Les clips de la semaine #220 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de notre 220ème sélection.

Keysi – jamais je serai

Il est vrai que l’importance du format clip est de plus en plus questionnable. Mais, l’association d’une image avec un morceau à souvent le don de sublimer ce dernier ou, du moins, de l’ancrer un peu plus dans une ambiance, en quelque sorte, d’en accentuer le sens et/ou les émotions qui peuvent s’en dégager.

C’est dans ce registre que s’inscrit le simple clip de Keysi. Réalisé par ses soins et ceux de urrleo il vient accompagné le morceau jamais je serais et confirme un peu plus la douce mélancolie qui s’en dégage. Tourné caméra à la main et filtre noir et blanc appliqué à l’image, on y voit l’artiste, seul, danser sur sa musique dans un décor de vacances. D’un moment de déconnexion, loin de son lieu d’habitat, il l’a transformé en un élan créatif. Une démarche sincère et authentique qui transperce à travers les images mais également à travers les quatres titres de son EP sleepy head celui qui m’accompagne

Kairos Bloom – James, a Tale

Les 4 parisiens du groupe Kairos Bloom reviennent avec James, a tale un titre a la vibe des Arctic Monkeys. 

James, a tale trace l’histoire de James, au gros nez et à la bouche large, à la fois combattant et triste, héros d’une chanson malgré lui.  Le clip est realise par Louis Camelin et met en scène chaque membre du groupe séparément dans des environnements assez sombres pour se rejoindre de la pénombre vers la lumière avec une scène ou le groupe court ensemble en plein air.   

Kimberose – Anita

Anita signe le retour musical de Kimberose à la voix de miel et aux rythmes soul avec un tout premier titre en français ! Pour Anita, Kimberose s’entoure de Quentin Mosimann, Jeremy Louwerse, Paul Parizet (musique et paroles) et Marlon B. (production): Anita est un titre solaire et dansant, à la mélodie pétillante pleine de Bossa-nova. 

Anita est avant tout une ode musicale à la mère de Kimberose et raconte l’histoire d’une petite fille immigrée qui la danse et la partage pour s’adapter à son nouveau pays et à sa nouvelle culture. Avec des thèmes comme la transmission, la résilience face au changement, l’espoir, cette chanson porte un message fort et universel :« Elle ne parlait pas le français, elle n’avait pas les codes / Elle arrivait de loin, d’un autre endroit du globe / Mais elle savait danser, s’accrocher au soleil. » Le clip signé Clément Dezelus est un hommage à la beauté du métissage et met en scène une  famille de 4 générations de femmes dans l’intimité de la maison: elles se câlinent, jouent, se tressent les cheveux, et dansent.

Susanoô – Briller

Seulement un mois après la sortie de son projet de cover reprenant les plus beaux morceaux récents du rap français en version acoustique, le talentueux Susanoô revient déjà avec son nouveau single, Briller. Ce titre séduit instantanément par sa puissance et sa sensibilité frappante. Une opportunité pour l’artiste de dévoiler peu de temps après le clip de cette pépite.

Le clip se divise en deux segments. Dans le premier, en couleur, les caméras de Baptiste Erondel capturent l’arrivée de Susanoô par la mer. L’artiste traverse les rues d’Agadir jusqu’à découvrir une voiture, symbolisant peut-être son éclosion et sa libération en tant qu’artiste. La seconde partie, cependant, devient plus sombre avec une imagerie en noir et blanc et un format carré. Tandis que la première partie est plus chantante, le rappeur nous entraîne ensuite dans un univers plus rapé, accompagné de paroles plus sombres.

Dans Briller, Susanoô affiche de nouveau son talent à jongler entre des chants planants et un rap tranchant et véhément. Il nous offre un excellent single “vitrine” qui témoigne de son extraordinaire potentiel.

Emily Loizeau – La route de Vénus

Prendre la route, sur la pointe des pieds et en sifflant. La route de l’été ? Pas tout à fait. En ce dernier dimanche de mai, nous suivons gaiement Emily Loizeau sur La route de Vénus. Voilà un dernier titre aux sonorités pop empli de poésie et de soleil. Chanter la liberté.

En effet, que ce soit dans les paroles ou dans les images, il y a quelque chose de très doux et sensible. Là voilà, marchant sur la plage. La magie réside dans une sorte de collage, efficace et maitrisé. Une animation colorée, d’abord simple petite tâche, recouvre peu à peu des silhouettes en mouvement. On a envie de danser avec elles. Ces touches de couleurs apportent un dynamisme, et éloignent les images du réel, portées par la voix de Emily. Le clip est joyeux et singulier. Si on peine à apercevoir les étoiles dans un ciel trop brumeux, pourquoi ne pas les dessiner.

Milena Leblanc – Song About An Actor

Milena Leblanc n’en finit pas de nous surprendre. Le pas de deux sensuel, entamé avec Léo Walk dans son dernier clip Georges, devient une danse prédatrice et maligne dans Song About An Actor. Réalisée par Milena Leblanc, elle-même, la vidéo reprend les codes du Nosferatus de Murnau pour nous amener dans une histoire vampirique. Une course aux échappatoires incertaines entre frayeurs et fascination. Rêve ou cauchemar ? SongAbout An Actor se fraie un chemin – non sans humour – à travers nos fantasmes irrationnels et inassouvis. Un jeu (d’acteur) pour se faire peur, un peu, et pour vibrer, beaucoup.

Song About An Actor fait partie du mini album, La Cité du Souvenir, que Milena Leblanc vient de publier. Quatre titres, quatre ambiances, à écouter/ressentir qui dévoilent l’univers si éclectique de la musicienne. On adore s’y perdre, et vous ?

Ayo – Money Love

Money Love est le premier titre du prochain album d’Ayo « MAMI WATA » prévu pour le 6 septembre prochain avec une tournée en France cet automne. Money Love entremêle le jazz, la high life nigériane et les sons tahitiens. Ayo s’est installée en Polynésie française il y a 3 ans et on sent ces nouvelles influences dans sa musique. Dans Money Love, Ayo nous chante une ode aux valeurs immatérielles, dans une société où l’argent ne peut acheter l’essentiel. En effet, la santé, l’amour, la compassion et l’intégrité sont des trésors que l’argent ne peut acheter.

Le clip de Moneylove a été réalisé par Fred Mont et complémente à merveille la chanson. Le clip nous embarque dans la nouvelle vie d’Ayo àTahiti:des scènes de vie d’Ayo entrecoupées de plans larges de paysages époustouflants mêlant plages, montagnes vertes, la nature et l’océan. 

Zimmer90 – What Love Is

Saisir une boisson rafraîchissante pour étancher notre soif sous l’éclat brûlant du soleil, qu’il soit fugace ou implacable. Cette semaine, Zimmer90 a apporté cette fraîcheur tant convoitée, celle qui aurait été bienvenue si l’astre solaire s’était montré plus ardent et impérieux cette semaine. Pourtant, ce moment de répit est précieux, à conserver jalousement pour affronter les ardeurs d’une chaleur écrasante à tout instant.

Capturés avec simplicité, par un après-midi ensoleillé, au cœur même de leur studio, les musiciens nous présentent What Love Is, le premier extrait de leur EP à venir le 28 juin. Leurs mélodies pop et rétro, à la fois simples et percutantes, jettent les bases solides d’une anticipation pour leurs futures compositions. Dans leur pièce inondée de lumière, les membres du groupe se délectent des rayons du soleil traversant les fenêtres, s’imprégnant de vitamine D même à l’intérieur. Agrémentant leurs journées de jovialité et de passion, ces artistes élaborent des morceaux qui perdureront longtemps dans nos esprits. Avec ce titre, Zimmer90 nous envoie un message limpide : leurs mélodies, une fois rencontrées, s’ancreront profondément dans nos mémoires. Alors, pourquoi attendre pour les découvrir ?

mui zyu – please be ok (ft. Miss Grit)

Ça y est, son talent s’épanouit pleinement. En ce 24 mai, mui zyu présente son deuxième album : nothing or something to die for, une étape cruciale dans le parcours de tout artiste musical. Cette sortie marque son avènement, une confirmation indéniable de ses grandes capacités artistiques.

Dès les premières notes de son titre please be ok, vous vous retrouvez ensorcelé par la puissance émotionnelle qu’elle déploie. Pour celles et ceux pour qui la musique est une quête visant à appréhender des sentiments et des thèmes complexes pour les transmuter en une expérience empreinte de sérénité, ce titre en collaboration avec Miss Grit saura assurément vous ravir. L’artiste britannique nous livre ici un poème sombre et mélancolique, offrant une catharsis indispensable aux émotions qui nous oppressent. please be ok nous plonge dans un océan émotionnel authentique. Poignantes et envoûtantes, ces sonorités électriques créent une ambiance réconfortante et pleine d’espoir. L’artiste dialogue avec nos émois les plus profonds, nous incitant à trouver la lumière même dans les ténèbres les plus sombres.

Cléa Vincent – Ad vitam æternamour

Un dernier clip avant le concert tant attendu de Cléa Vincent au Bataclan mercredi prochain (29 mai 2024), et non des moindres. Car Ad vitam æternamour est non seulement le morceau qui ouvre son dernier album, mais également celui qui lui a donné son nom. Une chanson illusoirement calme avec une mélodie aussi forte que les émotions qu’elle décrit et une rythmique qui bat à l’unisson de nos de cœur.

Ad vitam æternamour est une chanson d’amour, mais celle d’un amour passé. Fondamentalement mélancolique, elle ne verse pas dans le pathos ou l’amertume. « Ad vitam æternamour, j’t’ai donné mon toujours ». C’est une page que l’on tourne, emplie des sentiments que l’on a ressentis. « Ad vitam æternamour, j’ai repris mon toujours ». C’est aussi une nouvelle page qui s’ouvre à nous et que l’on cherchera à combler.

Les images du clip réalisé par Thomas Salvador (à qui l’on doit les films Vincent n’a pas d’écailles (2014) ou encore La Montagne (2022)) donnent une vie à la chanson. Elles nous plongent au plus profond d’une intimité suscitée par les plans (plus que) rapprochés effleurant les visages de Cléa Vincent et de Michael Evans. Les images se confondent également en fondus et surimpressions pour témoigner des sentiments qui devront désormais se vivre de manière désunie. Une succession de séquences alliant simplicité et justesse en harmonie avec les sensations que l’on éprouve à l’écouted’Ad vitam æternamour.

Corde – Misanthropia

On passe en vertical pour découvrir le nouveau clip du projet Nordiste Corde, articulé autour du violon. Misanthropia aborde la question de l’impulsivité et des choix que l’on fait, sous le regard d’un petit être plus ou moins bienveillant. Un morceau qui sonne comme la bande son d’un(e) marcheur(se) dans la brume, entouré de ses questionnements et de ses doutes. Côté images, le vertical participe à perturber le spectateur déjà mis en malaise par le personnage principal du clip, un clown qu’on pourrait imaginer directement sorti de ÇA. On le suit dans plusieurs scènes de destruction ou de folie. Qu’en est-il pour vous ? Vous laisserez-vous tenter par le démon ?

nit – Puzzle Effect

Mystérieux, électrique, éclectique, micmac de sons et d’images abstraites … Si la vie nous apparait parfois comme un puzzle, complexe à résoudre et imperméable, Corentin Kerdraon alias nit transforme nos maux de tête. Nos pensées ou simplement les siennes prennent la forme d’un nouvel album intitulé Big Bang Puzzle.

Quoi de mieux pour illustrer le titre Puzzle Effect qu’un tournoi de puzzle dans le réel ? Vous connaissiez peut être déjà les concours de tricot ou les célèbres loto prenant place dans la salle des fêtes du quartier, et bien les amateurs de puzzle, eux aussi, méritent leur moment. En ce dimanche, sur un titre électro, nous voilà plongés au beau milieu d’une de ces grandes salles. Le clip tourné à la manière d’un documentaire avec un petit look rétro, nous dévoile une salle vide, quelques éléments, puis le regard des participants. La pression monte. Où sommes-nous ? La musique porte l’intrigue, qui se dévoile peu à peu.

On apprécie ce côté « images d’archives », mais surtout l’aspect dramatique, la tension sous-jacente « 24h de puzzle par équipe de quatre ». Parle-t-on de l’adrénaline du tournoi ou celle de la vie en elle-même, aussi absurde soit-elle. Sur une fin en apothéose, les images se superposent pour devenir les pièces d’un plus grand jeu, intitulé Big Bang Puzzle. On ne peut que vous recommander d’aller écouter ce projet !

Louisadonna – Viens

La chanteuse Louisadonna nous offre un nouveau morceau hyper pop et électro. Viens évoque la sensualité sans filtres, sans caches et avec un aspect charnel, provoquant presque trash. Cette balade convoque des rythmiques prononcées sur le refrain, donnant un côté club au titre. Quant au clip, il est réalisé par Coraline Benetti, qui crée un univers saturé de couleurs flash et de néons. Une atmosphère qui renvoie à des imaginaires comme la série Euphoria de Sam Levinson, ou encore aux années 1990. Louisadonna, psychologue de formation, réaffirme encore une identité féministe, libre aussi musicalement que textuellement. 

Les Hay Babies – Entre le chien et le loup

Le trio acadien des Hay Babies arrive avec un clip pour sa chanson Entre le chien et le loup qui sera présente sur leur album qui paraîtra à l’automne.

Dans la lignée de leur album précédent, les femmes sont à l’honneur dans cette nouvelle pépite du groupe, dont le clip est réalisé par ces trois femmes extraordinaires. On les suit dans un de ces bars un peu sombre où une énergie masculine règne jusqu’à ce qu’elles se transforment petit à petit en loups alors qu’elles chantent « On s’attend à rien quand on court les chemins / On tombe tout le temps sur les fins pis les fous« . Une ode aux femmes donc, mais aussi une invitation à la fête avec une chanson qui semble tout droit sortir d’une jukebox des années 60.

Les Hay Babies seront de retour en France à l’automne, et on a déjà hâte de les retrouver et d’entendre leur prochain album !

Grand Eugène – Mile End

Le groupe montréalais Grand Eugène nous arrive avec un clip en plusieurs actes pour leur chanson Mile-End.

Réalisé par Jeremy Lachance, ce clip filmé en 4:3 qui nous rappelle la belle époque des parties de GameCube sur télévision cathodique, retranscrit parfaitement l’univers de la chanson et du groupe. Alors oui, le Mile-End à Montréal, c’est un peu le paradis des hipsters, mais c’est aussi celui des hivers longs où on l’on passe sa vie à manger des ramens achetés pour 1 piasse au marché Newon (les vrais savent). Pensé comme une pièce de théâtre de la vie quotidienne, le clip raconte l’histoire d’une fille qui veut manger des ramens dans son bol acheté au Dollarama. On aurait pas pu imaginer plus Montréalais à vrai dire, mais cette simplicité fait du bien aux yeux et aux oreilles ! 

Grand Eugène sortira le 14 juin l’EP Les vacances d’été et on vous conseille de suivre ce groupe de Dream Pop qui rendra certainement votre vie plus douce…

Amyl and The Sniffers – U Should Not Be Doing That

Trois ans après la sortie du très excellent Comfort To Me, le groupe punk australien est de retour avec l’explosif U Should Not Be Doing That, une sortie délivrée sur un 45t, dont la face B intitulée Facts se veut tout aussi détonante.

Comme Amy Taylor le chantait déjà ouvertement dans leur dernier long format, le temps du silence face aux détracteurs quotidiens n’est plus, et le ras-le-bol doit désormais se faire entendre. Ce nouveau single, confronte ces pseudo métalleux quarantenaires qui médisent l’attitude et l’apparence d’une jeune femme qui serait (selon eux), que trop légèrement habillée, portée par une attitude désinvolte qui semblerait les déranger (toujours selon eux).

Quoiqu’il en soit, il n’est jamais trop tard pour assumer qu’une femme, elle aussi, peut se montrer badass à souhait tout en étant leadeuse d’un des groupes punks les plus percutants de ces dernières années.

Le clip, réalisé par John Angus Stewart, nous montre Amy, frontale, prête à en découdre, en pérégrination au bord de l’autoroute aux côtés d’un homme semblant se mêler à sa légèreté, sans que cela n’impacte qui que ce soit finalement. Et c’est très fort !

Amyl and The Sniffers sera par ailleurs de passage à Lyon (2 juin) et Toulouse (4 juin) cet été, avant peut-être (du moins on l’espère) de les retrouver pour une prochaine date dans la capitale.