Les clips de la semaine #201 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la seconde partie de notre 201ème sélection.

Marika Hackman – The Yellow Mile

L’artiste britannique Marika Hackman a récemment dévoilé son dernier projet, Big Sigh, un album harmonieux de 10 titres s’esquissant dans un genre folk, rock. Assurément de quoi nous donner les frissons.

The Yellow Mile est la 10ème piste de Big Sigh. On se laisse porter par un texte poétique, le récit de relations humaines tumultueuses, qui nous ont rendu heureux.ses mais où tout finit parfois par voler en éclats. Le clip illustre à merveille cette proximité entre deux émotions contraires. Marika se met en scène d’une part, allongée sur le sol. Le bleu de ses yeux est captivant, et son corps presque inerte. De l’autre côté, le contraste est fort. On est projeté dans des scènes de disputes, incarnées par une autre femme. Le lien entre ces deux protagonistes est habilement tissé. Quand tout nous semble flou, la musique demeure, pour soigner nos plaies.

Gruff Rhys – Bad Friend

Tu attends tes potes depuis 1h déjà, et ils ne sont toujours pas là ? Ils auraient au moins pu te laisser un message … Le dernier single du musicien gallois Gruff Rhys tombe à pic !

Au fil de ses pas, on découvre la campagne, le ciel gris. Sur une ambiance morose, le rythme est pourtant mélodieux et entraînant, adoucit par le son du clavier. On assiste à une véritable petite histoire. Une scène d’attente dans un café, ponctuée par quelques messages en suspension, nous tient en haleine. L’ami viendra t-il ? Ce titre annonce le prochain album de Gruff Rhys, qui sortira à la fin du mois, Sadness Sets Me Free. Le titre est à l’image de ce dernier single. Le musicien parvient à apporter une pointe d’humour et de légèreté même dans les jours les plus gris.

Kali Uchis – Tu Corazón Es Mío / Diosa 

Kali Uchis a dévoilé un visuel très particulier accompagnant deux extraits de son nouvel album, sorti ce vendredi, Orquideas. Une sortie couplée d’une annonce d’autant plus importante; celle de sa grossesse.

Dans la première moitié du clip, rythmé par la ballade Tu Corazón Es Mio, on est témoins de moments intimes partagés par Kali enceinte et son compagnon – dansant ensemble à la maison, conduisant sur la côte…mettant en avant sa maternité. Le visuel est ponctué de séquences tournées au caméscope de leur quotidien, y compris des rendez-vous médicaux liés à la grossesse de Kali, mais également d’archives de leur enfance.

Arrivé à la moitié du visuel, l’ambiance bascule du tout au tout et les premières notes de Diosa retentissent, nous transportant dans un monde féerique, aux tons chauds évoquant la lueur rouge de la planète Vénus. Kali y incarne une véritable déesse, dansant cette-fois ci seule devant un coucher de soleil grandiose, avec une attention particulière portée à son ventre arrondi duquel émergent des fleurs. Ce second morceau, aux accents reggaeton envoûtants, est porté par des lyrics plus osées où elle réaffirme sa puissance en tant que femme. Le clip se conclut par une scène où l’on retrouve Kali étendue sur la plage, entourée d’un arbre de vie en pleine croissance, métaphore délicate mais évocatrice.

Une annonce qui restera dans les annales, préparant au mieux le terrain pour la sortie de son nouvel album. Kali nous y partage son amour et son bonheur familial naissant, tout en sublimant l’essence divine de la maternité.

Jobi Riccio – Whiplash

Jobi Riccio a grandi dans le Colorado, baignée dans la musique americana, son influence nourrie d’artistes allant de Sheryl Crow à Joni Mitchell. Son premier album Whiplash introduit des influences de genres variés, tout en laissant la place à l’amour de Jodi pour toutes les décennies de la musique country. Les chansons de son premier album ont été écrites pendant la période difficile de la vingtaine, durant laquelle la musicienne s’est construite et affirmée dans ses choix, notamment d’orientation sexuelle, non sans peine, tel qu’elle l’explique dans plusieurs interviews. La chanson Whiplash donne le ton de l’ensemble de l’album et reflète cette période de confusion.

Le clip a été tourné par Western AF, producteurs d’enregistrements de musique acoustique dans des lieux divers. Résidant désormais à Nashville, Jobi a voulu tourner ce clip dans son Colorado natal, entourée des nuances dorées de l’automne. 

Peter Deaves et Bobbie – Opening night 

Le singer-songwriter anglais – et francilien d’adoption – Peter Deaves a sorti le mois dernier le clip de son titre Opening night, enregistré avec son amie la chanteuse folk Bobbie. Cette balade folk chaleureuse et mélancolique parle de la beauté que l’on peut trouver même dans les moments tristes ou de regret, et rappelle de ne pas oublier le pouvoir de ce que l’on a vécu, même brièvement. Ce sont les mots de Peter qui décrivent le mieux ce sentiment : « toute la vie est une scène, soyez vous-même, exprimez ce que vous ressentez par tous les pores ; nous ne sommes pas là pour longtemps et il serait dommage de faire de la figuration. » Evoquant les thèmes universels de la mélancolie et du caractère éphémère du sentiment amoureux, chacun pourra trouver dans cette chanson quelque chose qui lui parlera. La video, tournée au bord de l’eau aux alentours de Fontainebleau, a été réalisée par Etienne Boulanger

Le titre fait partie du premier album de Peter DeavesCeol Agus Gra, à venir très prochainement.

Noé Preszow – Charlotte

Alors que Noé Preszow sort un nouvel album au début du mois de février, il en dévoile un extrait. Charlotte évoque les ruptures amoureuses, la personne pour qui les sentiments ne sont plus, mais à qui l’on pense encore. Cette balade folk met en avant un texte chanté par l’artiste. De sa voix vibrante, presque éraillée, il dresse le bilan des dernières années. Dans cette live session, captée par Manou Milon, l’intime est central. Le chanteur, solitaire, n’est accompagné que de sa guitare. Les couleurs sont chaudes. Dans cette captation de Charlotte, le musicien Noé Preszow se confond à l’obscurité d’un clair-obscur. Comme si ce dernier essayer de ne pas s’effacer à l’instar des souvenirs qu’il tente de retenir.

Fat Dog – All the Same

Fat Dog est prêt à atomiser tous les dancefloor en 2024. Après un premier titre titre ravageur poussant sur les aspects psychédéliques et orientales, la bande poursuit sur la même lancée avec un rythme plus lent mais plus tapageurs. Autant vous prévenir tout de suite, le clip n’est pas recommandé aux épileptiques tant le nombre de flash semble trop important aux yeux de Facebook. On y aperçoit un règlement de compte lors d’un anniversaire qu’on ne rêve pas d’avoir. La chanson narre une histoire absurde sur le thème de paternalité qui fait regretter le temps de la fête. 

Alors, n’ayez aucun regret et venez les découvrir lors des Inrocks Festivals le 1er mars au CentQuatre à Paris !

Yvnnis – LE PIÈGE

Moins de temps pour ses proches, s’enfermer pour bosser sans relâche ses projets, et ne voir la lumière du jour que pour se fondre dans le rythme effréné des concerts, c’est souvent le prix à payer lorsque l’on commence à toucher ses rêves du bout des doigts. Yvnnis fait partie de cette fameuse nouvelle génération de rappeurs à la progression rapide et pour le moins remarquable. Dans son nouveau 9 titres, L’AFRO OU LES TRESSES, Yvnnis nous plonge dans une introspection sur son parcours et ses relations, dépeignant son nouveau train de vie et ses préoccupations. Au cœur de toutes les attentions, il explore les doutes qui accompagnent souvent le début du succès dans LE PIÈGE, accompagné d’un clip surprise, tourné en studio où il jongle entre les plans affichés sous forme de posters. 

Faye Webster – Lego Ring (ft. Lil Yachty)

Le 1er mars avance à grands pas, et nous attendons au bout de cette date : Underdressed at the Symphony, le second album de Faye Webster, qui nous a déjà mis l’eau à la bouche avec ce troisième extrait, Lego Ring. Au cœur d’un après-midi de détente en compagnie de Lil Yachty, nos deux compères se mettent en scène dans ce clip aux allures d’une publicité pour un jeu vidéo présentant un jeu de rythme au style japonais, bien coloré et mignon. Quelle aubaine pour nous que les deux artistes aient choisi ce spot pour taper leur meilleur score sur le titre Lego Ring  

Les notes vibrantes de ce titre s’entremêlent magistralement avec les riffs de guitare riches et présents de Faye Webster. Les accords soutenus et lourds créent une toile sonore dynamique, parfaitement en phase avec l’énergie du morceau.

En contrepoint, les passages plus légers et doux introduisent avec grâce les voix autotunées des deux artistes. Ces moments délicats offrent une pause, mettant en lumière l’émotion derrière la quête de la bague en Lego. L’autotune, utilisé de manière astucieuse, ajoute comme un petit bonbon à savourer durant un court mais agréable interlude. Il est désormais temps de rajouter Lego Ring à nos playlists en attendant ce second opus de Faye Webster dans sa totalité.

Bill Ryder-Jones – I Hold Something In My Hand

Avec I Hold Something In My Hand, Bill Ryder-Jones nous propose un archétype de balade romantique composé avec la voix d’un mauvais dimanche. Sur fond d’images d’archives de 1994 de moments privés du groupe mythique, une nostalgie douce infuse dans les arpèges… Etayée d’élans orchestraux comme autant de larmes retenues, on retrouve la sensation du blister arraché à un CD de Rock & Folk early 2000. Et un air qui rappellerait The Coral, à tout hasard.

atom in waves – dancing with ghosts

Cette semaine, atom in waves mettait la dernière touche visuelle à son EP dancing with ghosts.

Et c’est donc le titre qui donne le nom à celui-ci qui se voit offrir un clip, cette fois-ci réalisé par Jeanne Bonnet.

Le morceau joue sur plusieurs niveaux, entre calme et emballement, comme si le cœur accélérait et ralentissant alors que l’esprit divague de plus en plus. Car c’est bien dans l’esprit d’atom in waves qu’on se trouve. Un état de solitude où il peut se laisser danser, laisser aller ses divagations mentales, ses pensées contradictoires, pour y trouver un liant et enfin aspirer à une sorte de paix bien méritée.

Visuellement, la vidéo joue avec subtilité sur les ombres, comme pour mettre en images les fantômes qui nous entourent, ceux avec qui l’on vit plus ou moins bien en permanence, ceux que l’on doit apprivoiser pour mieux apprendre à vivre.

Satellite Jockey – Légère

Satellite Jockey revient avec Légère. Formalisme 60’s à l’image, ce petit chef d’œuvre signé Rozalina Burkova de 4’25 illustre parfaitement l’ambiance twee pop du quintet brestois-lyonnais qui n’est plus à présenter. Une écriture impressionniste quasi automatique est portée par une diction au carré, quasi à la Daho dans ses inflexions les plus appuyées.

Recette de ce savoureux mariage visualo-auditif parfaitement psyché : une vibe neo-vintage caractéristique du groupe fondé en 2011 comme de l’autrice, des ref’ à gogo entre yéyé et pop, pour un bonbon post-shoegaze, trajectoire oblige, francophone, et très actuel. Une réussite.

Teo? – Crows

Un saxophone, un ciel couvert et des vibrations. Oscillations de l’image, tremblements, remous et secousses. La Loire et des oiseaux. Des oiseaux et la Loire. Jusqu’à s’emmêler.
Teo? nous dévoile Crows, première pièce de son projet solo. S’il compose seul, il est toutefois accompagné sur scène par Louis Rose au saxophone et mes chouchous de Rest Up (guitare, basse, batterie). Ils jouaient hier à Angers et les multiples vidéos qui circulent sur internet depuis attestent de leur talent et de leur fougue.
Car derrière cette formation, se cache des années de réflexion, trois pour être précise. Et après un premier titre entre pop et neo soul, sorti il y a bientôt deux ans, c’est bien sur un EP que Téo Lubin travaille. Crows nous en offre un avant-goût. Un titre dont on se délecte car empreint de nuances et de sensibilité. Les quelques notes au saxophone se déploient progressivement sur un lit de distorsions. Le calme annonce la tempête. Celle qui brûle peu à peu l’image, celle qui s’immisce dans nos têtes et fait disparaitre les oiseaux et la Loire, les remplacant par un noir et blanc contrasté. Car Crows évoque notamment la solitude. Ce sentiment qu’on connait toustes : être entouré.e de monde et pourtant, se sentir désespérément seul. Et au-delà, comment réussir à se livrer et à être vraiment soi ?

Teo? déploie ainsi une musique expérimentale, ambient, où chaque son se savoure et se vit. Un titre, un seul titre. Et pourtant, déjà une grande hâte d’entendre la suite.