2023 aura été riche d’albums forts et ce, dans tous les genres possibles et imaginables. La rédaction de La Face B a donc aiguisé ses plus belles plumes pour vous offrir ses albums coups de cœur du cru 2023. Quatrième Acte tout de suite.
Daughter – Stereo Mind Game (Laura)
Un soir, presque par hasard, quelques semaines après sa sortie, je me prends en pleine face Stereo Mind Games. Un album profondément personnel et universel, porté par la voix enchanteresse d’Elena Tonra dont je suis tombée sous le charme. Dès les premières notes de l’Intro, j’ai senti que quelque chose de spécial allait se passer. La voix délicate d’Elena vient ensuite le confirmer sur l’excellent Be On Your Way, et là, la magie opère. Sur les douze titres de l’album, la nostalgie est omniprésente, contrastée à certains moments par des touches d’espoirs et des rythmes plus entraînants, mais le tout est résolument fragile, poétique et éthéré.
C’est un album qui documente des expériences, des pensées, des sentiments et des souvenirs, évoquant des relations qui s’effilochent avec le temps, des amours impossibles. On a l’impression d’être vraiment proche d’Elena grâce à la façon dont elle nous décrit tout ça, et ça résonne forcément. Les arrangements restent plutôt classiques, mais toujours incroyablement justes et les expérimentations sur Future Lover, Junkmail ou les changements dans la manière dont Elena pose sa voix permettent à l’album de se hisser dans mon top de l’année.
Sans oublier Neptune,qui se démarque avec une instrumentale épurée mettant en valeur la sublime voix d’Elena (oui, j’insiste), qui passe de moments lyriques assez bruts à un réconfort chaleureux lorsque d’autres voix viennent s’ajouter vers la fin dans un ensemble presque religieux tant il est magnifique. Cet album m’a profondément marqué, autant dans le fond que dans la forme, et il a réussi à me faire essuyer quelques larmes. Alors pour ça, je remercie Daughter d’avoir fait l’effort de s’être réunis 7 ans après leur dernier album, et j’attendrai patiemment le suivant.
Yolande Bashing – Disparaitre (Martin)
Ça tient à quoi un coup de cœur au final ? Ça peut prendre tellement de significations, tant de directions. Pour moi, ça a ressemblé à une évidence. Disparaître est arrivé en début d’année, et l’histoire a pu commencer. Peut-être est-ce le lien à ma scène locale, le fait d’avoir pris part à la release party ou que ce soit la seule interview que j’ai menée seul cette année.
Bref, autant vous dire que mon top Spotify s’est fait prendre d’assaut par des titres issus de cet opus. Comme une évidence, les titres m’ont marqué, également par leur dimension politique qui a résonné avec mon propre engagement. Tu te répètes est devenu mon morceau référence, celui que j’écoute aussi bien quand j’ai besoin de me concentrer que de me motiver.
Et je ne compte plus le nombre de fois où mes collègues m’ont regardé bizarrement parce que je m’ambiançais tout seul avec les écouteurs enfoncés en écoutant Solitude. Bref, c’est l’album qui a marqué et m’a accompagné en 2023. On dira simplement dire que c’est ce qui s’est fait de mieux.
Shame – Food For Worms (Léo)
Sorti en février, Food For Worms marque un tournant décisif en tant que troisième opus de Shame. Ce disque se distingue par son mix brut, illustrant une évolution significative tout en restant fidèle à l’essence distinctive du style que le groupe a cultivé depuis 2017. Dans l’arène du post-punk/indie rock, Shame s’impose incontestablement comme l’un des meilleurs.
L’album explore magistralement l’éventail vocal du chanteur Charlie Steen, oscillant entre des tonalités rauques et criardes à des moments de douceur inattendue. Cette maîtrise vocale ajoute une dynamique captivante à l’ensemble du projet. Ce qui rend Food For Worms encore plus impressionnant, c’est le contexte de sa création : le groupe britannique surmonte avec brio le syndrome de la page blanche, une épreuve commune à de nombreux artistes.
Chaque piste de l’album témoigne de la maturité artistique croissante du groupe, avec des arrangements complexes et des paroles incisives. En live, l’efficacité de Shame reste indéniable, captivant le public avec une énergie brute et une présence scénique percutante. L’écoute de « Food For Worms » devient ainsi une expérience immersive, nous transportant à travers les multiples facettes de l’expression musicale. Cet album représente non seulement une étape cruciale pour Shame mais également une contribution significative à la richesse du paysage musical indépendant.
Tiny Voices – Erosion (Marine)
Sans surprise, Erosion de Tiny Voices est mon album favori. Les angevins réussissent à mêler en dix titres les émotions les plus pures : joie vive et tenace, fougue, mélancolie et tristesse, espoir.
Découverts lors de mes errances nocturnes et instantanément conquise, je n’ai depuis jamais cessé d’écouter ce disque. J’ai d’ailleurs écrit de jolis mots à propos de ces morceaux. Ceux qui m’emportent loin. Qui filent vite et explosent fort.
C’est Hopes and Downs qui ouvre délicatement l’album puis qui s’emballe, nous propulsant dans un ailleurs teinté d’hardcore, de punk et de rock.
C’est A Reasonable Bully, cette basse que je ne me lasse pas d’entendre et les voix en chœur.
C’est Faults, Faults, Faults qui conclut et que j’ai écouté 94 fois depuis le 4 avril, jour de sortie de l’album. Ce moment où les guitares reprennent, avec le kick en fond. Ce moment où, à chaque fois, où que je sois, je laisse ma main fendre l’air, cherchant à reproduire sans cesse le tempo et l’énergie du morceau.
C’est ce titre puis un autre, et encore un autre. Car, à leur manière, ils ont tous occupé ma vie ces derniers mois. Réconfortants et encourageants. Apportant chacun lumière et assurance, courage et douceur.
Car je crois que je vis pour ces airs criés, pour ces concerts vécus à Angers et ceux que j’attends, impatiemment. Je vis pour cette fureur de vivre, pour l’entrain de l’oubli et la mélancolie de l’espoir. Alors merci Tiny Voices.
Ils joueront à la Mécanique Ondulatoire (Paris) le 20 janvier et j’y serai, évidemment.