Hinako Omori : « Parfois, ne pas savoir exactement ce que l’on fait peut être très libérateur »

Nouvelle prodige du synthé, à la croisée entre ambient et sonorités plus traditionnelles, Hinako Omori a dévoilé ce 27 octobre son deuxième album stillness, softness… Rencontre avec une artiste à la vision et au parcours uniques, entre musique classique et traditions japonaises, en passant avant tout par beaucoup (beaucoup) d’expérimentation.

Hinako
Crédit : Luca Bailey

ENGLISH VERSION BELOW

La Face B : Hello Hinako et encore félicitations pour ce nouveau projet ! Comment est-ce que tu te sens quelques jours après la sortie de l’album ?

Hinako Omori : Honnêtement, je suis assez soulagée que l’album soit sorti ! C’est un véritable honneur de pouvoir échanger avec des personnes que je n’ai jamais rencontrées autour de ma musique. Beaucoup m’ont fait part de la manière dont l’album a résonné en eux avec une grande bienveillance, et ça me touche vraiment énormément.

La Face B : Peux-tu nous en dire un peu plus sur la manière dont tu as commencé ta carrière ? La musique a-t-elle toujours été une évidence pour toi ?

Hinako Omori : J’ai commencé à faire de la musique vers l’âge de 5 ans; je voulais vraiment jouer du piano après avoir vu des pianistes incroyables en concert. Ma mère m’a aidée à prendre des leçons, et j’ai donc appris le piano jusqu’à la fin de mes études, vers l’âge de 21 ans. 

J’adore la musique classique, mais à l’époque, j’avais aussi envie d’explorer d’autres univers qui laissaient davantage de place à l’improvisation. Il y a évidemment des domaines dans le classique où l’expérimentation est aussi la bienvenue, en particulier dans la musique classique moderne, mais j’étais curieuse de voir à quoi ressemblaient les choses en dehors de cette sphère.

Ensuite, j’ai étudié l’ingénierie sonore à l’université et, grâce à mon professeur de l’époque, qui était passionné de synthétiseurs analogiques, j’ai commencé à explorer le monde des synthétiseurs. Je travaille dans la musique depuis que je suis à l’université, à la fois dans des maisons de disques et comme musicienne de session pour d’autres artistes. C’est pendant la pandémie, ou juste avant, que j’ai trouvé le courage de commencer mes propres compositions. La pandémie nous a permis d’avoir beaucoup plus de temps que d’habitude parce que le monde s’est comme arrêté, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à travailler sur mon premier album.

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Crédit : Luca Bailey

La Face B : Tu as donc commencé à faire de la musique pour ton compte il y a seulement quatre ans, même si tu étais déjà musicienne depuis bien plus longtemps. Y a-t-il eu un élément déclencheur qui t’a poussée à te lancer dans une carrière solo ?

Hinako Omori : Je pense que la pandémie a tout de même joué un rôle important, car elle m’a tout simplement donné plus de temps pour travailler sur ma propre musique. Avant ça, j’étais avec une amie très proche, Hannah Peel – qui est une artiste extraordinaire – dans un groupe qui se réunissait environ toutes les deux semaines, ce qui donnait lieu à un très bel échange d’énergie entre des artistes indépendants partageant les mêmes idées et se soutenant les uns les autres.

À l’époque, je ne faisais pas vraiment ma propre musique, et Hannah m’a vraiment encouragé à le faire. Elle m’a invitée à remixer l’une de ses chansons, et je pense que c’est la première fois que je me suis vraiment assise et que je me suis dit « Bon, je vais essayer de faire quelque chose ». La joie que j’ai ressentie lors de cet échange – et l’apparition de cette nouvelle voie créative dans mon esprit – m’a incitée à continuer, et je pense que c’est ainsi que ça a commencé pour moi.

Hinako
Crédit : Luca Bailey

La Face B : C’est assez surprenant d’apprendre que tu as un passé dans le classique, car aujourd’hui, ta musique semble paradoxalement être très intuitive, alors que la musique classique est justement connue pour avoir des règles assez strictes. Est-ce que tu penses que cela a eu un impact sur la liberté de ton art, et comment as-tu réussi à trouver ton équilibre ? 

Hinako Omori : Je ne voudrais pas que mes propos découragent ceux qui étudient la musique d’une certaine manière, car je pense que chaque parcours est unique. Cependant, je pense que personnellement, bien que j’apprécie beaucoup la musique classique, il y a eu un moment où j’ai eu l’impression que les règles étaient trop strictes, comme tu l’as mentionné, et je me suis mise dans ma propre case où j’avais l’impression que je ne pouvais rien faire de plus que ce que les conventions nous disaient de faire. Après, peut-être que c’était juste un peu trop expérimental dans mon esprit ! (rires)

J’ai étudié l’ingénierie du son à l’université dans le but de devenir ingénieure en studio – je suis très reconnaissante pour tout ce que j’ai appris pendant mes études, et même si c’est un monde auquel je suis toujours très liée grâce à mes amis ingénieurs du son, c’était aussi une période de ma vie où je me suis naïvement convaincue que je devais m’en tenir à ce qui était considéré comme « correct », que ce soit les « meilleures » conditions d’enregistrement, la « meilleure » technique vocale ou les « meilleures » techniques d’interprétation. 

Comme je n’ai pas vraiment étudié l’écriture, la production ou la composition, c’est encore très nouveau pour moi et je suis juste mon intuition, sans vraiment savoir ce que je fais. Ça fait vraiment chaud au cœur d’entendre que ma musique a résonné avec toi de cette manière, parce que j’essaie de ne plus trop penser aux règles et je pense que cela a vraiment ouvert une nouvelle voie dans mon esprit pour la création. Jusqu’à la fin de mes études, je me conformais encore à ces techniques – qui existent bien sûr pour de très bonnes raisons. Je pense que j’ai beaucoup appris de cette période et le fait de pouvoir m’aider de ces techniques aujourd’hui, tout en essayant de nouvelles choses sans me restreindre, m’est très utile.

Je n’ai pas une formation très poussée en électronique, donc pour moi, c’est vraiment une question d’expérimentation. Maintenant que j’ai passé quelques années avec des synthétiseurs, je comprends mieux comment obtenir un certain son. Au début, je n’étais pas sûre de ce que je faisais, donc je tâtonnais un peu et cette curiosité a fait naître en moi tout une partie de moi dont je n’avais pas encore conscience – parfois, ne pas savoir ce que l’on fait peut être très libérateur.

Hinako
Crédit : Luca Bailey

La Face B : C’est assez impressionnant parce que bien que tu sois encore en train d’expérimenter et d’affiner ton style, ton travail dégage déjà une grande cohérence. Peux-tu nous en dire plus sur le déroulement de ton processus créatif ? 

Hinako Omori : Quand je fais de la musique, je commence généralement par expérimenter avec différents synthétiseurs. En général j’arrive en studio, je m’assois simplement avec un synthé, j’appuie sur la touche « enregistrer » de mon ordinateur, et tout ce que je ressens ce jour-là sort sous forme de sons ou de mélodies. Puis je les enregistre et je n’y pense plus pendant un moment. Pour mes deux albums, j’avais seulement un cadre en termes de délai à respecter – cela m’a été très utile, sachant que pour tout le reste, je n’ai pas vraiment besoin d’avoir une structure, mais avoir une deadline m’aide vraiment parce que ça me permet de me concentrer davantage. La plupart du temps, mon processus créatif consiste simplement à assembler des enregistrements de sonorités antérieures – parfois, j’écris quelque chose entre-temps, mais il s’agit généralement d’un collage de choses qui existent déjà.

Et quand je commence à réfléchir à la manière dont les morceaux devraient être assemblés, les chansons semblent toujours s’emboîter directement, comme les pièces d’un puzzle. Ce n’est pas vraiment quelque chose auquel je pense consciemment, mais je suppose que mon inconscient m’a permis de le faire. Par exemple, je vais choisir une chanson et me dire « Oh, ça pourrait être une très bonne introduction ». Puis naturellement, il y aura une chanson qui commencera dans la même tonalité où la première s’est terminée – donc c’est vraiment fluide : d’une certaine manière, je pense que les chansons choisissent elles-même dans quel ordre elles souhaitent être.

J’écris également les paroles complètement séparément du reste : la plupart du temps, ce sont simplement des phrases que j’écris sur mon téléphone. Souvent, le thème de l’album ne m’apparaît clairement qu’une fois qu’il est terminé – et même après sa sortie, le thème continue à évoluer. Je trouve ça très intéressant car découvrir le thème seulement à la fin me permet de comprendre quels processus j’ai inconsciemment mis en œuvre pour créer le projet.

Crédit : Luca Bailey

La Face B : Un autre aspect sur lequel je me questionnais, c’est le changement entre ton dernier EP, qui était vraiment centré sur tes compositions, et le nouveau, qui met plus en avant ta voix et ton écriture. Y avait-il une chose spécifique que tu souhaitais transmettre en incorporant plus de paroles ? 

Hinako Omori : C’est marrant parce que je ne vois pas vraiment tant de changement entre les albums, mais j’imagine que c’est juste dans ma tête ! (rires) Dans l’album précédent, le mix de ma voix était bien plus bas – je l’ai toujours considérée plus comme un synthé ou comme une couche de texture supplémentaire. J’ai toujours été angoissée par le fait de la mixer plus fort qu’elle ne devrait l’être, donc elle a toujours été assez basse, ce qui explique peut-être pourquoi les gens ne la remarquent pas tant que ça dans le premier album. 

Avec stillness, softness…, le thème qui m’est apparu après avoir terminé l’album était cette sorte de retranscription sonore d’une quête d’éclaircissement des ténèbres de notre esprit. Chaque chanson se fond dans la suivante – l’idée était que chaque morceau est une comme une pièce dédiée à un souvenir à laquelle nous accédons dans notre esprit, qui sont chacune reliées entre elles par des couloirs neuronaux, d’où leur continuité. Lorsque l’on active un souvenir, cela peut ouvrir la porte à de nombreux autres et nous donner une chance de les revisiter et de les accepter.

Je pense que c’est peut-être en passant moi-même par ce processus interne que j’ai voulu partager ces paroles-là sur l’album ; elles étaient toutes notées sur mon téléphone et, pour une raison ou une autre, sur le moment il m’a semblé juste de les associer à la musique que je faisais. Je ne sais pas vraiment ce qui m’a fait changer d’avis en ce qui concerne le fait de mixer ma voix plus fort, mais peut-être que la tournée du dernier album et le fait de chanter plus souvent devant des gens m’ont permis d’être plus à l’aise. Faire des concerts, et vivre des moments de partage et de connexion avec les gens à travers la musique m’a peut-être donné plus confiance en ma voix, mais ce n’était certainement pas une décision consciente ou intentionnelle !

La plupart du temps, ma musique résulte d’un grand nombre d’expériences en termes de sonorités, que je rassemble finalement en une sorte de collage, en essayant de comprendre ce qui les relie. Je ne commence généralement pas par l’écriture, c’est toujours la musique qui vient en premier – mais pourtant les mots existent en même temps, je les place simplement dans un endroit différent en attendant.

Crédit : Will Nash

La Face B : L’album a été enregistré et écrit entre Londres et Yokohama, au Japon. Comment est-ce que ces deux lieux ont influencé l’atmosphère et l’ambiance du projet ? Quelles ont été les principales différences dans le processus créatif d’une ville à l’autre ?

Hinako Omori : Je vis à Londres depuis l’âge de trois ans donc je m’y sens vraiment comme chez moi. Je vais au Japon une fois par an chez ma grand-mère, à Yokohama. C’était complètement nouveau pour moi de créer à la fois dans des états d’esprit et des lieux différents. La chambre où je reste chez ma grand-mère est très calme – nous sommes en hauteur, dans un grand immeuble, donc c’est vraiment paisible et on entend même les oiseaux chanter. C’est comme si tous les bruits parasites venant de la rue étaient étouffés, donc c’est vraiment agréable.

Lorsque je suis au Japon, j’essaie de passer le plus de temps possible avec ma famille, alors je ne fais de la musique presque que la nuit – et il y a une certaine énergie qui se dégage à ce moment-là, généralement entre minuit et 3 heures du matin. Parfois je perds vraiment la notion du temps, parce que j’ai l’impression d’être dans une sorte de bulle. Et en même temps, ma grand-mère dort juste à côté, alors je dois rester le plus silencieuse possible : c’est pourquoi ma voix semblent parfois presque chuchotée. Je n’ai pas voulu la réenregistrer en studio car je préfère garder une certaine authenticité : je voulais que tout reste tel que c’était prévu à l’époque où j’y ai pensé.

À Londres, j’ai l’impression que je travaille plus rapidement car j’ai accès à tout mon matériel. Au Japon, je n’avais qu’un set up très simple. Je pense également que le fait d’être entouré des choses que nous avons l’habitude d’avoir autour de nous, comme le parc du coin ou les activités de notre vie quotidienne, a une influence énorme sur notre imagination, et cela se répercute beaucoup dans ma musique.

Crédit : Will Nash

La Face B : À tes débuts, est-ce que tu cherchais dans la musique avant tout une voie d’expression personnelle, presque thérapeutique, ou était-ce plutôt un moyen de transmettre des émotions à ton public ?

Hinako Omori : Je crois qu’au fond, ça a toujours été une histoire de connexion émotionnelle avec les autres. J’ai plus d’expérience en tant que musicienne de session, où tu apprends les chansons et les paroles des artistes avec qui tu joues, et tu as la chance de vivre l’échange d’énergie avec leur public. C’est une réception et un don mutuel d’énergie. C’est quelque chose que mon amie Kae (Tempest), avec qui j’ai été en tournée, m’a appris en termes de connexion avec les gens dans la salle, et qui m’a vraiment marquée.

Je pense que lorsque tu crées quelque chose, cela provoque forcément des changements en toi aussi. C’est très important pour moi de savoir comment ma musique touche ceux qui l’écoutent. C’est pourquoi je veille à ne pas trop détailler ce à quoi je pensais lorsque j’ai écrit les morceaux : je préfère laisser cela ouvert à l’interprétation plutôt que de restreindre ma musique à ma seule perspective. Je sens que ça ouvre une vraie communication entre nos esprits, et c’est précisément ce à quoi j’aspire.

La Face B : Tu expliques ne pas vouloir imposer une interprétation précise au projet, mais qu’espères-tu que ton public ressente et retienne de l’écoute de l’album ?

Hinako Omori : Pour moi, le thème central reste ce rapport aux ombres. C’est quelque chose qui revient souvent dans les discussions que j’ai avec mes amis. Je crois que lorsqu’on commence à réfléchir à quelque chose, cette même chose commence de plus en plus à se manifester dans notre quotidien, comme si on l’avait invoquée : on en entend parler plus souvent, sûrement car on y prête davantage attention.

C’est un aspect dont je suis vraiment consciente, car en fin de compte, s’il y a quelque chose que nous réprimons émotionnellement, j’ai l’impression que la seule façon d’en guérir est d’y faire face, puis de l’accepter pour pouvoir être en paix. C’est un processus que nous traversons tous en tant qu’humains au cours de notre vie, alors j’espère que cela résonnera avec chacun, à sa manière.

Crédit : Luca Bailey & Emi Takahashi
(Cover de stillness, softness…)

La Face B : Je trouve que les visuels qui accompagnent ta musique sont une réelle valeur ajoutée puisqu’ils explicitent avec brio ce thème récurrent des ombres, en particulier avec l’esthétique noir et blanc que tu entretiens depuis un certain temps. Es-tu personnellement impliquée dans la direction artistique ou collabores-tu avec une équipe spécifique pour donner vie à cette vision ?

Hinako Omori : Je travaille en collaboration avec une amie très chère, Emi Takahashi, qui est une incroyable artiste franco-canadienne d’origine japonaise basée à Toronto. Je l’ai contactée en tant que fan de son travail, pour que l’on travaille autour des visuels de mon premier album, et elle m’a répondu qu’elle était intéressée. Elle a donc réalisé la pochette du premier album, qui était composée des photos du processus d’enregistrement, en pleine nature. Les idées d’Emi sont vraiment magiques – à travers sa vision et son art, elle m’a fait réaliser beaucoup de choses sur ma propre musique dont je n’avais jamais eu conscience.

J’ai également travaillé avec mon ami Luca Bailey pour la photographie – Luca a pris les photos de l’album, et Emi s’est occupée du côté plus graphique. Je suis un grand fan de leur travail, donc j’étais très enthousiaste et honorée de collaborer avec eux. Travailler avec Emi et Luca sur ce projet a été une expérience merveilleuse et surtout très inspirante. Je leur ai simplement fait part de l’idée de base que j’avais de l’aspect que je voulais donner à la pochette de l’album, et sans que j’aie besoin d’expliquer quoi que ce soit en détail, ils ont directement compris et tout s’est mis en place très facilement.

La Face B : Tu es sur le point d’entamer ta première tournée européenne. En tant qu’artiste qui occupe à la fois les rôles de productrice, musicienne, et chanteuse, comment ces facettes se combinent-elles lors de tes concerts ?

Hinako Omori : J’aime avoir autant de flexibilité que possible sur scène. Lors des concerts que j’ai fait pour l’album précédent, je n’avais pris qu’un seul synthé – à l’époque, c’était surtout pour des raisons logistiques, mais j’ai l’impression que cette contrainte s’est finalement avérée très utile. Le fait d’avoir un seul synthé a rendu les choses plus excitantes pour moi, puisque j’ai dû imaginer d’autres moyens de rendre le concert captivant.

J’adore expérimenter en live, alors maintenant je prends souvent plusieurs pédales vocales et de synthé. Ce que je trouve le plus intéressant en concert, c’est de réagir sur le moment, d’interagir avec le public, et de voir comment les morceaux se fondent naturellement les uns dans les autres. Ça fait vraiment sens pour moi de pouvoir expérimenter sur scène, car c’est ainsi que les chansons ont été créées à la base. J’aime garder une certaine liberté artistique en live, car cela reflète au mieux le véritable processus créatif à l’origine des titres que je joue.

ENGLISH VERSION

La Face B : Hello Hinako and congratulations on the release, how has the feedback been so far ?

Hinako Omori : I’m kind of relieved that it’s out in a way ! It’s been such an honour connecting with people that I’ve never met before,who have very kindly sent me some beautiful feedback about how it has resonated with them : it honestly means more than anything to hear this. 

La Face B : To begin with, can you tell us a bit more about how your musical journey started? Has music always been an obvious path for you or did your interest in it grow as time passed by ?

Hinako Omori : I started my musical journey when I was about 5; I really wanted to play the piano after seeing some incredible musicians perform – my mum very kindly helped me with some lessons, so I learned classical piano until I left university, at about 21. 

I love classical music, but at the time I also felt that I wanted to explore something that gave more room to improvisation. Although of course there are some areas where experimentation is very welcome, especially in modern classical music, I was still really curious to see what things were like outside of the classical sphere

I studied music technology at college, and through my music technology teacher who is a big analog synthesizer fan,, I started exploring the world of synthesizers. I’ve been working in music since university, at record labels and as a session musician for other artists. It was during the pandemic, or just before, that I found the courage to explore my own compositions as well. The pandemic gave us much more time outside of what we usually do because the world just stopped, and that’s when I made the first album that I released.

Crédit : Luca Bailey

La Face B : As you said, you only really started making music for your own four years ago despite being a musician for years before that. Was there another trigger than the pandemic that led you to start your individual career ?

Hinako Omori : I guess the pandemic played a big part as it gave me more time to work on my own music. Before that, I was with a very close friend of mine,Hannah Peel – who’s an amazing artist – in a social group that met up every couple of weeks or so, which led to a really beautiful energy exchange of like-minded independent artists that were supporting each other. At that time I wasn’t really making my own music, and Hannah really encouraged me to do so. She invited me to remix one of her songs, and I think that’s the first time I really sat down and thought “Okay, I’m going to try making something”. The joy I felt from that exchange – and opening that creative door in my brain – definitely inspired me to make some more, so I guess that was the start of that journey for me.

Crédit : Luca Bailey

La Face B : Learning about your classical background is quite unexpected because your music seems to be really intuitive, while classical music is known to have strict rules about what should and should not be done. Did that have an impact on paradoxically how free your art seems to be, and how did you find a balance between those two opposite ends of the spectrum? 

Hinako Omori : I wouldn’t ever want what I say to be discouraging for anyone studying any certain way, because I think every path everyone chooses is so unique to them. However, I think personally, although I really fully appreciate classical music, there was a time when I felt the rules were set too strictly just as you mentioned, and I put myself in my own box where I felt like I couldn’t do anything more than what the conventions were telling us we should do. Maybe it was a bit too experimental in my mind! (laughs)

I studied sound engineering at university with a view of becoming a studio engineer – I’m so grateful for everything I learned on the course, and while it’s a world I’m still very much connected with through engineer friends, it was also a certain time in my life where I naively convinced myself that I had to stick to how things  would be deemed “right”, whether it would be the ‘best’ condition to record in, or the ‘best’ microphone technique or the ‘best’ performance techniques… 

Because I didn’t study songwriting, producing, or composing, it still feels very new to me and I’m just going with my heart, not really knowing what I’m doing. It’s really heartwarming to hear that my music resonated with you in that way because I don’t think too much about the rules anymore and I think it has really opened a new path in my mind for creating. Up until the end of university I was very much still abiding by these techniques which are of course there for very good reasons – I think I’ve learned so much from that time and having this to bounce off of and try something new is maybe where my head is at the moment.

I don’t have a very strong background in electronics, so for me it’s very much experimenting – now that I’ve spent a few years with synthesizers, I have a better understanding of how to make the sound that I want to make. In the beginning I wasn’t sure of what I was doing and that curiosity sparked a whole side of me that I wasn’t aware that I had -I think actually sometimes not knowing what you’re doing can be very freeing in a way.

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Crédit : Luca Bailey

La Face B : Although you are still experimenting and trying to find your way, everything feels very cohesive. I’m curious about your creative process overall. Is it a matter of creating individual songs and later discovering their synergy, or do you start with a project concept in mind? How does that process unfold for you?

Hinako Omori : When I’m making music, it generally starts with an exploration of the synthesizers. When I’m in the studio, I usually just come in, sit with a synthesizer, press record on my laptop, and whatever I’m feeling that day comes out as sounds or melodies and then I just save it and don’t think about it for a while. For both albums, I had a framework in terms of a time frame that I needed to finish by -that’s been extremely helpful for me, knowing that with everything else I don’t really have to have a structure, but a time frame helps me because it makes me focus in a way that I wouldn’t have done otherwise.

A lot of the time the creative process is simply piecing together previous recordings –  sometimes I write something in between, but it is usually more of a collage of things that already exist And somehow when I start thinking about how the assembling of the pieces should go, somehow the songs always seem to fit in like a puzzle : it’s not really something that I’ve consciously thought of, but I guess something subconsciously has enabled me to do that. It’s like; I pick a song and then I think “oh that could be a really nice opener” and then naturally there’ll be one song that starts in the key that the first one finished in – so it just feels really fluid : in a way I think the songs tell me what order they want to go in. 

The lyrics are also written separately : most of the time they are things that I write down on my phone. Often, the theme of the album only becomes clear to me once it’s finished – and then even when it’s out, the theme continues to evolve for me. I find it so  interesting what it shows me personally, what processes were gone through internally to create the record.

Crédit : Luca Bailey

La Face B : It is such a unique approach yet it feels effortlessly natural and I think the authenticity is what makes it that inspiring. That is what really stood out to me in your music so it is great to learn more about it ! Another thing I was wondering about is the shift from your last EP, which leaned more towards instrumentals, to your new one featuring more lyrics. Was there a specific thing you aimed to convey by incorporating more lyrics ? 

Hinako Omori : It’s funny because I don’t really see a shift in the albums (laughs), but it is just in my mind of course! In the previous album we mixed my voice lower- I’ve always seen my voice more as a synth or as a texture layer. I was always self-conscious of mixing it louder than it should be so it has always sat quite low in the mix, which is maybe why when people listen to the first album they don’t focus on the words so much. 

With “stillness, softness…”, the theme that came to me after finishing the album is a sonic map of shadow work, a quest to shine a light on the darkness. Each song merges into one another – the idea was that each song is a memory room that we access in our minds, and they’re connected together via neural corridors. When you activate one memory, it can open doors to lots of memories and gives us a chance to sort of revisit them, heal them and come to peace within ourselves.

I think maybe going through that process internally as well, I wanted to share these particular lyrics on the album; they were all notes on my phone and for some reason it just felt right to pair them with the music that I was making at the time. I’m not really sure what changed my mind in terms of mixing my vocals louder but perhaps from touring the last album and singing more in front of people, maybe I’ve become  much more comfortable using my voice. The process of touring, sharing, and connecting with people through music has perhaps given me more confidence to use my voice more, but it certainly wasn’t a conscious decision or something I decided to do intentionally!

A lot of the time the music consists of lots of different experiments and sounds that I’ve explored, and eventually putting them together in the collage and finding the flow between them. I don’t usually start with the words, it’s always the music first -but the words exist at the same time, I just put them in a separate home. 

La Face B : The album was recorded and written between London and Yokohama, in Japan. How did these locations influence the atmosphere and mood of the album? What were the differences in the creative process from one city to another ?

Hinako Omori : I have lived in London since the age of three so I’m very used to being here. It feels like home to me. I visitJapan once a year and I stay with my mum and my grandma in Yokohama. It was quite a new thing for me to create in different headspaces and locations. The room that I stay in at my grandma’s house is very quiet – we are quite high up in a tall building block so it’s very peaceful. It always feels like the sound on ground level is covered by blankets from where we are, and it feels very soft.

Also, when I’m in Japan I love to spend as much time as I can with my family so I’m only really making music at night – and there’s a certain energy that happens at that time, usually from midnight to 3am – sometimes I just really lose track of time because it feels like a very quiet soft bubble. At the same time my grandma is sleeping next door so I have to be very quiet, which is why the vocals sometimes sound very whispered. I didn’t change them – it felt right to keep it authentic rather than re-recording it back at home in the studio. I wanted to keep everything as it was intended at that time that it came to me. In London I feel like I work faster as I have access to all my equipment – in Japan I had a very simple portable setup with me.

I think also being surrounded by things that we are used to having around us, like the local park or whatever we do in our day-to-day lives is a huge influence, and I think the energy that I receive from these activities definitely feeds back into the music – both locations are very special to me. 

La Face B : In your music journey, was your aim more about personal expression and finding therapeutic value or about communicating emotions to your audience? What initially inspired you to dive into music? 

Hinako Omori : I think ultimately, it has always been about the emotional connection with others. I come from more of a session musician background, where you’re really learning the songs and the words of the artists you’re working and playing with, and you also have this chance of experiencing their audience and how the energy is exchanged. You receive and you also give. It’s something that my very dear friend Kae (Tempest), who I tour with, has taught me in terms of connecting with people in the room, and something that has really stayed with me. 

When you’re making something, things within you are also changing – it really means a lot to me to hear how the music resonates with others. I think that’s why I’m also conscious of sharing too much about what I was thinking about when I’m writing- I’d much rather it be left open to perception rather than putting the music in a box. I feel like it opens a door of communication between us, and that is the best possible outcome I could imagine!

La Face B : You mentioned not wanting to impose a specific interpretation on your project, but what’s the core message or expression you aimed to convey through this record? As both a composer and musician, what are you hoping your audience takes away from the experience of listening to your albums?

Hinako Omori : I think the theme of the shadow work. It is something that has come up a lot in conversations within my friends group – and I guess once you start thinking about something, you manifest it in your environment, you hear about it through different channels. It is something that I’ve been really conscious of, because ultimately, if there’s anything that we are suppressing emotionally within ourselves, I feel like the best way to heal from that is to really face it and embrace it, and take it to a place of peace. That’s something that all of us as humans go through throughout our lives, so I hope it’s something that people can resonate with, in their own way. 

Crédit : Luca Bailey & Emi Takahashi

La Face B : The visuals accompanying your music often have a strong artistic and narrative element, especially with the consistent black and white aesthetic you’ve been cultivating for some time. Are you personally involved in the artistic direction, or do you collaborate with a specific team to bring this vision to life?

Hinako Omori : I work very closely with a dear friend, Emi Takahashi, an incredible French-Japanese-Canadian artist based in Toronto. I had the honour of connecting with her for my first album – I reached out as a fan of her work and Emi very kindly said that she would be interested in working together, so she made the artwork for the first album which incorporated photos from the recording process. Emi’s insights are so magical – through her vision and art she has shown me much more about the music than I have ever been aware of. I also worked with my friend Luca Bailey for the photography – Luca took the album photos. I am also a big fan of his work, so I was so excited and honoured to collaborate together.

La Face B : I feel like it overall really adds something to the project in itself because it self-explains this shadow work thing that you aimed at conveying with the project so it is very interesting to know that the visuals supporting it result from the collaboration between two people on two opposite sides of the world. 

Hinako Omori : Having the chance to collaborate with both Emi and Luca on this project has been such a wonderful and inspiring experience. I had an idea of how I wanted the album artwork to look, and without me having to really explain much at all, they completely understood – it all came together very easily.

La Face B : You are currently on your first UK and Europe headlining tour; as someone who juggles roles as a producer, musician, and singer, how do these facets come together during your live performances?

Hinako Omori : I love to keep things as open as possible!  With the last album, I took one synthesizer – at the time it was really a logistical decision but I feel like limitations are really helpful for me : having one synthesizer opened the possibilities and it just made it more exciting, like : I just have this one thing, how can I make it more interesting for someone watching the show ? 

I love experimenting with hardware live, so I have a bunch of vocal pedals, synth pedals. I guess it’s more about reacting in the moment and connecting with people in the room, and seeing how the songs will melt into each other naturally. Experimenting on stage is exciting for me because it is really how the songs came about – I love keeping things open because it is most true to the creative process.