Rencontre avec Saint DX

Cela fait un petit moment que l’on suit Aurélien Hamm aka Saint DX. Depuis quelques années le garçon se crée une discographie qui prend un nouvel élan avec l’arrivée récente de Way Back Home, un premier album intime et porté par le plaisir émotionnel que provoque la musique. On s’est longuement entretenu avec l’artiste autour de cette sortie.

La Face B : Salut Aurélien, comment ça va ?

Saint DX : La tout de suite ça va bien, ça va très bien, tu m’aurais posé la question dimanche soir je t’aurais répondu que c’était le vide intersidéral. Parce qu’en fait une sortie, les albums sortent le vendredi et donc c’est extrêmement intense et j’ai énormément savouré et tu te retrouves le dimanche soir seul chez toi avec ton petit paquet de nouilles lyophilisées tu vois. Donc la ça va bien, ça va très bien aujourd’hui !

LFB : Du coup avant de parler de la finalité c’est-à-dire le premier album, moi j’aimerais bien parler du chemin qui se passe avant. Je t’ai découvert sur scène en 2011 avec Apes & Horses en première partie de Wu Lyf au Grand Mix. Du coup je me demandais comment tu vois un peu cette aventure musicale qui dure depuis à peu près 15 ans et qui te mène à ton premier album ?

Saint DX  En fait c’est un peu tout le chemin qui m’a amené justement à ce premier album et il s’en est passé des choses. La tu fais référence si tu m’as vu en 2011 on n’avait même pas sorti d’EP avec Apes & Horses et ça a fait partie de ma construction. Cet album en fait c’est la première fois que j’appose le terme d’album sur une de mes sorties alors que j’ai sorti des morceaux avant ,que ce soit avec Apes & Horses ou Saint DX mais c’est vrai que c’est le moment où je me suis senti le plus légitime pour le faire, peut être le plus mature, ou j’ai arrêté d’avoir peur et ou j’ai l’impression d’avoir été dans la création de cet album en pleine possession de mes moyens artistiques, tu sais ou un peu j’allais vraiment à tâtons avant.

Apes & Horses c’était une aventure extraordinaire mais c’est comme un brouillon de tout ce qui allait se passer plus tard. Et mes premiers EPs avec Saint DX je les vois aussi comme des brouillons. C’est la première fois dans ma vie, ma carrière artistique que j’ai l’impression d’avoir été comment dire au bout de quelque chose, vraiment d’un processus tu sais ?

LFB : Tu parlais de peur c’est intéressant, est-ce qu’il y avait cette idée de sacraliser l’album en tant qu’amoureux de la musique ?

Saint DX : Ah c’est complètement ça, je voulais atteindre une forme de perfection ce qui est je pense inatteignable mais en tout cas ça a été ma quête tout au long de la conception de cet album et en fait c’est des conditions qui ont été réunies tu sais tant mentales que physiques. C’est la première fois où j’ai une équipe autour de moi qui me permet d’avancer aussi loin dans ce que j’ai envie de créer.

Je pense à Because Music, à mes manageuses, à tous les producteurs avec qui j’ai travaillé, avec Michael Declerck qui a été le réalisateur et le mixeur de cet album. En fait ce sont des gens avec qui j’ai pu prendre le temps. En fait je n’ai jamais eu vraiment de contraintes, c’est la première fois ou je n’ai pas de contraintes, ni de temps ni d’argent car c’est quand même un grand facteur. En fait ça coûte cher parfois de réaliser une vision. En fait tout coûte de l’argent, de booker les studios, de travailler avec telle personne, de prendre le temps de faire les choses. Et je pense que c’est la première fois de ma vie ou j’ai eu accès à ça et mentalement j’étais complètement dispo pour le faire.

Je vois une psy depuis 2 ans ½ et je pense que ça m’a énormément aidé dans ce processus, d’arrêter d’avoir peur, de me mettre à faire les choses. Parce qu’en fait à chaque fois que tu finis une chanson, à chaque fois que tu finis un mix tu es obligé de faire le deuil d’autres idées ou d’autres mix ou d’autres sonorités. Et j’ai un FOMO incroyable dans ma vie, que j’arrive maintenant à canaliser, et c’est un peu cette quête la cet album, c’est s’arrêter sur des choses.

LFB : C’est marrant parce que ca me fait penser à Wong Kar Wai qui était, sur certains de ses films,incapable de cuter une version finale et qui pouvait continuer à travailler en permanence

Saint DX  Si je n’avais pas ces personnes autour de moi je pense que j’aurais pas sorti de musique. Si j’avais été vraiment seul. C’est marrant la première fois que j’ai fait ça c’était avec mon EP d’avant qui s’appelle Unmixtape et si ça s’appelle comme ça c’est parce que je n’arrivais a les sortir et appeler ça unfinished ça me rassurait, je les sors elles ne sont pas finie. Là c’est la première fois…

LFB : Ou tu as l’impression d’avoir été au bout des choses ?

Saint DX  D’avoir été au bout des choses et puis il y a un moment donné ou tu es avec le réel. C’est fini le fantasme. Quand tu as une idée de chanson ou de mots, elle peut partir dans toutes les directions possibles et inimaginables. Et à un moment donné il faut être dans le réel, dans le concret.

LFB : Et ce qu’il y a d’intéressant c’est que par rapport a tes précédents projets, qui étaient déjà des projets assez longs – on parle d’EP mais c’est des trucs avec 7-8 titres qui auraient pu être des albums. Et j’ai l’impression que la tu peux dire que c’est ton premier album c’est parce que je trouve qu’il y a une patte sonore tout au long de l’album, il y a vraiment une structure qui a été créée que ce soit dans la narration et dans la couleur sonore que tu as voulu donner aux morceaux qui font qu’il y a un vrai suivi du premier au dernier morceau et que ça respecte un peu cette tradition d’anciens albums ou tu as quelque chose de cohérent du début à la fin.

Saint DX En fait c’est marrant mais pour le coup la cohérence elle est venue à la fin avec cet album. La seule contrainte que je me suis donné c’est que ça fasse résonner ma corde sensible. En fait je n’avais pas eu du tout de limites ni de production ni de mélodie ni de genre. Il fallait que ça me plaise, il fallait que je me sente bien dans ces chansons. Contrairement a mon premier EP où j’avais des contraintes de production c’était « je veux utiliser quasiment que des DX dans mes productions, je veux utiliser que la 808 cette boite à rythmes de Roland » … Là je pouvais collaborer avec n’importe qui, enfin pas n’importe qui mais plein de personnes différentes tant que ça me plaisait c’était OK. Et en fait pour moi l’album il est au final un peu foutraque et c’est comme ça que je le ressens et c’est marrant car tu es la deuxième personne à me dire ça que en fait il y a une cohérence, une cohésion, mais je l’ai pensé d’une manière complètement anarchique, c’est purement émotionnel en fait.

LFB : Il est anarchique émotionnellement mais moi j’ai une théorie et peut être que tu ne la partageras pas, mais j’ai l’impression que c’est un album qui suit les étapes du deuil amoureux. Il y a de la négociation, de la colère, et c’est peut-être pour ça qu’il est foutraque mais en même temps il est cohérent.

Saint DX  Mais c’est marrant parce que l’amour a été un énorme sujet. En fait je ne savais pas écrire autre chose que sur l’amour. C’était vraiment LE sentiment qui me portait le plus. Et cet album il n’est pas tant lié que ça à ce sentiment là mais c’est marrant je le voyais pas comme ça. Mais c’est vrai qu’il y a plein de chansons , je pense à On & On, à I Don’t Care, où je suis en colère, mais c’est vrai que là par exemple une chanson comme Late ou je suis extrêmement en colère ce n’est pas du tout une colère amoureuse, c’est un moment lié à une colère envers moi-même, sur le fait de perdre autant de temps. Je pensais à ces 15 années vécues dans la musique et je pensais à ce que j’en ai fait concrètement où est ce que j’en suis moi, est ce que j’en ai pas marre de perdre mon temps…

LFB : Il y a aussi l’aliénation du quotidien je trouve dans l’album, et c’est un album très mental en fait ou tu creuses dans tes propres pensées j’ai l’impression, il y a un truc très intime dans la façon dont tu l’as écrit ?

Saint DX : Oui c’est super intime c’est vraiment une réflexion sur le temps qui passe, le temps qu’il est difficile de rattraper. En fait j’ai vraiment, j’ai l’impression de moins en moins, des problèmes de mémoire et d’attention et dans cet album en fait c’est comme si je ramassais un peu tous ces moments-là, que je les avais consignés quelque part. En fait ça fait quelques temps là que je me trimballe une caméra sur moi, que je filme plein de choses de ma vie quotidienne, que j’écris aussi un journal et ça va complètement dans cette démarche-là, de consigner, de pas perdre tout ça, tu vois d’avoir vécu ça et de le retranscrire, de le mettre quelque part. En fait l’album c’est ça pour moi aussi.

LFB : Et ce qui fait écho à ce que tu as fait auparavant, tu avais un titre qui s’appelait Still Care, là tu as un titre qui s’appelle I Dont Care, tu parles du temps qui passe c’est vrai qu’il y a certains points quand on connaît un peu ta musique qui résonnent.

Saint DX  Oui ca fait toujours plaisir, ça c’est mes petites private joke, de me dire qu’il y a des gens qui vont comprendre ou pas. I Still Care c’était une chanson sur quelqu’un que j’ai énormément aimé et j’avais un sentiment complètement opposé sur cette chanson I Dont Care.

I Dont Care en fait c’est une sorte de prophétie autoréalisatrice, un mantra que tu te répètes et tu finis par croire à ton propre mantra. En fait tu es tellement amoureux, tu n’arrives tellement pas à lâcher prise qu’en fait le fait de répéter je m’en fous je m’en fous je m’en fous finit peut être par marcher et Still Care c’était plus l’inverse, sur faire du mal à quelqu’un et s’en vouloir énormément.

LFB : Mais du coup j’ai l’impression que tu es de plus en plus direct dans la façon dont tu écris et au final de plus en plus impudique et je me demandais si cette façon de faire c’était une idée que tu avais dès le début, si c’était vraiment une recherche, justement tu parlais d’émotionnel mais de créer une connexion émotionnelle entre ton intime et la personne qui va écouter ta musique ?

Dans cette chanson qui s’appelle Tout perdre en fait c’est vraiment ça, j’ai trop perdu de temps, j’ai plus du tout envie de me cacher derrière mes sentiments, j’ai envie de dévoiler ce que je ressens, ce que je vis. En fait c’est des gens qui m’ont permis d’atteindre ça, j’ai travaillé avec des parolier.e.s sur cet album j’ai rencontré 2 parolièr.e.s anglais.e.s, un qui s’appelle MT Hadley et une qui s’appelle Poppy Hankin et ils m’ont vraiment aidé, on a beaucoup travaillé sur les chansons en anglais.

Et sur les chansons en français j’ai fait une rencontre incroyable, une artiste que je trouve dingue, qui est devenue une amie, qui s’appelle Noor.

En fait l’interview c’est ça aussi, je ne me mets jamais devant ma glace et je parle de ma musique, c’est quand tu discutes avec des gens et souvent des journalistes – parce que quand tu es avec des potes tu parles d’autre chose – et donc là c’était un peu ça avec les paroles en fait j’ai pris énormément de temps à parler de moi, à parler d’eux, de notre rapport au monde, à l’intime comme tu dis et ça m’a permis de développer tout un langage sur l’album.

LFB : Et est-ce que c’était important qu’a contrario on est sur quelque chose de très intime dans les paroles mais que ca reste qu’il y ait un coté Entertainment dans la musique ?

Saint DX : Je ne le vois même pas comme ça mais je suis fan, en fait j’aime trop les chansons immédiates, l’évidence de la mélodie. Et l’évidence de la mélodie c’est énormément de travail enfin c’est ce que je pense.

Et pour atteindre cet état d’entertainment comme tu dis, de plaisir … en fait je voulais que cet album il fasse plaisir ,qu’on se sente bien en l’écoutant, je voulais que ça procure des émotions fortes tu vois, que ça résonne, mais tant que ça me plaisait, que ces rythmes me plaisaient que ces sonorités de synthé me plaisaient c’était Go quoi. Je ne me suis pas posé la question du tout du goût, chose que j’avais a l’époque. En fait j’ai redécouvert pendant la création de l’album Coldplay et c’est un groupe qui m’a trop construit, que je kiffe trop. Il y a des hymnes de stades dont je suis moins fan mais quand même j’aime cette immédiateté du plaisir tu vois.

LFB : A t’écouter c’est dans tous les compartiments, c’est un album de libération en fait, j’ai l’impression que tu t’es libéré de beaucoup de choses en le faisant ?

Saint DX  Oui trop ! En fait je crois que j’ai compris quelque chose pendant la création, c’est que il n’y a rien qui n’est pas bien. Pendant le mix de l’album où on avait des divergences avec mon DA de label, avec même Michael avec qui j’ai fait l’album qui nous envoyait des mix qui étaient foncièrement bien, tu écoutes la chanson et tu vois ça sonne, même jusqu’à la dernière étape du mastering ou tu vas être dans les fréquences de la chanson, en fait je me suis rendu compte que c’est en fait, une question de goût. En fait si ça me plait pas c’est pas bon. C’est le seul curseur que je me suis imposé.

J’ai pas retenu ta question je crois que j’ai un peu dévié !

LFB : On parlait de libération ça en revient a cette idée, en fait tu as une musique qui est quand même très influencée par une certaine esthétique des années 80 des choses comme ça et à l’époque moderne qui pourrait sembler un peu cheesy et tu vois et en fait à travers ton goût qui a l’air plus sûr, à l’écoute on dépasse jamais cette ligne qui pourrait faire que ta musique pourrait sembler dater ou sembler être un pastiche, c’est qu’il y a un truc qui est tellement personnel qui fait que ça va

Saint DX  En fait je déteste la musique de mood. J’ai une aversion profonde pour le plagiat, pour les redites et je pense que même si ma musique est imprégnée d’énormément de choses, en fait je préfère détester une musique mais la trouver extrêmement personnelle c’est un peu mon curseur. J’adore les années 80-90 mais en soi ce n’est pas, comment dire, en fait je n’aimerais pas qu’on écoute ma musique et qu’on se dise c’est un repost de ça , c’est vraiment une des pires choses qu’on pourrait me dire sur ma musique, qu’elle n’est pas personnelle.

LFB : Mais justement quand on écoute ta musique on ne se le dit pas, on se dit c’est du saint DX tu vois et ça se joue beaucoup avec l’interprétation et l’utilisation de ta voix.

Saint DX  Mais complétement . Après j’ai mis du temps tu vois, j’ai réécouté Apes& Horses, j’ai réécouté mes premiers EPs et je trouve que ma voix sur cet album s’est vraiment affirmée. Je crois que j’ai arrêté, d’ailleurs c’est ce que je peux reprocher, de copier. J’étais beaucoup dans l’imitation. De m’entendre et m’écouter chanter je crois que c’est la première fois de ma vie où je ne m’écoute pas chanter.

LFB : Et c’est marrant parce qu’en fait tu en parles dans Tout Perdre, j’ai l’impression que t’as arrêté d’être un acteur en fait tu vois, et de te cacher ? J’ai l’impression que tu as arrêté de te cacher derrière l’image qu’on pouvait avoir de toi.

Saint DX : Exactement. C’est marrant cette phrase parce que pour moi, c’est une des plus importantes de l’album « je me sentais comme un acteur au milieu des gens j’étais triste les nouvels ans » oui ce truc ou tu te regardes avec ton verre, ta clope a la main…

LFB : …l‘expérience hors de soi ?

Saint DX : Oui, qu’on a beaucoup en société mais c’est vrai que pour euh, est-ce que c’est la psychanalyse, est-ce que c’est l’album, est-ce que c’est l’âge , plein de choses qui font que en fait il y a une liberté. Quand tu te retrouves juste avec les gens, que tu arrêtes de te regarder, même sur scène en fait mais ça c’est trop dur, sur scène tu ne fais que penser ton bras il est là, tu es trop conscient de ton corps et c’est un cauchemar. Mais ouais sur cet album j’étais moins conscient de mon corps en effet. Avec le recul j’ai passé 3 ans à galérer, faut pas se mentir.

LFB : On parle de ce morceau là, Tout Perdre et l’autre en français, ces deux morceaux, ce que je trouve hyper intéressant sur l’interprétation de ta voix et c’est que ta musique est profondément anglo saxonne et sur ces morceaux en français je trouve qu’il y a beaucoup plus de retenue et beaucoup plus de « calme », et de l’interprétation que tu en fait et de l’importance que tu donnes aux textes en français et que finalement ton public est essentiellement francophone et de voir que ces morceaux-là vont être beaucoup plus compris, j’ai l’impression qu’il y a plus de pudeur et de retenue dans l’interprétation

Saint DX : C’est marrant mais je pense l’inverse, je me sens beaucoup plus impudique dans les morceaux en français. C’est peut-être pour ça du coup que je chante avec plus de pudeur. Pour moi ces deux langues appellent des morceaux différents…

LFB : Tu peux pas faire Late en français.

Saint DX  Souvent on me l’a demandé : ce serait bien une version de Everyday en français, et pour moi ça ne peut pas marcher ça peut pas résonner de la même manière, c’est pas des chansons qui appellent…

LFB : C’est beaucoup plus introspectif en français …

Saint DX :En effet ils sont beaucoup moins poétiques et métaphoriques que les morceaux en anglais mais j’avais besoin de ça aussi.

LFB : Et c’est assez drôle parce que finalement les clips que tu as sorti sur les morceaux en anglais sont beaucoup plus ancrés dans le réel alors que le clip que tu viens de sortir pour le morceau en français est beaucoup plus onirique…

Saint DX : C’est marrant je ne m’étais pas fait la réflexion

LFB : Il y a un truc d’inverser un peu ces idées là ?

Saint DX : En fait ce qui est beau dans ce que tu fais c’est que souvent tu fais juste les choses parce qu’elles te plaisent et après il y a des gens qui les analysent et en fait ouais grave, c’est trop ce que je voulais dire , tu vois peut être que je vais ressortir en interview plus tard ce truc !

LFB : Et tu vois Late, Everyday, les sessions que tu as faites, on était sur quelque chose beaucoup plus ancré sur ta personne, sur un truc plus physique alors que le dernier clip sur le titre en français on est vraiment sur ce truc avec le fantôme qui te suit, enfin moi je l’ai analysé comme ça tu vois, cette présence fantomatique et ça inverse cette retenue et ce côté où parce qu’on est français aussi on se rattache au réel et à la vérité des paroles plus facilement.

Saint DX : C’est ca l’idée, complètement. En fait j’arrive tellement pas encore à avoir de recul sur ce clip, la tournée a démarré le 13 janvier et il est sorti une semaine après, là il a une semaine d’existence seulement donc je crois que je ne l’ai pas revu tant que ça pour tout te dire, mais je vais le regarder avec cet œil.

LFB : Moi je trouve qu’il y a des trucs comme ça qui évoluent et c’est marrant parce que je regarde mes questions et j’allais te demander par rapport à tout ça, parce que tu joues quand même beaucoup dans tes clips et je me demandais, est-ce que ta musique et les émotions que tu mets dedans et la façon dont tu la travailles, ça t’aide à te reconnecter et à être plus en phase avec les émotions de ta propre existence ?

Saint DX : Hum c’est comme un bilan je dirais, et ça c’est des choses qui arrivent après coup. En fait c’est marrant mais j’ai pas encore fait ce travail d’analyse , c’est tellement frais pour moi et ça fait tellement longtemps que les chansons sont finies au final mais la sortie vient re, ça reconvoque d’autres choses et je suis un peu perdu dans ce que je ressens. C’est un peu le flou mais un flou très très agréable tu sais, en vrai c’est le flou du réel, j’ai l’impression que le fantasme était plus concret . En fait je sais plus quoi faire ou quoi penser des chansons que j’ai faites.

LFB : Parce que la finalement tu te retrouves face à l’opinion des autres puisque ta musique est dans le domaine public et du coup tu as des réactions, tu as un peu la façon dont le réel des autres analyse ce qui était ton fantasme ?

Saint DX : Mais ce qui est trop agréable, enfin vraiment que ça libère d’un poids tu te sens plus léger. Je te parlais de ce vide du dimanche soir mais au final ça m’allège, je me sens revivre. En fait je ne sortais plus, j’étais vraiment dans quelque chose d’assez ascétique, de très sec en fait, et là j’ai l’impression de me ré-imprégner un petit peu des autres et c’est trop agréable comme sensation.

LFB : Une dernière question sur la musique, tu as sorti ton premier album, tu as fait énormément de collaborations dans le hip hop ce qui n’était pas forcément j’ai l’impression un plan de carrière, et ça t’est tombé dessus, je me demandais si le fantasme « ultime » pour toi et un truc qui pourrait arriver dans le futur ce serait pas de réaliser la bande originale d’un film parce que j’ai l’impression que le dernier titre de l’album c’est un peu un générique de fin ?

Saint DX  Complètement. Mais alors c’est en effet un de mes fantasmes de pouvoir réaliser ce rêve mais c’est comme si avec mon album là il est sorti et je m’étais dit que j’aurais jamais les épaules de faire un album.

Là j’ai l’impression de me dire la même chose avec une musique de film, que j’aurais jamais les épaules pour le faire alors que c’est une envie très profonde. Cette dernière chanson elle me touche énormément, en fait c’est la seule chanson de l’album qui n’est pas mixée qu’on a gardé telle quelle, c’est une session studio que j’ai fait a ICP en Belgique une nuit, il y avait moi, il y avait Prinzly et un ingé son qui s’appelle Paul , on a branché des synthés on a fait cette chanson toute une nuit, on a fini vers 6h du matin, on est sorti et la chanson était là, telle quelle, et j’ai voulu garder ce sentiment, cette photographie de l’instant.

Et cette chanson j’ai décidé de la mettre dans l’album, je me souviens que je rentrais de soirée un soir enfin au petit matin vers 6h du matin, au printemps, il y avait les oiseaux qui chantaient et j’avais cette chanson dans les oreilles et il fallait absolument que je trouve un moyen de la mettre dans l’album. Au début je voulais la mettre au milieu , faire une sorte d’interlude mais je trouvais que c’était un parfait générique de fin.

LFB : Parce qu’en plus elle prend le temps c’est quasiment instrumental pendant une minute ou deux et tu as quelque chose de très limité dans les paroles et il y a vraiment un truc de clôture.

Saint DX : Complètement.

LFB : Donc là en fait on lance un appel aux gens qui cherchent un réalisateur de bande originale c’est ça ?

Saint DX : Franchement let’s go direct, je suis trop chaud

LFB : Moi j’aimerais bien parler de tes pochettes pour finir. Ce que je trouve marrant c’est que tu as des photos de presse qui font très Actors Studio, très années 80, les cheveux au vent tout ça, et sur toutes tes pochettes d’album tu te caches ?

Saint DX : Ouais mais ça c’est des rencontres, tout est accident. Tout est accident et en même temps j’avais énormément envie de collaborer. Les pochettes d’album, sur les deux premières je me cache, et sur l’album j’ai fait appel à un réalisateur et photographe qui s’appelle Marvin-Leuvrey dont j’aimais le travail depuis que j’ai commencé Saint DX et en fait on a pris des photos sans vraiment trop savoir ce qu’on allait en faire, c’était pendant le clip d’Everyday et en fait quand j’ai reçu ces premières photos tout de suite j’ai eu un peu comme une sorte d’évidence et je veux que ce soit ça la pochette ! Les photos de presse sont venues plus tard, c’est aussi une rencontre, une amie a moi, Alice Moitié, qui m’a dit : « mais pourquoi tu te caches autant ? Viens on te pimpe, fais kiffer ! »

LFB : Ca fait très héros de film d’action !

Saint DX : Ouais après c’est des références que j’ai, je suis fan de Michael Mann je suis fan de Piège de Cristal.

LFB Ca se voit oui moi qui ai ces références là aussi, le coté débardeur avec les muscles luisants et tout, mais je trouve qu’il faut beaucoup d’humour en plus !

Saint DX : En fait ce que j’aime c’est qu’elles ne sont pas si sérieuses que ça et c’est ca qui me fait plaisir dans le travail d’Alice c’est qu’on a réussi vraiment le parfait équilibre entre… En même temps elles sont super belles aussi, la lumière est magnifique c’est une photographe de génie mais il y a comment dire…

LFB : … Il y a beaucoup de second degré

Saint DX : Oui c’est ça, ça ne se prend pas tellement au sérieux parce que au final je ne suis pas non plus Musclor tu vois !

LFB : C’est vrai, mais justement c’est ça qui est réussi tu vois

Saint DX :Ouais

LFB : Je me demandais, comment tu verrais évoluer ta musique en live ? Parce que la on est sur quelque chose de très atmosphérique par moments ?

Saint DX : Ouais alors c’est ma grande question, je suis en pleine élaboration du live et là ça va être je pense plus énervé que sur le disque, parce qu’on a pris le parti pris d’avoir une vraie batterie sur scène. Avant j’utilisais beaucoup de pads et de sonorités électroniques en live, mais là on va être avec une vraie batterie et une vraie basse et un vrai piano, et donc il y aura beaucoup d’éléments synthétiques mais quelque chose de plus joué. En fait ça me fait trop peur mais je pense que c’est intéressant. En fait j’ai reregardé un live de Coldplay en 2003 et ça m’a donné l’envie de m’inspirer de ça.

LFB : Si on pouvait t’accorder 3 vœux avec cet album ?

Saint DX : Alors que déjà je sois en bonne santé pour pouvoir le défendre et être sur scène. J’ai envie de rencontrer le plus de personnes possibles et de partager le plus d’émotions en fait. Et en vrai l’argent en fait. Juste j’en ai marre d’être dans la galère, sortir de la précarité. Enfin je n’ai pas à me plaindre, mais j’aimerais évacuer cette problématique de ma vie et pouvoir me consacrer à mon art, ce qui est quand même une vision très bourgeoise et ce n’est pas donné a tout le monde mais voilà.

Est-ce que tu as des écouté, lu, vu des choses récemment qui t’ont marqué ?

Saint DX : J’aime beaucoup ce groupe français qui s’appelle Rallye, je trouve qu’ils ne sont pas reconnus à leur juste valeur. J’ai lu quoi ? J’ai lu un live de Patrick Boucheron qui s’appelle Le Temps qui reste, un petit essai que je conseille atout le monde de lire et c’est tout.

Crédit photos : Clara de Latour

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