La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 213ème sélection.
Malik Djoudi – Vivant
Malik Djoudi est de retour, et encore bien Vivant. Dans ce premier extrait de son quatrième album, Malik Djoudi continue d’explorer son paysage musical si singulier et toujours en se réinventant. Vivant est un clin d’œil à ses jeunes années – à nos jeunes années – lorsqu’encore animés par une naïveté enfantine, les sentiments que l’on éprouvait alors ne pouvaient qu’être vrais, car spontanés. Vivant est une ode à la vie et surtout à l’amour qui en est l’essence.
Entouré de ses amusiciens Adrien Soleiman, Elise Blanchard et Arnaud Biscay, Malik Djoudi nous livre une électro pop raffinée, joyeuse, et surtout sensible. C’est un titre beau et prégnant que l’on écoute le sourire aux lèvres. Un voyage au cœur de l’intimité du musicien, dans les réminiscences d’une jeunesse qui ne l’a jamais vraiment quittée.
Chad Zem en a réalisé le clip en donnant corps à ce voyage intériorisé. Une mise en images qui voit le Malik Djoudi d’aujourd’hui observer avec tendresse celui qu’il était hier. Les plans se structurent en différents tableaux mettant en scène la complicité fraternelle, l’attachement maternel et les premiers émois amoureux. Un mouvement, une respiration parfois retenue, souvent haletante. Une folle envolée portée par nos émotions. Des frissons qui traversent notre corps tout entier et qui finissent par nous toucher en plein cœur. « Je suis enfin vivant. Vivant comme je l’aime ».
Aja feat. Canblaster — Sceaurore
Moins d’un mois après nous avoir fait découvrir Sceaurore au travers du clip hautement onirique réalisé par Simi Beniamino, Aja accompagnée de Canblaster nous en livre une version live qui en exhausse d’autres saveurs. Les compositions d’Aja se lisent comme des parchemins médiévaux que l’on parcourait. Attiré par la ligne musicale narrative, on se trouve happés par les enluminures dans lesquelles on prend plaisir à s’égarer. Ainsi affranchies, nos pensées vagabondent et nous extraient d’une réalité parfois trop présente.
Si l’on peut vous conseiller d’écouter les morceaux les yeux fermés et s’assurer d’un meilleur lâcher-prise. On peut aussi vous inciter à regarder – les yeux grands ouverts – cette session live enregistrée au Chien Bleu Studio. Assis à même le sol derrière leurs claviers et autres synthétiseurs, Aja et Canblaster se font face, à l’unisson, pour mieux construire ensemble. Il existe quelque chose de magique, d’hypnotique, à voir la partition musicale prendre vie en se réinventant continuellement. Charmés, on en ressort apaisés.
Yung Lean x bladee – Things happen
A eux deux, ils ont fait de la Suède une terre de rap visible dans le monde entier. Mais ce sont aussi deux artistes complets, qui puisent leurs influences dans divers styles pour les régurgiter avec une singularité qui a fait leurs forces. C’est ce que prouve à merveille Psykos, leur album collaboratif qui s’apparente comme un délicieux voyage de huit titres rempli de symbiose. Ce dernier avec Things Happen et son clip filmé à Los Angeles par Daniel Swan. Un visuel lancinant qui à l’instar des voix envoûtantes des deux artistes arrêtent le temps. Du pier de Santa Monica et ses bornes d’arcades aux vagues doucement agitées de l’océan, les deux hommes naviguent au gré de l’ambiance d’une fin d’après-midi californienne empreinte de la mélancolie qui habite souvent les fins de voyages.
Pour marquer à jamais ce lieu de leurs empreintes, ils laissent une guitare brûlante en cadeau à l’océan que ses vagues auront bientôt fini d’engloutir et avec elle, Psykos se termine.
Orville Peck feat. Willie Nelson – Cowboys Are Frequently Secretly Fond of Each Other
Cette semaine, Orville Peck nous rappelle que les idées reçues sur la country peuvent être bien éloignées de la réalité : l’image ultra-hétérocentrée que l’on peut en avoir est remise en question avec Cowboys Are Frequently Secretly Fond of Each Other, reprise du titre de Ned Sublette (initialement sorti en 1981). Ce choix de cover de la part du cowboy sud-africain n’est évidemment pas anodin. Ouvertement gay et ayant à cœur de remettre des thématiques LGBT+ au centre d’un genre musical parfois monopolisé par des personnalités conservatrices, Orville Peck nous invite ici à changer de regard sur les stéréotypes que l’on a souvent en tête. Pour cette nouvelle version, il est accompagné par Willie Nelson (qui avait lui-même déjà repris le titre par le passé) et les deux artistes se retrouvent dans un joli clip réalisé par Ben Prince.
Gaettson – Monolith
Notre fin de semaine a également été bercée au rythme de l’électro de Gaettson. L’artiste dijonnais a dévoilé ce 5 avril Monolith, un titre nostalgique tiré d’un nouvel EP portant le même nom. Monolith est une invitation au voyage temporel et nous embarque au fil de ses influences dans le passé comme dans le futur en passant évidemment par le présent: sublimé par des envolées de trompette, le morceau nous enveloppe d’une atmosphère contemplative et cinématographique. Le tout est accompagné d’un clip en conditions live réalisé par Bretzel Film où l’on retrouve Gaettson aux manettes de cette épopée.
Khruangbin – Hold Me Up (Thank You)
Se tenir à l’écart et se glisser discrètement à travers différents événements pour savourer l’instant présent peut révéler une subtile complexité dans notre relation avec autrui. Vivre ces expériences folles et inoubliables de la vie, tout en se plaçant parfois en retrait pour laisser la place aux autres, risque de nous plonger dans une sorte d’engourdissement au milieu de décors inhabituels.
C’est ainsi que Khruangbin a récemment illustré le contexte évoqué précédemment. Une petite souris blanche, toute mignonne, accompagnait le groupe à travers des décors colorés et lointains. Arborant parfois différentes tenues et objets, cet animal nous offrait des plans sublimes où l’efficacité groovy et envoûtante de Hold Me Up (Thank You) revêtait une forme à la fois concrète et contemplative. Il semble même, si ce n’est déjà le cas, que le groupe offre des moments sonores toujours aussi marquants. Si, à l’image de cette adorable créature aux grandes oreilles, vous souhaitez vivre des expériences en sacrifiant, sans le vouloir, votre individualité pour simplement devenir un être physique, posant un regard neutre sur ces expériences, peut-être devriez-vous intégrer à votre regard cet idéal et votre magnifique personnalité qui vous définit tant, rendant ainsi les choses plus tangibles et inoubliables. Il est fort probable que Hold Me Up (Thank You) soit une agréable toile musicale pour accompagner cette évolution.
Mimi Mono – Jeordie
Cette semaine, on assiste à l’arrivée du tout premier morceau de Mimi Mono, nouveau projet de Jérémy Mioque, ancien chanteur du fabuleux groupe Jelly Bean. Le Lillois présente sa nouvelle identité avec un single répondant au nom mystérieux de Jeordie. Ce nom, ou plutôt ce prénom, est mis en musique dans un style Pop cerisier, sucrée et avec une magnifique période de floraison. C’est d’ailleurs sans doute pour cette raison que ce single sort en ce début de printemps. Côté images, le clip est composé d’images extraites du film Sister Street Fighter et apporte un regard un peu plus sombre qui nous pousse à écouter les paroles, qui évoquent elles-mêmes les relations difficiles, dont on espère qu’elles évolueront un jour en ce dont on désire. C’est en tout cas un immense plaisir de découvrir ce nouvel univers dont on espère avoir plus de nouvelles très vite.
Emma Hoet – Saint Germain
Saint Germain est le nouveau single d’Emma Hoet. Ce titre parle de rupture amoureuse mais de Paris. Avec sa voix fragile et une mélodie douce et triste, cette chanson a un sentiment très nostalgique. Emma Hoet décrit ce single comme » la chanson thérapie de l’été dernier » écrites et composée aux côtés de François-Henri, qui a « réussi à donner vie à tout ce qu’Emma a dans la tête dans une moment ou ca n’allait pas trop ».
Le clip d’Arthur Pereira se voulait « capturer l’essence romantique de Paris » un peu comme dans La Boum, un des films préférés d’Emma Hoet. Un clip qui mélange scènes romantiques jouées avec Thibault Cattelin entrecoupées de scènes de la vie parisienne ou de plans serrés d’Emma Hoet dans Saint Germain.
Hervé – Sémaphore
Inattendu, l’artiste hyperactif Hervé semble avoir ralenti la cadence en nous proposant un morceau tout en douceur et en nostalgie. Sémaphore est l’extrait d’un prochaine album pourtant intitulé Adrénaline (sortie prévue pour le 31 mai prochain). Car le morceau Sémaphore se pare d’une guitare acoustique en guise de colonne vertébrale. Laisser de côtés les artifices pour revenir à l’essentiel, avec ce titre où la voix du chanteur semble plus présente. Il y évoque l’authenticité en chantant vouloir « rester ce que nous sommes ». Mathias & Pierre, réalisateurs du clipamplifie cet sincérité en insérant au clip des images d’archives de l’enregistrement de l’album à Brixham, au Royaume-Uni.
The Marìas – Lejos de Ti
Le clip de Lejos de Ti s’ouvre sur le réveil de Maria, seule au beau milieu d’un paysage enneigé. Elle semble insensible au froid mordant qui l’entoure, courant à travers la neige sans y prêter attention. Tourné au lac Tahoe, en Californie, le clip qu’elle a elle-même réalisé la dévoile submergée par ses émotions, dû à l’éloignement d’un ancien amant.
Dans un moment poignant, elle secoue la tête en chantant « porque estoy lejos de ti », ou « parce que je suis loin de toi », illustrant la lutte intérieure entre sa raison qui lui conseille de lâcher prise et son besoin irrationnel de se raccrocher au passé.
On retrouve dans ce nouveau single une fusion entre un jazz psychédélique envoûtant et la voix angélique de Maria, que l’on a hâte de retrouver dans le nouvel album du groupe prévu pour le 31 mai.