Galo DC, la pop est son jardin

Depuis 2019, la pop de Benoît a bien gagné ses galops d’essai. Si il est parti d’une musique plutôt abstraite, Galo DC a petit à petit laissé le réel s’infuser dans sa musique, sans jamais rien sacrifier à son groove. La preuve avec Jardin, troisième EP paru en juin et qu’il défendra sur scène ce vendredi au Point Éphémère.

Il suffit de regarder sa pochette pour savoir que les choses changent avec Galo DC. Fini les ronds colorés, c’est désormais lui même qui se présente sur la pochette de Jardin et de ses singles. Un changement de paradigme important, car même stylisé, cela implique beaucoup de choses.

Plus question donc se cacher, de noyer les idées et la poésie dans une certaine forme de surréalisme, il n’est plus temps de peindre des images du réel, désormais il faut le photographier, en prendre des instants qui font du mal et du bien. Il faut regarder le vrai, même si il est tout parfois nécessaire de l’enrober dans des fantasmes, de s’en éloigner pour imaginer le futur.

Tout part d’une déception, l’amour toujours. Celui qui blesse quand il se termine, qui laisse des cicatrices qu’on regarde et des souvenirs qui petit à petit s’évapore. L’aventure commence avec Rome, parce que tous les chemins y mènent ? Ou s’agit-il d’une station de métro ? Seul Galo DC a la réponse, mais c’est dans cette course folle qu’il nous entraine, un monde en ruine, les sentiments qui laissent un monde en ruine et une sainte trinité qui nous suivra tout au long des six titres qui forment ce Jardin très pop : la voix de plus en plus assumée, les intonations électroniques et une présence très prononcée des percussions.

Car on peut pleurer, on peut hurler, rien n’empêche de danser. La preuve avec Rome donc, et ses battements du cœur qui résonnent, accompagnés par un solo de guitare qui peut ressembler à un cri dans la nuit.

Tout ira bien nous dit-il, comme un mantra, comme un appel à des jours plus joyeux. Logique donc que Tout A Un Sens débarque. Un titre à la douce ironie, qui pousse justement à l’inverse : à laisser tomber les signes que l’on se force à voir pour profiter de l’instant présent, pour lâcher prise et prendre le temps de respirer un peu. Une rythmique une nouvelle fois dingue nous entraine dans cet appel au corps. Comme toujours chez Galo DC, la musique nous impacte pour ensuite mieux nous contaminer.

Ombres Chinoises continue le chemin, autant vers soi que vers l’autre. À travers un corps qui danse, un être qui apparait dans les ombres, il nous parle d’attraction, d’un premier contact qui se fait pourtant de manière éloignée, comme une dance de séduction qui se lance, qui se fait de manière presque romanesque. Drôle d’histoire tant Ombres Chinoises est le morceau le plus physique de l’album, celui où le corps musical fusionne au plus fort pour nous offrir un grand moment d’électro, une nouvelle plante de toute beauté dans ce Jardin bien pop.

Alice Danse poursuite ces idées, de manière plus mélancolique à travers une poésie répétitive qui laisse plus place à l’énergie de la batterie et une voix qui part plus dans les aigus. On sent que la rencontre s’effectue, dans la difficulté mais coute que coute, il faut vivre avec l’autre et prendre le risque.

Que reste t-il alors ensuite ? Sans doute le rêve, la grande histoire d’un bout de chemin un commun qu’on espère autant qu’on le craint. C’est sur l’A6 que tout cela se déroule, nouvelle petite pépite pop qui nous fait bouger la tête sans difficulté pour nous entrainer sur un chemin bien plus sinueux qu’une autoroute. Le risque est pris, l’horizon pointe devant nous.

A6 aurait très bien pu terminer l’aventure, mais Galo DC en avait encore sous la pédale. Il nous offre un petit bonus, La Colline, un morceau où il nous rappelle tout son talent pour la flûte traversière et une jolie déclaration d’amour à son fils, enfant de l’amour qui rappelle à jamais que l’amour a été là et a été vrai.

Avec Jardin, Galo DC nous offre un lieu pop flamboyant et varié, porté parfaitement par un sens rythmique de tous les instants et une profondeur thématique qui touchera toutes les personnes qui s’en approche. Le genre de Jardin où l’on aime passer des heures.

Crédit Photos : Cédric Oberlin