Cela fait un bout de temps que l’on suit Arthur et Joseph dans leurs aventures musicales. Aussi, les voir avec Bellboy concrétiser un projet plus que probant est une chose dont on ne peut que se réjouir. Leur premier EP Opéra Partie I est paru sur le label Microqlima en décembre 2023. Six titres qui esquissent un large paysage musical, un univers à la François de Roubaix parcourus par les effluves électro d’une French Touch toujours omniprésente. Nous sommes allés discuter avec nos deux Bellboys dans le but d’appréhender au mieux l’essence de leur projet.
La Face B : Bonjour, comment allez-vous ?
Joseph : Ça va bien.
Arthur : Ça va bien, la vie quoi.
La Face B : J’espère que le temps à Rennes est meilleur que celui de Paris
Arthur : Non, il fait froid. Mais au moins, il ne pleut pas. Il suffit de bien se couvrir.
La Face B : Pour commencer, pourriez-vous nous définir en quelques mots votre projet Bellboy.
Arthur : Bellboy est un duo composé par nous deux. L’objectif de notre musique est de retranscrire nos émotions dans des chansons influencées par la pop des années 80 jusqu’à aujourd’hui, avec des références comme la French Touch ou le Yello Magic Orchestra de Sakamoto. Notre envie, c’est de faire la plus belle musique possible.
La Face B : Pour revenir sur le nom de votre groupe Bellboy, groom en anglais. Dans quel costume de groom vous voyez vous ? Plutôt celui incarné par le personnage de Spirou ou par celui de Zero Mustafa du Grand Budapest Hotel de Wes Anderson ?
Joseph : Bellboy correspond effectivement au groom. On peut dire que cela vient davantage de Spirou que de Wes Anderson. En particulier, du Spirou du Journal d’un Ingénu d’Emile Bravo et de la posture qu’il a dans cette bande dessinée. On voit dans le Journal d’un Ingénu un Spirou qui travaille et qui met sa tenue pour aller au travail. C’est ce que l’on voulait faire apparaître en choisissant ce nom, retranscrire l’idée que l’on endosse également nos costumes pour de se mettre au service de la musique et de la création. Même si le nom ne vient pas de cette BD, elle l’illustre bien.
Arthur : Cela permet aussi de détacher notre personnalité de la création. On n’a pas trop envie de se mettre en avant intimement. Notre musique n’a pas pour vocation de raconter qui on est, mais plutôt d’être le vecteur d’histoires que l’on souhaite partager en créant des émotions. Dans ce sens, on n’est pas dans un storytelling personnel. Cela nous permet de garder une distance dans notre tête. De pouvoir enfiler des costumes et ainsi s’appeler Bellboy.
Joseph : La posture un peu humble et discrète du groom qui se met au service de la musique.
La Face B : Avant que naisse votre projet Bellboy vous avez eu d’autres projets
Arthur : En fait, il y a juste une vie avant Bellboy, celle de nous deux.
Joseph : C’est une histoire de sept années de relation entre nous, toujours liée par la création, la musique.
Arthur : Mais au-delà de la musique – et c’est ce qui est important – Bellboy est l’aboutissement d’une amitié, de découvertes communes et de la musique que l’on a toujours aimé faire pour nous. On a trouvé un nom et le projet a pris forme.
La Face B : Vous vous êtes expérimentés dans un premier groupe, en accompagnant Fishbach pour son deuxième album – comment l’expérience que vous avez acquise a nourri Bellboy ?
Arthur : C’est moi qui aie travaillé avec Fishbach et l’on a toujours pris soin de dissocier ce que l’on faisait ensemble – un endroit d’expression très libre – et les moments où j’ai pu travailler avec d’autres artistes pour les accompagner. Alors oui, forcément ce sont des armes, mais on aspire à conserver cette fraîcheur qu’on a ensemble. Faire de la musique sans trop se poser de questions. En tout cas avec beaucoup de liberté. Et c’est là que réside la force de notre duo. On ne se pose pas trop de questions de marketing et l’on reste, avant tout, guidés par la création artistique.
Joseph : Après, c’est vrai que Bellboy reste une forme d’aboutissement de beaucoup de recherches qui sont parties dans plein de directions et que l’on n’a jamais partagées. On a décidé de prendre une certaine liberté par rapport à des œillères qu’on a pu se mettre ou des contraintes que l’on avait pu s’imposer dans des moments où l’on se cherchait. Je pense que l’EP qui vient de sortir est le fruit de tout un travail de l’ombre qui a été long, qui est parti dans plein de directions, qui a été parfois sans buts et qui finalement s’est cristallisé et a vu le jour.
La Face B : Et justement qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui un morceau Bellboy sonne Bellboy. Quelles sont les particularités de vos compositions ?
Joseph : Je ne sais pas encore si l’on peut dire qu’un morceau sonne Bellboy. On aimerait garder cette liberté de pouvoir partir dans d’autres directions. D’éventuellement explorer des choses complètement nouvelles en matière de sonorités. Du coup, je pense que c’est trop tôt pour pouvoir avoir cet effet rétrospectif et voir qu’il y a vraiment un son Bellboy. On pourrait peut-être parler d’un son Opera Partie I, le nom de notre premier EP.
Arthur : Sur Opéra Partie I, il y a la volonté d’être baroque et pop à la fois, de faire de la musique riche mélodiquement, harmoniquement, et qui sur chaque chanson ouvre de nouveaux paysages. Il y a un côté musique de film ou de musique à l’image. On a attaché une importance toute particulière à être le plus sobre possible et à créer des émotions toutes simples. On se disait qu’on aimerait bien faire sonner des chansons en français comme celles des Beatles. Elle ont des paroles très simples, s’écoutent très facilement, pourtant elles sont profondes.
La Face B : Et justement, comment arriver à équilibrer le tout, paroles, musique et images
Joseph : En fait, la musique ou les paroles viennent ensemble, spontanément dans un premier temps. Après on les travaille plus en profondeur. Pour les textes, on va faire un premier jet puis on va se les renvoyer comme un ping-pong pour leur trouver une justesse. Ne pas faire un texte qui va se calquer sur la musique, mais plutôt qui lui répond, qui l’épouse.
On cherche à créer une symbiose. Mais en se laissant la liberté aussi – parce que ça nous amuse ou que ça nous touche – de donner à un morceau une part instrumentale plus grande. Des titres qui étaient à la base des chansons sont devenus des morceaux plus progressifs, avec de grosses parties instrumentales. Le côté narratif peut également venir dans un second temps. On cherche d’abord quelque chose qui nous touche, une émotion, une justesse. Finalement la narration de cet EP s’est construite après coup, en regardant ce que l’on avait fait, en réorganisant la tracklist.
Toutefois, en amont du processus de création on avait posé sur un petit carnet une idée de tracklist avec pour chaque morceau, une humeur, une direction. Ça a participé à l’élaboration de la structure narrative. Le premier titre [Les créatures de l’univers] avait déjà été écrit comme étant un morceau introductif. On est aussi très influencés par les albums qui ont un aspect d’œuvre entière, comme 10 000 Hz Legend de Air.
Arthur : C’est vrai que la narration vient après, alors que musicalement c’était déjà une volonté de faire quelque chose qui aurait une architecture totale. Ce n’est pas une juxtaposition de chansons. De ce fait, le texte a un peu dérivé. On a essayé de faire en sorte que certains moments puissent se répondre. Par exemple, la grosse voix narrative en anglais qui revient n’était à la base que sur un seul morceau. On s’est dit que l’on pourrait la faire figurer à d’autres endroits. C’est venu au fur et à mesure.
La Face B : Un fil conducteur qui donne un liant à l’ensemble des morceaux. On retrouve cette imbrication dans les deux derniers morceaux de l’EP où le dernier commence avant la fin du précédent qui lui-même se finit après le début du dernier.
Arthur : Il s’agit de Kay My Love et de Bells & Bolls. Au début, Kay My Love durait dix minutes [Rires] et finissait avec une trame de basse et de sitar – ça nous amusait vachement – et en fait de fil en aiguille, on a poursuivi le moment sitar et c’est devenu un morceau à part entière avec la voix qui revient.
La Face B : De l’influence des images sur votre musique. Musicalement on peut se référer à François de Roubaix ou à Arnaud Fleurent-Didier. À l’écoute de vos morceaux, on pense à beaucoup de films (comme Les Maîtres de Temps pour Bambino). Les clips réalisés par Romane Granger définissent un univers dans lequel on vous projette (Bambino et Les Créatures de l’univers) – celui d’Opera quant à lui, nous plonge dans une atmosphère baroque contribuent à construire votre image.
Arthur : Cela s’est fait dans un second temps par rapport à la composition du disque. C’est quelque chose que l’on a beaucoup travaillé avec notre label Microqlima. Mais l’image s’est créée de façon logique parce qu’il y avait déjà toutes ces influences qui nous parlaient énormément, Moebius évidemment, La Planète Sauvage, Le Roi et l’Oiseau… Ce sont des éléments que l’on avait digérés depuis très longtemps. Et là, on était content de sentir que dans la musique toutes ces influences respiraient. En discutant avec Microqlima, il y avait comme une évidence de travailler avec une animatrice. La rencontre avec Romane Granger, en croisant les influences, a donné ce clip. Mais cela s’est passé, presque, en lui donnant une carte blanche après juste avoir montré un bout de board. Et c’est vrai que c’est parfait.
Joseph : Il y avait dans cette volonté dont on a parlé précédemment. Choisir l’animation pour créer un monde à l’univers de l’EP qui colle à la musique nous permet de nous mettre en retrait. Dans les clips il y avait cette volonté. De la même manière que dans le clip d’Opera, on apparaît impassible, un peu comme des robots dans leur vaisseau baroque futuriste. On avait là également cette volonté de se placer dans l’image – pas complètement cachés – pas en tant qu’acteurs mais plutôt en tant que narrateurs ou réalisateurs. Voir la chanson et l’image comme un tout qu’on délivrerait.
La Face B : Comme une œuvre de création qui aurait sa propre vie.
Arthur : C’est ça.
La Face B : Si j’avais à caractériser votre style – exercice toujours délicat – je parlerais plutôt de pop rétrofuturiste. Un pied dans les années 70/80 et un autre dans le futur.
Arthur : Complètement, la musique des années 70 jusqu’à fin 90, c’est globalement la grande majorité de ce que l’on écoute. Forcément, il y a donc ce côté rétro. Pour le futuriste, on reste archi connectés. On reste à la page, on sait ce qu’il se fait aujourd’hui. Et puis on apprécie de découvrir les tendances. J’imagine que ce croisement se fait un peu malgré nous. On est de notre génération.
Joseph : Après, au niveau de la création, on voit Bellboy comme notre laboratoire, une façon de nous sentir libres. On n’hésite pas à expérimenter, à mélanger. Cela vient de la pluralité de ce que l‘on écoute. On n’a pas envie de s’enfermer dans un genre, mais plutôt de chercher des sons. Ainsi, il y a parfois des trucs plus anciens et d’autres plus récents.
Arthur : En fait, les gens étaient déjà dans le futur dans les années 80. Pour certains du moins. Il y a beaucoup d’artistes que l’on aime énormément qui font des choses que l’on n’entend jamais. Cela crée, pour nous, une envie de chiner, de la texture, du son ou des idées.
La Face B : Parmi vos inspirations on retrouve beaucoup d’artistes japonais (Ryūichi Sakamoto – Mariah – pop japonaise 70/80). Je suppose que cette culture a son importance dans vos compositions ?
Arthur : Oui complètement, et même au-delà de la musique. C’est hyper présent dans nos vies et dans ce que l’on aime en général. À fond !
La Face B : Joseph, tu as fait des études de cinéma. Donc, tu as ce rapport à l’image. Vous aimeriez le pousser un peu plus loin en accompagnant votre projet ?
Joseph : Pour l’instant, on n’a pas pris part directement à la réalisation de notre image. C’est quelque chose qui nous ferait plaisir à l’avenir. On va y réfléchir.
Arthur : Complètement.
La Face B : Et dans votre processus de conception, il y a eu des points singuliers ?
Arthur : Toute la conception de l’EP s’est faite en home studio et a été mixée ensuite par Clément Roussel, mais sans faire de rere [re-recording]. Ça a été un accord avec Antoine [Antoine Bigot, fondateur du label Microqlima] de se dire qu’il ne fallait plus toucher à tout ça. C’est une fierté et un sentiment d’accomplissement d’avoir réussi à faire aboutir quelque chose, tout seul, dans notre espace de création intime et familier. C’est quelque chose auquel on tient et que l’on a envie de reproduire. Avoir notre maison de musique. Un peu dans les traces de François de Roubaix ou de Ryūichi Sakamoto qui travaillaient beaucoup chez eux. Je trouve que cela apporte une forme d’introspection et d’intimité qui se ressent dans la musique.
Joseph : Et puis cela pousse à l’expérimentation parce que l’on doit faire avec ce que l’on a.
Arthur : Sans limites de temps ni d’argent.
Joseph : Être limités dans les possibilités nous pousse à – avec peu de moyens – aller chercher l’illimité. On a deux voix masculines. Mais si l’on souhaite une voix féminine, on ira déformer nos voix pour la trouver. De même pour une voix de robot, notre grosse voix omnisciente que l’on a utilisé. Il y a des choses qui sont nées de ce contexte.
Arthur : Travailler à la maison et être comme dans un laboratoire où l’on peut faire toutes les expériences possibles et imaginables, sans avoir de pression. C’est quelque chose que l’on aspire à conserver.
La Face B : Il est vrai que cela permet d’éviter le piège de la surproduction en renforçant ce côté intimiste dont on a déjà parlé. On pense au premier album de Dominique A qu’il avait fait chez lui. C’est ce qui donne à ses chansons toute leur originalité. Et qui fait qu’on l’apprécie énormément.
Arthur : Oui, complètement. Je ne sais pas si Philippe Katerine l’a fait sur ses premiers disques, Les Mariages chinois et autres. Mais, il y a là également cette sensation. C’est marrant de voir comment le home studio dans les années 2000 a fait qu’une myriade d’artistes a pu expérimenter chez eux. Faire des choses qui ont parfois eu du succès alors que c’était complètement réalisé à l’arrache, avec juste un quatre pistes K7 et de l’inspiration. Il y a une magie là-dedans qu’on aime beaucoup. Cela ne se ressent pas forcément dans le résultat final mais cela nous inspire dans le processus de création.
La Face B : C’est vrai que votre EP est large en termes musicaux, mais sans que l’on retrouve trop d’emphases. Il arrive à trouver son chemin particulier, sa spécificité. Contrairement à d’autres projets un peu trop surproduits dans lesquels au final on retrouve les mêmes sons.
Arthur : À trop répondre à des canons de beauté sonores. Oui, mais c’est vrai que dans la musique, ce n’est pas ce que l’on écoute. On connaît plein de musiciens autour de nous qui y sont très attachés. Ils ont parfois plaisir à écouter de la prod. On s’y intéresse et l’on sait reconnaître quelque chose de bien produit, mais je ne suis pas sûr qu’on sache forcément le faire et on n’aspire pas à vouloir le faire. Ce qui nous intéresse est plutôt de trouver des choses qui nous amusent et de composer de la musique.
La Face B : La composante ludique est une part importante de votre processus de conception ?
Arthur : Complètement. Je ne sais pas si cela se ressent au final dans le disque, mais on a beaucoup rigolé à le concevoir. En faisant l’album, il y a plein de choses, qui ne tiennent pas forcément de l’ironie. Des références. Quoique, c’est peut-être parfois ironique, mais pas cynique. C’est important d’avoir de la légèreté. Surtout que l’on fait des chansons qui sont souvent tristes et profondes. Mais c’est sous couvert d’une certaine forme de légèreté qui fait qu’il en émane plutôt de la mélancolie ou de la nostalgie.
Joseph : Et quand on fait les chansons, on n’est pas en train de pleurer, mais plutôt de s’éclater. Même si on cherche à toucher à de la mélancolie. Et si des fois, on est triste, on l’est toujours en dansant !
La Face B : Sortir un premier EP ce n’est pas anodin. C’est voir se matérialiser un projet que vous avez fait mûrir depuis longtemps. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Arthur : Je ne sais pas si on a le même sentiment par rapport à ça. J’y réfléchissais il n’y a pas longtemps et en fait j’ai déjà l’impression d’avoir sorti plein de disques. Dans les projets sur lesquels j’avais travaillé, j’ai vu des choses sortir. Maintenant ce que je trouve excitant, ce n’est plus tant l’aboutissement de la sortie que le chemin qui a été parcouru. Ce que je préfère, ce sont les moments de créativité en studio. Alors le fait que cela sorte, cela peut davantage donner envie de rebondir et d’avancer sur un nouveau projet. Pour moi, il y a vraiment cette envie de sauter après. Je ne sais pas ce que tu en penses, Joseph ?
Joseph : Pour moi, c’est pareil. C’est vrai que l’aboutissement permet de se libérer l’esprit et de partir sur autre chose. Lorsque les morceaux sont là et qu’ils ne sont pas encore partagés, je ne sais pas comment décrire ce sentiment. Ce n’est pas un boulet mental, mais il y a ce truc en suspens.
Arthur : Et puis dans la manière dont on a toujours eu de faire de la musique depuis que l’on se connaît, il y a tellement eu de … Ce ne sont pas des projets avortés, mais plutôt des choses qui n’ont pas pour vocation d’être abouties, ce sont comme des croquis. En fait j’aime énormément ces croquis. Des projets qui ne finissent jamais et qui restent toujours un peu vivants. Alors que sur Opéra Partie I, on a la sensation que c’est abouti, terminé. C’est à ce moment-là que cela devient un « boulet », mais dont on se délivre et qui nous donne envie de rebondir. C’est une sensation étrange.
Joseph : « Boulet » est un terme un peu trop fort.
Arthur : [Rires] Oui bien sûr, mais c’est pour l’image.
Joseph : Il y a quelque chose en suspens qui fait plaisir quand cela devient partagé et qui donne envie de faire d’autres croquis.
Arthur : Et puis sortir un EP est d’autant plus agréable que les retours sont super bons.
Joseph : On n’avait eu jusqu’à présent que des retours de proches ou de professionnels de la musique et là on en a d’autres provenant de personnes qui nous ont découverts par notre musique. C’est nouveau et c’est touchant.
La Face B : Vous habitez Rennes, une ville musicalement très active. Quelles sont vos relations avec les autres artistes rennais ?
Joseph : Même si l’on habite Rennes, on ne s’inscrit pas trop dans la scène rennaise. On a toujours été assez libre parce que venant de Tours, on est encore un peu là-bas.
Arthur : On a grandi à Tours, depuis sept ans on habite Rennes et aujourd’hui notre label est à Paris. Même si on a des amis musiciens à Rennes avec lesquels on a travaillé, on a également bossé avec des gens à Paris et je revois régulièrement des gens à Tour qui font également de la musique. Du coup, on n’a pas l’impression d’avoir une attache rennaise particulière.
La Face B : Il n’existe pas un côté émulsion ?
Joseph : Peut-être individuellement. Avec des gens qui n’ont pas forcément de projets visibles. On a des amis qui font de la musique qu’ils cachent. Ils en font chez eux et ne la sorte pas.
Arthur : Après oui, il y a Barbara Rivage. C’est un groupe que l’on connaît bien et qui, à Rennes, nous est très proche. J’ai travaillé avec eux d’ailleurs sur leur premier album qui sortira bientôt.
La Face B : Et niveau scène, Bellboy en concert cela va donner quoi ?
Joseph : C’est un travail que l’on a commencé il y a un peu prés une année. On est parti avec le souhait de pouvoir jouer sans ordinateur, sans bande dernière nous. Une boîte à rythmes pour les batteries, deux synthés et nos voix. Et du coup réarranger les morceaux de façon beaucoup plus dépouillée, beaucoup plus proche des compositions, avec des voix moins trafiquées.
C’est un penchant radical, par conséquent on a dû remodeler la chose, mais en gardant cet état d’esprit. Aujourd’hui, on a un live avec certes un ordinateur, mais avec très peu de bandes. Les versions des morceaux qui sont très différentes de celles du disque. En tout cas quand on les reçoit, elles peuvent paraître très différentes. La structure, les compositions sont toujours présentes et ressortent d’autant plus en live. Il y a moins ce côté baroque dans les arrangements qui parfois brouille les choses. On pourra ainsi les redécouvrir en live.
Arthur : L’ambition derrière ça est de s’approprier le plus possible le jeu des morceaux en sachant que l’on reste, pour le moment, que deux sur scène. On a l’envie à l’avenir d’avoir des musiciens qui jouent avec nous. Aussi, faire le chemin de mettre des bandes pour les remplacer ensuite par des musiciens paraissait moins intéressant que, pour nous, d’apprendre à véritablement jouer nos morceaux. Se dire quand on aura un batteur : « On réarrange avec lui ». On préfère ce cheminement plutôt que d’avoir des gens qui reproduiraient exactement le disque.
Joseph : Même quant au plaisir à être sur scène. On a pu expérimenter les deux, des concerts avec beaucoup de bandes ou avec cette nouvelle manière de faire. Là, on se sent beaucoup plus à l’aise. On prend beaucoup plus de plaisir à avoir ce côté « On joue » et « On entend ce que l’on joue ». Et l’on interprète véritablement, on n’est pas sur un karaoké. Ne pas sentir que l’on interprète et que l’on est en train de vivre quelque chose. Et puis cela oblige à rester concentrer. Il y a plein de trucs à faire.
Arthur : Tu ne peux pas papillonner dans tes pensées.
Joseph : Si tu arrêtes, il n’y a plus rien !
Arthur : Il y a cette envie d’être davantage impliqués dans le live musicalement parlant. Au contraire de ce qui l’on voit beaucoup, sans dénigrer qui que ce soit.
Joseph : Et de plus en plus. Mais ce n’est pas trop l’envie des groupes, mais plutôt le fonctionnement des salles qui cherchent à avoir des formules pas chères. Si l’on ne joue pas avec des musiciens tout de suite, c’est aussi pour cela.
Arthur : Ce qui est cool, c’est qu’on pense avoir réussi à tirer de cette contrainte quelque chose d’artistiquement convaincant pour nous. En tout cas, on est fier de ce que l’on a fait.
Joseph : Cela donne un live qui est plus intimiste, dans une recherche d’écoute attentive.
Arthur : Et qui finalement nous ressemble beaucoup.
La Face B : Vous avez eu une date à Rennes en septembre, d’autres dates sont-elles prévues ?
Arthur : Pour le moment, non. En fait maintenant que le live est abouti, on est en recherche de partenaires.
Joseph : Mais au premier trimestre 2024, il devrait y avoir des dates annoncées, à Paris ou ailleurs.
Arthur : Actuellement, on est encore dans l’attente de réponses.
La Face B : Pour Opéra Partir II
Arthur : Exactement.
La Face B : Est pour finir que peut-on vous souhaiter ?
Arthur : De faire un super premier album par exemple. Et puis d’être heureux en général, avec ou sans musique, dans la vie.
Joseph : Pareil, l’album et être heureux.