La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de notre 212ème sélection.
Nerlov – Affamé
Les semaines passent et l’on se rapproche doucement du premier album de Nerlov. Si dernièrement le garçon nous avait offert un versant plus dansant et « positif » de sa musique, le voilà qu’il vient nous percer le cœur sans prévenir avec la superbe Affamé.
Si son sens de l’écriture ne l’éloigne jamais du jeu de mots bien senti, Affamé est le genre de morceau qui transperce et nous bouleverse lentement, en douceur, sans jamais forcé.
La force du morceau réside dans sa grande sincérité, dans ce discours presque désespéré qui se dévoile sur une rythmique à la langueur qui nous chamboule et nous fait pleurer.
Affamé c’est la mise à nue d’un artiste qui se questionne, qui interroge le rapport au succès, le besoin de reconnaissance et l’envie plus que tout de vivre de sa musique, quitte à en crever de faim.
Un titre sans fard qui s’accompagne d’un clip Djavanshir. N qui lui ressemble étrangement. Un plan fixe sur fond jaune nous dévoile un Nerlov étrangement au naturel jusqu’à ce que l’on remarque le jeu de collage sur les yeux et la bouche, comme si l’image que nous renvoie un artiste était toujours légèrement décalée et perturbée.
Un titre lourd de sens et à la beauté sans paillettes, idéal pour nous faire survivre au changement d’heure.
Michelle & Les Garçons – Revoir le monde
On reste du côté de Angers mais pour retrouver Michelle & Les Garçons. Un an après la sortie de leur premier EP, le trio est déjà de retour et dévoile cette semaine son nouveau single Revoir le monde.
Si on sent toujours l’appétence de Michelle & Les Garçons pour la pop 80’s, ce nouveau titre leur permet de « muscler leur jeu » comme dirait ce cher Aimé Jacquet. Superbement produit, Revoir le monde est porté par une ligne de basse bien punk et entêtante accompagnée d’une batterie au rythme qui ne faiblit pas et des nappes synthétiques qui nous donnent envie de danser.
Normal après tout puisque Revoir le monde est l’histoire d’une renaissance. Réparation du coeur et disparition des larmes sont au programme ici avec un texte qui invite à laisser derrière soi les relations toxiques qui détruisent et à aller chercher un renouveau, une vie toute neuve après une expérience négative.
Déjà à l’origine du génial clip de Bizarre, Sarah Dumesnil continue d’emmener le trio dans un univers au croisement de Twin Peaks et du Rocky Horror Picture Show.
Un univers hyper pictural et à la photographie assez dingue qui nous entraîne entre rouge et bleu dans un monde irréel, entre exploration mentale et déviance pop bien sentie qui transforme Michelle & Les Garçons en icônes d’une pop qui n’a pas fini de nous réjouir. Alors on rentre dans la danse, on apprend la choré et on attend très très fort la suite à venir.
SHADI – Je veux être une star
La pop française nous révèle encore de belles surprises. Sur le devant de la scène, nous appelons sans plus attendre Shadi. Elle dévoile cette semaine le clip de son dernier single, ou plutôt de son hymne phare, Je veux être une star.
Réalisé avec Romaric Olarte, on découvre Shadi tantôt libre face à la mer, ou vêtue de sa plus belle robe sous le feu des projecteurs. Le clip au grain rétro s’appuie sur ces deux images, et les lie le temps d’un morceau. Un pont pour les rêves, “j’ai toujours voulu être actrice” nous glisse-t-elle à l’oreille.
Sur une prod rythmée, et à travers son regard perçant et sa mèche rouge, on perçoit ce feu intérieur. On aime son humour, et on reprend aisément ses paroles pour la rejoindre et danser, ou bien … (c’est notre secret anti-déprime) dès le matin. Il est 9h, et personne ne le sait, mais une star sommeille en nous dans cette rame de métro grise et bondée.
Je veux être une star, rien que ça ? Après l’avoir découverte en concert, c’est tout ce que l’on peut souhaiter à cette jeune artiste. De l’énergie à revendre, du jeu et une folie qui fait tellement plaisir à voir. À très vite Shadi !
Elliot Cooper – Trashcan World
Elliot Cooper est-il le fils caché d’Elliott Smith ? À ceux qui (comme moi) se languissent de la discographie interrompue de leur icône, réjouissons-nous. Le renouveau de la scène folk est dans la place, et incarnée par un auteur-compositeur dont les titres s’enchaînent comme autant de succès… « Trashcan World » ne devrait pas faire exception.
Aboutissement d’un processus créatif de plus d’un an, son écriture donne forme à une fol « envie de donner un gros coup de pied libérateur dans mes problèmes, et de les envoyer valdinguer hors de mon horizon pour retrouver le contrôle ! » C’est dit. Enregistrée au studio Astral Electric, mixée par Antonin Astruc, on en découvrait il y a quatre jours les images, signées Mathilde Cartoux et dirigées par Elliot.
À l’écran, une esthétique délabrée à la Harmony Korine, ou semblant tout droit issue du très beau Florida Project… Captifs de son timbre, grain mélancolique, tempo lent tranchant avec les inflexions lumineuses du refrain, on navigue fascinés entre footages désillusionnés et horizon acidulé. Les codes du genre sont figés sur pellicule, de la langueur subversive d’une jeunesse laissée à elle-même.
Comme ces enfants white trash qui peuplent un univers entre deux continents, « Son of Sam », Elliot en est un, définitivement. À suivre.
Pete & Bas – Get Low
Le dimanche pendant que ton papy fait la sieste dans le canapé après le traditionnel poulet rôti certains grands pères s’amusent franchement à foutre un joyeux bordel dans nos oreilles et à tout casser sur leur passage.
On parle bien sûr de Pete & Bas, le duo le plus dingue d’Angleterre actuellement en activité. Deux semaines après avoir dévoilé le déjà excellent The Gentlemen, les voilà de retour avec Get Low, un banger imparable qui repousse encore les limites stylistiques du duo, emmenant leur son vers des contrées plus house et dansante.
Flow impeccable, production aux petits oignons et un sens de la punchline qui ferait pâlir bon nombre de rappeur, Pete & Bas continuent de mettre tout le monde d’accord avec Get Low.
Pour l’accompagner, ils continuent de se mettre en scène dans une imagerie hyper énergique et énervée, entre style de gangsters à l’ancienne et un univers bling bling et bordelique moderne et clinquant.
On vous le dit, écouter Pete & Bas c’est en tomber immédiatement amoureux. On vous invite à nous rejoindre faire la fête avec ces deux là, le thé attendra.
CEYLON – WHATEVER (LIVE)
Après le clip ultra inventif et onirique signé Hellena Burchard paru le mois dernier pour « On ne dit pas », Ceylon revient dans un tout autre style, et nous prend de court (encore une fois). « Whatever » s’illustre d’une captation live qui vous donnera envie de ne rater leurs concerts sous aucun prétexte, ne serait-ce que pour l’énergie contagieuse du jeu scénique de Louise, sulfureux et cathartique au possible.
Au son, des racines tentaculaires. Le groupe continue sa cavalcade et glisse de la transe au psyché, avec une incursion par le disco, sans se départir de ses inflexions trad’ aux voix – parfaitement maîtrisées. « Whatever, if you don’t want to listen to this song » : psychologie inversée réussie, en attendant la release, on écoute en boucle !
VAMPIRE WEEKEND – MARY BOONE
Il y a des groupes qu’on aime et écoute tellement qu’on ne voit jamais vraiment le temps passer. Et pourtant, cela fait déjà plus de 15 ans que la musique de Vampire Weekend nous accompagne et 5 ans depuis la sortie de Father Of The Bride.
La bande d’Ezra Koening dévoilera donc la semaine prochaine Only God Was Above Us, son très attendu cinquième album. Et après une poignée de singles géniaux, les new-yorkais nous offrent cette semaine Mary Boone, épopée pop sublime qui nous rappelle à quel point ces garçons là sont des formidables mélodistes et créateurs d’atmosphère.
Toujours focalisé sur le temps, l’amour et leur ville de naissance, Vampire Weekend nous offre un morceau qui tutoie les nuages. Si il rappellera aux connaisseurs du groupe certains de leur meilleurs morceaux, Mary Boone se transforme avec bonheur sur ses ponts, porté par des percussions presque hip hop et un sens de la liberté très jazz.
Pour l’accompagner, le groupe nous donne le rôle de spectateur, nous entraînant dans un road trip à la première personne dans une voiture. Une autre lettre d’amour à la ville de New York qui nous transporte très loin pendant plus de 4 minutes.
Pour le reste, rendez vous la semaine prochaine pour découvrir l’album et en décembre pour retrouver le groupe sur scène à Paris dans la toute nouvelle Adidas Arena.
Nicolas Michaux – She’s an Easy Rider
Nicolas Michaux fait cette semaine un retour remarquable et remarqué avec la sortie de son nouveau titre, She’s an Easy Rider. À l’origine écrit et interprété par Tucker Zimmermandans les années 70, le morceau reçoit ici un bel hommage à travers cette nouvelle version : l’artiste belge a su donner une deuxième vie à ces mots de liberté, notamment via le clip qui l’accompagne. Réalisé par Kevin Antoine, ce petit film change l’époque et le moyen de transport mais garde au cœur du propos le désir d’émancipation et de vent dans les cheveux.
DOPAMOON – Maravilhosa ft. João Selva
Le printemps est là, le soleil un peu moins. Nous accusons donc un certain manque de dopamine afin de réguler nos humeurs et nous sortir définitivement de l’hiver.
Heureusement pour nous, cette semaine une solution toute simple est venue frapper à nos oreilles : Maravilhosa, le nouveau titre des français DOPAMOON en collaboration avec João Selva.
Un cocktail absolument parfait composé d’une bonne dose de french touch et d’une rasade de musique brésilienne. Vous secouez le tout avec énergie, vous ne laissez absolument pas reposer et vous servez le tout pour un résultat explosif et bienvenue.
Comme toujours avec DOPAMOON, il est impossible de se départir de la bonne humeur et du plaisir, Maravilhosa est donc le genre de morceaux qui fait beaucoup de bien et qui met du soleil dans nos esprits lorsque le ciel est tout gris.
Et quoi de mieux pour accompagner le tout qu’une petite promenade à la plage ? Maëldan Delpy nous entraîne pour une rencontre impromptue entre une jeune femme et un ananas sur fond de ciel bleu et de sable fin. Un clip tout simple et évident qui nous donne franchement envie d’être déjà cet été pour chiller à la plage avec du DOPAMOON dans les oreilles.
Les New-Yorkais de Crumb sont de retour cette semaine avec AMAMA, nouveau single qui donnera aussi son nom à leur troisième album à venir.
Le quatuor de Brooklyn continue d’explorer une musique au carrefour des genres, entre l’indie, le psychédélisme, la pop et le jazz. Porté par la voix et l’écriture sensible de Lila Ramani. AMAMA parle d’amour de manière assez directe et évidente dans un morceau absolument dingue dans sa construction mélodique.
On évolue aussi dans un univers de symbiose absolue entre les quatre musiciens, nous laissant découvrir au fur et à mesure des écoutes tout un tas de détails et d’éléments qui rendent le morceau différent à chaque écoute.
Pour accompagner le morceau, Abraham EL Makawy créé un univers visuel tout aussi psychédélique que le morceau, entre found footage, animation et digression colorée qui rendent le tout aussi original qu’évident.
Une manière parfaite de lancer l’aventure de ce troisième album avant de les retrouver sur scène à Paris en mai à La Belleviloise.
Personal Trainer – Intangible
Les groupes néerlandais ont de plus en plus le vent en poupe. Personal Trainer en est sûrement l’un des groupes emblématiques de cette génération folle et innovante. On les avait déjà d’ailleurs repéré à leur live délirant au festival Block Party du Supersonic de 2023. Avec leur nouveau titre Intangible qui sert d’entrée avant leur deuxième album, le groupe composé de six membres met justement en valeur ses prestations scéniques. Il faut dire que les instruments utilisés s’empilent, en particulier sur sur ce morceau avec les riffs funk de la guitare, des instruments à vent virevoltants et des touches de synthé. En somme, une belle fanfare sonore qui nous entraîne à danser sur de good vibes.
Pacho Diño ft Cshmr – Tempo
Quelques mois après avoir dévoilé son projet Hook Up Season, Pacho Diño fait son retour avec un nouvel EP baptisé 2 Dayz in MTL. Le titre est presque éponyme à la ville où a été entièrement enregistré le projet. Pour célébrer cette occasion, il lance le clip de Tempo en collaboration avec Cshmr.
Pacho Diño déborde d’audace en traversant les frontières pour nous emmener à Montréal et nous dévoiler les fruits de sa collaboration avec Cshmr. Ce voyage est l’occasion pour lui de consolider son style musical doux et aérien, typique de son univers R&B si singulier. Ensemble, les deux rappeurs nous guident à travers une visite nocturne de la splendide ville canadienne, illustrant ainsi une collaboration à la fois efficace et lumineuse.
Pour l’anecdote, Pacho Diño a manqué son vol trois fois avant d’arriver à destination. Cette petite histoire ajoute une dimension encore plus humaine à la collaboration et met en évidence la détermination de l’artiste. Et cela s’est avéré être un bon choix, car cette pépite francophone propose un projet ambitieux et tout à fait dans son style.