le métro aérien qui passe. Deux ambiances, deux scènes qui communiquent entre-elles par l’intermédiaire des deux escaliers que l’on emprunte au fil de la soirée. On monte et on redescend, emportés par le flux et le reflux de la programmation. Sans a priori car il s’agit d’un festival résolument tourné vers la découverte. Vous ne connaissez pas les artistes présentés ? Tant mieux ! C’est l’occasion de se laisser porter par la curiosité. On s’empare des quelques noms que l’on connaît pour – surtout – en découvrir d’autres. Et c’est ce qui en fait son attrait principal et sa spécificité. Et ça, on adore !
Avec le choix coup de cœur – forcément subjectif, mais aussi pertinent – des deux programmateurs, Ici Demain vous permettra de mettre dès aujourd’hui des images et des notes de musiques sur des projets dont on parlera demain.
Car si l’on regarde les éditions précédentes, de nombreux noms alors peu connus, ont aujourd’hui trouvé une résonance certaine dans le paysage de la scène musicale actuelle. Pour ne citer qu’eux : 47Meow– Aghiad – Demain Rapides – Lisa Ducasse (en 2022) Yoa – Nikola – Zaho de Sagazan – Kids Return – Benjamin Epps (en 2021) ou encore Ottis Cœur – Ussar – The Doug – Yolande Bashing (en 2020).
Cette année la programmation est tout aussi éclectique et prometteuse que les éditions précédentes. Voire davantage, car, plus on la parcourt, plus on est impatient de la découvrir sur scène. Résolument crossover, le festival joue sur le mélange des styles musicaux. On peut parler de pop, de rock, de chanson, de jazz, de musique urbaine, mais également – si on se refuse à la cataloguer – de musique hybride. Une musique aux multiples influences, qui ne souhaite pas s’inscrire dans un courant musical particulier. En trois soirées, Ici Demain se fera la palette du peintre. Celle qui permet de mélanger les différentes couleurs musicales pour composer le tableau des musiques de demain.
Mercredi 22 novembre
Noor aura l’honneur d’ouvrir mercredi le festival dès 20h avec ses délicates et touchantes compositions.
Nina Versyp prendra le relais pour nous emporter, loin, dans son univers avec sa folk sombre et onirique. Frissons garantis.
Jazzy ou délicatement RnB, Claudia Isaki fera résonner la scène du haut avec sa belle et singulière voix.
On connaît peu de choses encore du projet Past Life Romeo si ce n’est qu’il est porté par Camila Djadja (Sugar Pills) et qu’il semble musicalement très intrigant.
Nemo quant à lui vient de signer chez Pan European Recording – belle carte de visite, non ? – nous fera danser avec ses compositions aussi additives que décomplexées. À ne pas louper !
On ne vous présente plus DITTER qui fait déjà partie – côté La Face B – de nos chouchous. C’est explosif, efficace et bigrement bien construit. Vous avez peut-être déjà croisé Rosa, la chanteuse, dans son autre projet Denys Roses. Vous retrouverez son énergie et son inventivité dans DITTER !
Cobra qui prendra le relais sur la scène du haut sera très vraisemblablement une belle découverte à faire. Des compositions electro-pop qui se réinventent au fil de ses boucles sonores, de la matière brute qui se raffine lorsqu’elle vous atteint.
Mercredi se refermera avec un autre projet jubilatoire, celui d’Emile qui associe son enthousiasme (très contagieux) avec des prods (très efficace) de Lewis Ofman. Pas mal, non ?
Jeudi 23 novembre
Jeudi devrait être tout aussi attrayant. En ouverture, Célia Kameni nous fera voyager dans ses contrées imaginaires aux paysages sonores dessinés avec de délicates notes de jazz.
L’univers d’Imane El Halouat est davantage rock, peut-être plus accidenté, mais tout aussi mélodieux avec ses belles envolées.
Imaginaire également fécond et très architecturé pour Kaben. Prods hybrides et fortement addictives. On devrait prendre plaisir à s’y égarer en les sillonnant en leur compagnie.
Tout aussi dépaysantes, les partitions d’Hanaa Ouassim nous porteront loin. Les tonalités orientalisantes nées de ses racines marocaines se mêlent à des nappes électros aux composantes énigmatiques. Nouvelle signature de Pan European Recording, elle a collaboré avec Léonie Pernet, Maud Geffray ou encore Flavien Berger et Bonnie Banane dans leur relecture du répertoire d’Areski et de Brigitte Fontaine lors de l’Hyper Week-End Festival 2023. Jolies références, non ?
Très curieux également de découvrir Arthur Fu Bandini qui pourrait être un personnage sorti d’un roman de John Fante, sombre et passionné. La narration est importante dans ce projet qui flirte avec la chanson française au sens large entre Charles Aznavour et Feu Chatterton. Derrière Arthur Fu Bandini se tapit Arthur Jacquin que l’on a déjà croisé associé à Lou Lesage dans l’élégant et gainsbourien duo Soleil Bleu. Il n’a publié pour le moment qu’un seul titre- L’être à vous – beau et poignant. On a hâte de découvrir ses autres compositions sur scène.
Changement d’ambiance avec Biensüre qui est la « caution » marseillaise du festival (l’an dernier, nous avions les excellents Social Dance). Preuve que l’on peut trouver sa place entre Altin Gün et Johan Papaconstantino, en truc et en français, le groupe psyché disco kurde va enflammer FGO-Barbara, c’est certain !
Err Walou vient de Bruxelles avec un projet hybride entre rap, électro et chanson à la structure aussi inclassable que celle de Timothée Joly, interpellant.
Moyà fermera la journée du jeudi et ça devrait être puissant avec ses compositions électros qui s’écoutent à 100 à l’heure.
Vendredi 24 novembre
La dernière soirée d’Ici Demain prend souvent les couleurs des musiques urbaines. Ce sera encore le cas cette année. Univers singulier pour Surprise qui vous accueillera vendredi à 20h et vous ouvrira les pages de son journal intime. Introspection, sensibilité et charge émotionnelle, le rap peut aussi se vivre ainsi.
ADVM navigue entre fragilité et egotrip. La musique urbaine sensible peut également se conjuguer au masculin.
Arøne, sans doute une belle découverte à faire sur la scène du haut. La mélancolie qu’elle partage – loin d’être un aveu de faiblesse – est fédératrice et motrice.
Dans la salle du bas, extrêmement curieux de découvrir le collectif 135 sur scène. Entre rap et musique de club, il est certain que cela va jouer très fort. Reste une inconnue, combien seront-ils sur scène ? Car 135 est multiple !
Pendant qu’ils finiront sur la scène du bas, Mandyspie commencera à s’hybrider sur celle du haut. Ses compositions très architecturées naviguent entre rap et électro.
Singulier et touchant. Plus classique, mais tout aussi prenant, le rap de TH s’organise à partir de structures narratives que l’on pourrait penser être issues de séries animées.
Feel s’inscrit dans le moment présent. Il orchestre dans ses compositions toutes les pensées qui lui viennent, multiples et éclectiques. Et c’est tout sauf linéaire !
Selug & Senar fermeront le festival Ici Demain avec leurs pistes empreintes d’amertume et de sensibilité. Eternel retour avant que le jour se lève.
Pour vivre l’expérience Ici Demain, réservez vos soirées du mercredi 22 au vendredi 24 novembre ! Cela se passera à FGO-Barbara : Ici Demain