En 2022, Walter Astral partait en quête des éléments. Quatre morceaux comme quatre quêtes qui permettait au duo de se transformer en Hyperdruide. Cette transformation atteinte, quelle pouvait être la prochaine étape pour Tino et Tristan ? Prolonger l’esthétique, la pousser encore plus loin tout en allant creuser plus loin dans leurs esprits fertiles. C’est chose faite avec Le Jour, leur nouvel EP paru en février.
Éviter le piège de la redite. La mission était dure pour Walter Astral. Avec Hyperdruide, le duo nous avait ouvert les portes de son monde, cet endroit magique où l’on naviguait doucement sur la corde tendue de la transe, tanguant sous l’effet des basses entre pop, plages électroniques et invocations mystiques.
En poussant sur le concept des éléments pour nous offrir une épopée musicale et mouvante, Walter Astral avait poussé la barre très haut, notamment avec ce final de plus de neuf minutes qui terminait leur premier EP. La question se posait alors : qu’allaient nous offrir Tino et Tristan pour la suite ?
Sans pression aucune, le duo nous répond à la perfection avec Aube, un morceau de 9 minutes complètement halluciné. Une sorte de miroir inversé d’Hyperdruide : ici c’est dès l’ouverture que les garçons nous invitent à ouvrir nos chakras pour nous entrainer dans un inconnu.
Aube est un titre malin, car il agit comme une plongée dans le terrier du lapin blanc : un morceau à la fois distrayant et exigeant, qui nous pousse dans un endroit ou l’art du contrepied est à l’œuvre. Entre ligne de basse chatoyante et percussions puissantes, on commence à explorer l’Aube comme on la découvre dans la vie. Sauf qu’ici, ce sont nos oreilles qui s’habituent à ses textures, ses éléments rythmiques répétitifs qui semblent vouloir nous mettre dans un sentiment d’aise presque cotonneux.
Et alors qu’on pense avoir dompter l’Aube, Walter Astral décide de nos surprendre avec une montée de cordes assez folle, et bien moins factice que celles de Justice. Une accalmie très cinématographique, comme si le ciel et le soleil se rejoignait et qui laisse place au banjo … Mais le calme ne dure qu’un temps et c’est le passage vers une transe totale qui s’effectue.
Avec Aube, le duo nous montre toute l’étendue de son talent d’explorateur sonore, ne prenant jamais rien pour acquis, cherchant avant tout à surprendre et à enchanter.
Et qui vient après l’Aube ? Le Soleil bien évidemment ! À première vue, on pourrait voir dans ce morceau une ode à l’astre solaire mais pourtant … Comme le montre la pochette de l’EP, le soleil n’est ici qu’un trompe l’oeil, celui qui éblouit pour masquer en son sein la fusion des deux esprits de Walter Astral. Car avec ce morceau dansant et hypnotique, Walter Astral nous entraine dans les territoires mentaux, une quête des pensées de l’esprit au rythme imparable qui se résume pourtant à ces quelques mots : Derrière le soleil, vertige qui t’effraie / Derrière le soleil, brûle l’image que tu as laissé.
Une quête de soi donc qui passera par un combat contre le Serpent Mental. En douceur, le morceau nous le dit si l’on veut sereinement avancer vers demain, il faut passer par cette aventure. Alternant entre phases aérienne et retour vers des intonations plus physiques, Walter Astral nous parle de nos peurs, de nos angoisses qui se diffusent en permanence dans nos esprits pour nous pervertir. À l’aide de son banjo et de ses rythmes percussifs, le duo finit pourtant par le dompter et nous offre une nouvelle leçon à retenir : Laisse le temps passer.
Un peu perdu entre le soleil et le serpent mental, l’esprit brumeux, c’est face au Mirage que l’on se retrouve. Là encore, c’est au cœur de l’esprit de cet être à trois yeux que l’on navigue, guidé par les pulsations et les cordes bien présentes, on danse en s’interrogeant sur le monde qui nous entoure, sur son mouvement permanent et sur les fantasmes qui nous habitent, que l’on subliment les gens malgré eux ou qu’on noircissent le tableau. Musicalement, le morceau condense à lui seul le kaléidoscope Walter Astral, cet écrin pop qui laisse briller dans ses fêlures la techno aussi bien que les sonorités orientales, le tout emmené par un guide vocal qui nous illumine tout au long du chemin.
Alors qu’est ce que Le Jour doit à la vie ? Énormément. Avec ces quatre nouveaux morceaux, Walter Astral prolonge et intensifie son expérience musicale, gagnant en profondeur et en liberté pour un résultat qui nous charme. Et bien sur, cette recherche mentale de soi ne fait que commencer, car après Le Jour vient forcément La Nuit. À bien y penser, on a déjà hâte.