Retour de Jason Lytle et Grandaddy avec leur sixième album Blu Wav qui se crante dans la plus pure tradition Grandaddi-esque. La meilleure récompense à notre patience.
Sept ans déjà. Sept longues années durant lesquelles tous les fans de Grandaddy ont craint pour le devenir de leur groupe préféré. En 2017 paraissait le (déjà) très attendu Last Place, lui-même un petit miracle car premier album depuis la reformation du groupe qui, pour des raisons qui nous échappent encore, s’est séparé en amont de la sortie de Just Like The Fambly Cat en 2006, album injustement renié par ses pairs et jamais joué en live, nous remémorant le sort tragique d’un Strangeways, Here We Come et d’une génération entière de fans des Smiths qui ne se sont toujours pas remis de cet évènement.
Évidement, une petite lueur d’espoir naissait quand en 2012 se produisaient sur la scène de la Cascade au festival Rock en Seine Jason Lytle et toute la formation au complet pour un concert best-of, qui scellait à nouveau le destin des skateurs-rockeurs les plus cool de Modesto, Californie.
Évidement, une petite lueur d’espoir naissait quand en 2012 se produisaient sur la scène de la Cascade au festival Rock en Seine Jason Lytle et toute la formation au complet pour un concert best-of, qui scellait à nouveau le destin des skateurs-rockeurs les plus cool de Modesto, Californie.
S’en suivi en 2017 le retour en live, notamment à Paris lors du ARTE Concert Festival à la Gaîté Lyrique, où le groupe nous fit découvrir toute la majestuosité de Last Place et où, sans le savoir, nous assistions à la dernière prestation de Kevin Garcia. A peine un mois après ce concert enjôleur, notre doux bassiste nous quitta et s’en suivi une mise en berne automatique de Grandaddy. Extrêmement touchés par le décès de leur ami d’enfance et camarade de jeu, les membres de Grandaddy ont vaqué à leurs occupations chacun de leur côté, notamment Jim Fairchild et la tête pensante du groupe, Jason Lytle, qui lui n’a de surcroit jamais cessé de produire en parallèle ses disques en solo.
C’est dans ces drôles de conditions que nous avons alors retrouvé Jason à Paris en 2022 au Trianon pour l’interprétation dénudée de l’album The Software Slump accompagné du Lost Machine Orchestra, et re-découvrir les titres déjà merveilleux du disque revêtus de la splendeur d’un orchestre philharmonique.
C’est dans ces drôles de conditions que nous avons alors retrouvé Jason à Paris en 2022 au Trianon pour l’interprétation dénudée de l’album The Software Slump accompagné du Lost Machine Orchestra, et re-découvrir les titres déjà merveilleux du disque revêtus de la splendeur d’un orchestre philharmonique.
Depuis, le doute persistait. Toujours présent mais un peu au compte-goutte sur les réseaux sociaux, plus souvent occupé à nous faire état de ses exploits en BMX dans ces belles montagnes du Montana, Jason Lytle a enfin brisé le silence et nous a dévoilé la naissance du sixième album studio de Grandaddy, Blu Wav. Entièrement composé par ses soins, l’album se présente comme un retour aux sources de la pop féérique de l’américain. Et pourtant … La petite histoire veut que cet album ait surgit dans l’imaginaire de Jason à l’écoute du titre country des années 50 Tennessee Waltz de Patty Page. A partir de cette chanson aussi simple que gracieuse, les neurones de notre bricoleur ont ainsi, et comme souvent dans l’imaginaire de Grandaddy, mélangé les idées et les genres. Blu Wav offre treize morceaux de pop cosmique, qui flirte avec la finesse et la technicité de la musique country tout en baignant allégrement dans les samples et boucles lunaires des synthétiseurs et autres machines auxquelles Jason Lyttle réussit systématiquement à insuffler une véritable âme. Jed The Humanoid ne dirait pas le contraire.
Les singles majeurs du disque se présentent comme du Grandaddy « pur jus ». Ainsi, Cabin Mind, Watercooler ou Jukebox App s’amusent de situations où les êtres humains se retrouvent confrontés à leur sentiments et bien souvent sans une fin heureuse. La solitude, la mélancolie mais aussi la tendresse et toujours avec Jason Lytle, le côté « beautiful loser » ressortent de ses odes tragi-comiques. Musicalement, c’est toujours un voyage hybride qui se déroule soit dans des limbes brumeuses et synthétiques épurées aux échos sans fin, soit dans un nid d’influences folk et blue-grass où la guitare et le piano font des merveilles. Souvent, les styles se mélangent et le résultat n’en est que plus fascinant. Les puristes (il y en aura toujours) sont ressortis un peu frustrés, ne retrouvant pas totalement la magie créatrice et l’audace qui émanaient des albums précédents, chacun faisant à son tour ressortir des titres devenant automatiquement des classiques de Grandaddy. Blu Wav, bien que répondant à l’intégralité des codes que chérissent les fans, peut alors paraitre comme déjà entendu et un peu trop timide. A cette impression nous répondrons que Jason Lytle étant une éponge à émotions, émotions qu’il a toujours bien voulu partager avec nous, se remet probablement toujours difficilement d’un divorce et du décès d’un frère d’armes, tel que sous-entendu dans les paroles douces-amères de You’re Going To Be Fine And I’m Going To Hell ou On A Train Or Bus. Ainsi pouvons-nous accepter le fait que Blu Wav soit l’album de la rémission et accorder tout le crédit possible à ce travail de dentelier qui ne nous a jamais autant paru à fleur de peau pour un album de Grandaddy.
Toujours dans le doute s’agissant de retrouver un jour Grandaddy sur scène, et si cela est le cas sous quel format, espérant de notre côté une réunion des membres d’origines, Blu Wav , comme à l’image de son artwork aux allures de balade dans une constellation lointaine, nous invitant à croire fortement en un alignement des étoiles en notre faveur et au retour du groupe indie rock le plus beau que l’Amérique nous ait jamais offert ces trente dernières années.