ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Aujourd’hui, molto morbidi nous raconte ses influences musicales à l’occasion de la sortie de son nouvel album, String Cheese Theory..
Sixteen Tons – Tenessie Ernie Ford
C’est l’un des morceaux préférés de mon père, et à chaque fête, il y a de grandes chances qu’il le chante a cappella. L’audace du morceau, c’est de parler des atroces conditions de travail et de rémunération des mineurs américains qui les asservissaient complètement à leur employeur, sur une
musique plutôt enlevée et assez gaie. Ce contraste-là entre des paroles sombres teintées d’ironie et une musique plutôt enjouée, on le retrouve sur certains de mes morceaux.
Life on Mars ? – David Bowie
Hunky Dory est le premier album de David Bowie que j’ai énormément écouté. Je l’avais emprunté à la médiathèque en CD et je le passais en boucle sur mon Walkman Sony, pendant les longs trajets de train qui ponctuaient mes semaines. J’étais bluffée par les paroles et surtout par les arrangements.
David Bowie reste une énorme source d’inspiration, comme pour beaucoup d’autres musiciens, tant artistiquement que du point de vue de sa personnalité. On le disait introverti (du moins au début) et assez timide. Je ne sais pas si c’est vrai, mais j’aime penser qu’il y a de la place pour de tels traits de caractère dans la musique.
Into The Light – Siouxsie and the Banshees
La découverte de Siouxsie en seconde m’a fait l’effet d’une grande révélation. Je me suis toujours davantage identifiée à des chanteuses qui avaient une manière de chanter très affirmée et assez enavant, tout proposant des lignes très mélodiques. D’ailleurs Grace Slick a été l’une de mes premières sources d’inspiration. Au lycée, je me retrouvais moins dans la musique psyché que j’avais beaucoup écoutée avant, je n’aimais pas trop non plus que les chanteuses « à voix » vendues comme un produit assez sexualisé.
En parallèle, je découvrais le punk et le post-punk et je ne trouvais toujours pas vraiment de femmes auxquelles m’identifier dans ce style (heureusement, j’en ai découvert des tas après). Nina Hagen, c’était un peu trop pour moi par exemple. Mais voilà, Siouxsie a débarqué dans mon adolescence et m’a ouvert un champ de possibles. C’était enfin la preuve qu’il était possible de chanter vraiment, d’être bien là, devant, sans être dans la séduction et dans un style de musique quime correspondait. Juju dont ce morceau est extrait, reste un album très important pour moi.
The Diamond Sea – Sonic Youth
Une autre découverte fondamentale fut Sonic Youth, que j’ai énormément écouté. En décembre 2010,
Washing Machine a tourné en boucle pendant quarante-huit heures dans un appartement de Caen où j’étais presque par hasard. Ma vie ces 13 dernières années n’aurait ressemblé en rien à celle que j’ai vécue sans ces quarante-huit heures à Caen dont cet album a été la B.O.
From The Air – Laurie Anderson
Difficile choix que ce dernier morceau, mais comme j’ai décidé de procéder de façon chronologique, j’ai choisi un morceau dans la lignée de ce qui m’obsède le plus ces dernières années c’est-à-dire des artistes qui trouvent cet équilibre délicat entre la pop et une approche plus expérimentale, entre quelque chose de très accessible mais qui demande néanmoins un certain effort, entre quelque chose d’assez confortable en termes de repères mais avec une originalité parfois déroutante. Laurie Anderson en particulier avec cet album, incarne parfaitement cette ambivalence.