Les clips de la semaine #213 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 213ème sélection.

Kamasi WashingtonDream State (feat. André 3000)

Kamasi Washington a ENCORE frappé, et de quelle manière. Sur la route vers la sortie de son prochain album, Fearless Movement, qui sortira le 3 mai prochain chez Shoto Mas, le californien a laissé s’échapper un nouveau single avec un invité, et non pas des moindres : André 3000. Comme à son habitude, on retrouve le saxophoniste en pleine maîtrise de ses moyens, arborant un style qui rappelle sans équivoque le Jazz Spirituel d’Alice Coltrane. Dream State met en place une atmosphère douce, très ambiante qui se construit sous la forme d’un crescendo. Ce dernier est initié par la flûte d’André 3000 qui apporte une touche très lancinante qu’il a développé sur son dernier album New Blue Sun sorti en fin d’année dernière.

Visuellement, le clip qui accompagne Dream State consiste en une série de capsules vidéo très contemplatives qui dépeignent la nature. On aperçoit particulièrement la figure presque shamanique de Kamasi Washington dans un plan qui le montre avec beaucoup de sérénité et de sagesse. Le saxophoniste dépeint alors une ambiance que l’on a hâte de découvrir plus amplement au début du mois de mai sur le prochain album du musicien.

Oh Hiroshima – Wild Iris

Le groupe de post-rock suédois Oh Hiroshima vient d’annoncer la sortie de son prochain album le 28 juin prochain chez Pelagic Records. Il se nomme All Things Shining et Wild Iris est le premier extrait à être dévoilé. De retour en duo, les frères Jakob Hemström et Oskar Nilsson laissent ici le chant transparaître. Rappelant parfois The Ocean mais sans jamais oublier le post-rock originel, Oh Hiroshima séduit instantanément. Des nappes puissantes et atmosphériques dès les premières notes et des mots qui frappent là où il faut. Alors s’insurger contre la médiocrité, à travers une exploration sonore riche, rehaussée d’un clip qui ne mâche pas ses mots. Des plans du duo en train de jouer apparaissent, en alternance avec des personnes tentant de se nourrir du vide présent dans leurs assiettes. Ce néant les amène jusqu’à un vieillissement prématuré. De la peau et des idées.

Le chanteur/guitariste nous en dit un peu plus : « Ce titre va droit au but, plus que tout ce que nous avons fait auparavant, tout en conservant notre amour pour l’atmosphère. Les paroles sont dans la même veine, et le clip qui l’accompagne, entièrement créé par le groupe, vise à capturer et à développer à la fois les aspects lyriques et sonores de cette chanson. »

Juniore – Le Silence

Le silence, c’est Terminé pour Juniore. Le trio est de retour cette semaine et ça nous rend carrément heureux.

Quatre ans après la sortie du superbe Un, Deux, Trois, (on vous en parlait ici ) dont la sortie avait été flinguée par le COVID, on commençait à se languir dans l’attente du retour de Juniore.

Et autant dire qu’une demi-seconde après avoir lancé le titre, on se rappelle facilement tout ce qu’on aime chez eux : des influences yéyés qui sonnent comme du punk, une production folle qui souligne toute la beauté des compositions et la voix d’Anna Jean, reconnaissable entre mille avec sa diction parfaite et sa distance bien sentie.

Le Silence, c’est un rythme fou pour des questions sans réponses, une mitraillette verbale qui ne s’arrête jamais de nous interroger sur ces petits moments de vide qui peuvent autant calmer le jeu que laisser grandir une tension sourde.

Groupe aux talents multiples, Juniore impose aussi sa patte sur son visuel. Fond noir, filtre rouge et bleu et incrustation de textes sont au rapport pour ce clip aux influences forcément très 60’s. On retrouve donc Anna, Swanny et et Samy assaillait par ces questions qui flottent dans l’air, par ce silence qui apparaît partout malgré eux. Un clip classieux et énigmatique à l’image du groupe.

Avec ce nouveau titre, et l’album à venir, Junior fêtera en grande pompe sa dixième année d’existence avec une tournée prévue cette automne et des passages notamment à l’Aéronef de Lille et à La Gaité Lyrique. Le rendez-vous est déjà pris de notre côté !

Bagarre – TU M’RENDS FOU (spooky bitch)

En parlant de retour, Bagarre a dévoilé la semaine passée, Le Club C’est Vous, leur troisième album après une pause de cinq ans. Et parmi les titres qui marquent de leur emprunte la grande et belle évolution du quintette, il y a TU M’RENDS FOU (spooky bitch).

Ambiance apaisée et production pop poussée et assumée, le morceau emmène la radicalité de Bagarre ailleurs, dans un univers qui se veut de plus en plus accueillant pour permettre au message de passer de mieux en mieux.

TU M’RENDS FOU (spooky bitch) c’est une déclaration d’amour pure aux misfits, à toutes celles et ceux qui survivent et brillent par leur originalité, leur personnalité à la marge et pour qui la vie quotidienne est parfois un combat dans un monde définitivement trop petit pour eux. Mais dans l’univers de Bagarre, ce sont ces gens là que l’on célèbre et que l’on aime.

Pour accompagner le morceau, Antoine Wibaux organise un western queer sur les Champs-Elysées, transformant La Bête à un cowboy solitaire. La guitare au bout des doigts, le garçon déclare haut et fort son amour Moon, héroïne toute puissante de ce clip qui s’amuse des codes et des clichés pour délivrer ce message fort.

Coloré et presque inoffensif au premier abord, la vidéo s’amuse de cela pour offrir un beau moment de tolérance, d’humour et d’amour. Des choses dont on manque cruellement en ce moment.

Et puisque le club c’est nous, Bagarre viendra retourner notre été et les festivals de France, de Suisse et de Belgique. Mais avant ça, il y aura forcément la grande fête au Bataclan le 24 mai prochain.

Bibi Club – Parc de Beauvoir

Alors que l’arrivée de Feu de Garde, leur second album, se rapproche, Bibi Club est de retour cette semaine avec Parc de Beauvoir.

Ce nouveau morceau prolonge l’esthétique déjà entrevue dans les précédents morceaux dévoilé, à savoir une sonorité bien plus brute et live tout en gardant le côté rêveur et lumineux du duo.

Le morceau, écrit en anglais, porte en lui une écriture poétique mais bien plus ancrée dans le réel que sur les morceaux en français. Ainsi Parc de Beauvoir parle d’un souvenir précis, d’une journée dans un parc en famille, mais étrangement la répétition de certaines expressions transforme l’expérience en quelque chose de presque effrayant, comme si Bibi Club était bloqué dans une sorte de boucle où certains détails semblent changer par moments.

Pour l’accompagner, le groupe s’occupe du clip avec Gus Englehorn et Estée Preda. On retrouve ainsi l’esthétique visuelle toujours aussi DIY et granuleuse qui réapparaît à chaque vidéo du duo.

Ici, l’idée du Parc est au centre de l’image mais il se développe de manière complètement différente du morceau, même si l’idée du merveilleux au coeur du quotidien est toujours aussi présente.

Ainsi, alors que la vidéo avance, un parallèle permanent est fait entre notre duo favori et une bande de jeune qui semble vivre une vie pleine d’insouciance et d’espoir. Visuellement, Parc de Beauvoir semble traiter une certaine nostalgie de l’amitié adolescente, de ces instants où tout semble possible et envisageable.

Pour le reste, le groupe sera présent prochainement au Printemps de Bourges avant de revenir pour une tournée au mois de juin. Entre temps, le merveilleux Feu de Garde sera sorti et on a vraiment hâte que vous puissiez, vous aussi, le découvrir.

Big Wool – Alien

On n’a pas tous une place évidente dans le monde. On cherche, on cherche mais parfois, on a bien l’impression de venir d’une autre planète. Heureusement pour nous, il y a l’art, et bien souvent la musique, pour mettre des mots sur nos émotions.

C’est le cas cette semaine avec le Alien de Big Wool. Charge émotionnelle intense, le titre des angevins, qui ouvre leur superbe Alien Days à venir, utilise l’épure pour nous toucher en plein cœur et les envolées épiques pour nous foudroyer totalement.

Une ligne de basse qui se répète pour porter le titre, une apparition bien sentie des cordes (de violon et de guitare) et un superbe texte scandé par la voix mouvante de Maxime, Alien se vit comme un beau moment d’intimité collective et nous rappelle qu’on est jamais vraiment seul à se sentir bizarre et différent.

Pour l’accompagner, c’est une nouvelle fois Chris Télor qui s’occupe de la réalisation. Clip ou court métrage ? Notre cœur balance tant le superbe travaille du réalisateur mérite d’être souligné.

Un clip qui sent bon l’amour du cinéma indépendant américain, ces histoires de ciel bleu et de jeunesse insouciante qui se fracasse malgré elle sur la réalité de l’existence.

Ainsi, on suit l’été d’un garçon dans un lieu sans temporalité et sa relation unique avec sa grand mère. Au fur et à mesure que la vidéo avance, la temporalité se fait trouble et on avance à tâtons dans cette histoire qui sous couvert de légèreté gagne en sérieux et en tristesse.

Tout ceux qui ont vécu les étés en famille loin de tout retrouveront l’âme de ces instants et souvenirs qu’on finit par chérir plus que tout à mesure que le temps passe.

Alien Days de Big Wool est attendu pour la fin avril et il se peut qu’on vous réserve une petite surprise avec l’album.

TERRIER – J’ai plus peur (Session live)

Le TERRIER commence à nous manquer ! On sait qu’un prochain opus doit pointer le bout de son nez, on a déjà eu l’occasion d’avoir quelques aperçus sur scène, des petites créations filmiques fleurissent ici et là depuis le début d’année et on sait d’ores et déjà que ça va envoyer du lourd.

Parmi ces nouveautés, J’ai plus peur un single que lui a offert Elodie Charmensat d’Ojos. Une chanson qui correspond bien au garçon : son franc parlé, sa sensibilité dissimulée, son mi-chemin rock, les ingrédients sont bien tous présents. Et après l’avoir mis en clip la semaine dernière, TERRIER s’est entouré de ses bons camarades Joseph Deschamps à la basse et Ilan Rabate à la batterie devant la caméra de Nicolas Garrier Giraudeau pour une live session de grande qualité dans la salle de Main d’Oeuvre à Saint-Ouen.

Sans artifice,au plus brut, TERRIER livre cette chanson en laissant derrière lui les fantômes pour mieux savourer sa vie d’amoureux. Et nous, on l’aime simplement comme ça.

LE BLEU – Kiss me

Voilà maintenant quelques semaines que nous vous avions parlé des toulonnais Le Bleu qui voulait Tout éteindre. Ils ont poursuivi le sentier qu’ils se tracent fur et à mesure, débarque ainsi leur nouveau single Kiss me. Un titre en apparence anglophone mais interprété en français.

Dans Kiss me, Arthur et Hugo sont plus rock dans leur approche, on savoure la gratte glaciale qui tranche. Les corps se pixelisent, se démultiplient. Kiss me c’est l’histoire d’une romance d’un soir et des sentiments jusque là encore endormis qui se réveillent, d’un manque peut-être redouté mais bien naissant. La pixelisation comme métaphore du trouble.

Indigo Birds – Near Geneva

Les quatre normands d’Indigo Birds se font détectives d’un jour le temps de Near Geneva. Dans un clip réalisé par Zélie Fasquel et Clément Barbier, intégralement en noir et blanc, nos investigateurs remontent le fil dans l’espoir de trouver les circonstances de la mort de ce brave homme au milieu des ballons baudruches. Peu à peu, on comprend que ce mort est à plusieurs endroits ; la plage, la forêt… Mais l’enquête ne prend pas, les enquêteurs sont hantés par son fantôme, la réalité de l’enquête se mêle à la rêverie. Et s’il fallait chercher du côté de Genève ? Simple supposition.

En attendant le nouvel album As Seasons Changed à venir en juin prochain, le quatuor nous partage un morceau bien groovy, à la limite du dansant, avec un chœur entièrement féminin, c’est efficace.  

MDNS – La Vie Est Belle

L’artiste lillois revient en beauté avec un nouveau titre impactant, intitulé La Vie Est Belle. Comme à son habitude, MDNS nous livre une œuvre profonde, avec une attention particulière portée au texte, au sens.

A la fois intime et relatable, l’auteur nous partage ces lignes douce-amères, pleines d’ambivalence sur l’hydre à deux têtes qu’est la dépendance. Des mots percutants sur des maux authentiques qui témoignent d’une troublante sincérité rendent ce titre touchant et inspirant pour peu que l’on puisse s’identifier. Sur ce nouveau single, le néo-punk semble avoir choisi d’apaiser sa fougue habituelle, mais conserve évidemment cette esthétique forte et singulière qui émane comme toujours, du titre autant que du clip qui l’accompagne.

Ce clip, réalisé par NineNine, met encore un peu plus en exergue l’ambivalence de la dépendance, sa présence réconfortante autant que son appétit vorace qui ronge à petit feu. Mais aussi et surtout, son omniprésence et la profonde difficulté de couper les ponts avec cet.te ami.e terrible.

Au final, c’est aussi et surtout un message d’amour et de soutien que partage MDNS, une belle manière de dire « tu n’es pas seul.e ».

LENPARROTEn Plein Air

Happés par les notes d’une douce et mélancolique mélodie, Lenparrot nous entraîne – avec la sensibilité qui lui est propre – subrepticement sur le chemin que suivent son cœur et ses pensées. En Plein Air est un hommage à sa grande tante Françoise Lallement qui lui était très chère. Cette chanson effleure, sans emphase, la déchirure du deuil que l’on doit accepter et les souvenirs que l’on veut perpétuer. En même temps solennelle et intime, elle nous touche par la délicatesse et la justesse des sentiments qui en émanent.

Si En Plein Air est née (entourée de la magic team constituée d’Astrobal, de Nina Savary et de Vincent Pieuvre que l’on adore) dans le massif des Corbières, non loin de la mer Méditerranée, c’est sur le littoral atlantique des Sables-d’Olonne que la réalisatrice Zoé Chadeau a choisi de tourner le clip illustrant la chanson. Un parcours solitaire que suit Lenparrot de l’ombre de la forêt d’Olonne à la lumière du bord de mer. On ressent dans ce cheminement comme une sorte d’apaisement qui trouve toute son expression dans la dernière partie de la chanson à la rythmique plus envolée. Un final en forme d’élévation, musicale et cathartique, illuminé par le phare de Barges au large des Sables-d’Olonne.