Whispering Sons : The Great Calm avant la tempête

Lors de leur passage au Trabendo en mars dernier, les flamands Whispering Sons ont livré une prestation des plus théâtrales dans une scénographie marquée par sa grande sobriété. L’androgyne Fenne Kuppens a livré une prestation particulièrement magnétique et intense. Décryptage des douze pistes aventureuses révélant une identité forte qui font The Great Calm, troisième album studio du quintet paru en février chez Pias.  

Depuis le dernier album (Several Others en 2021), le groupe s’est remis au format de quintet. Fenne Kuppens garde l’écriture et le chant, Kobe Lijnen reste à la guitare. Historiquement batteur, Sander Pelsmaekers a dû laisser la musique de côté temporairement pour mieux revenir aux synthétiseurs. La basse se retrouve dans les mains de Bert Vliegen jusqu’alors ingénieur du son pour le groupe. Enfin, derrière les fûts s’affaire Tuur Vandeborne qui grattait la basse.

Sandstill est une chanson-poème où Fenne Kuppens capte ses auditeurs avec sa voix suave dans un morceau qui vous fait frissonner pour mieux vous attraper. Une première palette sonore riche, une tension grandissante.

Walking, Flying intensifie la rythmique. La basse pourrait rappeler l’introduction d’un certain This picture de Placebo. L’ensemble nous entraine dans une dimension plus chaleureuse, plus rock indépendant.

Cold city invite à imaginer un paysage hivernal. Et si le titre n’était pas celui-ci, on le visualise parfaitement ce décor citadin en noir et blanc perçu à travers une vitre légèrement embuée par l’humidité extérieure. D’un peu plus loin, la flamme d’une bougie ondule, la cire laisse échapper quelques gouttes dans le bougeoir posé sur une table métallisée. Oui ce morceau est très propice au visuel. Sur le plan strictement musical, il peut faire penser à l’ambiance mélancolique du magnifique album Push the sky away de Nick Cave and the Bad Seeds.

Et démarrant telle une sirène stridente, Dragging prend les chemins de l’urgence pour mieux planner avec la froideur d’un air noise. Something good invite à repenser la rythmique, on retrouve le chemin emprunté plus tôt avec Walking, Flying. Un refrain qui accroche avec ces notes de guitares.

La part belle au piano dans Still, Disappearing qui pourrait presque faire penser à l’univers cabaret des Dresden Dolls. Les Whispering Sons invitent même un saxophone pour mieux nous surprendre. La couleur n’en est pas moins sombre avec une émotion certaine.

Premier single sorti en septembre 2023, The Talker est le morceau qui prend le virage inattendu et s’avère particulièrement si ce n’est rafraîchissant, rebondissant parce qu’il fleure bon le rock. Si vous pensiez être sortis du disque avant, ce morceau vous rappelle que les Whispering Sons ne sont pas prêts à se limiter à une seule teinte musicale.

Avec ses percussions brouillées, Balm (After Violence) aurait pu faire office de conclusion à l’album mais il n’en est rien. On garde le souvenir de la performance live impeccable, avec toute l’intensité savamment mesurée.

Poor girl convoque une guitare progressivement distordue. Le morceau n’a rien de l’évidence même, il alterne entre une forme de colère jusqu’ici très contenue et un calme étrange qui ne rassure pas pour autant. Le morceau joue sur cette ambivalence qui créée une tension cinématographique.

Le chemin brumeux de Loose Ends laisse entrevoir une guitare se manifeste de temps à autre. Comme si elle jouait de sa discrétion interdite.

Oceanic et son clavier introductif pourrait laisser croire à une nouvelle prise de risque dans le registre de l’electronica. Le morceau révèle une texture plus tragique qu’on avait perçu plus tôt dans Still, Disappearing. Une marche au ralenti propice à l’introspection.

L’album s’achève sur Try me again un final plus bruyant qui flirte avec des influences gothiques. La guitare ne se fait plus timide, elle n’en est que plus belle au premier plan. Et Fenne Kuppens déploie toute sa palette vocale, une prestation théâtrale qu’on vous dit !

Ce troisième album The Great Calm joue sur les différents terrains musicaux chers aux Whispering Sons. Ce qui le rend peut-être complexe à approcher. Les pistes s’enchaînent non sans bonne surprise sonore. Un calme qui n’est qu’en façade pour mieux déstabiliser, déréguler les émotions. Le calme avant la tempête d’un quatrième opus ? Le groupe poursuit sa tournée internationale jusqu’à la fin de l’année. Prochaine date française ? Le 31 mai au Grand Mix à Tourcoing !

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