Chaque nouveau projet de Future est une bénédiction autant qu’un mystère. À quel sauce va-t-il relevé sa recette qui n’a plus rien à prouver ? Sur We Don’t Trust You il s’allie au producteur Metro Boomin pour livrer un nouveau cru maison qui, sans forcer, prouve une nouvelle fois que la nonchalance du rappeur est surement sa meilleure alliée.
Sous ces orchestrations de cuivres, Metro Boomin continue de distribuer une trap qui peut certes manquer d’un grain de folie mais aucunement d’efficacité. Sur We Don’t Trust You, la folie elle va se trouver chez son collègue, celui qu’on ne présente plus tant il a marqué le rap international et influencé plusieurs générations de rappeurs aussi bien par sa facilité derrière le micro que par son attitude : Future.
Ce dernier fait de chaque morceau un terrain de jeu aisé pour ses performances vocales : flow codéiné et mélodieux sur Runnin Outta Time ou trap nébuleuse sur Magic Don Juan (Princess Diana), il profite de sa facilité à s’adapter sur tous les types de productions pour montrer que sa palette n’a de limites que son imagination et sa paresse. Un vice qui lui colle autant à la peau que sa consommation de codéine et qui, on ne va pas se le cacher, fait tout le charme du personnage.
Sur cet opus, il continue d’ailleurs de faire de sa consommation de drogues, de ses multiples rapports charnels et de ces outranciers achats de luxes des sujets récurrents. Il gratifie le tout d’un égotrip qui, par conséquent tourne une nouvelle fois en rond dans ses thématiques mais qui, néamoins n’a pas perdu de sa fougue tant il semble habité par la facilité de son interprète. Cela permet aux auditeurs de ne pas se lasser tout au long de la petite heure de musique que comporte le projet. Pour ceux qui pourraient trouver le tout rébarbatif, le projet se laisse le temps de respirer avec la présence de la crème du rap américain de la présente décennie.
A l’instar du dernier projet de Metro Boomin (HEROES & VILLAINS, ndlr), ces moments, permettent de se faire une grossière idée des tendances musicales qui parsèment la scène mainstream du rap américain de ces dernières années. La trap luxuriante de Rick Ross, les ambiances r’n’b de The Weeknd ou encore les expérimentations de Travis Scott et de Playboi Carti, autant de styles différents qui animent le pays de l’oncle Sam. Le pic de toutes ces collaborations reste l’arrivée surprenante de Kendrick Lamar qui se montre bien plus incisif que sur son dernier opus (Mr. Morale & The Big Steppers, ndlr).
Ce dernier jouant plus la carte de l’intime, il prouvait également le gout de l’ouverture musicale qui parsème la discographie du californien. Ici c’est avec la même fougue de la jeunesse habitant son second album (Section.80) qu’il prend les rennes de l’outrons du titre. Une fougue sans limite qui va même jusqu’à piquer une autre superstar de la scène Outre-Atlantique, absente du projet, Drake. Un beef qui s’apparente tout de même plus à du divertissement made in USA qu’à une réelle animosité mais qui aura tout de même bien fait parler de lui.
Hormis ce petit moment de divertissement, le reste du projet continue de se dérouler sans vraiment chercher à se renouveler.
On ne peut cependant retirer aux deux artistes le fait qu’ils semblent s’être amusés à concocter ce projet entre deux achats de Richard Mille et de bijoux diamantés. Ce qui peut laisser à certains le goût amer de ne pas y retrouver la certaine fantaisie qui habitait d’antan le génie de Future…