EKKSTACY : « Ils veulent tous prétendre être des supers émos »

C’est une petite bombe sur la scène rock actuelle. Il n’aime visiblement pas trop qu’on le mentionne, mais après avoir percé sur Tik Tok avec son hymne émo I Walk this earth All by Myself, EKKSTACY a réussi à imposer son style sur deux albums blindés de pépites et enchainant les hits. Transcendant une génération férue à son tour de titres sombres exprimant son mal être, de refrains puissants et de ballades mélancoliques, l’artiste canadien s’impose comme une figure incontournable dont le nom va beaucoup vous revenir dans les oreilles. Il sort aujourd’hui son troisième album éponyme, confirmant un peu plus sa position. On a eu la chance de boire quelques verres de vin d’Alsace entre deux dates de sa tournée délirante. Au programme : Beach House, maladies mentales et  premières parties.

ENGLISH VERSION BELOW

LFB : Salut EKKSTACY ! Comment vas-tu ?

EKKSTACY : Très bien ! Et toi ?

LFB : Très bien merci. C’est ton troisième album, félicitations ! Tu l’as écrit alors que tu tournais énormément, entouré en permanence de monde et bougeant tous les jours. Comment trouver le temps, l’énergie et le calme pour créer dans ces conditions ?

EKKSTACY : L’alcool. Du gin, beaucoup de gin. En vrai, j’adore composer, comme j’adore les tournées. Donc c’est un peu la rançon de toutes ces conneries tu vois ? Mais oui, le Gin. Clairement.

LFB : Tu as enregistré l’album à Lake Arrowhead, mais tu dis que tu te sentais très mal et très seul. Sais-tu, après tout ce processus de création, quel est le bon équilibre et les conditions parfaites pour créer ta musique ?

EKKSTACY : Ouais, c’était un peu merdique là-haut. C’était vraiment loin de tout. Une très petite ville dans les montagnes. Il faisait froid, il neigeait. Je pensais que ça allait être plus amusant que ça ne l’était. J’ai fait de la musique bizarre et ça ne s’est pas vraiment déroulé comme je le pensais. J’ai fait un tas de chansons qui ne ressemblaient absolument pas à ce que j’imaginais. C’était une surprise, je suppose. Je pense que le meilleur endroit pour faire de la musique est Vancouver, d’où je viens.

LFB : Tu étais seul ou avec le reste du groupe ?

EKKSTACY : Juste moi et mon producteur, nous faisons tout ensemble. Il vit en Allemagne, à Hambourg. Quelques autres personnes faisaient des vas et viens, mais seulement pour quelques heures ou une journée. Alors oui, c’était juste lui et moi pendant deux semaines. C’était étrange. Il y avait une épicerie là-bas. Quand j’y suis allé, il y avait des gens qui prenaient des photos avec moi. Et je me suis dit : « Qu’est-ce qui se passe, bordel ?« 

LFB : C’était la première fois ?

EKKSTACY : Non, non, non, non, mais j’étais au milieu de nulle part. C’était juste tellement bizarre ! Je ne pensais pas que ma musique pouvait atteindre un lieu aussi isolé.

LFB : Cet album est beaucoup plus intimiste qu’avant. Tu parles beaucoup de ta vie de musicien. Pourquoi ressens-tu le besoin d’en parler maintenant ?

EKKSTACY : Je pense que c’est parce que j’ai produit la majeure partie de l’album. Tout seul. Plus qu’avant. Et j’étais dans un nouvel endroit, étrange, loin de chez moi. J’ai fait tellement plus de choses aussi cette dernière année, sur la route, en tournée et toute cette merde. Donc ça me devient évident d’en parler maintenant. Avant, j’étais principalement à la maison, mais j’ai quitté ma maison. Je vis à Los Angeles maintenant.

LFB : et ça te plaît ?

EKKSTACTY : J’adore la plage. Mais la maison me manque, je vais probablement partir. Je veux déménager en Europe ! L’Allemagne plus précisément.

LFB : Ton style musical est reconnaissable entre mille. Quelles sont tes influences ?

EKKSTACY : Mes influences en ce moment ? Clairement Beach House ! C’est mon groupe préféré en ce moment. Pas quand je faisais l’album mais maintenant, en ce moment précis. Et My Bloody Valentine. Oui, c’est très différent. (rires)

LFB : Et c’est quoi pour toi la touche EKKSTACY ?

EKKSTACY : Je pense que j’apporte du rap bizarre. J’ai grandi en écoutant du rap sur SoundCloud. Cela me distingue probablement des autres. Non pas que je l’écoute vraiment ce style, mais je pense que c’est juste inné dans ma musique. Je pense que cela lui donne un côté bizarre. Je ne sais pas. En tout cas c’est ce que les gens disent, mais je ne suis pas très fan qu’ils l’insinuent. Pour moi, c’est plutôt parce que j’aime tellement de styles différents. Je pense que j’aime bien plus de « merdes » que beaucoup de gens de mon âge qui font de la musique.

LFB : Dans cet album, tu collabores justement avec deux rappeurs : The Kid LAROI et Trippie Redd. Comment ça s’est passé ?

EKKSTACY : Trippie redd m’a envoyé un DM sur Instagram. Il disait venir à Miami bientôt, et let’s go, on s’est lancé juste comme ça ! Et Kid LAROI, j’ai entendu dire qu’il aimait ma musique et je l’ai croisé par hasard alors je lui ai proposé de collaborer.

LFB : C’est ton album éponyme : EKKSTACY. Penses-tu avoir réalisé quelque chose de différent, peut-être la quintessence de ton style ? J’ai l’impression d’une expansion, avec plus de guitares indie, de dream pop, d’influence rap et parfois du metal proche de Deftones.

EKKSTACY : C’est difficile pour moi de faire un album parce que j’aime trop de trucs différents. Si vous écoutez un album de Beach House, c’est une histoire de haut en bas. Chaque chanson semble cohérente avec les autres. Mes albums ne sonnent jamais comme ça, les chansons sont toutes éparpillées. Je pense que cela me distingue aussi. Je ne peux pas m’en tenir à un truc très longtemps. Cet album m’a pris environ un an et demi. Il y a des chansons que j’ai faites là-dessus avant même que Misery ne sorte. Je n’aime même pas appeler ça un album. Ce n’est pas un album. C’est juste un tas de chansons. Il y a beaucoup de choses différentes là-dedans que je n’ai jamais faites auparavant. Pendant tout le temps où je faisais cet album, j’essayais de comprendre à quoi je voulais ressembler. Et puis, un an plus tard, j’avais un album. Et rien de tout cela ne va vraiment ensemble. C’est juste arrivé comme ça, sans vraiment le vouloir… Dans Misery, j’ai composé Christian Death et je savais à quoi devait ressembler tout l’album. Je m’en suis tenu à ça. Mais dans celui-là, je n’avais pas ça. Je ne pouvais pas m’en tenir à quoi que ce soit parce que j’étais dans une période de transition. Je créais des trucs bizarres, je parlais de beaucoup de choses différentes. J’étais comme totalement perdu mais entre-temps j’ai fini l’album. Je ne dis pas que c’est mauvais. C’est vraiment bien.

LFB : Il n’y a aucune obligation qu’un album sonne de manière similaire et cohérente avec toutes les chansons.

EKKSTACY : Ouais, c’est vrai aussi ! J’aime comment ça s’est passé. Mais maintenant je suis prêt à faire un vrai album.

LFB : Qu’est-ce qu’un vrai album ?

EKKSTACY : Un album qui donne l’impression que tout appartient au même endroit. Si vous jouiez ma musique pour quelqu’un qui ne m’a jamais entendu, et que vous preniez trois chansons et que vous les lui jouiez, elle pourrait même ne pas penser que c’était la même personne.

LFB : Je ne suis pas vraiment d’accord avec toi sur ce point. Tes voix et les effets que tu y mets sont très reconnaissables.

EKKSTACY : C’est vrai. C’est la seule chose qui relie le tout.

LFB : La santé mentale, la tristesse et même le suicide sont des thèmes récurrents dans ta musique. Comment expliques-tu que tant de jeunes ressentent le besoin d’exprimer et d’écouter ces émotions ?

EKKSTACY : J’ai l’impression que je parle de ces sujets sans vraiment penser à personne d’autre. Comment cela pourrait finir. Je lâche juste des conneries au fur et à mesure. Misery, c’était juste moi qui disais ce qui me passait par la tête à ce moment-là. Je suis content que les gens s’y attachent mais ce n’est pas pour ça que je le fais. Je suis juste assez mauvais pour écrire de la musique, alors j’écris beaucoup sur mes émotions.

LFB : Penses-tu que les jeunes générations sont plus profondes et plus ouvertes pour parler de ces émotions ?

EKKSTACY : Je pense qu’il y a quelques années, cela aurait pu être plus authentique.  Maintenant, ce n’est plus qu’une blague. C’est un peu fou d’en parler, mais j’ai l’impression que tout le monde fait semblant d’être super emo. C’est tellement épuisé de dire que vous souffrez de dépression ou autre. Tellement exploité tu sais… Oh, mec, c’est sick.

LFB : Penses-tu qu’il y ait une sorte de glamourisation ?

EKKSTACY : Ouais, ça explose tellement que plus personne ne s’en soucie. On dirait que les gens s’en soucient plus depuis un petit moment. Maintenant, ce n’est plus qu’une blague.

LFB : Malgré ça, il y a toujours une pointe d’espoir et de bonheur dans ta musique. Des paroles, une tonalité majeure… Bella, ton single principal est la chanson la plus joyeuse que tu as écrite. Qu’est-ce qui te fait croire en l’avenir ?

EKKSTACY : Juste être jeune. Il doit y avoir beaucoup plus à faire, à ressentir, ce n’est pas possible que ce ne soit « que ça ». Avant, je me sentais bien pire que maintenant. Donc j’espère juste que ça ira mieux. Je vais bien, je m’ennuie un peu. Je pense qu’il me manque des choses et je ne pense pas que je les obtiendrai. Mais c’est un équilibre. Évidemment, il y a de la musique et tout ça, mais il y a aussi beaucoup d’autres choses qui me manquent. Mais si j’avais ce genre de choses, je ne ferais pas de musique.

LFB : C’est toujours une question de choix, ça paraît difficile d’avoir tout ce qu’on veut…

EKKSTACY : Tout à fait d’accord, et parfois c’est plus drôle d’être un peu frustré.

LFB : Selon toi, quelle chanson surprendra le plus les auditeurs ?

EKKSTACY : Peut-être The Headless Horseman, celui que tu trouvais être un peu plus métal ? Ou peut-être que j’ai l’impression que Bella est surprenant parce qu’elle est tellement… heureuse ? J’ai du mal à faire de la musique parce que je passe très vite à autre chose. Je vais faire quelque chose et je le détesterai le lendemain. Bella, je pense que c’est un son trop cool. Et puis j’entendrai une chanson emo garage punk et je penserai « Oh, ma musique est si ringarde et horrible. Je veux juste faire du garage rock débile. » Et puis je ferais plein de sons dans ce style. Après, j’entendrai une chanson super propre et bien composée et je me dis « Je veux faire ça« . Et après « Oh, c’est trop soft. Je veux faire du métal ». Et puis j’écoute du métal et » Oh, c’est ennuyeux. Je préfère écouter du hardcore« , puis de l’emo… et puis Beach House(rires) Et puis c’est comme si je finis par tout détester.

LFB : J’ai vraiment l’impression que tu veux absolument tout dans la vie…

EKKSTACY : C’est mon plus gros problème. Trop de trucs. Trop de choses différentes. Mais je pense avoir trouvé une solution. Je ne dirai pas quoi. (rires)

LFB : Okay (rires) Et alors, de quoi parle Bella ?

EKKSTACY : Il s’agit d’une fille. J’ai un tas d’ex-petites amies. Je ne dirais pas que je parle d’elles. Il s’agit d’un groupe composé de personnes différentes.

LFB : La combinaison de tes ex ?

EKKSTACY : C’est une histoire que je raconte. Peut-être que cela ne concerne personne. Je ne veux pas que quiconque pense que je parle de lui.

LFB : C’est une époque bizarre où les réseaux sociaux font la pluie et le beau temps de l’industrie musicale. Les tiennes sont également très appréciées sur les réseaux. Comment gères-tu ce genre de succès ?

EKKSTACY : Tout simplement je l’ignore. Ce n’est pas quelque chose d’important pour moi. Ce qui est important c’est de vendre des billets de concerts. Beaucoup de gens ont environ 100 millions de streams mais ils ne peuvent pas vendre 1 000 billets dans une putain de grande ville. Je pense que c’est comme ça que j’évalue les choses. J’ai juste besoin de vendre des billets. Je ne veux pas penser que je suis « gros » parce que j’ai été vu sur Tik Tok. Tellement cringe.

LFB : Si tu pouvais choisir une personne avec qui collaborer, n’importe qui, vivante ou décédée, qui choisirais tu ?

EKKSTACY : (il n’attend même pas la fin de la question) Beach House. (rires)

LFB : C’est quoi ta chanson préférée ?

EKKSTACY : Probablement Levitation. Ou Days of Candy ! L’un de ces deux-là…

LFB : Cela pourrait vraiment marcher toi et Beach House.

EKKSTACY : Ce serait fou… !

LFB : Ta musique comporte beaucoup de moments nerveux et dansants, mais j’ai été surpris de voir à quel point le live est puissant et violent. Toutes les vibes plus oniriques de ta musique ont disparu pour laisser place au tragique et à la rage. C’est important d’avoir une expérience différente de ta musique en live ?

EKKSTACY : Ma musique était si douce au début… J’ai commencé à faire des concerts et je pensais que ma musique était franchement ennuyeuse. Puis j’ai commencé à faire des versions plus lourdes et maintenant c’est juste du « très lourd ». Maintenant, j’ai envie de faire de la musique plus douce pour qu’il y ait les deux aspects. Je veux tout. Encore une fois. (rires)

LFB : Tu as plusieurs fois exprimé adorer faire des concerts maintenant. C’est ce que tu préfères dans le métier de musicien ?

EKKSTACY : Ouais. Ça, et faire une bonne chanson. Parce que faire une mauvaise chanson n’est pas très fun. J’ai fait beaucoup de mauvaises chansons… Oui, la scène est probablement ce que je préfère, surtout dans les endroits où je veux me produire. Paris est dans le top cinq. Probablement le meilleur endroit : l’Allemagne. Los Angeles aussi… Londres ne l’est pas, clairement pas. (rires)

LFB : L’Allemagne encore, clairement ton pays favori

EKKSTACY : Ça me rappelle ma maison… C’est comme Dakota. La France est cool. L’Allemagne, c’est comme chez moi. Les gens sont gentils là-bas. L’Allemagne a été le premier endroit où j’ai apprécié jouer. En tant que petits artistes, les gens étaient vraiment cool. Comme Los Angeles.

LFB : Quel est ton souvenir de concert préféré ?

EKKSTACY : J’ai joué à Los Angeles cette année, c’était le plus gros concert que j’ai jamais joué seul. Probablement le meilleur show que j’ai jamais joué. La première fois à Chicago était fun, Paris au Pop up du Label aussi. J’aime vraiment les petites salles comme celle-là, tellement amusantes. C’était tellement chaud, la température, oh mon Dieu ! (rires) Je me souviens d’être descendu de scène et d’être allé sous la douche. Tout habillé. J’ai inondé le sous-sol. Je suis étonné qu’on n’ait pas eu de problèmes à cause de ça.

LFB : Tu joues demain en première partie de Bakar au Bataclan, comment tu le sens ? (Ndlr : l’interview a été réalisé le vendredi 24 novembre 2023)

EKKSTACY : Ce n’est clairement pas la partie la plus fun. Le public vous regarde en se disant : « C’est qui ça ? » Mais aussi certaines personnes diront « Whoa ». C’est un peu la raison pour laquelle tu fais ça. Mais non, ce n’est pas aussi amusant du tout. C’est nul. En fait, c’est franchement dur. C’est horrible. Mais ça vaut le coup. Et vous devez être reconnaissant envers la tête d’affiche de vous donner cette chance. Une première partie, c’est comme une audition. Alors tu dois juste faire comme s’il n’y avait personne et faire ce que tu peux. Mais ça ne sera jamais aussi fun qu’un de tes propres shows, peu importe sa taille. Parfois, je sors et regarde les premières parties de mes concerts, en secret. Je vois le public s’ennuyer, même si le groupe est bon. Comme à Atlanta, le groupe qui faisait ma première partie s’appelait Soar. Ils sont tellement bons !! Et mon public se faisait tout simplement chier. Vous êtes cinglés, les gars. Ils étaient incroyables. Maintenant, ils font la première partie de Beach Fossils.

LFB : Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

EKKSTACY : Je veux faire un bon album. Non, je veux faire un excellent album. Je veux faire des chansons avec Beach House. Je suis sérieux. Je veux faire des morceaux avec Kevin Shields. Je veux retourner au Canada. Je veux vivre avec mon producteur et je veux juste faire de la musique. Je ne me soucie pas vraiment de grand-chose d’autre. Je veux réussir à vendre des billets pour des gros shows. Et je veux surfer. (rires)

LFB : Merci !!

ENGLISH VERSION

LFB: Hi EKKSTACY ! How are you ?

EKKSTACY: Fine ! And you?

LFB: Very good thanks. This is your third album ! Congratulations ! You wrote it while you were touring a lot, surrounded by people and moving every day. How do you find time, energy and calm to create in this conditions?

EKKSTACY: Alcohol. Gin, a lot of gin. I also love doing it. Like I love touring. So that’s like pay off for how much bullshit it is, you know? But yeah, Gin. Clearly.

LFB: You recorded the album at Lake Arrowhead, but felt very bad and lonely. Do you know, after all this creation process, which is the good balance and perfect conditions to create your music?

EKKSTACY: Yeah, it was kind of shitty up there. It was really far away from everything. A really small town, in the mountains. It was cold, snowing. I thought it was gonna be more fun than it was. I made weird music and it didn’t really turn out like how I thought it was gonna turn out at all. I made a bunch of songs that were not like anything when I thought I was gonna make. Was a surprise I guess. I think the best place for me to make music is Vancouver, where I’m from.

LFB: You were alone or with your band ?

EKKSTACY: Just me and my producer, we do everything together. He lives in Germany, Hamburg. We had a couple other people come in and out, but only for like, a couple hours or a day. So yeah it was just me and him during two weeks. It was weird. There was like one grocery store there. When I went there there was people taking photos with me at this grocery store. And I was like, « What the fuck is going on? »

LFB: It was the first time?

EKKSTACY: No, no, no, no, but I was in the middle of nowhere. It was just weird!

LFB: This album is much more intimate than before. You’re talking a lot about your life as a musician. Why do you feel the need to talk about it now?

EKKSTACY: I think it’s because I’ve produced most of it. By myself. More than before. And it was in a weird new place instead of my house. I’ve just been doing so much more stuff, on the road, touring and all this shit. So it’s kind of just coming out to me now. Before I was mostly at home but I moved out of my house. I live in LA now.

LFB: and you like it?

EKKSTACTY: Love the beach. But I miss home, I will probably move on. I want to move to Europe! Germany specially.

LFB: Your music style is recognizable among thousands. Which are your influence?

EKKSTACY: My influences right now? Clearly Beach House! It’s my favorite right now. Not when I was making the album but right now at this moment. And My Bloody Valentine. Yes. Very different. (laughs)

LFB: And what is for you the EKKSTACY touch?

EKKSTACY: I think I bring weird rap. I grew up listening to SoundCloud rap music. It probably sets me apart from people. Not that I really listened to it anymore, but I think it’s kind of just innate in my music. I think that gives it a weird edge. I don’t know. People say that. I don’t really like that. For me, it’s more because I like a lot of different stuff. I think I like a lot of more shit than a lot of people of my age that make music.

LFB: In this album, you are collaborating with two rappers: The Kid LAROI and Trippie Redd. What is the influence of rap music in yours?

EKKSTACY: Trippie Redd DM on Instagram. He said coming to Miami. Was just like that! And Kid LAROI, I heard that he was a fan from someone else and I ran into him.

LFB: This is your eponym album: EKKSTACY. Do you feel that you achieved something different, maybe your style quintessence? I feel like an expansion, with more indie guitars, dream pop, rap influence and sometimes “deftone’s style metal”

EKKSTACY: It’s hard for me to make an album because I like too much shit. If you listen to a beach house album, it’s like top to bottom the same. Every song sound coherent with the others. My albums never sound like that, they’re all spread out. I think that also sets me apart. I can’t stick to one thing for very long. This album took me like a year and a half. There’re songs that I made on this before misery even came out. I don’t like even calling it an album. It’s not album. It’s just a bunch of songs. There’s a lot of different things on there that I’ve never done before. The whole time I was making this album. I was trying to figure out what I wanted to sound like. And then, a year later I have an album. And none of it really goes together. But then it kind of did in a way. In Misery, I made Christian death, and I knew what the whole album should sound like. And I kind of kept it. But this one, I didn’t have that. I couldn’t stick to anything because I was just in a transitional period where I was just filling a lot of different weird things, I’ll say a lot of different things. I was just like totally lost and then now almost done. I’m not saying it’s bad. It’s definitely good.

LFB: There is no obligation that an album sound similar and coherent with all songs.

EKKSTACY: Yeah, that’s also true! I like how it turned out. I’m ready to make a real album, though.

LFB: What is a real album?

EKKSTACY: An album that sounds like it all belongs in the same place. If you played my music for someone who had never heard me, and you took three songs from the song title records, and just played them to that person, they might even not think it was the same person.

LFB: I don’t really agree with you on that point. Your voice, and the affects you are putting on it are very recognizable.

EKKSTACY: True. That’s the only thing that ties it together.

LFB: Mental Health, unhappiness and even suicide are current themes in your music. How do you explain that so much young people feel the need to express and listen these emotions?

EKKSTACY: I feel like I speak about those things in a way where I’m not really thinking about anybody else. How it could end up. I’m just kind of blurting shit out as I go. Misery was just me just saying whatever came to mind at the time. I’m glad people attached to it but that’s not why I do it. I’m just kind of bad at writing music so I just write a lot about my emotions.

LFB: Do you think young generations are deeper and more open to speak about these emotions?

EKKSTACY: I think a few years ago, it might have been more genuine and now it’s kind of just all a joke. That’s kind of crazy to talk about, but I feel like everyone pretended to be super emo. It’s just so burnt out, saying that you have depression or whatever. So burnt, you know, Oh, dude, sick.

LFB: Do you think there is kind of a glamourization?

EKKSTACY: Yeah, it so blowing up that no one cares anymore. It seems like people cared for a little while. But now it’s just a joke.

LFB: Despite that, there is always a touch of hope and happiness. A lyric, a major tonality… Bella, your main singles is even the happier song you wrote. What makes you believe in the future?

EKKSTACY: Just being young. There’s got to be a lot more to do, to feel, there’s no way this is it. I used to feel like a lot worse than I do now. So, I’m just hoping it gets better. I’m fine, I’m kind of just bored. I think there’s things that are missing and I don’t think I’ll get those things. But it’s a balance. You have music and all this stuff, but then there’s a lot of other stuff I’m missing. And if I had that stuff, I wouldn’t make music.

LFB: It’s always a question of choice, it seems hard to have everything we want…

EKKSTACY: Totally agree, and sometimes it’s funnier to be a bit frustrated.

LFB According to you, which song will surprise listeners the most?

EKKSTACY: Maybe the Headless Horseman, the one that you thought was a little bit more metal? Or maybe I feel like Bella would have been surprising because it’s kind of just so… happy? I have had trouble making like music because I move on from stuff so fast. I’ll make something and then hate it the next day. Bella, I’ll think it’s so cool. And then I’ll hear an emo garage punk song and I’ll think « Oh, my music so corny and horrible. I just want to make shitty garage rock. » And then make a bunch of it. After I’ll hear a super clean, nicely put together song and I’m like « I want to do that. » And after « Oh, that’s too soft. I want to make metal. And then I’ll listen to metal and « Oh, this is boring. Then listen to hardcore » and then emo… and then Beach house… (laughs) And then it’s just like I just ended up hating everything.

LFB: I really have the impression that you want everything in life…

EKKSTACY: That’s my biggest problem. Too much stuff. Too many different things. But I think I found a solution. I’m not gonna say what. (laughs)

LFB: Okay (laughs) And so what Bella is talking about?

EKKSTACY: It’s talking about a girl. I have like a bunch of ex-girlfriends and develop, like multiple. So, I just named it that. I wouldn’t even say it’s about any of them. It’s about a bunch of different people.

LFB: The combination of your ex-girlfriends?

EKKSTACY: It’s a story. Maybe it’s not about anybody. I don’t want anyone to think it’s about them.

LFB: It’s a weird time where social medias, quick hit on tick tock, are the chore business of the music industry. Yours are also big hit on social medias. How do you deal with this kind of success?

EKKSTACY: I just ignore it. it’s not something important for you the social medias for all the matters. It’s ticket show. So many people have like 100 million streams but they can’t sell 1000 tickets in a fucking big city. I think that’s how I gauge things. I need just to sell tickets. I don’t want to think that I’m big because I was seen on Tik Tok. So cringy.

LFB: If you could choose one person to collaborate with, anyone, living or dead, who would you chose?

EKKSTACY: (don’t even wait the end of the question) Beach House. (laughs)

LFB: Which is your favorite song?

EKKSTACY: Probably Levitation. Or Days of Candy! One of those…

LFB: It could really work you and Beach House creating music.

EKKSTACY: That’d be crazy…!

LFB: Your music has a lot a nervous, dancing moment, but I was surprise how much the live show is powerful and violent. All the dreamy vibes of your music disappeared to let place for the tragic and the rage. It’s important to have a different experience of your music? 

EKKSTACY: My music used to be so soft at the start…  I started playing shows and I thinking that my music was so boring. Then I started to make a heavier version and now it’s kind of “all heavy”. Now I kind of want to make more soft music so that there’s both sides. I kind of just want it to be everything. Once again. (laughs)

LFB: You really talked how much you like playing shows now. It’s your favorite part of being a musician?

EKKSTACY: Yeah. That, and making a good song. Because making a bad song is not fun. I did lot of bad songs… Yeah, performance is probably my favorite thing, especially in places that I want to perform. Paris is top five. Probably, Germany’s top one. LA also… London is not, clearly not. (laughs)

LFB: Germany again, clearly your favorite

EKKSTACY: It reminds me home… It just like Dakota. France is cool. Germany is like home. People are nice to there. Germany was the first place where it was fun to be. As a small artist, people were really cool. Like LA.

LFB: What is your favorite concert memories?

EKKSTACY: I played in LA this year; it was the biggest show I ever played by myself. Probably the best show I’ve ever played. First time in Chicago was fun, Paris at Pop up also. I really love small venues like that, so much fun. It was so hard, the temperature, oh god! (laughs) I remember getting off stage and gone into the shower. Fully clothed. I flooded the basement. I’m surprised we didn’t get in trouble.

LFB: You are playing in first part of Bakar at the Bataclan tomorrow, how do you feel about?

EKKSTACY: It’s just not as fun. The audience, they’re kind of just looking at you like, “Who is this?” But some people will be like “Whoa”. That’s all you do it for. But no, it’s not as fun at all. It’s sucks. It’s actually blows. It’s horrible. But it’s worth it. And you have be thankful for the headliner to give you the chance. Opening is like auditioning. So, you just gotta pretend that there’s no one there and just do what you can. But it’s never gonna be as fun as your own show, no matter how big or small. Sometimes i will go out and watch the openings of my shows, secretly. I see the crowds bored no matter how good the band is. Happened in Atlanta, this band called Soar opened for me. They’re so good!! And my crowd was just bored. You guys are fried. This is amazing. Now they’re opening for Beach Fossils.

LFB: What can we wish for you for the future?

EKKSTACY: I want to make a good album. No. I want to make a great album. I want to make songs with Beach House. I’m serious. I want to make songs with Kevin Shields. I want to move back to Canada. I want to live with my producer and I just want to make music. I don’t really care about much else. I want to sell out big shows. And I want to surf. (laughs)

LFB: Thanks !!

Crédit photo : Jason Nocito