Clips de la semaine #197 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 197ème sélection.

Bolis Pupul – Completely Half

Ce mercredi 29 novembre, alors qu’il venait de délivrer un nouveau concert parfait avec sa comparse Charlotte Adigéry, Bolis Pupul en profitait pour nous présenter le premier extrait de son premier album, A Letter To Yu prévu pour mars prochain.

Completely Half, c’est le premier pas d’une réconciliation intime. Avec ce titre, le belge nous raconte son histoire, celle d’un garçon jamais complet, toujours à moitié lui même. Une histoire d’origine à retrouver, de pouvoir enfin laisser une certaine honte de côté et de se révéler en totalité.

On retrouve dans le morceau le sens du rythme inné de Bolis, cette classe évidente et discrète qui nous entraine immédiatement dans sa musique. Surtout, on découvre pour la première fois sa voix, sans filtre, fragile, qui apporte un supplément d’émotions qui nous font aimer Completely Half à 100%.

Pour accompagner le morceau et son propos, Bolis Pupul et Bieke Depoorter se sont logiquement offert un voyage à Hong-Kong pour réaliser le clip qu’ils nous présentent.

Une plongée dans les rues, dans les lieux, chez les gens où l’on suit Bolis en pleine (re)découverte de cet endroit qui fait parti de son histoire personnelle qu’il a décidé d’embrasser pleinement.

On a clairement hâte de découvrir la suite.

STRFKR – Armatron

10 ans c’est long, c’est même très long … 10 ans c’est ce qui nous sépare du dernier concert de STRFKR en Europe. On garde des souvenirs très forts de leur passage à Lille et en Belgique où nous avions eu la chance d’être à l’époque.

Les retrouvailles sont prévues pour mardi au Badaboum et pour fêter ça dignement le groupe de Portland nous offre un petit bonbon pop du nom d’Armatron.

Sans surprise, on retrouve avec bonheur le « son » STRKFR, ses sonorités épiques, ses chœurs vocaux dingues et ce groove assez imparable qui nous donne en quelques secondes l’envie de danser tout en ayant la tête dans les étoiles.

Pour accompagner le morceau, c’est une vidéo animé qui nous est offerte. Réalisée par Edward Carvalho-Monaghan, on se retrouve embarqué dans un trip psychédélique, en mouvement permanent, rempli de couleurs éclatantes, d’images étranges et de formes qui nous emmènent très très loin …

Une nouvelle pépite à écouter en boucle en attendant de les retrouver sur scène, enfin.

Thomas de Pourquery – Rise Again

Une brèche dans la réalité, un petit carré qui se transforme et nous entraine dans un autre monde, un monde plus lumineux, plus enlevé, celui de Thomas de Pourquery.

Artiste aux multiples talents, Thomas de Pourquery fait le grand saut de l’album solo et s’offre donc une « renaissance » avec le merveilleux Rise Again.

Des synthés sexys, une ligne de basse que ne renierait pas Peter Hook, un saxophone épique et chaleureux … La présentation sonore du nouveau projet du musicien a tout de la petite merveille qui nous fait vibrer. Un morceau qui pousse à la vie, à l’extravagance, au sourire et à la danse.

Cela tombe bien, c’est exactement ce que l’artiste cherche dans la vidéo de Tom Dream. On le suit dans cet univers parallèle, psychédélique et innoncent où il se promène, charismatique et étincelant, nous poussant à le suivre dans cette danse sans fin vers le bonheur et la joie.

Et si Thomas de Pourquery était le gourou dont nous avons besoin en 2024 ? Réponse bientôt, mais avec ce nouveau titre, le bonhomme nous enchante clairement.

Samba De La Muerte – 1989

Samba De La Muerte a apporté une lueur bienvenue à cet automne morose avec son dernier album, Ornament. Ce bijou musical est magnifiquement représenté par le titre 1989, dont le clip se distingue par son ambiance intimiste. Les spectateurices sont plongé.es dans une interaction captivante entre la caméra et la protagoniste, une danseuse à la fois envoutée et envoutante. C’est une valse en solitaire où l’expression de soi prend le devant de la scène, offrant une échappatoire artistique lorsque le chaos semble dominer les émotions.

Le clip, à travers son esthétique visuelle et ses mouvements gracieux, capture le contraste entre l’intériorité de l’âme et la froideur extérieure. La musique de Samba De La Muerte devient ainsi une source d’énergie, évoquant la résilience et la renaissance sont maîtresses.

Au cœur de cet hiver gris et froid, le décor boisé et chaleureux du clip contraste avec la froideur extérieure. La vie semble déborder de ce corps qui a peut-être été trop longtemps en dormance. L’écoute de 1989 procure une sensation unique, un passage de l’hibernation à la lumière. La musique transporte l’auditeurice de l’obscurité vers une éclatante aube, faisant disparaître les embûches du frimas hivernal.

Yard Act – Petroleum

Après The Trench Coat Museum et Dream Job, vocii déjà le troisième extrait du second album Where’s My Utopia ?. On peut d’ores et déjà affirmé que c’est un banger. De toute façon, Yard Act  ne sait faire que ça.

Le chanteur James Smith est un nouveau papa heureux. Il jouit de pouvoir concilier vie familiale et vie d’artiste. Mais cette dernière impose de répéter des shows loin de chez soi. La motivation baisse et ne reste que les billets pour se donner un peu l’envie de jouer. C’est ainsi qu’est né Petroleum. Mais l’état d’esprit reste décalé tout comme dans le clip où la bande se la joue rockstarz avec en guest la drolissime Rose Matafeo et le guitariste Sam Shipstone qui emprunte le look de Marek Zerba. La bande continue d’explorer de nouvelles sonorités bourrées de référence ironiques. Ici, le low tempo dansant accompagné de touches électros bruitistes et réalistes sont clairement un clip d’oeil à Beck avec l’album Odelay. Bref, ils nous régalent encore!

Aghiad – Liman

Le premier EP d’Aghiad s’intitule Liman. Ce que l’on traduit par « refuge ». Un lieu où l’on s’abrite, qui peut prendre différente forme. Pour Aghiad, un repas de famille pourrait faire office d’abri. La réalisatrice Sharon Hakim fait d’un repas de famille l’acteur principal du titre éponyme Liman. A travers ce clip, on assiste à un déjeuner. Un moment de vie, parfois chahuté. Entre la réalité filmée et la fiction. Le clip débute par un « top » pour finir par des applaudissements et des commentaires, plutôt réservés à une partie « off ». Ce qui rappelle certaines scènes du court-métrage La Grande Nuit, toujours réalisée par Sharon Hakim, dans lequel Aghiad joue. Le morceau Liman infuse dans le sentiment de nostalgie, de douceur et parfois de mélancolie. Il y est question d’abandon, de pardon et surtout de guérison. Il a alors quelque chose de réconfortant dans Liman.

MiiRA – XX99

Miira est le projet de Mayra Matte Nunes, musicienne dont les racines brésiliennes s’entremêlent à celles du jazz ou de la musique actuelle. Son XX99 qu’elle nous livre cette semaine annonce son premier EP à paraître début février 2024. Elle avait jusqu’à présent partagé un émouvant – Lembro – au début de l’automne dont les sonorités éthérées se rapprochaient de celles de la musique sacrée. Ce nouveau morceau apporte un nouvel angle de vision sur les compositions de Miira.  

XX99 étonne par sa construction. On le ressent comme modelé à partir de matières sonores brutes. Une musicalité construite à partir du mélange de tons modernes – presque urbains – et d’autres, plus ancrées dans le passé – portés par son chant délicat prenant les reflets d’une bossa-nova fantasmée.

XX99 détonne, car derrière un calme apparent se dissimule un caractère impétueux. Celui qui permettrait de lutter pour mieux se reconstruire, se structurer. Dans ce morceau à la forte vertu cathartique, les percussions de Kayode Pereira se confrontent aux cordes de Maxime Daoud. Dureté et douceur mises en images de façon hypnotique par Sarah Makharine.

BELLBOY – Bambino

Alors que Bellboy publie son premier EP – Opéra Partie I – sur le label Microqlima, toujours aussi dénicheur, Romane Granger en illustre un nouvel extrait, Bambino (elle s’est également occupée de la pochette de l’EP). Et c’est magnifique. Les chansons de Bellboy ont une particularité, elles ont le pouvoir, dès que nous les écoutons, d’ouvrir nos imaginaires. Et les animations de Romane Granger ont sur eux comme un effet catalyseur. Bambino est une ode à notre enfance passée et à l’enfant que l’on garde encore en nous, parfois sérieux, souvent espiègle. Une douce nostalgie en émane du titre porté par des mélodies simples et bienveillantes.

Propulsés dans nos souvenirs, des réminiscences des Maîtres du Temps de René Laloux et Moebius reviennent à nos pensées. Une sensibilité, une atmosphère, une époque que l’on redécouvre dans Bambino, réinventées et métamorphosées par les compositions de Bellboy.

Leur premier EP – Opéra Partie I – vient de sortir, allez explorer les cinq autres titres qui le composent. Ils vous emmèneront loin.

Fatoumata Diawara – Sete feat. Brooklyn Youth Choir

Il est des sujets graves que l’on ne peut occulter. Dans SeteFatoumata Diawara dénonce – une fois de plus – le fléau de l’excision qui touche encore 200 millions de femmes dans le monde et plus de 3 millions nouveaux cas par an, principalement des bébés ou des jeunes filles. Sous couvert de croyances et de superstitions que l’on espérait appartenir à un autre âge, des mutilations et des atteintes à l’intégrité des corps sont perpétrées. La chanson Sete métamorphose en prise de conscience ce constat douloureux, portant ainsi l’espoir d’un monde meilleur.

Même chanté en bambara – la langue maternelle de Fatoumata Diawara – le message est explicite. Et si la mélodie est douce et le chant calme, les images sont volontairement démonstratives. Les regards échangés dans les familles portent en eux la peur, la douleur, la résignation, mais également la colère. La couleur rouge est présente tout au long de la vidéo et agit comme un marqueur mémoriel ; la couleur du sang et de l’irréparable. Le clip de la chanson Sete a été sorti pour la Journée Internationale des Droits de l’Enfant. À nous de faire que l’excision puisse disparaître, prochainement, à tout jamais.

GRIFE – HIENA

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Grife est le projet à suivre de toute urgence, autocatalogué pink-punk-émeutier et DIY, de Victoria James Geiseler, et de Diane Borderieux (souvenez-vous de ses Billets Doux glissés sur le label La Souterraine ou de Louve Tranquille portée par Diane Cluster Diane). « Ils me traitent de monstre, je suis une hyène », tom basse pour l’une, basse pour l’autre et chants pour les deux, Hiena de Grife se vit – tout près du mur du son – à 1 000 à l’heure. Les images du clip sont aussi frénétiques que la musique est effrénée. Normal, elles ont été captées embedded par un caninraman à la truffe frétillante. C’est joyeux, coloré et en tout cas bigrement addictif. Juste ce qu’il nous faut en ce moment pour nous réchauffer de ces froides journées d’automne !

Pour découvrir Grife sur scène à Paris, rendez-vous ce vendredi 8 décembre au Truskel. En ce qui nous concerne, nous allons nous laisser tenter. Le lendemain elles seront à Strasbourg dans le cadre du festival Paye ton Noël

The Umbrellas – Echoes

Le quatuor californien The Umbrellas vient tout juste de nous partager un extrait de son futur album, Fairweather Friend, à paraître le 26 janvier prochain. Cet extrait prend la forme d’un single clippé, intitulé Echoes.

Comme toujours, la Jangle-Pop de The Umbrellas agit comme une pommade sur nos oreilles et notre cœur. Echoes, c’est la légère brume qui se dissipe sous un soleil d’hiver. Mélodiquement imparable, le morceau devient agréablement capiteux. Idéal comme bande son d’une soirée passée dans sa tour d’ivoire, mais aussi d’une balade sereine. En bref, un moment incroyablement réconfortant magnifié par un clip vidéo qui l’est tout autant.

Ce clip, réalisé par Morgan Alice, est un joli florilège de plans d’archives, majoritairement contemplatifs, des petits bouts de nature paisible, quelques bribes d’errances… Le tout est monté au format 5:4, en noir et blanc. Cela souligne la beauté des plans et confère au clip une poésie assez inhabituelle. Quelques plans du groupes, filmés dans une esthétique similaire, viennent compléter cette œuvre audio-visuelle apaisante et teintée d’un soupçon de douce mélancolie. On redevient presque enfants, à observer sourire aux lèvres ces petits insectes évoluer dans un coin de paradis naturel, à filmer le ciel avec un vieux caméscope, puis faire des gros plans sur de jolies fleurs, observer les détails qui font le beau… En bref, revenir à l’essentiel et prendre une bouffée d’air.

Robock – Tout Faire

L’un des projets les plus mystérieux et fascinants du moment, Robock, nous a offert cette semaine une nouvelle dose de son Krautélectronique rugueux et magnétique. Un nouveau single intitulé Tout Faire qui est accompagné d’un clip réalisé par les artistes Griangget Krostic.

Même si les paroles nous somment de ne pas s’inquiéter , le rythme lourd et l’aspect volontairement répétitif, presque primal, rendent ce titre obsédant et … inquiétant. Robock nous vient sans doute du futur pour nous parler d’une dystopie qui nous pend au nez, et dont les premiers symptômes sont déjà observables. Mantra mordant répété sur une boite à rythmes aux sonorités industrielles, basse caustique et synthés imposants, le son de Robock est déjà clairement identifiable, délicieusement capiteux et hallucinatoire.

Hallucinatoire, le clip l’est également. Entre visuels de synthèse extrêmement bien réalisés, obsédants eux aussi, et images de caméras de sécurités voyeures, immiscées dans nos rues, avec ces petits carrés verts de reconnaissance aidée par l’IA que l’on connaît bien maintenant. On se sent presque machine d’acier, robotique, une certaine idée de défaillance émane de ces images qui se brouillent au fur et à mesure du clip.

En bref, encore un coup de maître, énigmatique à souhait. Il nous tarde d’en découvrir plus sur ce projet hautement intrigant et surtout, incroyablement intéressant.

CHINWVR – MONOTONIE

Peut-être que l’été n’est pas encore entièrement oublié. Avec L’été sans fin, sorti en 2022, Chinwvr est devenu un rayon de soleil immanquable pour cette saison. Une période qu’il veut faire durer malgré le froid de décembre, en dévoilant le titre Monotonie (réalisé par vous).

Autant le prévenir, le clip confronte deux émotions : la nostalgie et l’impatience. La nostalgie d’un été passé et bien terminé, avec son lot d’aventures, d’imprévus, de rires et de fêtes. Ensuite, on retrouve cette impatience d’y retourner. Une envie de faire encore plus, de retrouver très vite ces moments d’euphorie entre amis. Des sentiments encore plus stimulés grâce au clip construit avec toutes les vidéos de vacances des fans. Une participation directe perçue comme un moyen de remerciement du rappeur à ces derniers.

Même en période de Noël, Chinwvr nous envoie du soleil pour nous réchauffer. Son absence s’est fait ressentir dans les playlists des soirées de l’été, mais il revient se faire pardonner de la meilleure des manières, en nous offrant tout simplement du bon mood et de l’excellente musique.

GEAVN – MOOD

Après la sortie de CYNE, son dernier projet, GEAVN est déjà de retour avec le clip de Mood. Le rappeur nous fait voyager dans son univers aérien et poétique, à travers une vidéo esthétique.

Posé sur le toit d’une voiture, on retrouve le rappeur en pleine conversation. Son interlocuteur n’apparaît jamais, mais on suppose qu’il possède une grande place dans le cœur de GEAVN, puisqu’il arbore un sourire tout au long de la vidéo. Il délivre un morceau sincère, dans lequel l’artiste laisse sortir ses sentiments, et n’a plus peur de dire ce qu’il pense, et surtout ce qu’il ressent. Il ne sait pas spécialement à qui s’adresse ce texte, mais espère que n’importe qui y trouvera, comme lui, un certain apaisement.

GEAVN continue de nous faire bouger la tête avec des projets travaillés et réussis. CYNE est un projet qui mérite plus de visibilité, et qui peut sans problème mener le rappeur vers la récompense d’un des rookies de l’année.