La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de notre 222ème sélection.
Virginie B – Hyperboi
On commence notre sélection de la semaine de l’autre côté de l’Atlantique avec le nouveau banger de l’excentrique Virginie B.
Alors qu’on a pu la retrouver récemment sur l’album d’ALIAS, la musicienne trace le chemin de son second album attendu à la rentrée chez bonsound et nous dévoile cette semaine Hyperboi, un titre à l’énergie communicative et absolument parfaite qui fera remuer le popotin de tous, même les plus récalcitrants.
Une pop à mille à l’heure, une basse folle et une guitare synthé, Virginie B nous entraine dans un monde hyper coloré dans lequel elle parle de sa dépendance à la relation qu’elle a créé avec une intelligence artificielle.
Addictif et fantaisiste, le morceau s’accompagne d’une vidéo dans laquelle Virginie B se met en scène, moitié-femme fatale, moitié-flippante. On la suit dans les bureaux, toujours proche d’écrans à la recherche de cette relation sans fin avec une « personnalité » cachée dans le world wide web.
Un joli moment de folie qui en appelle donc d’autres. Vivement !
Corail & Vanille – Poupée russe / Le temps des récoltes / Tu me vois (comme je suis)
On reste du côté du Québec et on célèbre comme il se doit l’arrivée de l’EP collaboratif de Vanille et & Corail sur l’excellent label Bonbonbon !
Alors que les seconds officiaient au printemps en tant que musiciens de scène pour la tournée de la première, ils se réunissent tous cette semaine avec un superbe EP hors du temps intitulé Tu me vois comme je suis.
Six morceaux sublimes dont on vous parlera très prochainement.
L’ambiance 70’s étant clairement assumée chez Vanille & Corail, le gang offre cette semaine un triptyque visuel pour mettre en avant trois morceaux de l’EP : Poupée russe / Le temps des récoltes / Tu me vois (comme je suis).
Sous la direction de Gabriella Quesnel-Olivo, on explore donc la musique en mode « amuses-bouches visuels », entre le noir et blanc onirique, la vidéo sobre et retro et une escapade dans un monde imagé, rempli de douceur et d’une petite pointe d’humour qui va bien.
Le tout vous fera tomber en amour et vous donnera envie d’en découvrir beaucoup plus sur cette collaboration surprise et évidente.
Philippe Katerine – Sous mon bob
Rien ne vaut une chanson de Philippe Katerine pour nous redonner du baume au cœur en ce printemps grisailleux. Premier extrait d’un futur album à paraître à la rentrée, Sous mon bob se teinte des touches d’humour et d’espièglerie que le chanteur manie à la perfection. À la question introductive : « Mais t’es où Philippe là ? », Sous mon bob est la réponse qui permet à Philippe Katerine d’être là où il est tout en n’y étant pas. Une ubiquité en absurdie qui nous dirige au cœur des méandres de sa poésie incongrue et pénétrante. Une douce folie qui fait résonner son monde fou dans un refrain aux rimes inversées, du tendre « Fou de vous » au mutin « Fouquet’s brûle » en passant par le viscéral « Fouille anale ».
La chanson écrite par Philippe Katerine et co réalisée par les incontournables Victor Le Masne et Adrien Soleiman se pare avec sa basse groovy de sonorités seventies. Une époque faussement insouciante illustrée par les images du clip d’Edie Blanchard tourné dans les décors de la ville nouvelle (d’alors) de Créteil et qui finit, à la flûte à bec, dans un plan focal à la dimension quasiment spirituelle.
Coéquipier du Vendée des Bobs Challenge, on aimerait tant que Victor Le Masne laisse une petite place lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Philippe Katerine et à sa moustache devenue aujourd’hui universelle. Une certaine vision de la culture française, celle dont on est extrêmement fier. Chiche ?
Kriill – f**kin up my life
Avec son côté lofi, la chanson f**kin up my life de Kriill joue sur le terrain de la sincérité. Une simplicité mise au profit des émotions dont le morceau est porteur. On imagine une rupture, des souvenirs attachés aux moments passés ensemble dont on a du mal à se détacher. « Cause I’ve read the book doesn’t end well but I loved it ». Une mélancolie exacerbée par une sensation de solitude et qui finit par prendre un envol fugitif lorsque les moments se vivent illusoirement à deux. « I’m gonna reach this place and you’re coming with me ». Une montée crescendo pour permettre aux pensées de s’élever et de s’échapper. C’est ce qui donne à f**kin up my life sa beauté et son message émouvant. « I’m on a flying car and this is a postcard »
La vidéo a été réalisée par Thomas Csaba en animant des dessins au feutre. Une simplicité éclairante et illustrative qui permet aux émotions de prendre pleinement vie.
f**kin up my life est le premier extrait fort engageant du deuxième album de Kriill à paraître début 2025. Nous sommes curieux de découvrir les autres pièces qui le composeront. À noter qu’ils seront en concert le 12 octobre à La Grange de Sucy-en-Brie dans le cadre du Festival de Marne. On s’y retrouve ?
BANDIT BANDIT – PYROMANE
Au milieu du premier album de Bandit Bandit trône un morceau important. Un morceau malin qui sous couvert d’efficacité, d’une basse qui nous secoue balance un cocktail molotov dans la gueule d’une époque et de situations qui nécessitent clairement de finir en cendre pour le bien de tous.
Pyromane est un tube, c’est une évidence. Sa composition, sa production et son interprétation en font un morceau absolument imparable, taillé pour secouer les foules et les oreilles. Mais c’est aussi un morceau qui va au delà, bien au delà, puisque c’est un morceau fait pour secouer les idées et les choses. Maëva et Hugo allument la mèche et regardent le patriarcat cramer, remettant si il est nécessaire une petite rasade d’essence sur la tronche de ces messieurs qui n’ont pas compris que l’époque de leurs comportements dégueulasses (et malheureusement autorisés) était révolue.
Il fallait, pour intensifier le feu et diffuser encore plus les flammes, un clip à la hauteur. Kamir Méridja offre donc à Pyromane l’écrin flamboyant qu’il mérite.
Une esthétique léchée qui permet de souligner, si il était vraiment nécessaire, le message de ce grand morceau d’empowrement et d’émancipation. Tout s’enflamme et le message passe, car il est parfois nécessaire d’y aller fort pour faire comprendre que les choses doivent changer.
Alors on s’élève sur les cendres d’un monde en ruine et on espère, alors que les flammes dansent, que le monde de demain sera meilleur que celui d’aujourd’hui.
Et ça, il ne tient qu’à nous de le faire et pourquoi pas en écoutant Pyromane de Bandit Bandit.
Si vous voyez la fumée au loin, suivez là, elle annonce le passage de Bandit Bandit le 6 décembre prochain à La Cigale.
Becky and the birds – When she holds me
Après une absence de trois années, Becky and the Birds nous offrent un retour en douceur avec leur dernière œuvre, When she holds me. Telle une ode à la tendresse et au réconfort, cette composition nous transporte dans un univers où la bienveillance et la chaleur humaine règnent en maîtres. La mélodie, douce et poétique, s’appuie principalement sur les notes d’une guitare sèche, harmonisées avec une voix à la fois paisible et puissante. La simplicité de cette instrumentation met en lumière la pureté des émotions évoquées. L’amour, dans toute sa sincérité, touche directement le cœur, sans artifices.
Les images qui accompagnent cette chanson, se déroulant dans un décor enneigé et glacial, contrastent magnifiquement avec la chaleur que diffusent ces harmonies. Alors que le paysage hivernal s’impose avec force dans ce cadre urbain, la voix de Becky et les accords délicats de la guitare rappellent que la tendresse amoureuse peut réchauffer même les jours les plus froids, renforçant l’idée que l’amour est une source inépuisable de réconfort, capable de dissiper les ombres les plus sombres.
When she holds me célèbre la puissante connexion que peuvent avoir deux êtres dans leur forme la plus pure et la plus exquise. Il ne s’agit pas des émotions tumultueuses et passionnées souvent associées aux amours fougueuses, mais plutôt de ces instants précieux de sérénité et de bonheur partagé, où chaque rêve et chaque pensée se tournent vers l’être aimé. L’affection, telle qu’elle est décrite ici, devient une source de paix intérieure, une ancre dans les tempêtes de la vie quotidienne. La tendresse devient un refuge, un lieu où le monde extérieur s’évapore, où seule compte la présence et la chaleur de l’autre.
Billie Eilish – CHIHIRO
Avec son nouvel album, HIT ME HARD AND SOFT, Billie Eilish se met en scène à l’occasion de la sortie de clips pour offrir un accompagnement visuel de ce nouveau disque.
C’est le cas pour le morceau CHICHIRO qui met en avant la californienne mettre en image une relation passive-agressive qui correspond parfaitement au titre de l’album, entre légèreté et violence. Introduit par un plan séquence qui dépeint Billie Eilish dans un endroit abandonné, seule, cette dernière est rejointe par un homme envers qui elle semble nourrir une certaine colère, puis ensuite lui manifester de l’affection. Un schéma qui se répète après l’avoir fui, alors que les deux personnages finissent par se rapprocher.
Musicalement, CHICHIRO propose une ambiance douce, éthérée et qui nous plonge dans un univers aquatique sombre mais pourtant très rond. Cette atmosphère finit par s’éclaircir jusqu’à atteindre un climax lumineux qui est là pour donner un point d’orgue clair au morceau pour nuancer un ensemble quelque peu pessimiste.
L’impératrice feat. Maggie Rogers – Any Way
À l’occasion de la sortie de leur troisième album Pulsar, les joyeux lurons de L’impératrice nous propose la mise à l’image du morceau Any Way en collaboration avec la chanteuse Américaine Maggie Rogers dont la voix vient se substituer à celle de Flore Benguigui. On y découvre le groupe sous la forme d’un groupe d’extra-terrestre dont le vaisseau s’est malheureusement écrasé sur Terre. Ils se mettent donc en quête d’une solution pour repartir et ce sera l’occasion de péripéties façon rencontre du troisième type. Côté son, la magie du groove de L’Impératrice opère toujours, entre simplicité donnant l’impression de faire danser sans effort et lignes composées avec dextérité absolue. On aime et c’est reparti pour un tour pour l’idylle avec le groupe Parisien.
Klô Pelgag – Libre
4 ans après son dernier album Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, Klô Pelgag vient d’annoncer la sortie d’Abracadabra et nous en dévoile par la même occasion un premier titre cette semaine. Avec Libre, l’artiste québécoise met en musique tout un tas de questions sur nous-mêmes et sur les autres : elle nous invite ici à apprécier la magie émancipatrice de nos expériences communes. Ces interrogations intérieures sont accompagnées de synthétiseurs envoûtants ainsi que d’un clip magnifiquement chaotique réalisé par Laurence Baz Morais. La tournée de ce nouvel album s’arrêtera notamment au Café de la Danse à Paris le 17 mars prochain!
JULIEN GRANEL – SUNLIGHT
L’été peut commencer mon amour … Ce n’est pas nous qui le disons, mais bien Julien Granel. Et honnêtement, si le temps n’est pas encore parfait, le musicien français a au moins le talent pour mettre du soleil dans nos oreilles.
Alors qu’il sera quasiment impossible de le rater sur la route des festivals cette été, le rainbow-man nous balance un petit single inédit et bien senti, forcément intitulé Sunlight.
Comme toujours avec Julien Granel, l’énergie se transmet avec une facilité déconcertante et le garçon nous refile le sourire avec un panache et une pureté qui fait du bien dans un monde souvent trop cynique à notre goût.
Pour accompagner ce soleil en musique, Charlotte et Juliette Castay nous entrainent dans le rêve américain de Julien pour une promenade sur la côte ouest américaine.
Du soleil, de la couleur et des sourires, que demander de plus ? Pas grand chose alors on dit merci Julien Granel pour cette bonne dose de Sunlight !
Christine – Burning Sky
Tout détruire pour mieux reconstruire. Se faire une nouvelle beauté afin de faire rugir à nouveau le moteur et reprendre la route.
Christine est de retour et on en est clairement ravi. Un retour puissant, presque tribal, qui prend le nom de Burning Sky et annonce l’arrivée prochaine d’un troisième album.
Sombre, pesant et cinématographique ce Burning Sky nous colle à la peau dès la première écoute. Evolutif et intense malgré son templo plutôt lent, le retour de Christine est le morceau idéal pour ouvrir une nouvelle aventure, ouvrir le capot pour montrer le moteur sans le faire rugir complètement.
Cette idée est d’ailleurs assez évidente lorsque l’on regarde la vidéo réalisée par Julie Dogville & Les Maan. Un garage comme un studio dans lequel on répare et on construit Christine avant de la lancer sur les routes pour notre plus grand bonheur.